Louis-Bernard Guyton-Morveau — Wikipédia

Hôtel qu'il acheta en 1768 à Dijon
Maison natale à Dijon

Louis-Bernard Guyton de Morveau, puis Guyton-Morveau né à Dijon le et mort à Paris le , est un chimiste, jurisconsulte et homme politique français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Louis-Bernard Guyton de Morveau est né à Dijon, rue de la Chapelotte, il a été baptisé le en l'église Saint Jean. C'est le fils d'Antoine Guyton échevin de Dijon (1749), professeur de droit français à l'université de Dijon de 1764 à sa mort en 1768, et de Marguerite Desaulle. Son parrain est Louis-Bernard Delacroix, procureur au grenier à sel de Dijon et sa marraine est la Demoiselle Claudine Seguin, veuve de Maître Claude Desaulle, notaire royal.

Il est avocat général au parlement de Bourgogne de 1762 à 1782. Il est, à ce titre, « un homme de loi qui participa aux débats sur le droit et la justice »[1].

Il entre en 1764 à l'Académie de Dijon.

Expériences aérostatiques de 1784

En tant que chimiste, il participe au Supplément à l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, à l'Encyclopédie méthodique de Charles-Joseph Panckoucke, dans les années 1780, (en particulier dans la section « Chimie ») ; et il réalise à Dijon, en 1784, deux expériences aérostatiques. Il propose également une première forme de classification chimique des éléments. Il a comme préparateur de ses cours de chimie, Jean-Baptiste Courtois, père de Bernard Courtois qui découvrira l'iode. Il est correspondant de Pierre-Joseph Macquer (1718-1784) à l'Académie des sciences.

Un scientifique engagé dans la vie politique sous la Révolution[modifier | modifier le code]

Il est procureur général syndic du département de la Côte-d'Or en 1790.

En 1791, il est élu député de la Côte-d'Or à l'Assemblée législative.

Il est réélu député à la Convention. Il entre le au Comité de salut public. Il est l'un des promoteurs du calendrier révolutionnaire, avec Fabre d'Églantine. Quoique membre de la faction modérée des Montagnards, il vote la peine de mort pour Louis XVI[2]. Il démissionne du Comité de salut public le 10 juillet 1793[3], pour se consacrer à la fabrication de canons et à la formation d'une Compagnie d'aérostiers. Il effectue lui-même une ascension en ballon lors de la bataille de Fleurus le 26 juin 1794, et assiste à plusieurs autres batailles de cette campagne[4],[5].

Le , Guyton, qui n'a pas été élu au Conseil des Cinq-Cents, est nommé directeur par intérim de l'École polytechnique pour remplacer Monge, parti en Égypte avec Bonaparte.

Quelques jours après, le , Guyton se marie à l'âge de 61 ans avec une amie de longue date aussi originaire de Dijon, Claudine Poulet veuve Picardet (1735-1820), chimiste et collaboratrice de Lavoisier[6],[7].

Le , Monge reprend sa place de directeur de Polytechnique, mais il ne le reste pas longtemps car il est nommé sénateur. Sur sa proposition, le conseil de l'école propose de nommer Guyton directeur, décision ratifiée par les consuls le . Toutefois, le , Napoléon, excédé par l'indiscipline des élèves, remplace le directeur par un gouverneur militaire, le général Jean-Girard Lacuée. Guyton sollicite d'être nommé commandant en second et directeur des études, mais c'est son ancien adjoint, Gay de Vernon, qui est nommé le . Guyton continue alors de faire cours aux élèves, avec une voix à peine perceptible. Il enseigne également la chimie à deux de ses parents polytechniciens : son petit-cousin et filleul Louis-Bernard Guyton (1789-1847)[8] et le futur général Michel Jacques Laurent Germain Guillemain (1788-1856)[9]. Il sollicite, en 1811, sa mise à la retraite assortie d'un demi-salaire et du titre de baron, ce que Napoléon lui accorde.

Il est administrateur des Monnaies de 1800 à la Première Restauration, puis de nouveau pendant les Cent-Jours.

Il devient membre résidant de première classe de la section de chimie de l'Institut national des sciences et des arts le . Il est élu vice-président de la classe en 1806 et président en 1807. Il est membre de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale créée en 1801 : il nomme Darcet à la tête de son Comité de chimie.

