La Rose Jacqueminot — Wikipédia

La Rose Jacqueminot
Description de cette image, également commentée ci-après
Affiche de Leonetto Cappiello, ici pour les dépositaires argentins Gath & Chavez[1].
Information
Marque Coty
Lancement 1904
Créateur François Coty
Cible Public féminin

La Rose Jacqueminot est un parfum féminin créé par François Coty, pionnier de la parfumerie moderne[2], en , sorti en France en , et aux États-Unis en . La Rose Jacqueminot lance la carrière du parfumeur, la formule est conservée à l'Osmothèque.

Historique[modifier | modifier le code]

Le jeune François Coty, créé La Rose Jacqueminot en 1903 ; il avait fait ses premiers pas avec des eaux de Cologne, dans la pharmacie Jacqueminot de l'Avenue de La Motte-Picquet, où travaillait le pharmacien Raymond Goëry, lequel l'aurait encouragé à poursuivre dans cette voie et à se former chez Chiris à Grasse[3]. Encore inconnu, François Coty souhaite commercialiser ce parfum dans les grands magasins, la légende veut que rencontrant refus après refus, un jour aux Grands Magasins du Louvre, Coty exaspéré aurait jeté le flacon qui se serait brisé, répandant de délicieuses effluves. Le magasin est bondé à cette heure et les clientes aussitôt séduites demandent à acquérir le parfum. C’est le début d’un grand succès[1],[4], et une rupture décisive dans l'univers parfumé[5].

Pour Ghislaine Sicard-Picchiottino ; dans cette composition tous les éléments constitutifs de la parfumerie moderne progressivement découverts au cours de la seconde moitié du XIXe siècle sont associés en une symphonie olfactive totalement novatrice, en harmonie avec la modernité du siècle qui commence[6]. Guy Robert, quant à lui, précise que, malgré son nom simple de fleur, la composition représente un des premiers accords modernes qui change le paysage olfactif[7]. De caractère affirmé, moins hygiéniste et plus abstrait, La Rose Jacqueminot est une invite à l'onirisme. Pour la présentation, le parfumeur choisit un flacon à la grande sobriété, qui marque toutefois le luxe ; en cristal de Baccarat, orné d'une étiquette imprimée à l'or fin, dans un coffret écrin. Il souhaite élargir la clientèle afin que les femmes de toutes conditions puissent se parfumer et que chaque femme ait son propre sillage subtil, que son parfum devienne la signature d’une personnalité, aussi la fragrance est-elle déclinée dans une ligne de produits associés[8].

L'origine du nom est attribuée par Christiane Coty, la fille de François Coty, dans un ouvrage de 1990 [9], non à un hommage au pharmacien Jacqueminot, chez lequel François Coty avait travaillé, contrairement au catalogue de l'exposition de 2018[10], mais à « une rose, bien réelle, ainsi nommée » en l'honneur du général Jacqueminot[9],[11], à la riche fragrance distinctive[12].

Dans l’ouvrage biographique de 2006 dédié à François Coty, l’auteure choisit la version de l'« hommage à celui qui lui a permis de faire ses premiers pas dans la parfumerie », avec l'ajout « au nom de la fleur que la composition exhale une pensée pour le docteur Jacqueminot[13]. »

Notes[modifier | modifier le code]

Composé d'absolue de rose (damascena et centifolia, ou rose de mai), réhaussée de molécules de synthèse : rhodinal, ionones et alcool phényléthylique ; la composition de François Coty, par son caractère original et tenace, fait sensation auprès du public.

C’est un parfum floral avec des notes de tête d'aldéhydes, de rose thé, de rose bulgare, d'accord vert. Des notes de cœur de jasmin, rose de Damas, violette, ylang-ylang, miel, fleur d'oranger, lavande, clous de girofle, muscade, cardamome. Sur des notes de fond de mousse de chêne, d'ambre, de musc, de bois de santal, de tabac[14].

Flacons[modifier | modifier le code]

Le Flacon de 1904 est signé Baccarat, celui de 1909 est signé Lalique, après 1920 les flacons sont fabriqués par Coty dans ses verreries de Pantin et assortis d’un écrin fabriqué dans ses usines de cartonnage à Neuilly. Le parfum est relancé en 1987, puis en 2004 dans une réédition limitée de Daphné Bugey de 200 flacons créés par Baccarat[14].

Conservation[modifier | modifier le code]

En 2020, La Rose Jacqueminot n’est plus commercialisé, mais considéré comme un chef-d'œuvre de l'art de la parfumerie[15], il appartient aux collections de l'Osmothèque[16].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Capiello, Catalogue raisonné des affiches.
  2. Nicolas de Barry, 101 parfums à découvrir, Dunod, , 223 p. (lire en ligne), p. 173.
  3. Ghislaine Sicard-Picchiottino, François Coty : Un industriel corse sous la IIIe République, Albiana, (ISBN 2846981736), p. 43.
  4. (en) Charles Atkinson Kirkpatrick, Salesmanship ; Helping Prospects Buy, South-western Publishing Company, coll. « Management », , 532 p., p. 86.
  5. Ghislaine Sicard-Picchiottino, François Coty : Un industriel corse sous la IIIe République, Albiana, (ISBN 2846981736), p. 63.
  6. Ghislaine Sicard-Picchiottino, François Coty : Un industriel corse sous la IIIe République, Albiana, (ISBN 2846981736), p. 60.
  7. Guy Robert, Les Sens du parfum, Osman Eyrolles Multimedia, , 224 p. (ISBN 2-7464-0187-8), p. 26.
  8. « La Rose Jacqueminot et les premiers succès : une nouvelle conception du parfum », dans Ghislaine Sicard-Picchiottino, François Coty : Un industriel corse sous la IIIe République, Albiana, (ISBN 2846981736), p. 64-65.
  9. a et b Patrice de Sarran, François Coty, empereur d'Artigny, Tours, Éditions de la nouvelle république, , p. 14.
  10. Catalogue d’exposition (préf. Jean Kerléo), La ligne de vie parfumée de François Coty, Les Presses de Touraine, , 112 p. (ISBN 978-2-9566142-0-3), p. 10.
  11. Jean-Marie Maroille, « La Cité des Parfums : François Coty, un destin d'empereur », Bulletin de la Société historique de Suresnes, vol. 11, no 54,‎ , p. 12-13 (lire en ligne).
  12. (en) « The Hybrid Perpetual Roses - A Survey », The Rose Annual,‎ , p. 81 :

    « Its rich scent, sometimes called a "typical Jack fragrance" , is so distinctive that a few years ago Messrs Coty gave its name to one of their perfumes. »

    .
  13. « La Rose Jacqueminot et les premiers succès : une nouvelle conception du parfum », dans Ghislaine Sicard-Picchiottino, François Coty : Un industriel corse sous la IIIe République, Albiana, (ISBN 2846981736), p. 65.
  14. a et b (en)perfumeintelligence.co.uk, Library.
  15. Nicolas de Barry, 101 parfums à découvrir, Dunod, , 224 p. (ISBN 9782100718788), p. 7.
  16. The Osmothèque treasures.

Liens externes[modifier | modifier le code]