Marc-René de Montalembert (1714-1800) — Wikipédia

Marc-René de Montalembert
Marc-René de Montalembert (1714-1800)
Portrait de Marc-René, marquis de Montalembert par Quentin de La Tour (XVIIIe siècle)

Naissance
Angoulême (Royaume de France)
Décès (à 85 ans)
Ancien 8e arrondissement de Paris (Consulat français)
Origine Drapeau du royaume de France Royaume de France
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau de la Monarchie constitutionnelle française République française
Drapeau de la France République française
Arme Cavalerie
Grade Général de division
Années de service 17331800
Conflits Guerre de Succession de Pologne
Guerre de Succession d'Autriche
Guerre de Sept Ans
Distinctions Chevalier de Saint-Louis
Membre de l'Académie des sciences
Autres fonctions Lieutenant-général en Saintonge et Angoumois
Maître de forge
Famille Famille de Montalembert

Emblème

Marc-René, marquis de Montalembert, né à Angoulême le et mort à Paris le , est un général, homme de lettres et ingénieur français, spécialisé dans les fortifications défensives.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et famille[modifier | modifier le code]

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Seigneur de Maumont, Juignac, Saint-Amant, Montmoreau, la Vigerie et Forgeneuve, il entre comme cornette au régiment de Conti-Cavalerie le , il y fait les campagnes de la guerre de succession de Pologne, et il est promu au grade de capitaine le . Le , lors de la guerre de succession d'Autriche, il est nommé capitaine des gardes du prince de Conti, qu'il suit à l'armée de Bavière en 1743, et en Italie en 1744, puis il reçoit une commission de mestre de camp de cavalerie le , et fait en cette qualité, à l'armée du Bas-Rhin, la campagne de 1745.

Portrait de Marc-René de Montalembert.

Il devient chevalier de Saint-Louis le . Il fait la campagne de Flandre cette même année. Il est pourvu le de la charge de lieutenant-général en Saintonge et Angoumois, et le suivant, de celle de troisième cornette des chevau-légers de la garde. Pendant la guerre de Sept Ans (1756 - 1763), le marquis de Montalembert est envoyé dans les armées suédoises (en 1757 et 1758) puis russes (1759 et 1760) afin d'y jouer un rôle de conseiller et d'expert militaire. Il retourne en France en 1761 et, à cette occasion, est promu maréchal de camp le par le duc de Choiseul.

Il est élevé au grade de général de division le .

Ingénieur[modifier | modifier le code]

Il est le créateur d'un nouveau système de fortifications dont le succès fut incontestablement prouvé aux sièges de Hanovre et de Brunswick, et utilisé par le gouvernement. Mais ce système changeait une partie des idées reçues et, en forçant le génie militaire à sortir du terre-à-terre et de la routine, il souleva l'opposition et les attaques très vives d'un grand nombre d'adversaires (qu'il eut peut-être le tort d'aigrir encore par des réponses imprimées, dans lesquelles il avait trop raison dans le fond pour en adoucir la forme), dont le chef de file était Fourcroy de Ramecourt[1]. Cette polémique et cette opposition causèrent au marquis de Montalembert des dégoûts amers.

Entre 1776 et 1794, il publie les onze volumes de son ouvrage capital, " la fortification perpendiculaire, ou l'art défensif supérieur à l'art offensif ".

Montalembert milite pour des fortifications dotées d'une grande puissance de feu grâce à l'emploi de canons plus puissants qu'à l'époque de Vauban. Il remet en question le tracé bastionné, lui préférant des forts dotés d'un tracé polygonal, dont les fossés sont toujours protégés par des caponnières, mais dotés de tours à canons. Ses forts sont, de plus, dépourvus d'ouvrages de défense avancée. Prenant en compte les progrès de l'artillerie, Montalembert recommande d'éloigner la zone des combats de l'enceinte des places fortes. Les forts distants d'une dizaine de kilomètres font front à l'ennemi et se flanquent mutuellement.

Vie publique[modifier | modifier le code]

Buste de 1805 de Montalembert à Ruelle, « Au grand citoyen »

Il est élu associé libre à l'Académie des sciences en 1747. En 1750 il rachète un moulin à papier sur la Touvre à Ruelle, qu'il convertit en forge à canons. Avec cette forge, celle de Forgeneuve à Javerlhac en Périgord et d'autres forges qu'il prend à ferme, il propose de fournir à la marine les canons de fonte de fer dont elle avait besoin. Sa proposition est acceptée le et la forge devient fonderie à canons pour la marine du roi en 1753[2].

À la suite de conflits d'ordre technique et financier, le gouvernement du roi Louis XV prend le contrôle de la forge en 1755 sans offrir aucune indemnité au marquis.

Après de longues procédures judiciaires pour faire reconnaître sa propriété en Angoumois, Montalembert revend en 1774 Ruelle et Forgeneuve au comte d'Artois (le futur Charles X), qui la cède au roi Louis XVI en 1776. Le marquis obtient alors une indemnité de 20 000 livres de rentes qu'il ne touchera jamais[2].

À demi ruiné, il reprend alors sa carrière militaire pendant la guerre de Sept Ans. Il présente au duc de Choiseul, alors ministre, son Mémoire sur les fortifications. Ses plans, en avance sur leur temps, sont amèrement critiqués et jugés trop chers (la construction d'un fort dépassant le million de livres), et les canons de trop fort calibre risquent de mettre à l'épreuve la solidité de l'édifice.

