Manfra — Wikipédia

Le manfra, manga à la française[1], mot-valise formé de « manga » et de « français », est un néologisme apparu en 2005[2] pour désigner les œuvres de bande dessinée réalisées par des auteurs francophones souhaitant travailler dans un format (nombre de pages des volumes reliés, utilisation du noir et blanc découpage...) , un style de dessin et/ou un genre de narration inspirés par la bande dessinée asiatique. Par extension, on parle d'OEL manga (« original English-language manga » ou amerimanga) pour les œuvres écrites par des auteurs anglophones, ou encore de global manga de manière plus générale[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

À partir des années 1990, du fait de la globalisation culturelle, de nombreux auteurs français ont puisé leurs sources d'inspiration dans les manga et les anime (essor du Club Dorothée, premières publications de Akira, puis Dragon Ball). De fait, le style artistique, ancré auparavant sur la bande dessinée franco-belge, s'est hybridé, important de nombreux codes visuels et narratifs typique de mangas[4].

Les premiers manfra apparaissent dans les années 2000, lors du premier âge d'or du Manga en France. La maison d'édition Ankama publie en 2005 Dofus de Tot et Ancestral Z notamment. Au même moment, Le terme manfra apparaît sur internet en mars 2005, sur le forum du site Catsuka, alors fréquenté par des étudiants et professionnels du cinéma d'animation et de la bande dessinée[2]. On retrouve sur ce forum, entre autres, des étudiants de l'école des Gobelins et futurs auteurs de manfra comme par exemple les auteurs de Last Man Balak[5]et Bastien Vives[6]. Les Humanoïdes Associés publie Shogun Mag en 2006.

Ces premiers titres rencontrent un réel succès, mais sans comparaison avec les mangas produits dans l'archipel japonais.

À partir des années 2010, de nouveaux projets voient le jour et confirment une vraie tendance de fond envers la création de manga à la française : création des éditions H2T en 2016 (rachetés par Hachette deux ans plus tard), fondation de l'EIMA, école de formation de mangaka français à Toulouse, et surtout explosion de Radiant de Tony Valente, qui voit pour la première fois une création française s'exporter avec succès au Japon et adaptée en anime.

Dans cette période, de jeunes auteurs émergents en France comme Timothé Leboucher commence à utiliser le terme pour qualifier leur productions de bande dessinée[5],[6].

Dans les années 2020, le second âge d'or du manga en France confirme la tendance pour les créations franco-nippones, avec des œuvres françaises reprenant des titres cultes japonais, comme Albator de Jérôme Alquié ou Goldorak de Xavier Dorison, mais aussi avec une multiplication des publications de manga français originaux et une augmentation relative de la confiance des éditeurs, leurs succès commerciaux restent cependant limités.[réf. nécessaire]

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Ces BD ont des caractéristiques très proches des mangas ou des manhwas :

  • dessin : style assez dynamique, petits nez, grands yeux pour permettre de montrer les sentiments, personnages expressifs, super-déformations, exagération des attitudes… ;
  • dialogues et textes : présence nombreuse des onomatopées, bruitages, interjections, sons divers, texte qui répète le sentiment, forme des bulles... ;
  • mise en page : peu de cases par page, cases non rectilignes, mise en page explosée, cadrage et mise en scène découpant une action en plusieurs cases… ;
  • narration : thèmes et genres abordés, mise en scène, « simplicité » des dialogues et des scènes (pas ou peu d'ellipses), lignes de vitesse (speedline, focus line)… ;
  • format du livre : dimensions, nombre de pages, sens de lecture, en noir et blanc (avec trames)….

Ce format a même divergé pour devenir un genre à part entière, plus proche des mangas des années 1980–1990, avec l'utilisation à outrance de trames (qui sont peu à peu délaissées dans les mangas japonais actuels) et un dessin souvent proche du shōjo et cela même pour des mangas dits de type shōnen.

Par ailleurs, ils répondent aux mêmes segmentations du marché (shōjo, shōnen…), utilisent des thèmes ou des genres similaires (romance, fantastique, etc.). On peut aussi y trouver des références et des influences socio-culturelles comme dans les mangas.

Liste d'œuvres[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pauline Croquet et Alexis Orisini, « Japan Expo : les mangakas français à la conquête du neuvième art nippon », sur Le Monde, (consulté le ).
  2. Koneko Chieuse, « une ecole de manga a paris - Page 12 - CATSUKA FORUM », sur www.catsuka.com (consulté le ) : « et dernier truc... faut serieusement arreter d'employer le terme manga francais, le manga koreen c'est bien du manwha, je propose manfra, quelqu'un a une meilleure idée? »
  3. « Livre-Paris 2019 : où en est le "Global Manga" en France ? », sur actuabd.com, (consulté le ).
  4. « ☆ Didizuka ☆ » L’influence des mangas dans la bande-dessinée européenne », sur didizuka.free.fr (consulté le )
  5. « Shôgo par Timothé Le Boucher », sur grandpapier.org (consulté le )
  6. « manfra : Tous les messages sur manfra - Timothé Le Boucher », sur timotheb.canalblog.com (consulté le )
  7. « Green Mechanic - Manga série », sur manga-news.com (consulté le ).
  8. « Shin Yami », sur manga-news.com (consulté le ).
  9. Vincent Louvet, « Michel LAFON - Ki & Hi - Tome 1 : Deux frères, Kevin Tran , Fanny Antigny », sur www.michel-lafon.fr (consulté le ).
  10. « Nomad, tome 1 : Mémoire vive », sur Babelio (consulté le ).
  11. « Outlaw Players - Manga série », sur manga-news.com (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

  • Manga
  • Amerimanga, alias mangoel ou original English-language manga (OEL manga), bande dessinée d'auteurs anglophones imitant la bande dessinée asiatique
  • La Nouvelle Manga

Liens externes[modifier | modifier le code]