Les Arnavaux — Wikipédia

Les Arnavaux
Les Arnavaux
Chapelle désaffectée du Petit-Canet.
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Ville Marseille
Arrondissement municipal 14e
Démographie
Population 5 378 hab. (2012)
Géographie
Coordonnées 43° 20′ 03″ nord, 5° 22′ 29″ est
Transport
Bus Autobus de MarseilleLigne 30Ligne 38Ligne 89Bus de nuit 535
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Marseille
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Les Arnavaux

Le quartier des Arnavaux est situé dans le 14e arrondissement de Marseille et fait partie des quartiers nord. Ce quartier administratif est principalement occupé par des zones d’activité qui s’étendent aussi sur plusieurs quartiers limitrophes.

Dans ce secteur du terroir nord de Marseille, la bastide La Floride était réputée au début du XVIIe siècle pour son salon littéraire où se rencontraient écrivains, juristes et savants.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le toponyme « Les Arnavaux » provient de l'occitan Arnavèu désignant une ronce épineuse[1] la paliure, ou épine du Christ, dont le fruit a des propriétés médicinales. En il a inspiré celui de la zone d’activité « Arnavant Activités ».

Géographie[modifier | modifier le code]

Limites du quartier[modifier | modifier le code]

Le quartier administratif des Arnavaux, au sens du décret no 46-2285 du [2], est limitrophe de plusieurs quartiers des 15e et 14e arrondissements : La Cabucelle, La Delorme, Saint-Joseph, Sainte-Marthe, Saint-Barthélémy, Bon Secours, Le Canet. Il fait partie du territoire historique du Canet plus vaste que celui du quartier issu du découpage de 1946[3].

Voies de communication et transports[modifier | modifier le code]

Autoroutes et dessertes principales[modifier | modifier le code]

Le quartier est traversé par l’autoroute A 7 et relié aux ports via le boulevard du Capitaine-Gèze. Il dispose via l’échangeur des Arnavaux d’une bretelle d’accès en direction du nord, et d’une sortie en direction du sud. L’échangeur des Arnavaux est aussi connecté à l’extrémité nord de la rocade L2.

Lignes de chemin de fer[modifier | modifier le code]

Le quartier est également traversé par la ligne de chemin de fer Lyon-Marseille ainsi que par le raccordement de la gare de fret du Canet à la ligne de L'Estaque à Marseille-Saint-Charles.

La station du Canet sur la ligne Lyon-Marseille, ouverte en , a été fermée en et démolie. Aujourd’hui le boulevard de la Station et le chemin de la Station-du-Canet en restent les témoins. Autour de cette gare de banlieue Marius Chaumelin observe en la construction récente d'une quinzaine de maisons, il y voit l’amorce de ce qui devient ensuite Le Petit Canet (ou Nouveau Canet)[4].

Réseau de bus RTM[modifier | modifier le code]

Ligne  Ligne 38Métro Gèze-Métro Malpassé,  Ligne 30Métro Gèze-La Savine,  Bus de nuit 535Canebière Bourse-L’Estaque Riaux.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le territoire jusqu’au début du XXe siècle[modifier | modifier le code]

Jusqu’au début du XXe siècle ce secteur du terroir marseillais, comme ceux de La Delorme, des Aygalades ou du Le Canet, conserve un caractère à la fois rural et résidentiel. C’est « la ville campagne », « le terradou » tel que le décrit le géographe Marcel Roncayolo[5]. Les premières usines, les huileries Rocca, Tassy & de Roux, ne s'y installent qu'en aux marges de La Cabucelle où l’industrialisation a débuté dès le milieu du XIXe siècle.

Des implantations disparues ont laissé des traces au travers de divers toponymes : lycée et stade La Floride, cité et école de la Visitation, zone d'activité Théodora.