Il rédige son testament en 1813. Il choisit son épouse comme exécuteur testamentaire et lui adjoint son cousin, l'ancien député Claude Antoine Prieur (1763-1832)[10], dont il avait appuyé l'entrée dans l’École royale du génie de Mézières[11].

On s'apprête à le renvoyer de l'Institut, comme régicide, lorsqu'il meurt à Paris à son domicile au 63, rue de Bourbon le à 9 heures du matin.

Hommages[modifier | modifier le code]

En 1893, la rue Guyton-de-Morveau dans le 13e arrondissement de Paris reçoit son nom.

Une plaque commémorative en son honneur peut être trouvée au 17 place Bossuet à Dijon, où il résida de 1768 à 1800.

Titres[modifier | modifier le code]

Armoiries[modifier | modifier le code]

Figure Blasonnement
Armes de Louis-Bernard Guyton de Morveau, chevalier de l'Empire :

D'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux heaumes d'argent et en pointe d'un vase fumigatoire du même. Champagne cousue de gueules du tiers de l'écu chargée du signe des chevaliers légionnaires.[12]

Armes de Louis-Bernard Guyton de Morveau, baron de l'Empire :

D'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux heaumes tarés de profil d'argent et en pointe d'un vase fumigatoire du même. Franc-quartier de baron tiré des corps savants, brochant au neuvième de l'écu.[12]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Le rat iconoclaste ou le jésuite croqué, 1762.
  • Mémoire sur l'éducation publique avec le prospectus d'un collège, 1762 (ou 1764)
  • Nouveau moyen de purifier absolument et en très-peu de temps une masse d’air infectée, Dijon, 1773, in-8°.
  • Instruction sur la nouvelle méthode de préparer le Mortier-Loriot, 1775 (Lire en ligne).
  • Discours publics et éloges, auxquels on a joint une Lettre où l’auteur développe le plan annoncé dans un de ses Discours pour réformer la Jurisprudence, par M.*** Avocat Général, Paris, P.G. Simon, 1775, 2 vol.
  • Plaidoyers sur plusieurs questions importantes de droit canonique et civil..., Dijon / Paris, Mailly / Théophile Barrois, 1785. Lire en ligne.
  • Opinion du citoyen L. B. Guyton député du Département de la Côte-d’Or, dans l’affaire de Louis Capet, 1793.
  • Traité des moyens de désinfecter l’air, de prévenir la contagion et d’en arrêter les progrès, Paris : chez Bernard (libraire de l’École Polytechnique), 1801, in-8°, xxxii-306 p. ; 3e éd., Paris : Bernard, 1805, in-8°, xiv-443 p. lire en ligne sur Gallica ; traduit en allemand et en anglais.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Pascal Bastien, « Guyton de Morveau, juriste : réformes judiciaires et unification du droit, 1770-1804 », Annales historiques de la Révolution française, vol. 383, no. 1, 2016, p. 45-60. Article numérisé sur cairn.
  2. D'après Ferenc Szabadváry (trad. Günther Kerstein), Geschichte der analytischen Chimie, Budapest, Akadémiai Kiadó, , 418 p. (ISBN 978-2-88124-569-5, lire en ligne), p. 205–206
  3. Alphonse Marie L. de Prat de Lamartine, Histoire des Girondins : , écrite à l’usage du peuple, vol. III, Furne et Coquebart, , p. 107
  4. D'après Charles Coulston Gillispie, Science and Polity in France : The Revolutionary and Napoleonic Years, Princeton University Press, , 764 p., p. 372-373
  5. Cf. Richard P. Hallion, Taking flight : inventing the aerial age, from antiquity through the First World War, New York, Oxford University Press, , 531 p. (ISBN 978-0-19-516035-2, lire en ligne), p. 63–64
  6. Claudine Picardet, « Complete Dictionary of Scientific Biography », sur www.encyclopedia.com, (consulté le ).
  7. Patrice Bret, « Les promenades littéraires de Madame Picardet : La traduction comme pratique sociale de la science au XVIIIe siècle », Traduire la science : Hier et aujourd’hui, Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine,‎ (ISBN 978-2-85892-495-0, DOI 10.4000/books.msha.8775, lire en ligne, consulté le ).
