Kaguya-hime — Wikipédia

Taketori-no-Okina ramène Kaguya-hime à la maison

Kaguya-hime (かぐや姫?, « princesse Kaguya »), est un personnage d'un conte folklorique japonais datant du Xe siècle, appelé également Taketori monogatari (竹取物語?, « Le Conte du coupeur de bambou ») ou Kaguya-hime no monogatari (かぐや姫の物語?, « Le conte de la princesse Kaguya »). Ce conte est considéré comme le texte narratif japonais le plus ancien. Le texte, en prose, est écrit entièrement en kana, dans une langue très simple et il est en réalité composé de sept contes. Il n'a pas d'auteur connu. Cette ancienne légende est également illustrée dans un emakimono par Kose Ōmi et calligraphiée par Ki no Tsurayuki.

Il raconte la vie d'une fille mystérieuse appelée Kaguya-hime qui est découverte, bébé, dans la coupe d'une canne de bambou luisante. Elle dit venir de Tsuki no Miyako (月の都?, « la capitale de la Lune ») et a des cheveux étranges « brillants comme l'or ».

Conte[modifier | modifier le code]

Kaguya-hime retourne vers la Lune

Un jour un vieux coupeur de bambou sans descendants, Taketori-no-Okina (竹取翁?, « le vieillard qui récolte le bambou »), trouve une mystérieuse canne de bambou luisante. En la coupant, il découvre à l'intérieur un bébé de la taille de son pouce. Ravis de trouver une si jolie petite fille, sa femme et lui l'élèvent comme leur propre enfant et l'appellent Kaguya-hime (かぐや姫?, « princesse lumineuse »). Par la suite, le vieil homme, en coupant un autre bambou, y trouve des pépites d'or ; il devient vite très riche. De bébé minuscule, Kaguya-hime se change en une jeune fille de taille normale à la beauté resplendissante. Au début, Taketori-no-Okina essaie de la cacher au monde mais, avec le temps, la nouvelle de sa beauté se répand.

Finalement, cinq princes viennent chez Taketori-no-Okina pour demander Kaguya-hime en mariage. Ils supplient le vieil homme de convaincre une Kaguya-hime très réticente de choisir un époux parmi eux. Pour leur échapper, elle décide de leur assigner des tâches irréalisables et annonce qu’elle épousera celui qui saura lui rapporter tel ou tel objet précis. Le même soir, Taketori-no-Okina annonce à chacun des cinq princes ce qu'il doit se procurer exactement. Le premier devra trouver le bol en pierre utilisé par le Bouddha pour mendier ; le second, une branche couverte de gemmes de l'île de Hôrai ; le troisième, la robe légendaire du rat qui habite une montagne de Chine ; le quatrième, un joyau coloré qui se trouve au cou d'un dragon ; et le cinquième, le coquillage cauri d'une hirondelle.

Comprenant que la tâche est impossible, le premier prince revient avec un bol très cher, mais Kaguya-hime se rend compte de la supercherie quand elle remarque que le récipient ne brille pas d'une lueur sainte. Deux autres princes essaient également de la tromper en rapportant des faux et échouent. Le quatrième renonce sous l’orage et le cinquième meurt en essayant de se procurer l'objet.

Ensuite, l'empereur du Japon (御門/帝, mikado?), vient constater de ses yeux l'étrange beauté de Kaguya-hime et en tombe amoureux ; il lui demande sa main. Sans pour autant lui imposer les mêmes tâches impossibles qu’aux princes, la jeune fille refuse de l’épouser, lui expliquant qu'elle n'est pas de ce pays et ne peut donc pas se rendre au palais avec lui. Kaguya-hime continue d’échanger avec l'empereur mais persiste à refuser ses demandes en mariage.