La Floride, lieu de rencontre d’érudits au début du XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

En Guillaume Du Vair, alors premier président du Parlement de Provence, dont le siège est à Aix-en-Provence, achète La Bouquière une propriété agricole situé sur le chemin du Canet à Saint-Joseph (devenu boulevard Gay-Lussac). Au débouché du vallon des Aygalades elle jouit d’une belle vue sur la rade de Marseille et de sources abondantes. Il la renomme La Floride, ou La Florie (La Fleurie). Dans cette résidence d'été il réunit un cénacle d’érudits passionnés de littérature, de poésie et de sciences tels que l’homme de lettres et astronome Nicolas Claude Fabri de Peiresc, le poète François de Malherbe, l’homme de loi Charles Annibal Fabrot, ou encore Jean de La Cepède magistrat aixois et seigneur des Aygalades[6],[7].

Une inscription latine : FLORENTEM FLOREM. FLORIDA. FLORA. FLEAT (que la Flore Floride pleure la fleur qui ici fleurissait), encore visible dans les années 1950 sur la corniche d'une fenêtre de la bastide, semble évoquer les tournois de poésie qui s’y livraient[6].

Le domaine est morcelé en par la ligne de chemin de fer Lyon-Marseille, puis à partir de par la construction de l’autoroute A 7. Sur la partie ouest s’implante un centre d’apprentissage[8] remplacé ensuite par le lycée d'enseignement professionnel La Floride, dont la construction occasionne la démolition de la bastide.

Le couvent de la Visitation de 1847 à 1928[modifier | modifier le code]

Les religieuses de l’ordre des Petites Maries doivent quitter leur couvent du quartier Saint-Charles au moment de la construction de la gare Saint-Charles et s’installent en dans ce qui alors désigné comme le quartier du Canet. Dans ses Promenades artistiques autour de Marseille Marius Chaumelin décrit ce couvent au faux air d’abbaye du XVIe siècle, vaste quadrilatère autour d'un cloître flanqué de quatre tourelles d’angle et d’un clocher pointu[4]. En les religieuses doivent quitter les lieux à cause de la pollution générée par l’usine voisine, Alusuisse. Le couvent est rasé en , sur son emplacement sont construits, enclavées dans le tissu industriel, des logements sociaux ainsi qu'une école maternelle et primaire publique[9]. L'usine Alusuisse, créée en , plus grande usine européenne de production d’alumine jusqu’en , se maintient jusqu’en [5].

Les huileries Rocca, Tassy & de Roux de 1901 aux années 1980[modifier | modifier le code]

L’entreprise Rocca, Tassy & de Roux, fondée en , se développe grâce à la production d’un beurre végétal inventé en et commercialisé sous la marque Végétaline. D'abord établie dans trois usines enclavées dans le tissu urbain marseillais et sujettes à des risques d’incendie elle s’implante à partir de sur la propriété La Mazarade, au voisinage du couvent de la Visitation. La nouvelle usine comprend trois unités de production : La Théodora pour les huiles alimentaires, La Massila pour la Végétaline et l’Assomption pour les Savonneries de la Méditerranée[10]. La bastide de La Mazarade, transformée en hôpital pendant la première guerre mondiale, accueille ensuite les œuvres sociales de l'entreprise. En Rocca, Tassy & de Roux est la plus grande entreprise d'huile végétale de France, elle compte 1800 ouvriers et ouvrières. Elle ferme à la fin des années 1980, période de disparition l’industrie marseillaise de produits oléagineux[11],[12].

Les zones d'activité à partir de 1930[modifier | modifier le code]

Ancienne gare du Canet.

En - la Compagnie PLM réalise pour le compte de la Ville dans le cadre du chantier de construction de la gare de fret du Canet[13] la prolongation du boulevard Oddo, amorce du boulevard du Capitaine-Gèze. Il s'agit de faciliter l'accès à des zones industrielles mal desservies autour de la traverse rurale des Treize-Coins.

