Lucien Mahin — Wikipédia

Lucyin Mahin
Lucyin Mahin en 2008.
Biographie
Naissance
(70 ans)
Villance, Belgique
Pseudonyme
Louline VôyeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Belge
Activités

Lucyin Mahin (Lucien à l'état civil); de son nom de plume, Louline Vôye, est un écrivain en wallon, chercheur et promoteur de la langue wallonne qui est né a Villance le .

Présentation[modifier | modifier le code]

Lucyin Mahin a baigné dans sa jeunesse, dans un environnement où la communication en wallon était courante, mais limitée à un environnement très local. C'est lors de son établissement au Maroc, où il vit depuis 1981[1], qu'il prend conscience à la fois de l'étendue et de la cohérence du wallon en tant que langue au-delà du cercle local. Il s'aperçoit également que cette même langue est menacée d'extinction. Cette prise de conscience aboutira à son engagement linguistique.

En tant qu'auteur, il a surtout écrit des romans, mais aussi des poésies. Ces romans étaient précurseurs de la littérature wallonne moderne en cela que les protagonistes et lieux de l'action n'y sont pas le petit village rural wallon de l'entre-deux-guerres (comme c'était traditionnellement le cas dans la littérature wallonne du XXe siècle). Son nom de plume, Louline Vôye (correspondant à Li halene evoye en orthographe wallonne commune), signifie la chenille voyageuse (traduit littéralement : la chenille en route). Ce pseudonyme constitue également un clin d’œil au blason populaire des habitants de son village natal, les Oulines (les Chenilles), et au fait qu'il est parti bien loin de celui-ci, jusqu'au Maroc.

Comme promoteur de la langue wallonne, il anime des sites et diffusion de contenus sur internet. En effet, il fut à l'origine du premier « blog » – celui-ci fut fondé avant que ce terme existe – écrit en wallon et hébergé chez un fournisseur d'accès internet marocain. Il est rédacteur en chef de plusieurs revues dont : Li Rantoele. Cet auteur organise des conférences, des cours et des tables de conversations lors de ses séjours en Wallonie. Il a également rédigé un cours de langue (centré sur le parler wallon de sa région) qui se voulait un support scolaire.

Lucyin Mahin fut un des initiateurs du mouvement aboutissant à la création d'une orthographe unifiée de la langue wallonne (connue comme r(i)fondou walon en wallon). Dans ce cadre, il travaille principalement sur la lexicologie, mais aussi sur la grammaire (notamment des particularités, généralement peu étudiées, des parlers de Basse Ardenne). Il a également été repris dans plusieurs anthologies : Limès (1992, (ISBN 2930047011)), Paroles d'oïl (Geste éditions, 1994, (ISBN 2-905061-95-2)), Scrîre[2] (UCW, 1993) et Scrîjeûs d' Ârdène (2002, avec Michel Francard).

Sur le plan professionnel, il exerce la médecine vétérinaire depuis 1977, et a travaillé durant toute sa vie, au Maroc. D'abord à l'Institut agro-vétérinaire de Rabat comme enseignant et chercheur jusqu'en 1985. Puis comme vétérinaire à son compte dans la région des Doukkala[3].


Travail en faveur du wallon[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Il a commencé à écrire des textes en wallon en 1981, dans la section « Cwand dji n' sai rén, dji m' tai » (wa) de l’Avenir du Luxembourg. Ceux-ci étaient préalablement corrigés par Lucien Léonard (wa), qui lui enseignait, ainsi, à transcrire l'accent de Transinne selon le système Feller, jouant donc le rôle d'une sorte de précepteur.

Aussitôt, il lance un livre d'école, « Ene båke so les bwès d' l' Årdene » (un regard sur les forêts ardennaises) (wa), dont le premier tome sortit en 1984 ; les deuxième et troisième, quant à eux, ont paru en 1993. Pour le vernissage du premier tome, il invite, à Redu, Raymond Mouzon et Omer Marchal. Pour la sortie des deux autres, neuf ans après, il organise, toujours à Redu, un séminaire sur l'avenir du wallon. Certains orateurs et chercheurs renommés pour la langue wallonne : Laurent Hendschel (wa), Lucien Somme (wa), Émile Pècheur, Michel Francard et Noël Anselot y étaient. C'est à dater de ce jour-là, qu'il va travailler avec Laurent Hendschel et Thierry Dumont (wa) sur le rifondaedje (normalisation orthographique) du wallon. Entre les deux sorties des trois Båkes, ce wallonophone écrit une première nouvelle, « Li ptite comere avou l' blanke camizole » (la jeune fille avec un chemisier blanc) (wa), qui sera publiée par la SLLW, en 1989.