Cet été-là, Kaguya-hime pleure chaque fois qu'elle voit la pleine lune. Elle n'arrive pas à dire à ses parents adoptifs ce qui ne va pas, malgré tout leur amour pour elle. Son comportement devient de plus en plus erratique jusqu'à ce qu'elle révèle qu'elle n'est pas de ce monde et qu'elle doit retourner parmi les siens, sur la Lune. Dans certaines versions du conte elle avait été envoyée sur Terre comme punition temporaire pour un crime qu'elle aurait commis, tandis que, dans d'autres, elle y a été envoyée pour assurer sa sécurité pendant une guerre céleste.

Le jour de son retour approchant, l'empereur envoie des gardes patrouiller autour de chez elle pour la protéger du peuple de la Lune, mais quand une ambassade d'« êtres célestes » arrive à la porte de la maison de Taketori-no-Okina, les soldats sont aveuglés par une étrange lumière. Kaguya-hime annonce que, bien qu'elle aime ses amis sur Terre, elle doit retourner sur la Lune avec les siens. Elle écrit des mots tristes pleins de regrets à ses parents et à l'empereur, puis donne sa robe en souvenir à ses parents. Elle goûte un peu d'élixir d'immortalité, la joint à une lettre qu’elle a adressée à l'empereur, et donne le tout à un garde. Puis on lui passe une robe de plumes et toute sa tristesse et sa compassion pour le peuple de la Terre disparaissent. Son entourage céleste ramène Kaguya-hime à Tsuki-no-Miyako contre son gré, laissant ses parents adoptifs en pleurs.

Terriblement tristes, les deux vieillards tombent bientôt malades. Le garde retourne chez l'empereur avec les objets que Kaguya-hime lui a laissés - son dernier acte sur cette Terre - et raconte ce qui s'est passé. L'empereur lit la lettre et en est ému. Il demande à ses domestiques quel est la montagne qui s’approche le plus près du Ciel ; l'un d'entre eux répond qu’il s’agit du Grand Mont de la province de Suruga. L'empereur ordonne à ses hommes d'apporter une lettre de sa main au sommet de la montagne, et de l'y incinérer dans l'espoir que son message parvienne à la princesse lointaine. Les hommes sont aussi chargés de brûler le pot d'élixir d'immortalité parce qu'il ne désire pas vivre éternellement sans pouvoir la voir. La légende dit que le mot pour « immortalité », fushi ou fuji (不死?), devint le nom de la montagne, le mont Fuji. Il est dit aussi que les kanji du mont, Fuji-san (富士山?), littéralement « montagne abondante en guerriers », font référence à l'armée de l'empereur gravissant le mont pour accomplir sa volonté. Il est dit que la fumée née de l'incinération de la lettre et de l’élixir s’y élève encore aujourd'hui (bien que le mont Fuji ne soit plus aussi actif de nos jours).

Liens littéraires[modifier | modifier le code]

Ce conte est presque identique à un conte tibétain au nom similaire, et certains chercheurs croient que la légende japonaise peut dériver de la tibétaine, peut-être à travers des contacts anciens avec la Chine. La partie de la légende mentionnant le mont Fuji est toutefois réservée à la version japonaise.

On suggère aussi des liens avec Le Lac des cygnes, probablement dus au fait que Kaguya-hime porte un hagoromo (羽衣?, « robe de plumes ») en montant à la Lune. Mais le hagoromo est présent dans d'autres contes, appelés les hagoromo densetsu.

Traductions[modifier | modifier le code]

Une traduction de cette œuvre a été faite en français par René Sieffert : Le Conte du coupeur de bambous, Editions POF, Collection Tama, 1992, 95 p. (ISBN 2-7169-0286-0) Il existe également une version bilingue annotée du conte Kaguya-hime par Kaeko Murata : La Princesse Kaguya, Editions du Cénacle de France, Collection Bilingue, 2011, 134 p. (ISBN 978-2-916537-06-1)

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Films[modifier | modifier le code]

Ballet[modifier | modifier le code]

  • Kaguyahime the moonprincess, compositeur : Maki Ishii, chorégraphe : Jiří Kylián. Il s'agit d'une association entre un compositeur japonais et un chorégraphe occidental, intriquant les deux cultures.

Anime et manga[modifier | modifier le code]

Jeux vidéo[modifier | modifier le code]

Autre[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]