Sous le régime de Vichy l'architecte-urbaniste Eugène Beaudouin conçoit un plan d'urbanisme approuvé en 1943 par l’État français (Marseille étant alors sous tutelle administrative). Il prévoyait de vastes zones industrielles dans ce secteur, et plus largement dans les quartiers nord. Le « Plan Beaudouin » est abandonné après la Libération mais les projets de desserrement des activités industrielles du centre-ville subsistent. Dans la période de la reconstruction de nouveaux outils juridiques et financiers facilitent l’action publique. En 1954 la Ville achète des terrains au nord du boulevard du Capitaine-Gèze et créé un lotissement industriel de 37 ha. C'est la première opération publique d'aménagement d'une zone d'activité à Marseille[14].

Il faut attendre plusieurs années pour que certains terrains se libèrent. En la Ville cède à la société automobile des établissements Berliet deux parcelles de la traverse des Treize-Coins occupées par un bidonville. Les habitants ne sont relogés qu'à partir de dans la Cité Bassens[15], cité de transit construite sur un terrain que de la société pétrolière Bordeaux Bassens a vendu à la Ville[16].

Le toponyme du quartier des Arnavaux a inspiré celui d’un ensemble de zones d’activité qui se développent par la suite largement dans les quartiers voisins[17]. Les entreprises de ce qui se nomme alors la Zone Industrielle Nord se structurent en autour de l'Union des entreprises industrielles et commerciales (UDEIC). En 1989 leur association prend le nom d'Arnavant, contraction « d’en avant » et d’« Arnavaux », afin de valoriser l'image et le dynamisme de la zone, et le territoire concerné devient Arnavant Activités[18]. L’association Arnavant a fusionné ensuite avec d'autres réseaux d’entreprises des quartiers nord de au sein de Cap Au Nord Entreprendre[19].

Entreprises situées dans le quartier des Arnavaux[modifier | modifier le code]

