Maître de Pedret — Wikipédia

Maître de Pedret
Naissance
Décès
Période d'activité
XIIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Peintre
Lieu de travail
Mouvement
Fresques murales romanes

Maître de Pedret est le nom de convention donné par les historiens[1] à un peintre de fresques romanes actif en Catalogne au début du XIIe siècle. Ce nom provient d'une de ses œuvres les plus représentatives, l'abside latérale droite de l'église Sant Quirze de Pedret, à Cercs (Berguedà).

Il est considéré comme une figure majeure dans le domaine de la peinture romane. Ses œuvres sont exécutées à des endroits différents et éloignés, ce qui laisse à penser qu'il voyageait avec une équipe chargée de les réaliser. Les œuvres de ce maître et de son atelier se caractérisent par leur classicisme et une forte influence lombarde, et se situent entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle[2]. Des œuvres avec un style similaire se trouvent en Lombardie, plus précisément à Cantù (Saint-Vincent de Galliano) et à Saint-Pierre de Civate[3].

Le Maître de Pedret et le Maître de Taüll se sont servis de pigments comme le cinabre et l'azurite, guère fréquents à cette époque en ces lieux pour réaliser leurs peintures, ce qui laisse penser que le maître était originaire du nord de l'Italie. Il s'est beaucoup déplacé dans les Pyrénées et qui employait des matériaux de bonne qualité, comme le démontre l'état actuel de ses œuvres[4].

Protection[modifier | modifier le code]

Les éléments les plus prestigieux des peintures murales médiévales catalanes du Maître ainsi que celles du Maître de Taüll ont été convoitées et auraient pu partir notamment aux États-Unis, suivant en cela la peinture de l'abside centrale du monastère de Santa Maria de Mura depuis au musée des beaux-arts de Boston déposée selon des techniques au point en Italie[5].

Dès 1919, la réunion des musées catalans s'oppose à ce processus et utilise la même technique pour protéger les œuvres originales dont une grande partie se trouve au musée national d'Art de Catalogne à Barcelone. Les lieux d'origines ont reçu une copie exacte de l'œuvre déposée[5].

Œuvre[modifier | modifier le code]

En plus de l'église qui lui a donné son nom, Sant Quirze de Pedret, des vestiges de ses œuvres ou de son atelier sont conservées dans les églises Saint Pierre du Burgal, Sainte-Marie d'Aneu, Saint-Cernin de Baiasca à Llavorsí (Pallars Sobirà)[6], Notre-Dame de Cap d'Aran de Tredòs, à Naut Aran (Val d'Aran)[3] et à la collégiale de Saint-Pierre d'Àger, toutes dans la province de Lérida[7] en Catalogne. Également, une de ses œuvres se trouve dans l'abside de la cathédrale de Saint-Lizier, en Ariège, consacrée en 1117, où on peut encore la voir in situ[8].

Sant Pere del Burgal[modifier | modifier le code]

Les peintures découvertes au monastère Saint-Pierre du Burgal dans la commune de La Guinguetta d'Àneu (Pallars Sobirà) ont fourni des données sur la date de leur exécution, permettant aux érudits d'évaluer les dates approximatives auxquelles cet artiste a travaillé. Ces peintures sont dans la partie inférieure de l'abside où apparaît une silhouette féminine de taille réelle avec une inscription qui dit : « Lucia comitesa », identifiée par l'historien médiéviste Joan Ainaud de Lasarte (1919-1995) comme Lucie de la Marche, épouse de Artaud Ier, comte du Pallars Sobirà et sœur d'Almodis de la Marche, comtesse de Barcelone. Lorsque la comtesse Lucie s'est retrouvée veuve, elle a gouverné les terres de son défunt mari entre les années 1081 et 1090, où se trouvait Sant Pere del Burgal, ce qui permet de situer l'auteur entre ces dates.

Les figures de ces peintures, majestueuses, sont disposées entre les fenêtres du mur de l'abside et du presbytère. Sur une des frises apparaît dessinée la fameuse couronne de fer de Lombardie de Monza, symbole du royaume lombard, lieu supposé d'origine du peintre, ce qui ne serait pas étonnant étant donné les coïncidences iconographiques, techniques et de style avec la région du Tessin. Abordant l'Ancien et du Nouveau Testament, les peintures ont un coloris vif et brillant avec une spontanéité du pinceau.

Œuvres exposées dans des musées[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. L'historien Chandler Rathfon a proposé le nom de Maître de Pedret dans son livre History of Spanish Painting. Harvard. 1941
  2. « Salle dédiée au Cercle de Pedret », sur mnac.es (consulté le )
  3. a et b Pagès et Paretas, Montserrat. Sobre pintura romànica catalana. Publications de l'abbaye de Montserrat. 2005. (ISBN 8484156990)
  4. Juli G. Peretó et Salvador Alegret. Lumière et couleur : actes du cours qui fut donné dans la XXVIè Université catalane d'été, à Prades (France). Institut d'Estudis Catalans. 2001. (ISBN 8472835715)
  5. a et b Xavier Barral i Altet, « Histoire et chronologie de la peinture romane du Musée national d'Art de Catalogne », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 138ᵉ année, nº 4,‎ , pp. 821-848 (lire en ligne)
  6. Ainaud de Lasarte, Jean. Miscellénie en hommage à Joan Ainaud de Lasarte. Publications de l'Abbaye de Montserrat. (ISBN 8478269649)
  7. (ca) « Maître de Pedret », Gran Enciclopèdia Catalana, sur enciclopedia.cat, Barcelone, Edicions 62.
  8. « Le « Maitre de Pedret » à Saint-Lizier », sur Humarfra,
  9. « monastère Sainte-Marie d'Àneu », sur Museu Nacional d'Art de Catalunya, (consulté le ).
  10. Les peintures de l'abside d'Estaon et celles de Surp. Fiche web du Mnac

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Sophie Ducret, Peintures murales et échanges artistiques – l'aire pyrénéenne autour de 1100, dans Espagnes Médiévales, mis en ligne le . lire en ligne : [1]

Liens externes[modifier | modifier le code]