Macédoniens (peuple) — Wikipédia

Macédoniens
Македонци

Populations importantes par région
Drapeau de la Macédoine du Nord Macédoine du Nord 1 073 299 (2021)[1]
Drapeau de l'Australie Australie 83 978 (2006)[2]
Drapeau de l'Italie Italie 78 090 (2007)[3]
Drapeau de l'Allemagne Allemagne 62 295 (2006)[4]
Drapeau de la Suisse Suisse 61 304 (2005)[5]
Drapeau des États-Unis États-Unis 51 733 (2006)[6]
Drapeau du Brésil Brésil 45 000 (1995)[7]
Drapeau de l'Albanie Albanie 37 055 (2006)[8]
Drapeau de la Turquie Turquie 31 518 (2001)
Drapeau de l'Argentine Argentine 180 à 30 000 (1995)[7]
Drapeau de la Serbie Serbie 25 847 (2002)[9]
Drapeau de l'Autriche Autriche 13 696 (2001)[10]
Drapeau de la Grèce Grèce 10 000 à 30 000 (est.1999)
Drapeau de la France France 2 500 à 15 000 (2003)
Drapeau de la Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine 2 278 (2005)
Drapeau du Monténégro Monténégro 900 (2011)
Population totale 2 950 000
Autres
Régions d’origine Macédoine
Langues Macédonien
Religions Principalement christianisme orthodoxe, petites communautés musulmanes (Torbèches)
Ethnies liées Autres Slaves méridionaux
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de répartition

Les Macédoniens (en macédonien : Македонци, Makedonci) sont un peuple slave méridional habitant la région de Macédoine. La majorité des Macédoniens vivent en Macédoine du Nord, pays issu de la dislocation de la Yougoslavie, indépendant depuis 1992, mais on trouve des minorités macédoniennes à l'est de l'Albanie, au Sud-Ouest de Bulgarie (notamment dans l'oblast de Blagoevgrad), en Grèce du Nord et en Serbie méridionale, ainsi que dans la diaspora.

Les origines des Macédoniens remontent à l'époque byzantine, à l'installation des Slaves dans les Balkans à partir du VIe siècle, aux premières Sklavinies de Macédoine et à leur conversion au christianisme à partir du VIIe siècle. Pendant la longue domination des Ottomans (XIVe et XXe siècles), les révoltes des Macédoniens chrétiens orthodoxes se sont succédé, mais une partie d'entre eux, appelés Torbèches, ont adopté l'islam pour ne plus subir le haraç (double imposition sur les non musulmans) et le devchirmé (enlèvement des garçons pour devenir des janissaires).

Les Macédoniens parlent le macédonien, langue slave méridionale s'écrivant dans une variante de l'alphabet cyrillique.

Origines[modifier | modifier le code]

Les études génétiques sur le peuple macédonien montrent des liens avec les tribus slaves installées en Macédoine aux VIe et VIIe siècles, mais aussi avec les autres peuples aborigènes qu'ils ont assimilés (Illyriens, Thraces plus ou moins hellénisés ou romanisés, anciens Macédoniens hellénisés, Grecs anciens…)[11]. Ainsi, du point de vue génétique, les Macédoniens sont étroitement liés aux autres populations des Balkans[12] et du point de vue linguistique, leur langue fait partie de l'union linguistique balkanique[13],[14].

Au Moyen Âge, le dialecte macédonien slave des environs de Thessalonique dit « de Nikopol-Zarovo » est considéré par les linguistes comme la base du premier alphabet slave glagolitique, et ce dialecte lui-même est devenu langue slave littéraire et langue liturgique de l'Église orthodoxe dans les Balkans et dans les principautés danubiennes, où les recherches archéologiques et le patrimoine monumental permettent la découverte d'une riche culture de la période médiévale, dont de nombreuses fresques, iconostases et sculptures dans les églises et les monastères[15].

Il existe aussi des théories protochronistes sur les origines du peuple macédonien : la plus populaire en Macédoine du Nord est la thèse d'une filiation directe avec les Macédoniens anciens, voire avec les hommes préhistoriques ayant vécu dans la région, théorie qui postule une slavisation purement linguistique des populations aborigènes[16],[17]. Au XXIe siècle, cette théorie est diffusée en particulier par les historiens Alexandãr Donski et Vasil Iljov[18].

Histoire[modifier | modifier le code]

Carte ethnologique grecque des Balkans de 1918, montrant (en brun) les « Macédoniens slaves » séparément des Bulgares.
Carte ethnologique serbe des Balkans de 1918, montrant les « Slaves de Macédoine ».

