Ludvík Svoboda — Wikipédia

Ludvík Svoboda
Illustration.
Ludvík Svoboda en 1968.
Fonctions
Président de la République socialiste tchécoslovaque

(7 ans, 1 mois et 28 jours)
Élection 30 mars 1968 (en)
Réélection 22 mars 1973 (en)
Président du gouvernement Jozef Lenárt
Oldřich Černík (en)
Lubomír Štrougal
Prédécesseur Antonín Novotný
Successeur Gustáv Husák
Vice-président du gouvernement tchécoslovaque

(4 mois et 14 jours)
Président Klement Gottwald
Président du gouvernement Antonín Zápotocký
Gouvernement Zápotocký (de)
Prédécesseur Václav Kopecký
Successeur Rudolf Slánský
Ministre de la Défense nationale

(5 ans et 20 jours)
Président Edvard Beneš
Klement Gottwald
Président du gouvernement Zdeněk Fierlinger
Klement Gottwald
Antonín Zápotocký
Gouvernement Fierlinger I (cs) et II (cs)
Gottwald I (cs) et II (en)
Zápotocký (de)
Prédécesseur Jan Masaryk
Successeur Alexej Čepička (en)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Hroznatín (Autriche-Hongrie)
Date de décès (à 83 ans)
Lieu de décès Prague (Tchécoslovaquie)
Sépulture Mémorial national de Vítkov (1979-1993)
Cimetière municipal de Kroměříž (cs) (depuis 1993)
Nationalité Tchécoslovaque
Parti politique Parti communiste tchécoslovaque (1948-1979)
Profession Militaire

Signature de Ludvík Svoboda

Ludvík Svoboda
Présidents de la Tchécoslovaquie

Ludvík Svoboda
Ludvík Svoboda
Ludvík Svoboda en 1948.

Naissance
Hroznatín (Autriche-Hongrie)
Décès (à 83 ans)
Prague (Tchécoslovaquie)
Origine Tchèque
Allégeance Drapeau de l'Autriche-Hongrie Empire austro-hongrois (1915)
Drapeau de l'Empire russe Empire russe (1916-1917)
Drapeau de la République russe République russe (1917)
Mouvement blanc (1917-1920)
République tchécoslovaque (1921-1950)
Arme Infanterie
Unité Armée austro-hongroise
Légions tchécoslovaques
Armée tchécoslovaque (en)
Grade Général d'armée
Années de service 19151950
Commandement Corps d'armée tchécoslovaque (en) (1944-1945)
Conflits Première Guerre mondiale
Guerre civile russe
Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Bataille de Zboriv (en)
Bataille de Bakhmatch
Révolte de la Légion tchécoslovaque
Offensive Tcheliabinsk (ru)
Offensive Iekaterinbourg (ru)
Grande marche de glace de Sibérie
Invasion de la Pologne
Bataille de Sokolovo (en)
Bataille de Kiev
Bataille de Tcherkassy
Bataille du col de Dukla
Bataille de Liptovský Mikuláš (cs)
Autres fonctions Ministre de la Défense nationale (1945-1950)
Vice-président du gouvernement tchécoslovaque (1951)
Président de la République socialiste tchécoslovaque (1968-1975)
Signature de Ludvík Svoboda

Ludvík Svoboda, né le à Hroznatín (Autriche-Hongrie) et mort le à Prague (Tchécoslovaquie), est un militaire et homme d'État tchécoslovaque. Il s'est illustré au cours des deux guerres mondiales et est devenu plus tard président de la République socialiste tchécoslovaque.

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Première Guerre mondiale et guerre civile russe[modifier | modifier le code]

Pendant la Première Guerre mondiale, il est envoyé sur le front russe tandis que son frère aîné, Josef, est envoyé sur le front serbe. Le , il est fait prisonnier par les Russes près de Tarnopol. Durant sa captivité, il devient pompier de la ville de Kiev avant de rejoindre les légions tchécoslovaques le . Au sein des légions, il participe aux batailles de Zboriv (en), de Bakhmatch et pour le contrôle du Transsibérien contre l'armée rouge bolchévique. Le , il atteint le grade de capitaine dans les légions. En 1920, après l'échec de la campagne de Sibérie, il rentre en Tchécoslovaquie via le canal de Panama à bord d'un des derniers bateaux alliés partis de Vladivostok.

Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

De retour au pays en , il reçoit de multiples décorations et est affecté au 3e régiment d'infanterie Jana Žižky z Trocnova, stationné à Kroměříž. Il y reste jusqu'en 1923, date à laquelle il est muté au 36e régiment d'infanterie d'Užhorod. Là-bas, il sert notamment comme commandant de la compagnie de mitrailleuses et commandant adjoint d'un bataillon. En 1927, il suit des cours de tir à Milovice pour améliorer ses compétences dans la discipline. En 1928, il effectue un stage auprès du 12e régiment d'artillerie, également stationné à Užhorod. En 1931, il effectue un stage auprès du régiment de chasse (aviation) de Piešťany.