Ce rejet contraint Montalembert à mettre lui-même ses théories en pratique : En 1757, le premier fort de la Rade (pointe Sainte-Catherine de l'île d'Aix) est détruit par la flotte anglaise de l'amiral Hawke. Assisté de Choderlos de Laclos, il construit à ses frais en 1778 sur le même emplacement un ouvrage casematé à trois niveaux de feu qui ne coûte que 800 000 livres.

Cet ouvrage est démoli en 1783[3], mais les Allemands s'inspirent de ses plans pour édifier le fort de Coblence,

Au XIXe siècle, d'autres forts conformes à ses principes sont érigés, comme le fort Boyard au large de l'île d'Aix.

La fortification perpendiculaire rencontre plus de succès auprès des ingénieurs militaires étrangers, notamment austro-sardes. Ainsi, le site fortifié de l'Esseillon terminé en 1834 est une parfaite concrétisation des idées architecturales de Marc René de Montalembert. Parmi les ouvrages le composant, le fort Marie-Christine est le plus fidèle aux conceptions novatrices du marquis : En forme d'hexagone, il permet une concentration de tirs d'artillerie perpendiculaires dans un espace restreint. 

Arrive la Révolution que le marquis accepte franchement. D'abord effrayé par la loi des suspects, il émigre. Il revient lorsque l'Europe se coalise contre la France et offre ses services et son expérience militaire au Comité de salut public[2].

On le voit, le marquis de Montalembert avait joui d'une brillante fortune, en partie aliénée par vingt ans de travaux et de spéculation industrielle. Cependant lorsque les guerres révolutionnaires imposent à la France des dépenses colossales, il renonce au bénéfice d'une pension militaire qu'il devait à la perte d'un œil. Il meurt à Paris le , à l'âge de 85 ans, doyen des généraux et des membres de l'Académie des sciences. Quelques mois avant sa mort, il avait lu à l'Institut un Mémoire sur les affûts de la marine. Montalembert est l'auteur d'un important traité sur les fortifications militaires ainsi que de trois comédies. Il a par ailleurs inspiré Raymond Adolphe Séré de Rivières, qui est surnommé le « Vauban du XIXe siècle ».

Plusieurs villes en France ont une rue Montalembert, dont Paris ou Angoulême.

Principales publications[modifier | modifier le code]

Marc-René de Montalembert fut « associé libre de l’Académie royale des sciences, à partir de 1747, et membre de l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg[1]. »

  • Essai sur l'intérêt des nations en général et de l'homme en particulier (1749)
  • Cheminée poêle ou poêle françois. Mémoire lû à la rentrée publique de l'Académie royale des Sciences, le (Lire en ligne)
  • La Fortification perpendiculaire, ou essai sur plusieurs manières de fortifier la ligne droite, le triangle, le quarré et tous les polygones, de quelqu'étendue qu'en soient les côtés, en donnant à leur défense une direction perpendiculaire (5 volumes, 1776-1784)
  • Supplément au tome cinquième de la Fortification perpendiculaire, contenant de nouvelles preuves de la grande supériorité du système angulaire sur le système bastionné. L'on y a joint I ̊ un supplément relatif aux affûts à aiguille propre à monter l'artillerie des vaisseaux ; II ̊ un supplément au chapitre IXe du cinquième volume, qui traite des différentes méthodes à employer pour la défense d'une rade (1786)
  • L'Art défensif supérieur à l'offensif, ou la Fortification perpendiculaire, contenant de nouvelles preuves de la grande supériorité du système angulaire sur le système bastionné, divers mémoires avec une addition à la théorie des embrasures, donnée au chapitre cinquième du deuxième volume (1793)
Correspondance
  • Correspondance de M. le marquis de Montalembert, étant employé par le roi de France à l'armée suédoise, avec M. le marquis d'Havrincour, ambassadeur de France à la cour de Suède, M. le maréchal de Richelieu, les ministres du roi à Versailles, MM. les généraux suédois, et autres, etc., pendant les campagnes de 1757, 58, 59, 60 et 61, pour servir à l'histoire de la dernière guerre (3 volumes, 1777)
Théâtre
  • La Statue, comédie en 2 actes, en prose, mêlée d'ariettes, Paris, Théâtre de l'hôtel de Montalembert, , [lire en ligne]
  • La Bergère de qualité, comédie en 3 actes, mêlée d'ariettes, Paris, Théâtre de l'hôtel de Montalembert, [lire en ligne]
  • La Bohémienne supposée, comédie en 2 actes, mêlée d'ariettes, Paris, Théâtre de l'hôtel de Montalembert, [lire en ligne]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jânis Langins, « Un discours prérévolutionnaire à l’Académie des sciences : L’exemple de Montalembert », Annales historiques de la Révolution française, no 320,‎ (DOI 10.4000/ahrf.159, lire en ligne)
  2. a b et c Jules Martin-Buchey, Géographie historique et communale de la Charente, édité par l'auteur, Châteauneuf, 1914-1917 (réimpr. Bruno Sépulchre, Paris, 1984), 422 p., p. 306-308
  3. Le fort de la Rade actuel est reconstruit au même emplacement sous Napoléon Ier.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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