La désignation « macédonien » a été adoptée par les Slaves de Macédoine, dans la seconde moitié du XIXe siècle[19], sans qu'il soit précisé si elle était alors purement géographique (habitants de la région de Macédoine parmi les « Bulgares », comme les désignaient alors les ethnologues et les linguistes)[20],[21],[22] ou bien déjà ethnique (comme l'affirment les historiens macédoniens dont Blaže Ristovski) ce qui les sépare de l'identité bulgare[23]. Quoi qu'il en soit, l'identité nationale macédonienne commence à se manifester politiquement dans le dernier tiers du XIXe siècle à travers les komitadjis de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne[24].

À partir de 1913, sous l'influence serbe puis yougoslave, les Macédoniens slaves commencent à se différencier de la Bulgarie et à adopter un nationalisme macédonien exclusif[25],[26]. Selon Ivan Katardjiev, la conscience macédonienne a commencé à se développer massivement après la Première Guerre mondiale, principalement en Serbie et en Grèce. Une nation macédonienne définie par la Constitution de la Yougoslavie fédérale communiste, qui lui accorde une république socialiste fédérée.

Population[modifier | modifier le code]

Carte des nationalités en 2021
Répartition ethnique par commune en 2021 :
  • Macédoniens
  • Albanais
  • Turcs
  • Roms

La grande majorité des Macédoniens vit le long du Vardar, fleuve qui traverse la Macédoine du Nord du nord au sud et qui arrose notamment Skopje, la capitale du pays. Les Macédoniens représentent environ 66 % de la population totale de la Macédoine du Nord[27].

Un nombre indéterminé de Slavo-Macédoniens vivent dans le Nord de la Grèce où ils sont appelés « Helléno-Slaves »[28]. Dans l'oblast de Blagoevgrad en Bulgarie, la variante locale de la langue et les spécificités sont exactement les mêmes qu'en Macédoine du Nord et l'on appelait jadis « Macédoine du Pirin » cette région de 325 000 habitants. Mais les statistiques bulgares ne prennent pas en compte ces spécificités culturelles et dialectales, de sorte que pour la Bulgarie, la « langue macédonienne » et le « peuple macédonien » n'existent qu'en Macédoine du Nord exclusivement. Deux tentatives de former des partis politiques « macédoniens » ont été jugées inconstitutionnelles tant en Grèce qu'en Bulgarie, pays où il n'existe aucun recensement officiel récent (postérieur à 1970) permettant d'évaluer précisément le nombre de ces minorités.

Outre la diaspora économique récente, un faible nombre de Macédoniens résidait déjà dans les autres pays limitrophes, à savoir l'Albanie et la Serbie ; ils y sont généralement concentrés dans les régions frontalières. Une diaspora plus importante est installée dans les pays occidentaux (Australie, Allemagne, Italie, Royaume-Uni…).

Il existe par ailleurs des communautés macédoniennes en Roumanie et en Pologne, datant de l'exode des réfugiés slavo-macédoniens communistes originaires de Grèce pendant et après la guerre civile grecque. Sous l'ère communiste, ces deux communautés étaient, dans ces pays, reconnues comme minorités nationales, avec les droits afférents à ce statut.

Actuellement, seuls les Macédoniens de Roumanie en bénéficient encore. Parmi les groupes ethniques de Roumanie, les Slavo-Macédoniens (Macedoneni) sont comptés à part des Bulgares (Bulgari) et disposent d'un représentant garanti à la Chambre des députés roumaine[29], tandis que les Romano-Macédoniens sont comptés comme Roumains (même si en langage courant on les appelle Machedoni).

En revanche, la Pologne, depuis qu'elle est devenue nationaliste, a retiré le statut de minorité nationale aux Macédoniens et aux Grecs, considérant qu'il ne s'agissait pas de minorités ethniques de Pologne, mais d'immigrés, ne satisfaisant pas aux critères de reconnaissance en tant que minorité nationale[30].

Culture[modifier | modifier le code]

Architecture à Ohrid.
Monastère Saint Panteleimon à Plaošnik (Ohrid).

La culture du peuple macédonien est influencée par le passé slave dont l'héritage est la langue et la majeure partie de la toponymie, byzantin dont l'héritage est la forme orthodoxe du christianisme et les arts religieux, et ottoman dont l'héritage est essentiellement culinaire et musical. Les contes et légendes, la musique populaire et la poésie folklorique sont communes avec les autres peuples des Balkans et résultent d'un syncrétisme entre ces diverses influences, et avec le substrat grec et thrace antérieur. L'héritage culturel bulgare est particulièrement associé au folklore, aux costumes, à l'architecture et à l'artisanat.

