Lagune — Wikipédia

Lagune de Glenrock, à Newcastle (Australie)
Lagune de Venise (Italie)
Lagune de Garabogaz-Göl (Turkmenistan)
Lagune de l'Hiddensee près de Stralsund (Allemagne). D'autres lagunes de ce type sont protégées dans le Parc national du lagon de Poméranie occidentale.

Une lagune est une étendue d'eaux côtières généralement peu profonde séparée de la mer par un cordon littoral (tombolo, lido...) de largeur variable. Ce cordon se modifie naturellement, et lorsqu'il est fin, il peut être vulnérable aux assauts de la mer (tempêtes, tsunamis) et à diverses formes d'artificialisation. Dans le Sud de la France les lagunes sont parfois appelées étangs en raison de la traduction littérale des termes occitans estanh ou estang. Ils sont également appelés barachois en acadien[1].

D'un point de vue scientifique, les lagunes constituent un modèle d'écosystème paralique. Lorsque l'étendue d'eau est séparée de la mer par un récif plutôt que par un cordon littoral, on parle de lagon en français (dans les pays anglophones les deux termes sont confondus sous la dénomination « lagoon »). La lagune Ebrié en Côte d'Ivoire ou la lagune de Venise sont des exemples de lagunes connues tandis que la Mar Menor, en Espagne, est la plus grande lagune d'Europe. En France la lagune de Thau, l'étang de Berre, l'étang de Bolmon, l'étang de l'Or, l'étang de Biguglia ou les marais endigués du golfe du Morbihan sont parmi les lagunes les plus connues.

Fonctionnement hydrogéologique[modifier | modifier le code]

Ce plan d'eau situé sur le littoral est en liaison plus ou moins étroite et permanente avec la mer et parfois avec un ou plusieurs fleuves (limans). La communication avec le milieu marin peut se faire par une ou plusieurs passes, parfois appelées « grau », qui peuvent être permanentes ou temporaires.

Il peut également exister une liaison indirecte via des nappes d'eau souterraines traversant le cordon sédimentaire s'il est perméable.

La lagune est plus ou moins saumâtre, suivant l'importance de ses échanges avec la mer et des apports du bassin versant, qui varient selon la saison.

Formation[modifier | modifier le code]

Schéma de formation d'une flèche littorale et d'une lagune.
Schéma de formation d'une flèche littorale et d'une lagune.

La formation d'une côte lagunaire est le résultat de processus géologiques et hydrologiques complexes. Les courants marins et les vents entraînent une dérive littorale et la formation de flèches littorales, qui évoluent progressivement en cordons littoraux[2] (voir illustration ci-contre). Les anciennes baies sont ainsi isolées de la mer ouverte, formant des lagunes. Les conditions favorables à la formation d'une côte lagunaire comprennent un littoral riche en baies avec un courant marin parallèle à la côte. Souvent, une grande rivière se jette dans une lagune, ce qui donne à l'eau une salinité moindre par rapport à la mer ouverte et permet l'accumulation de sédiments sableux, transportés par le cours d'eau vers la mer[2]. Les cordons littoraux se forment par le déplacement de sable lors de la formation d'une côte d'équilibre. La partie isolée de la mer contient généralement de l'eau saumâtre en raison de l'afflux d'eau douce. Les cordons littoraux peuvent également comporter des dunes[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Sans doute parce que très bioproductives, plus chaudes, peu profondes et plus abritées de la houle, certaines lagunes ont été très tôt exploitées par l'Homme préhistorique, dont en France dans le Languedoc et en Provence[4], avec une activité qui s'est amplifiée aux périodes protohistoriques. On a par exemple retrouvé des indices archéologiques d'un « comptoir lagunaire protohistorique au confluent du Rhôny et du Vistre »[5].

Intérêt écologique[modifier | modifier le code]

La lagune a un rôle écologique très important sur plusieurs points :

On peut cependant rencontrer périodiquement dans certaines lagunes des phénomènes d'anoxie néfastes aux espèces dites « supérieures » ; ces anoxies sont parfois expliquées par les nitrates et le phosphore apportés en excès par le fleuve qui l'alimente.

Typologie[modifier | modifier le code]

On peut selon Nichols et Allen (1981)[9] distinguer quatre types de lagunes (classification qui reflète à la fois le degré d'ouverture de la lagune sur l'océan et les processus hydrodynamiques qui sont responsables de leur conformation géomorphologique)[10] :

  • lagunes de type ouvertes, souvent associée à un marnage important lors des marées et où les passes sont maintenues par l'effet d'un autodragage lors de la vidange à marée basse[11] ;
  • lagunes de type fermées (souvent moins salées)
  • lagunes de type semi-fermées, souvent expliquées par la dérive littorale qui tend à fermer les passes tout ou partie du temps ;
  • les lagunes de type estuariennes, où les courants de marée combinent leurs effets à ceux du courant fluvial.

L'amplitude du marnage en eaux-vives permet une autre distinction :

  • milieu microtidal (marnage < 2 m) ; concerne la quasi-totalité des lagunes. Les acqua alta de la lagune de Venise peuvent parfois atteindre 1,9 m.
  • milieu mésotidal (marnage entre 2 et 4 m) ; le bassin d'Arcachon entre dans cette catégorie.
  • milieu macrotidal (marnage > 4 m).

Exemples[modifier | modifier le code]

Stone Lagoon, en Californie.
  • Les véritables lagunes, offrant un biotope spécifique relativement stabilisé, ne se rencontrent qu'au bord des mers avec peu ou pas de marées. De ce fait, les lagunes d'Europe se trouvent le long de la Méditerranée et de la mer Baltique (la plus vaste d'Europe est la lagune de Courlande, aujourd'hui partagée entre Russie et Lituanie).

Lien avec la ressource halieutique[modifier | modifier le code]

Les lagunes sont des zones importantes ou vitales de nourriceries pour certaines espèces. Pour une pêche soutenable, il faut non seulement ne pas surexploiter ces espèces en mer (ou dans les lagunes dans le cas de la daurade par exemple, qui fréquente certaines lagunes salées une fois adulte), mais il faut aussi protéger les lagunes en tant que zones de nourricerie, alors que les alevins ou juvéniles sont particulièrement vulnérables à la pollution de l'eau et à l'anoxie qui l'accompagne parfois. Il peut exister des interactions importantes entre pêcheries en mer et en lagune[12].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gouvernement du Québec, « Normalisation - Avis terminologiques: Barachois », sur Office québécois de la Langue française (consulté le )
  2. a et b (de) « Haff: Gewässer, Nehrung & Haff Ostsee », sur StudySmarter (consulté le )
  3. « Revierinformation für Segler: Küstenformen, die Haffküste », sur www.esys.org (consulté le )
  4. Sternberg, M. (1995). essai de caractérisation de la pêche entre le Bronze final et la romanisation à partir de restes d’ichtyofaune issus de sites provençaux et languedociens. Actes du, 120, 387-395.
  5. Michel Py et Réjane Roure, « Le Cailar (Gard) : Un nouveau comptoir lagunaire protohistorique au confluent du Rhôny et du Vistre », Documents d’archéologie méridionale, 2002, p. 171-214 [lire en ligne]
  6. Morat, F. (2011). Influence des apports rhodaniens sur les traits d'histoires de vie de la sole commune (Solea solea): apports de l'analyse structurale et minéralogique des otolithes (Doctoral dissertation, Aix Marseille 2).
  7. Zainuri, M. (1993). Structures des peuplements ichtyologiques d'une zone d'herbier à Zostera marina de l'étang de Thau (France). Étude de la composition alimentaire des juvéniles du loup (Dicentrarchus labrax Linnaeus, 1758), de la daurade (Sparus aurata Linnaeus, 1758) et du muge (Chelon labrosus Risso, 1826) par des approches expérimentales (Doctoral dissertation).
  8. a et b Lény Mercier, Apports de la microchimie pour l'étude des migrations de la Daurade royale (Sparus aurata L.) dans le Golfe du Lion: avancées méthodologiques pour un suivi précis des mouvements mer-lagunes, Thèse de doctorat en Biologie des populations et écologie, Montpellier 2, 2010 [présentation en ligne]
  9. (en) Maynard M. Nichols et G. Allen, « Sedimentary Processes in Coastal Lagoons », in Technical Papers in Marine Science no 33, p. 27-80, 1981 (Unesco)
  10. Voir : chapitre II : Les lagunes littorales
  11. Mohamed Maanan, Étude sédimentologique du remplissage de la lagune de Sidi Moussa (Côte atlantique marocaine) caractérisations granulométrique, minéralogique et géochimique, Thèse de doctorat, Faculté des sciences El Jadida, 2003 [lire en ligne] [PDF]
  12. H. Ben Ouada, Exploitation halieutique partagée (dorades, loups, muges, sars et soles) : Interaction entre pêcheries marines et lagunaires du quartier de Sète, Doctoral dissertation, 1985

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]