  • Le MIN des Arnavaux. Le marché d'intérêt national remplace en le Marché Central de fruits et légumes établi depuis au centre-ville dans les quartiers du Cours Julien et de La Plaine. Le marché des Arnavaux regroupe 100 entreprises et 267 producteurs de fruits et légumes, fleurs et plantes, produits carnés[20].
  • Cerexagri, usine de fabrication de pesticides et de produits phytosanitaires, vendue en par le groupe chimique français Arkema au Groupe Indien United Phosphorus Ltd[21]. Elle est implantée dans une ancienne raffinerie de soufre construite en par la société américaine Union Sulphur Company (en)[22]. Classée « Seveso seuil bas » l’usine est située à proximité d’habitations et d’une école. En au sortir du confinement elle a fait l’objet d’un opération de blocage par des militants d'Extinction Rebellion et des gilets jaunes[23].
  • L'usine Pernod, appartement au groupe Pernod-Ricard. C’est le dernier site de production alcool anisé à Marseille[14].
  • L’usine de confiseries Haribo, ainsi que le siège français de la société. Après avoir envisagé de supprimer ce dernier, Haribo a pris en 2017 la décision de le maintenir à Marseille et de construire de nouveaux bureaux à L'Estaque[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (fr + oc) Dico d'Òc - Dictionnaire occitan, Le Congrès permanent de la langue occitane (Congrès permanent de la lenga occitana) / Délégation générale à la langue française et aux langues de France - Ministère de la Culture et de la Communication (DGLFLF) (lire en ligne).
  2. « Le plan du quartier sur OpenStreetMap ».
  3. Voir le « Plan général de la ville, des ports et des environs de Marseille », sur gallica.bnf.fr édité en 1922 : le toponyme "Arnavaux" n'est que celui d'un chemin.
  4. a et b Marius Chaumelin (Introduction et notes de mise à jour par Ceorges Reynaud), Promenades artistiques autour de Marseille - Tome II : De la Belle-de-Mai à la chaîne de l'Étoile (1854), Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions Alan Sutton, , 176 p., 16 x 23 cm (ISBN 978-2-84910-905-2).
  5. a et b Philippe Mioche, « Images de la plus grande usine d'alumine d'Europe en 1913 : Alusuisse à Saint-Louis-des-Aygalades », Cahiers d'histoire de l'aluminium (no 44-45),‎ , p. 58 à 77 (lire en ligne, consulté le ).
  6. a et b Joseph Billoud, « La Floride du président Du Vair : Du XVIe siècle à nos jours », dans revue Marseille, Ville de Marseille, , p. 5-11.
  7. Jean-Louis Blanc, « Guillaume Du Vair », sur patrimoinemedical.univmed.fr (consulté le ).
  8. Auguste Brun, « La Floride du président Du Vair : Un poème inédit », dans revue Marseille, Ville de Marseille, , p. 3-4.
  9. Christine Breton, Philippe Mioche et Arnavant, Le Livre du ruisseau, Marseille, éditions commune, coll. « Hôtel du Nord / Récits d’hospitalité », , 63 p. (ISBN 978-2-9534899-8-9).
  10. Voir les implantations industrielles sur le « Plan de la ville de Marseille, feuille nord », sur archivesplans.marseille.fr, publiée par le War office britannique en 1943.
  11. Xavier Daumalin, « Marseille et les nouveaux corps gras », dans Revue Marseille, vol. 221 : made in Marseille, Marseille, Ville de Marseille, .
  12. Xavier Daumalin, « La bourgeoisie d’affaires marseillaise face aux recompositions industrielles des années 1960-1990 : Les fondements d’un désengagement », dans La désindustrialisation :une fatalité ?, Besançon, presses universitaires de franche-comté, coll. « les cahiers de la MSHE Ledoux » (no 29), (ISBN 978-2-84867-583-1, ISSN 1772-6220, lire en ligne), p. 240-254, DOI 10.4000/books.pufc.21004
  13. A. Joubret, « La nouvelle gare du Canet et les consolidations des murs de la Pinède à Marseille », Technica, no 15,‎ , p. 3-19 (lire en ligne, consulté le );
  14. a et b Philippe Mioche, historien du patrimoine industriel lors d'une émission de radio consacrée aux 40 ans du lotissement industriel : « Patrimoine et industrie – Arnavant, une histoire industrielle de Marseille », sur radiogrenouille.com (consulté le ).
  15. Maha Messaoudene, Reconstruire des logements sociaux à Marseille : réactivité sociale et enjeu résidentiel, Connaissances & Savoirs, coll. « Sciences humaines et sociales. Urbanisme », , 244 p. (ISBN 9782753903036), p.43.
  16. La cité de Bassens, située dans le quartier de la Delorme entre la voie ferrée, une rocade routière et la zone industrielle, a fini par se pérenniser après plusieurs réhabilitations et reconstruction, voir Maha Messaoudène, « Bassens : du bidonville à la cité de transit – le provisoire qui s’éternise », Articulo - Journal of Urban Research [Online], vol. Logiques habitantes et offre résidentielle dans le processus de renouvellement urbain à Marseille,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Arnavant Activités (13 - Marseille (14)) - Espace d'activités ».
  18. « Le Groupement d'entrepreneurs « Arnavant » fête ses 40 ans », (consulté le ).
  19. « Cap au Nord Entreprendre se bouge pour booster les quartiers Nord ! », sur madeinmarseille.net, (consulté le )
  20. « Marché des Arnavaux - MIN Aix Marseille Provence » (consulté le ).
  21. « Agrochimie : Arkema cède Cerexagri à l'Indien United Phosophorus », sur www.info-chimie.fr, (consulté le ).
  22. Xavier Daumalin, « Désindustrialisation et ré-industrialisation à Marseille fin XIXe-début XXe siècle », Rives méditerranéennes [Online], no 46,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. « Blocages et manifestations contre la relance des activités «toxiques» », sur la-croix.com, (consulté le ).
  24. Richard Michel, « Haribo conserve son siège à Marseille et construit des bureaux à l'Estaque », sur gomet.net, (consulté le ).

Article connexe[modifier | modifier le code]

Statistiques quartiers 14e arrondissement de Marseille