Personnalités macédoniennes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (mk) « Попис на населението, домаќинстватa и становите во Република Северна Македонија, 2021 » [PDF], sur stat.gov.mk,‎ (ISBN 978-608-227-343-3, consulté le ).
  2. Australie - Recensement de 2006
  3. Italie - Recensement de 2007
  4. Allemagne - Recensement de 2006
  5. Suisse - Recensement de 2005
  6. États-Unis - Recensement de 2006
  7. a et b Македонски Иселенички Алманах '95, Boško Nasevski, Матица на Иселениците на Македонија, Skopje, 1995, pp. 52 et 53
  8. Canada - Recensement de 2006
  9. « Serbie - Recensement de 2002 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  10. Autriche - Recensement de 2001
  11. Globalement, le génotype moderne macédonien est le résultat de la slavisation des populations autochtones qui vivaient avant l'arrivée des Slaves en Macédoine et l'ethnographie montre de grandes similitudes entre les traditions des Macédoniens et celles des autres peuples des Balkans y compris « non-slaves » comme les Grecs, les Valaques et les Albanais -cf. Blaže Ristovski, Macédoine et le peuple macédonien : l'histoire du peuple macédonien, Académie macédonienne des sciences et des arts, Skopje 1983, page 6-7 - [1].
  12. Genetic data for 17 Y-chromosomal STR loci in Macedonians in the Republic of Macedonia - Zlatko Jakovski, 2011 [2]
  13. Petja Asenova, article « Aperçu historique des études dans le domaine de la linguistique balkanique » in : Balkansko ezikoznanie vol. 22, no 1, 1979, p. 5–45.
  14. Jernej Kopitar, (de) article « Albanische, walachische und bulgarische Sprache », in : Jahrbücher der Literatur 1829, no 46, p. 59–106.
  15. Comme langue liturgique, ce dialecte est appelé slavon d'église, avec des variantes : les izvods, tels le bulgaro-macédonien, le morave (les plus anciens), le serbo-croate (avec la langue mixte torlakienne des XVIIIe – XIXe siècles dite « slavo-serbe »), le gréco-roumano-slavon des pays roumains, et le plus connu, l’izvod russe, qui était standardisé au XVIIe siècle et s'utilise de nos jours dans les églises orthodoxes de la Russie, Ukraine, Biélorussie, Serbie, Bulgarie et Macédoine du Nord. Pour distinguer le vieux-slave des IXe – XIIe siècles du slavon des périodes plus tardives (avec ses izvods) on appelle ce dernier « langue slave d'église » (russe : церковнославянский язык).
  16. Blaže Ristovski, Op. cit., [3]
  17. H. N. Brailsford, (en) Macedonia, its races and their future, 1906, p. 101 - [4]
  18. Claire Norton, Nationalism, Historiography and the (re)construction of the Past, New Academia Publ., 2007.
  19. Thomas Gallagher, (en) Outcast Europe : the Balkans, 1789-1989, from the Ottomans to Milosevic, ed. Routledge 2001, p. 47, (ISBN 0415375592).
  20. Évanguelia Adamou, La personne en našta : approche comparative du bulgare littéraire et du macédonien, La Linguistique, PUF, vol. 40, no 2, 2004, p. 103-123, (ISBN 9782130547907)
  21. William Z. Ripey, Les Races d'Europe, une étude sociologique, 1899
  22. Atlas bulgare des dialectes, Académie bulgare des sciences, 2001.
  23. Tchavdar Marinov, La question macédonienne de 1944 à nos jours: communisme et nationalisme dans les Balkans, L'Harmattan, Paris 2010
  24. Dennis P. Hupchik, (en) The Balkans : From Constantinople to Communism, p. 299.
  25. Ulf Brunnbauer et Klaus Roth, (en) « Region, Regional Identity and Regionalism in Southeastern Europe », in : Ethnologia Balkanica series, éd. LIT, Münster 2010, (ISBN 3825813878), p. 127
  26. Andrew Rossos, (en) Macedonia and the Macedonians, a History, Hoover Press, 2013, page 59.
  27. Colisée - La politique des minorités en république de Macédoine
  28. Probablement entre 10 000 et 30 000 locuteurs, en comptant les hellénophones ayant encore une certaine connaissance de la langue macédonienne, selon Jacques Leclerc sur LECLERC, Jacques. "Grèce" dans L’aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, - consulté le
  29. Fiche sur le site de la Chambre des députés : Liana Dumitrescu, députée de l'Association des Macédoniens de Roumanie.
  30. Pologne, Données démolinguistiques,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]