Ayant appris le hongrois auprès de ses subordonés magyars à Užhorod, il passe un examen de langue et littérature hongroises à l'université Comenius de Bratislava et devient professeur de hongrois à l'académie militaire de Hranice (cs) de 1931 à 1934.

En 1934, il est promu lieutenant-colonel (podplukovník) et retourne au 3e régiment d'infanterie Jana Žižky z Trocnova, où il se voit confier le commandement du bataillon de réserve et la formation des officiers réservistes. Dans ses nouvelles fonctions, il est amené à préparer la mobilisation générale (cs) dès 1937. En 1938, pendant la crise de Munich, il est stationné avec son bataillon à Dolní Kounice, à la limite des Sudètes. Par ailleurs, il accueille dans son domicile de Kroměříž deux familles de réfugiés tchèques ayant dû fuir la région sous la pression des nazis. Le , après l'occupation de Prague par les nazis, il remet la caserne de Kroměříž au colonel autrichien de la Wehrmacht chargé d'occuper la ville.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Campagne de Pologne[modifier | modifier le code]

Démobilisé, il rejoint l'organisation de résistance Obrana národa (en) (Défense de la nation) et en devient le chef local à Kroměříž. Après la découverte des activités de la section de Kroměříž par l'occupant nazi, il traverse clandestinement la frontière avec la Pologne début . Étant donné que peu d'officiers acceptent de laisser leur famille en Bohême-Moravie dans l'incertitude, il est l'un des militaires tchécoslovaques les plus gradés sur place et prend rapidement la tête d'un centre de formation militaire à Cracovie. Des milliers d'émigrés tchécoslovaques transitent par ce centre, dont 1 200 aviateurs qui sont dépêchés en France (où ils prendront part aux combats de la bataille éponyme).

Le surlendemain de l'invasion de son pays par l'Allemagne nazie, le président polonais Ignacy Mościcki autorise les émigrés tchécoslovaques toujours en Pologne à se regrouper au sein de la légion des Tchèques et des Slovaques (en), placée sous le commandement du général Lev Prchala (en). La légion est divisée en deux groupes : un qui reste à Cracovie et l'autre, plus nombreux, placé sous l'autorité de Svoboda, qui part à Leśna sur le front. Cependant, en raison de la rapidité de la progression des troupes allemandes et de son armement famélique (surtout des armes légères et quelques mitrailleuses), la participation du groupe de Svoboda aux combats est limitée et il reçoit l'ordre de se replier le . Le , le groupe de Svoboda arrive à Tarnopol par le rail (via Sarny et Równe) et affecte trois mitrailleuses lourdes à la défense antiaérienne de la ville. Le lendemain, un soldat du groupe de Svoboda (l'aspirant Vitězslav Grünbaum) est abattu par la mitrailleuse d'un avion de la république collaborationniste slovaque, devenant ainsi le premier militaire tchécoslovaque à périr lors de la Seconde Guerre mondiale.

L'invasion soviétique de la Pologne orientale le conduit la légion à se diviser sur l'attitude à adopter. Le groupe resté à Cracovie et les hommes de Lev Prchala optent pour la fuite en direction de la Roumanie (d'où ils rejoindront le Moyen-Orient sous contrôle allié) tandis que Svoboda, qui a peur que le gouvernement roumain le livre aux Allemands, préfère se rendre aux Soviétiques avec l'accord de Juraj Slávik (cs), l'ambassadeur du gouvernement tchécoslovaque en exil à Varsovie.

Grande Guerre patriotique[modifier | modifier le code]

En Union soviétique, Svoboda et les quelques légionnaires qui l'ont suivi dans sa reddition sont cantonnés dans des camps spéciaux sous administration tchécoslovaque, qui ne sont ni des camps d'internement, ni des camps de travail dépendant du Goulag. Ils séjournent entre autres au monastère du Sauveur-Saint-Euthyme, situé dans l'anneau d'or de Russie.

Un mois après l'invasion de l'URSS par l'Allemagne nazie, l'ambassadeur soviétique à Londres, Ivan Maïski, et le ministre des Affaires étrangères tchécoslovaque, Jan Masaryk, signent un accord « sur le rétablissement des relations diplomatiques et la coopération mutuelle dans la guerre contre l'Allemagne ». Par cet accord, le gouvernement soviétique autorise la formation d'une unité militaire tchécoslovaque distincte sur son territoire. En conséquance de cela, Svoboda est nommé commandant adjoint du 1er bataillon d'infanterie indépendant tchécoslovaque (ru) en . À l'automne 1942, il annonce aux autorités soviétiques le départ du bataillon pour le front, sans avoir obtenu l'accord préalable du gouvernement tchécoslovaque en exil pour cela.

