Koritza — Wikipédia

Korçë
Koritsa
Blason de Korçë
Héraldique
Koritza
Administration
Pays Drapeau de l'Albanie Albanie
District Korçë
Région Korçë
Code postal 7001 — 7004
Indicatif téléphonique (+355) 082
Démographie
Population 75 994 hab. (2011)
Géographie
Coordonnées 40° 37′ 23″ nord, 20° 46′ 31″ est
Altitude 850 m
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Albanie
Voir sur la carte administrative d'Albanie
Korçë
Liens
Site web www.bashkiakorce.gov.al

Koritsa ou Koritza (en albanais : Korçë ou Korça ; en grec : Κορυτσά / Korytsá ; en italien : Corizza ; dans les langues slaves méridionales : Корча, Korča ou Корче, Korče ; en aroumain : Curceaua ; en turc : Görice) est une municipalité du sud de l'Albanie comptant 75 994 habitants en 2011.

La région de Koritsa produit des vins de bonne qualité essentiellement à partir de cépage merlot.

Histoire[modifier | modifier le code]

La région de Koritza est habitée depuis les temps les plus reculés, puisque des restes néolithiques de 6 000 ans ont été retrouvés à l’emplacement de la ville. À l'âge du fer, les influences culturelles de la Grèce sont devenues très fortes.

Une ville nommée Coviza est mentionnée dans les documents byzantins en 1280[1]. Coviza fut conquise par les Ottomans en 1440. Lors de la siège de Constantinople, en 1453, le janissaire turc Ilias Panaritis, natif de Coviza, joua un rôle important et, en récompense, le sultan Mehmed II lui attribua le titre Iljaz Bey Mirahor et le sandjak de sa ville natale dans le vilayet de Monastir. La ville, à majorité orthodoxe, fut surtout connue sous son nom grec de Koritsa. La domination ottomane dura jusqu'au lorsque des forces grecques y entrèrent. Durant les guerres balkaniques de 1912-1913 elle fut revendiquée à la fois par la Grèce, la Serbie et la Bulgarie, mais fut finalement incorporée à l'Albanie par le traité de Londres en 1913. La Grèce s'en retira mais par le protocole de Corfou signé entre la Grèce et l'Albanie en mai 1914 et l'étude ethnographique qui l'a précédé, Koritsa fut incluse dans la zone autonome nouvellement formée en Épire du Nord, région à majorité localement grecque d'Albanie.

Les forces grecques revinrent occuper la ville à partir du , au début de la Première Guerre mondiale. Elle fut prise par les Austro-Hongrois, puis par les Grecs encore et finalement par l'armée française d'Orient, qui occupa Koritsa de 1916 à 1920 et y toléra une entité autonome franco-albanaise. Dans les quelques mois qui suivirent la ratification du traité de Versailles, Koritsa bénéficia d'un statut d'indépendance de facto. Pendant cette courte période, les langues officielles y étaient l'albanais et le français[2].

Elle fut à nouveau attribuée à l'Albanie par la Commission internationale qui a tracé les frontières d'après-guerre dans les Balkans. Pendant la période de l'entre-deux-guerres, la ville devint une base arrière communiste ; Enver Hoxha y vécut, successivement élève puis professeur à l'école française de la ville. Koritsa fut occupée par les forces italiennes en 1939, comme le reste de l'Albanie. Après la déclaration de la guerre italo-grecque, elle tomba aux mains de l'armée grecque en novembre 1940, et resta sous administration grecque jusqu'à l'attaque allemande d'avril 1941. Après le retrait de l'Italie de la guerre, en 1943, la ville fut occupée par les forces du Troisième Reich jusqu'au 24 octobre 1944.

Pendant l'occupation, la ville devint un centre important de résistance communiste contre les forces de l'Axe. La création du Parti du travail d'Albanie, le parti communiste, fut formellement proclamée à Koritsa en 1941.

Entre 1945 et 1990, Korçë, comme toute l'Albanie, subit la dictature d'Enver Hoxha : des centaines d'habitants furent déportés dans des camps de travaux forcés, des dizaines furent exécutés, et des milliers d'autres s'enfuirent vers la Grèce, au risque d'être abattus par les garde-frontière[3].

Après la libération de 1990, Korçë est l'une des six villes où le Parti démocratique nouvellement formé remporta toutes les circonscriptions. Les révoltes populaires de s'achevèrent par l'abattage de la statue de Hoxha. Politiquement, Korçë est un des bastions du Parti démocratique de Sali Berisha, dont les candidats ont gagné presque toutes les élections au niveau local et parlementaire en seize ans de démocratie.

C'est une ville multi-ethnique, avec une population de majorité albanaise et une minorité constituée de Grecs, d'Aroumains, de Slaves macédoniens et de Roms.

Culture[modifier | modifier le code]

La tour de l'horloge de Koritza.

Koritsa a été un centre religieux important pour les chrétiens orthodoxes et les musulmans pendant des siècles.

Pendant la période ottomane, Görice est devenue l'un des centres de la renaissance albanaise. La première école de langue albanaise y a été établie en 1887, suivie de la première école pour filles d'Albanie en 1891.

Économie[modifier | modifier le code]

Pendant le XXe siècle, Korcë a développé un important secteur industriel qui s'est ajouté à sa fonction traditionnelle de centre commercial et agricole. La plaine au sud de laquelle la ville se situe est très fertile et est une des zones céréalières principales de l'Albanie. Les industries locales incluent la bonneterie, le tissage, le textile, la minoterie, des brasseries (Birra Korça) et le raffinage du sucre. Des dépôts du charbon de lignite sont extraits dans les montagnes avoisinantes.

Le Courrier des Balkans relève dans un article paru en 2021 que le déboisement illégal ravage les forêts de la région[4].

Musées[modifier | modifier le code]

Sports[modifier | modifier le code]

Le club de football du KF Skënderbeu Korçë y est basé.

Personnages célèbres[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Georges Ostrogorsky (trad. J. Gouillard), Histoire de l'État byzantin, Paris, Payot, , 647 p. (ISBN 978-2-228-90206-9).
  2. Étienne Augris, « Korçë dans la Grande Guerre, Le sud-est albanais sous administration française (1916-1918) » dans Balkanologie, Vol. IV, no 2, décembre 2000, § 17.
  3. Élisabeth Champseix et Jean-Paul Champseix, L'Albanie ou la logique du désespoir, La Découverte, (lire en ligne)
  4. « Albanie : à Korça, le déboisement illégal ravage les forêts », sur Le Courrier des Balkans,

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • N.G.L Hammond, « Alexander's Campaign in Illyria », The Journal of Hellenic Studies, 1974, p. 4-25.
  • James Pettifer, Albania & Kosovo, A & C Black, London, 2001. (ISBN 0713650168)
  • François Pouqueville, Voyage en Morée, à Constantinople, en Albanie, et dans plusieurs autres parties de l'Empire othoman, pendant les années 1798, 1799, 1800 et 1801, Gabon, 1805.
  • T.J. Winnifrith, Badlands-Borderlands. A History of Northern Epirus/Southern Albania, 2003.

Liens externes[modifier | modifier le code]