Méridien de Greenwich — Wikipédia

Emplacement du méridien de Greenwich (ligne rouge verticale) sur un planisphère.

Le méridien de Greenwich est le méridien qui sert de référence internationale de longitude, ce qui justifie les noms de « méridien origine » et de « premier méridien » tous deux issus de l'anglais prime meridian. Néanmoins, c'est le méridien de référence de l'IERS (IRM = « International Reference Meridian ») situé à une centaine de mètres qui sert, par exemple, de référence pour le système de géolocalisation GPS, le système géodésique WGS 84, pour toutes les cartes marines de l'Organisation hydrographique internationale depuis 1983[1] et, également, pour la navigation aérienne par l'Organisation de l'aviation civile internationale depuis 1989[2].

Description[modifier | modifier le code]

Le méridien de Greenwich est un premier méridien, c’est-à-dire un méridien où la longitude est définie comme égale à 0°. À la différence des parallèles qui sont définis par l'axe de rotation et l'équateur de la Terre, le choix d'un méridien de référence est conventionnel.

Celui de Greenwich, dans la banlieue de Londres au Royaume-Uni, passe à travers l'Observatoire royal. Il rencontre le continent européen à Villers-sur-Mer où un musée, le Paléospace l'Odyssée, en propose l'interprétation. Avec le 180e méridien qui lui est directement opposé, il définit les hémisphères est et ouest.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Différents méridiens premiers furent utilisés par le passé. Au XIVe siècle, Nicolas Oresme, évêque de Lisieux et conseiller du roi de France Charles V, affirmait déjà qu'il faudrait une ligne de démarcation qui déterminerait quand commence chaque jour calendaire[3]. À partir du XVIe siècle, chaque puissance maritime européenne choisit un méridien d'origine qui lui est propre, comme le méridien de Paris par exemple. En de nombreux géographes et astronomes recommandèrent le méridien de Ferro, positionné 20° à l'ouest de celui de Paris. Il fut largement et durablement adopté par les cartographes d'Europe continentale. Mais cette convention n'était pas partagée par l'ensemble du monde britannique.

Les différents méridiens de Greenwich[modifier | modifier le code]

La définition historique du méridien de Greenwich, arrêtée en 1783, était la position de la lunette méridienne de James Bradley[Note 1]. Cependant une nouvelle lunette méridienne fut mise en place par George Biddell Airy en 1850 dans une salle voisine, 13 mètres plus à l'est ; et c'est cette seconde position qui sert de référence internationale depuis 1884. La Grande-Bretagne continue cependant à utiliser le méridien défini par l'instrument de Bradley, pour sa propre cartographie. Les cartes de l'Ordnance Survey sont ainsi toujours décalées à l'ouest du méridien international de 0.417 (secondes d'arc), correspondant aux 13 mètres[4].

Le méridien de Greenwich comme standard international fut adopté en [Note 2] à la conférence internationale du méridien de Washington. En contrepartie de l'adoption du méridien de Greenwich, les Britanniques se sont engagés à adopter le système métrique[5], adhérant à la Convention du Mètre la même année.

Greenwich l'emporta pour deux raisons principales. D'une part, les deux tiers de la flotte mondiale (dont la marine américaine) utilisaient déjà le méridien de Greenwich. D'autre part, le système de fuseaux horaires, basés sur le méridien de Greenwich, adopté aux États-Unis par les compagnies ferroviaires l'année précédente était jugé parfaitement satisfaisant. En effet, l'adoption d'un méridien d'origine n'a pas pour seul but d'unifier les coordonnées géographiques. Elle vise surtout à organiser les références temporelles.

Le système géodésique mondial actuel, dit WGS 84, utilise le méridien de référence de l'IERS, avec une longitude 0° située environ 5.3102 (secondes d'arc) à l'est du méridien de 1884[6] ; cela induit un décalage de 102,478 m à la latitude de l'Observatoire royal selon une étude précise de l'université de Virginie publiée en 2015[7]. La raison de ce décalage tient au fait que les scientifiques de l'époque[Note 3],[8] n'ont pas pris en considération dans leurs calculs la déviation de la verticale causée par les distorsions locales de la gravité[9]. Le télescope pointé vers l'espace n'était donc pas parfaitement perpendiculaire au moment du calcul des coordonnées du méridien. L'erreur avait été pointée par un satellite dès 1984, mais le méridien n'a jamais été officiellement déplacé[10].

Zones traversées[modifier | modifier le code]

Matérialisation du méridien à l'observatoire de Greenwich.
La bouée située au croisement avec l'équateur dans l'Océan Atlantique (point appelé Null Island).

Depuis le pôle Nord jusqu'au pôle Sud, le méridien de Greenwich traverse les régions et pays suivants :

Méridien de Greenwich dans l'hémisphère nord.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Elle fut placée dans l'échancrure du toit de l'Observatoire Royal.
  2. La résolution a été votée le 22 octobre à (paraît-il) 10 h 10. Via leurs publicités, les grands manufacturiers célébreraient à leur manière l'adoption du temps GMT en plaçant les aiguilles de leurs montres sur 10 h 10 (voire 10 h 8 min 36,5 s pour certains…). L'esthétique de cette position est sans doute la raison la plus plausible.
  3. John Flamsteed en 1675, Edmond Halley en 1725, James Bradley en 1742 puis George Biddell Airy en 1851

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) [PDF] « A manual on the technical aspects of the United Nations Convention on the Law of the Sea », Organisation hydrographique internationale, .
  2. (en) [PDF] « WGS 84 Implementation Manual », Organisation de l'aviation civile internationale, .
  3. Jacques Heers, Le Moyen Âge : une imposture, Paris, Perrin, , p. 101
  4. IGN, Quelle est la différence entre le méridien de Greenwich et le méridien de Paris ?.
  5. Launay, Mickaël., Le grand roman des maths : de la préhistoire à nos jours, Flammarion, , 304 p. (ISBN 978-2-08-137876-6 et 2-08-137876-0, OCLC 963940556, lire en ligne)
  6. History of the Prime Meridian - Past and Present [1]
  7. (en) Stephen Malys, John H. Seago, Nikolaos K. Palvis, P. Kenneth Seidelmann, George H. Kaplan, « Why the Greenwich meridian moved », Journal of Geodesy, vol. 89, no 12,‎ , p. 1263–1272.
  8. (en) The Greenwich Meridian, « The Greenwich Meridian before the Airy Transit Circle », sur thegreenwichmeridian.org (consulté le ).
  9. Greenwich Royal Observatory: How the Prime Meridian line is actually 100 metres away from where it was believed to be
  10. Sixtine Lys, « Le méridien de Greenwich n'est pas à la bonne place ! Cette ligne fictive créée en 1884, qui sert notamment de base aux fuseaux horaires, est décalée d'environ 100 mètres. Une erreur des scientifiques de l'époque », sur lepoint.fr, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]