  8. « Notice LH de Louis-Bernard Guyton (1789-1847) », base Léonore, ministère français de la Culture.
  9. Olivier Azzola, « Deux polytechniciens de la famille de Louis-Bernard Guyton de Morveau », Bulletin de la Sabix, Online since 27 July 2018, connection on 18 April 2020, no 60,‎ (lire en ligne).
  10. Patrice Bret, « Les archives personnelles de Guyton de Morveau », Bulletin de la Sabix [En ligne], 60 | 2017, mis en ligne le 27 juillet 2018, consulté le 18 avril 2020.
  11. Clémence Peyrot et Olivier Azzola, « Les archives de/sur Guyton à l’École polytechnique », Bulletin de la Sabix [En ligne], 60 | 2017, mis en ligne le 27 juillet 2018, consulté le 18 avril 2020.
  12. a et b Alcide Georgel, Armorial de l'Empire français : L'Institut, L'Université, Les Écoles publiques, (lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Patrice Bret (dir.), « Louis-Bernard Guyton de Morveau (1737-1816), professeur, innovateur et directeur de l’Ecole polytechnique », SABIX. Bulletin de la Société des amis de la bibliothèque et de l’histoire de l’Ecole polytechnique (Palaiseau), n° 60 (janvier 2017), En ligne. Articles de Patrice Bret, Olivier Azzola et Clémence Peyrot.
    • Patrice Bret, « Les archives personnelles de Guyton de Morveau », Sabix,‎ , p. 95-100 (lire en ligne, consulté le ).
  • Patrice Bret (dir.), Louis-Bernard Guyton, « l’illustre chimiste de la République »,Annales historiques de la Révolution française, 2016, n° 383 numérisé sur Cairn. Articles de Patrice Bret, Pascal Bastien, Ronei-Clécio Mocellin, Thomas Le Roux, etc.
  • Patrice Bret, « Vingt ans d’échanges épistolaires personnels et institutionnels : Condorcet, Guyton de Morveau, l’Académie de Dijon et les savants bourguignons », dans Les relations scientifiques de Condorcet avec les provinces françaises. Correspondance et documents inédits, dir. N. Rieucau et al., Ferney-Voltaire, Centre international d’étude du XVIIIe siècle, 2019, p. 173-234.
  • Patrice Bret, « "La rivale de la Capitale" : les visiteurs français et étrangers de Guyton de Morveau à Dijon ». In : C. Lamarre (dir.), Guyton de Morveau des Lumières à l’Empire, Dijon, Editions universitaires de Dijon, 2017, p. 69-90.
  • Georges Bouchard, Guyton-Morveau, chimiste et conventionnel : 1737-1816, Paris, Librairie académique Perrin, 1938. Ouvrage numérisé sur gallica.
  • (en) Teunis Willem Van Heiningen, « The contribution of Louis-Bernard Guyton de Morveau (1737-1816) to public health and the adoption of his ideas in the Netherlands », Histoire des sciences médicates, 48, 2014, p. 97-106.
  • Ronei Mocellin, Louis-Bernard Guyton de Morveau (1737-1816) : chimiste et professeur au siècle des Lumières, thèse de l’université Paris Ouest (Paris X-Nanterre), 2009, sous la direction de Bernadette Bensaude-Vincent.
  • Claude Viel, « L'activité de chimiste de Guyton de Morveau à travers ses lettres à Macquer et à Picot de La Peyrouse » Annales de Bourgogne 70, 1998, p. 55-67.
  • Lucien Scheler, « Deux lettres inédites de Mme Lavoisier [à Guyton de Morveau] », Revue d'histoire des sciences, 1985, p. 121-130. Numérisé sur Persee.
  • (en) William A. Smeaton, « Louis Bernard Guyton de Morveau and his relations with British scientists », Notes and Records of Royal Society of London, 22, 1967, p. 113-130.
  • (en) William A. Smeaton, « Guyton de Morveau’s course of chemistry in the Dijon Academy », Ambix, t. 9, 1961, p. 53-69.
  • « Louis-Bernard Guyton-Morveau », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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