En 1994, il rassemble à Transinne une rencontre de rcåzeus (néo-locuteurs) du wallon. Plus de 60 personnes seront véhiculées par des jeunes guides entre trois séances : une sur les outils d'antan (menée par Arthur Schmitz et Johan Viroux), une sur l'actualité (les troubles au Rwanda, présentation par Omer Marchal et les discussions menées par Laurent Hendschel) et la troisième sur la dialectologie avec la présence de Marcel Slangen. La rencontre fut rapportée à la radio par Pierrot Dufaux, dans le cadre de l'émission « 900.000 Wallons » ; ainsi qu'à la télévision par Jany Paquay, avec « Wallons-nous ».

Mise en place du rfondou[modifier | modifier le code]

Invitation à la rencontre des rcåzeus du wallon, mise en place à Transinne, en 1994.

Entre 1993 et 1995, Lucyin Mahin a rédigé, en français, une série de seize textes sur les néologismes et l’harmonisation orthographique du wallon : sous le titre « Waldim ». Ce titre signifie : « walon did dimwin » ([FR] Le wallon de demain). Il est devenu, dès lors, un promoteur convaincu de la nécessité d'une standardisation du wallon ; du moins pour l'écrit. Cette forme standardisée, ou orthographe commune, s'appelle en wallon le r(i)fondou walon.

En 1995, cet auteur rassemble, à nouveau, les œuvrants du wallon, à Transinne, ce qui sera la naissance de l' « Association de néo-locuteurs wallons d'Ardenne méridionale (wa) » ; laquelle sera menée par Pierre Otjacques (wa), Yves Gourdin et Louis Baijot. Cette association a publié la revue « Coutcouloudjoû » (onomatopée wallonne du chant du coq). Cette revue a paru entre 1996 et 2009. Durant cette même année, Lucyin Mahin a commencé à étudier le lexique des dialectes sud-wallons. Il les a rassemblé dans un ensemble de fiches, qui n'ont jamais été finalisées : « L’égouttage des mots de la Basse-Ardenne (wa)».

En 1996, cet homme rassemble, à Louvain-la-Neuve, quelques « œuvrants du wallon », que l'on nomme dans cette langue « waloneus » et qui voyaient un bel avenir pour la langue . On y retrouvait notamment Michel Francard, mais aussi Dominique Heymans (wa), Thierry Dumont (wa), Joseph Lahaye, Charles Massaux et Laurent Hendschel (wa). La naissance de l'association « Li Rantoele » ([FR] Le Réseau) va bientôt naître. C'est, par ailleurs, cette même association qui publie la revue possédant ce nom. L'année suivante, Lucyin Mahin monte un site web en wallon, « L'Aberteke »[4] (le mot désigne au départ les panneaux d'affichage officiels au Moyen Âge ; et a donc un sens similaire au français). Ensuite, durant l'année qui suit, il invite des personnalités politiques à une réunion à Redu, sur le rapport entre le wallon et l'économie. Jean-Claude Somja et Jean-Pierre Hiernaux étaient à la tribune.

En outre, ce romancier met sur pied un petit lexique, diffusé sous forme de syllabus « Les 3000 mots walons ki vnèt l' pus a pont e 1998 » ([FR] Les 3 000 mots wallons indispensables en 1998). De plus, toujours dans le cadre de la normalisation orthographique, il commence « Lettre B » un essai de franwal ([FR] Dictionnaire bilingue français-wallon). C'est dans ce syllabus qu'il publie pour la première la règle de disfaflotaedje ([FR] désaccentuation) des voyelles longues : î, û et oû ; devant des consonnes sonores. C'est-à-dire que l'accent circonflexe n'est pas nécessaire dans ces cas-là, la phonologie du wallon rendant ces voyelles naturellement longues dans cette position. Lucyin Mahin poursuit en travaillant sur le DTW (Diccionaire di Tot l' Walon), et encode les entrées à la lettre Z.