La bataillon entre pour la première fois en action en , dans le village de Sokolovo (ru), près de Kharkov. Malgré des pertes considérables, il parvient à ralentir localement (en) la contre-offensive allemande et marque les esprits par son moral d'acier. Le bataillon sert de base à la création de la 1re brigade d'infanterie indépendante tchécoslovaque (ru), dont Svoboda prend le commandement le . Avec la brigade, il participe aux actions sur le front de Voronej et notamment à la libération de Kiev, pour laquelle il est décoré de l'ordre de Souvorov de 2e classe.

Au printemps 1944, la 1re brigade d'infanterie indépendante tchécoslovaque est réorganisée en corps d'armée (en) avec à sa tête le général Jan Kratochvíl (cs). Le , le maréchal soviétique Ivan Koniev impose au gouvernement tchécoslovaque en exil son remplacement par Svoboda. En , c'est sous son commandement que les troupes du corps, aidées par des unités soviétiques, prennent le col fortifié de Dukla et pénètrent en Tchécoslovaquie pour la première fois depuis le début de la guerre.

En , à la demande du général soviétique Lev Mekhlis (conseiller militaire auprès du 4e front ukrainien), Svoboda dote le corps d'armée d'un service de renseignement : l'Obranné zpravodajství (cs) (OBZ). Il veut placer à sa tête le major František Sedláček mais Mekhlis lui impose Bedřich Reicin (en).

En vue de sa propre nomination comme ministre de la Défense nationale dans le gouvernement de Košice, Svoboda confie la direction du corps au général Karel Klapálek (en) début .

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Un des artisans du Coup de Prague[modifier | modifier le code]

Ministre de la Défense dans le gouvernement d'union nationale, en 1945, il est désireux d'adhérer au Parti communiste tchécoslovaque, mais celui-ci lui demande de garder son adhésion secrète.

En , lors du coup de Prague, il refuse de faire donner l'Armée pour s'opposer aux milices armées du PC tchécoslovaque, et procède aux arrestations d'officiers jugés peu sûrs, en même temps que la police arrêtait les opposants aux communistes[1]. Son intervention, alliée à la passivité du Président Edvard Beneš, permet aux communistes de l'emporter dans l'épreuve de force[2].

Il quitte l'Armée en 1950 et devient vice-président du gouvernement communiste jusqu'en 1951.

Au cours de la période des purges, Svoboda est d'abord révoqué de son poste, puis affecté à la direction d'une ferme collective, enfin emprisonné. Il est relâché après la mort de Staline. Il dirige alors l'Académie militaire. En , il reçoit le titre de Héros de l'Union soviétique.

La caution libérale du totalitarisme[modifier | modifier le code]

Le , sur recommandation du premier secrétaire du parti Alexander Dubček, il succède à Antonín Novotný comme président de la République pour rassurer les Soviétiques à cause de son passé. Il apparaît néanmoins comme l'une des figures libérales du Printemps de Prague.

Le , avec Dubček et Černik, il signe les Protocoles de Moscou qui légitiment la présence des forces du Pacte de Varsovie qui ont envahi la Tchécoslovaquie dans la nuit du 20 au 21 août précédente tout en laissant croire que la politique d'après-janvier 68 continue. Or, très rapidement, le pays est repris en main par la fraction dure du PCT.

Après la Normalisation et l'éviction de Dubček en avril 1969, il reste à son poste. Il résiste aux pressions du nouveau premier secrétaire du Parti Gustav Husák pour le faire démissionner, parce qu'il symbolise, malgré lui, le Printemps de Prague. Il finit par démissionner en 1975 alors qu'il est en très mauvaise santé. Son épouse est décédée en 1980.

Source[modifier | modifier le code]

  1. Emmanuel Huyghues Despointes, Les Grandes Dates de l'Occident, Paris, DUALPHA, , 393 p. (ISBN 9782353743018), p. 232/234
  2. Vratislav Preclík, Masaryk a legie (Masaryk et légions), váz. kniha, 219 pages, first issue vydalo nakladatelství Paris Karviná, Žižkova 2379 (734 01 Karvina, Czech Republic) ve spolupráci s Masarykovým demokratickým hnutím (Masaryk Democratic Movement, Prague), 2019, (ISBN 978-80-87173-47-3), pages 124–125, 128, 129, 132, 140–148, 184–215.

Liens externes[modifier | modifier le code]