La Colonie pénitentiaire — Wikipédia

La Colonie pénitentiaire
Image illustrative de l’article La Colonie pénitentiaire
Page de titre de l'édition originale.
Publication
Auteur Franz Kafka
Titre d'origine
In der Strafkolonie
Langue allemand
Parution octobre 1919
Intrigue
Genre nouvelle
Personnages L'officier, le condamné, le soldat, le voyageur

La Colonie pénitentiaire[1] (titre original : In der Strafkolonie) est une nouvelle de Franz Kafka écrite en octobre 1914 et publiée en 1919.

L'action[modifier | modifier le code]

Un explorateur découvre le système judiciaire particulièrement monstrueux d'une colonie pénitentiaire. Chaque accusé est torturé individuellement pendant des heures par une machine de mort.

La justice de la colonie pénitentiaire[modifier | modifier le code]

Un explorateur de grande valeur, dont on ne connaîtra pas le nom, visite une île tropicale éloignée constituant la colonie pénitentiaire d'un pays puissant (on ne saura pas lequel).

Il est invité à participer à une exécution publique. Celle-ci est effectuée par un appareil étrange développé par le défunt commandant de l'île. L'appareil, qui est manipulé par un officier admirateur dudit commandant et de sa machine, fonctionne selon un mécanisme complexe. Son but est d'inscrire dans la chair le motif de la punition et, après un spectacle long et sanglant, l'accusé finit par mourir. L'officier reste un défenseur de l'appareil malgré le nombre croissant de ses détracteurs, dont le nouveau commandant. Il espère que le voyageur sera impressionné par la machine et plaidera en sa faveur, ce qui ne sera pas du tout le cas.

Le rôle du voyageur[modifier | modifier le code]

Après que la construction et la fonction de la machine ont été expliquées au voyageur dans les moindres détails, et une fois que tout est prêt pour l'exécution, l'officier demande au voyageur de ne pas intervenir défavorablement auprès du commandant. Le but est de maintenir l'existence de l'appareil. Le voyageur assure à l'officier qu'il ne se prononcera pas publiquement par la négative sur cet appareil. Mais il communiquera son aversion pour celui-ci au commandant en tête à tête.

L'exécution de l'officier[modifier | modifier le code]

Quand l'officier remarque qu'il ne pourra pas convaincre son visiteur, il libère le condamné et prend sa place après quelques réarrangements. L'appareil se met en route et semble se soulever et s'accélérer. Le décès intervient beaucoup plus vite que d'ordinaire, l'appareil se déréglant et se détruisant de lui-même.

Après le décès de l'officier et la destruction de l'appareil, le voyageur se fait accompagner du soldat et du condamné jusqu'au village. En effet, il souhaite voir la tombe de l'ancien commandant avant son départ. Puis, il se décide à partir directement, empêchant par tous les moyens que le soldat et le condamné puissent également quitter l'île avec lui.

Interprétations[modifier | modifier le code]

Difficultés de l'interprétation[modifier | modifier le code]

Il y a plusieurs approches différentes pour l'interprétation. Une des approches serait que le texte doit être compris comme l'illustration des circonstances contemporaines (Gleichnis (de)) et que l'appareil serait un symbole du destin de l'humanité. Conformément à cette interprétation, l'homme avant l'« exécution » ne connaît pas le jugement et ne peut pas non plus se défendre. Une autre approche dit qu'en principe aucune interprétation uniforme n'est possible.

Interprétation comme « vision prophétique »[modifier | modifier le code]

Les personnes agissant dans l'histoire démontrent comment, sous leurs yeux, un scénario horrifique peut se dérouler, sans que quelqu'un s'y oppose résolument. Dans le voyageur et dans l'officier, deux humains raisonnables sont représentés dans un système totalitaire. Le premier est le technocrate qui, certes, reconnaît les failles du système, mais qui n'empêche rien. Le deuxième est incapable dans sa contrainte de perfection et son enthousiasme de reconnaître la cruauté, il est ainsi lui-même une victime séduite et devient aussi réel que la victime. Beaucoup voient une vision prophétique des barbaries du XXe siècle. Cet écrit date de deux mois après le début de la Première Guerre mondiale.

Interprétation biographique[modifier | modifier le code]

La Colonie pénitentiaire a été écrite pendant les vacances, en . Kafka présenta ce travail à Munich en . La réaction du public et de la presse fut négative. Il ne s'agit pas seulement du thème des droits de l'homme. Kafka a été influencé, d'une part, par le célèbre roman d'Octave Mirbeau Le Jardin des supplices[2], avec ses scènes de torture sado-masochistes, et, d'autre part, par des rapports sur un voyage d'exploration d'agents allemands dans le Pacifique.

Aucune recherche sur Kafka ne semble montrer que lui-même avait ces penchants pour le sado-masochisme, même si l'aspect de « complaisance dans son malheur » se trouve dans ses journaux. Il souffre, s'il ne peut pas écrire ; il souffre aussi s'il écrit, parce qu'il est généralement mécontent. Ses moments de réalisations artistiques sont très rares. Ils sont simultanément une contrainte douloureuse et une satisfaction profonde.

Adaptations et inspirations[modifier | modifier le code]

Adaptations[modifier | modifier le code]

Inspirations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Dans certaines versions : Dans la colonie pénitentiaire.
  2. Traduit en allemand dès 1901, mais en Hongrie, et longtemps interdit en Allemagne et en Autriche.
  3. Voir sur le site du théâtre.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Lien externe[modifier | modifier le code]