Marc Rucart — Wikipédia

Marc Rucart
Illustration.
Marc Rucart en 1933
Fonctions
Sénateur

(11 ans, 4 mois et 26 jours)
Élection 8 décembre 1946
Réélection 7 novembre 1948
18 mai 1952
Circonscription Côte d'Ivoire (1947-1948)
Haute-Volta (1948-1958)
Groupe politique RGR (intergroupe RPF)
Ministre de la Santé publique

(1 an, 11 mois et 10 jours)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Daladier III, IV et V
Prédécesseur Fernand Gentin
Successeur Marcel Héraud

(8 mois et 15 jours)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Chautemps III et IV
Prédécesseur Henri Sellier
Successeur Fernand Gentin
Ministre de la Justice

(26 jours)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Blum II
Prédécesseur César Campinchi
Successeur Paul Reynaud

(1 an et 17 jours)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Blum I
Prédécesseur Louis Nicolle
Successeur Vincent Auriol
Député

(14 ans, 1 mois et 2 jours)
Élection 29 avril 1928
Réélection 8 mai 1932
3 mai 1936
Circonscription Épinal, Vosges
Groupe politique Républicain radical et radical-socialiste
Biographie
Nom de naissance Marc Émile Rucart
Date de naissance
Lieu de naissance Coulommiers (Seine-et-Marne)
Date de décès (à 70 ans)
Lieu de décès Paris
Nationalité Française
Parti politique PRRRS
Profession Journaliste

Marc Rucart, né le à Coulommiers (Seine-et-Marne) et mort le à Paris, est un homme politique français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Marc Rucart est le fils d'un tailleur d'habits[1]. Après une formation en droit, il commence sa carrière professionnelle à 17 ans en tant que journaliste[2] . