Le Soir volé — Wikipédia

Le Soir volé
Image illustrative de l’article Le Soir volé
Le Soir volé du

Pays Belgique
Zone de diffusion Belgique
Langue français
Périodicité quotidien
Genre journal collaborationniste
Diffusion de 130 000 à 300 000 ex. (1re diffusion - )
Date de fondation
Date du dernier numéro 1944
Ville d’édition Bruxelles

Comité éditorial Troisième Reich

Le Soir volé est le surnom du journal Le Soir (toujours officiellement appelé ainsi) durant l'occupation allemande de la Belgique. Il lui est donné en raison du contenu favorable à la collaboration et à la propagande nazie diffusé par le journal.

Quelques jours après l'invasion allemande, Le Soir cesse de paraître. Il est relancé, contre la volonté des propriétaires (famille Rossel), par un groupe de collaborateurs (Horace Van Offel, Raymond De Becker). Il est donc censuré par l'occupant pour correspondre aux valeurs de l'Ordre nouveau. Alors que le quotidien Le Soir se revendique dès sa naissance comme étant un journal avec une ligne éditoriale neutre et sans couleur politique, la montée des fascismes et l’arrivée de l’Allemagne nazie en Belgique ont raison de cette neutralité.

Opposition du Soir aux mouvements fascistes[modifier | modifier le code]

En décembre 1935, avec la mort de Victor Rossel, Lucien Fuss devient le nouveau directeur du journal. Le Soir s’engage de manière assez forte contre le mouvement rexiste qui prend de l’ampleur en Belgique. Le quotidien est d’ailleurs attaqué par Léon Degrelle lorsqu’il accuse Rex, le mouvement politique de Degrelle, d’être financé par l’Allemagne d’Hitler. Alors que les tensions montent en Europe avec l’apparition des fascismes, la direction du Soir prévoit d’implanter deux rédactions pour garder son indépendance : une à Bruxelles avec à sa tête le lieutenant-colonel Tasnier et une autre sur le littoral belge[1].

Cependant, l’avancée allemande se fait si rapidement que Bruxelles est prise par les allemands le et que la rédaction n'a pas le temps de s’organiser comme elle l’aurait désiré. C’est donc une partie de la rédaction qui reste bien avec Tasnier à Bruxelles tandis qu’une autre partie s’enfuit en France. Ils espèrent de cette manière garder leur indépendance et fournir d’autres publications mais le dernier numéro paraît le [2].

Un journal de collaboration durant l'occupation allemande[modifier | modifier le code]

Le journal Le Soir peut être classé dans la liste des journaux faisant partie de la presse de collaboration durant la Seconde Guerre mondiale. Le quotidien est alors surnommé « Le Soir volé »[3]. En effet, dès l’automne 1940, l’occupant met en place un grand nombre de mesures pour réguler au mieux les quotidiens comme Le Soir. Tout d’abord, un processus de censure après rédaction du journal se développe. Ensuite, les Allemands contrôlent le secteur de la distribution du papier et de l’imprimerie. Le cas du Soir est particulier, il fait partie des journaux « volés » au sein desquels l’occupant place des administrateurs favorables au régime allemand alors que l’ancienne rédaction s’est réfugiée en France. La famille Rossel a pourtant demandé de pouvoir éditer à nouveau le journal et présente ses revendications mais les Allemands refusent[4].

Remaniements à la tête du journal[modifier | modifier le code]

Le , le quotidien apparait à nouveau mais la tête de la rédaction a complètement changé. La direction est revenue à Xavier Mauromati qui nomme Horace Van Offel rédacteur en chef ; ce dernier est remplacé en janvier 1941 par Raymond De Becker[5]. En août 1940, Mauromati se voit démis de ses fonctions par les Allemands. De Becker exerce dès lors une double fonction au sein du quotidien : il est à la fois directeur et rédacteur en chef[6]. De Becker est à la tête de ce qui est le plus grand quotidien bruxellois volé. Partisan avoué du nazisme, il a comme idéal politique une adaptation du nazisme en Belgique. Il glorifie l’esthétisme de la vie dans le régime nazi comme d’autres de sa génération[7]. Avec sa nouvelle position, De Becker donne une ligne éditoriale belgiciste au journal[8]. Le Soir compte alors en son sein 25 rédacteurs qui y travaillent à temps plein. Aucun de ceux-ci ne faisaient partie de l’ancienne rédaction[9].

Conditions de parution du journal sous l'occupation[modifier | modifier le code]

Le Soir « volé » tire à plus de 200 000 exemplaires jusqu’en 1943 avec régulièrement des articles à caractère antisémite[10]. Ce chiffre peut paraître surprenant pour un quotidien volé et qui plus est, diffusé en temps de guerre. Il s’explique deux raisons : la première raison est le fait que le nom du journal reste inchangé et trompe beaucoup de lecteurs. La seconde raison est la disparition de 12 journaux francophones à Bruxelles durant l’occupation allemande[11]. Le journal paraît tous les jours du lundi au vendredi et a une édition le week-end pour le samedi et le dimanche. Concernant les pages du journal, elles ont une longueur de 61 cm pour une largeur de 44 cm (soit une aire totale de 2 684 cm2). Le nombre de pages varie entre 6 et 12 pages dans la période du sujet.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Campé, Dumon et Jespers 1975, p. 147-180.
  2. Jacques Herneg, Le Soir dans l’histoire, Bruxelles, Pire, coll. « Voix du jour », 2003, p. 49-64.
  3. « Le Soir », sur Belgium WWII (La Belgique durant la Seconde Guerre mondiale) (consulté le ).
  4. De Bens 2001, p. 350-360.
  5. Campé, Dumon et Jespers 1975, p. 154-159.
  6. De Bens 2001, p. 338.
  7. Paul Aron, Vérités et mensonges de la collaboration, Loverval, Éditions Labor, 2006, p.13-36.
  8. Colignon Alain (Institution : CegeSoma), « LE SOIR THÈME - COLLABORATION » (consulté le )
  9. De Bens 2001, p. 339.
  10. Michel Fincoeur, « Presse de la collaboration (langue française) », Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, 2008, p. 345-349.
  11. De Bens 2001, p. 343-344.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • René Campé, Marthe Dumon et Jean-Jacques Jespers, Radioscopie de la presse belge, Verviers, André Gérard, , 591 p.
  • (nl) Els De Bens, De Belgische dagbladpers onder Duitse censuur (1940–1944), Antwerpen/Utrecht, De Nederlandsche Boekhandel, , 564 p. (ISBN 90-289-9883-7, lire en ligne [PDF]).
  • (nl) Els De Bens, De Pers in België : Het verhaal van de Belgische dagbladpers Gisteren, vandaag en morgen, Tielt, Lannoo, , 455 p. (ISBN 978-9020940749).

Articles connexes[modifier | modifier le code]