En 1999, l'auteur de Transinne rédige avec 22 autres co-auteurs, un livre de 400 pages écrit en français, mais qui traite de la langue de Defrêcheux : « Qué walon po dmwin ?» (ISBN 2-87399-072-4)[5].

Diversification de ses activités[modifier | modifier le code]

Dès l'an 2000, sur une initiative de Pablo Saratxaga, Lucyin Mahin commence à travailler sur l’esplicant motî, un dictionnaire explicatif en wallon dont chaque entrée contient, entre autres, des phrases d'exemple pour chaque définition. Ce travail est inédit dans l'histoire de la langue wallonne. Par ailleurs ils y travaillent toujours dessus. Les données ont été, dans un premier temps, mises en ligne en tant que simples pages HTML dans une section de son site l'Aberteke[6]. C'est aussi pendant cette année-là que ce vétérinaire wallonophone dispense une conférence dans la langue de Defrêcheux, à Louvain-la-Neuve. Cette conférence avait pour objectif d'établir un état des lieux, après dix ans de rfondaedje ([FR] standardisation de l'orthographe). Cette conférence s'appelait Rifonde nosse walon: dijh ans d' boutaedje dissu (1991-2000) ([FR] Standardiser la langue wallonne : dix ans de travail)[7].

En-tête de ses lettres, vers 2001. L'expression entouré mimbe askepieu stipule « membre fondateur ».

Trois ans plus tard, Lucyin Mahin a fondé les scoles di Bive ([FR] écoles de Bièvre). Ces écoles organisent des cours pour adultes, wallonophones, pour leur apprendre à lire le rfondou (orthographe commune) selon l'accent de leur dialecte. C'est au cours de cette même année, que ce poète a soutenu l'idée de Pablo Saratxaga ; un dictionnairiste wallonophone. Cette idée est la création du Wikipédia wallophone[8].

En 2005, le contenu de l’ esplicant motî commence à être recopié, petit à petit, sur la Wikipédia en langue wallonne (sous un pseudo-espace de nommage « Motî: »), où s’effectueront, jusqu'en 2009, les complétions, corrections et ajouts lexicographiques. Les articles encyclopédiques pouvant ainsi aisément avoir les vocables peu usuels, à l'orthographe inhabituelle, ou les néologismes techniques, liés à des entrées de type dictionnaire les définissant. À partir de l'année 2009, l' esplicant motî déménage sur le Wiccionaire ([FR] Wiktionary wallonophone).

Pour le vernissage, il organise à Bièvre, une fête où seront présentés trois livres en wallon : Eviè Nonne (Lucyin Mahin), So l'anuti (Laurent Hendschel) et Èl fi do chayteû (Maurice Georges). Ce dernier est un roman auto-biographique, écrit en orthographe Feller[9].

Le militant pour la langue wallonne à Chaumont-Gistoux, dans le cadre d'une conférence, en 2007, avec quelques soucis techniques.

En 2007, Lucyin Mahin donne deux conférences en français, une sur les mots wallons de provenance celtique[10] et une autre sur l'histoire et l'avenir de la langue wallonne[11]. Il publie également, l'année qui suit, pour la première fois sur YouTube des petites vidéo sous forme de reportage en wallon, ce qu'il continuera à faire régulièrement depuis.

En 2009, il reprend son essai de 3 000 mots sorti en 1998, et le donne à Yannick Bauthière qui travaille avec Djan Cayron sur un dictionnaire bilingue wallon-français et français-wallon de deux fois 4 000 mots. L'ensemble du lexique est adapté à l'orthographe wallonne commune. Il en résultera le « petit dico de poche / pitit motî d' potche », publié aux éditions Yoran Embanner[12] et présenté lors des fêtes de Wallonie 2009. Cela donnera aussi de l'élan au projet Wiccionaire. La même année, il entraide l'UTAN (Université du Troisième Âge de Namur) pour organiser un cåbaret walon à Bièvre. Cela sera réédité en 2010. En 2011, son nouveau roman « Vera [13] », est présenté à Transinne.




Œuvres littéraires[modifier | modifier le code]

Romans et nouvelles[modifier | modifier le code]

Première et quatrième de couverture de « Moudes a rvinde ».
  • 1983 : C' est todi l' aiwe ki doime ki neye[14]
  • 1984 : Li ptite comére avou l' blanke camuzole[14]
  • 2004 : Li batreye des cwate vints[1] ([FR] La bataille des quatre vents) (ISBN 2930347368)
    • C' est le premier roman en rfondou walon à être imprimé et diffusé par les canaux de librairie classiques. Cependant, le tout premier roman rédigé en rfondou, stricto sensu, est « So l' anuti » de Laurent Hendschel (wa)[15].
  • 2005 : Eviè Nonne ([FR] Vers le Sud)[14],[16]
    • Cette œuvre est un recueil de nouvelles[16].
  • 2005 : On plaijhî våt l' ote[14]
  • 2019 : Moudes a rvinde

Reste[modifier | modifier le code]

Lucyin Mahin a, au cours de sa vie, rédigé de nombreuses poésies. Une partie de celles-ci sont consultables sur le Wikisource wallophone : le Wikisourd. En effet, la plupart de ses travaux sont publiés sur la licence suivante : CC-BY-SA 4.0.

[(wa) lire sur Wikisource]

Médias[modifier | modifier le code]

Magazine trimestriel[modifier | modifier le code]

Lucyin Mahin est derrière la création du magazine trimestriel : Li Rantoele. Le premier numéro de ce dernier fut publié en 1996. Des numéros sont toujours publiés actuellement[17]. Il est rédacteur en chef depuis 2005. Durant ses deux premières années, il était seul aux commandes. Cependant, José Schoovaerts l'a rejoint pour une durée de dix ans dans cette tâche. Depuis 2018, Lucyin Mahin s'occupe de la rédaction avec Jean Cayron. La plupart des numéros de ce trimestriel sont sous la licence suivante : CC-BY-SA-4.0. Par conséquent, certains textes sont disponibles sur le Wikisource wallonophone : le Wikisourd.

[(wa) lire sur Wikisource]

Huitante-cinquième numéro du magazine, avec la mascotte de la Fête des langues de Wallonie, en couverture.

Audiovisuel wallophone[modifier | modifier le code]

À partir de 2008, il diffuse sur un internet (via des chaines YouTube) des vidéos en wallon de documentaires, interviews de personnes, ou cours de langue wallonne. La première chaîne (inactive depuis 2018) s’appelait la "tévé walon-cåzante"[18].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Eric Burgraff, « Un roman de Mahin pour réunifier le wallon », Le Soir,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Scrîre. Panorama de la littérature en langues régionales de Wallonie de 1970 à 1990 (poésie et prose), Liège, Union culturelle wallonne,
  3. Objectif plumes, « Lucien Mahin »
  4. « Index », sur walon.org (consulté le ).
  5. « Le credo de Lucien Mahin: une Wallonie vraiment wallonne L'exemple du luxembourgeois », sur Le Soir Plus (consulté le )
  6. « Esplicant motî do walon : Adrovaedje », sur walon.org (consulté le ).
  7. « Conférence : normalisation : wallon », sur walon.org (consulté le ).
  8. L.C.C. (St.), « Walon a l'oneûr sur Wikipédia! », sur La Libre.be (consulté le )
  9. Présentation sur la wikipédia en wallon: wa:El fi do schayteu (sovnances)
  10. https://archive.wikiwix.com/cache/19981130000000/http://chanae.walon.org/~lucyin/guerni/coferince_bive.ppt.
  11. « Wayback Machine », sur walon.org via Internet Archive (consulté le ).
  12. Présentation en wallon : wa:Motî Yoran Embanner
  13. Présentation en wallon : wa:Vera (roman)
  14. a b c et d https://lucyin.walon.org/lv/index-fr.php
  15. Laurent Hendschel, So l'anuti : prumî roman scrît e rfondou walon - premier roman écrit en wallon unifié, Weyrich, (ISBN 978-2-930347-79-0, lire en ligne)
  16. a et b « Eviè Nonne. Du côté du sud », sur Objectif plumes (consulté le )
  17. « Mir@bel - Li Rantoele », sur reseau-mirabel.info (consulté le ).
  18. « Tévé walon-cåzante »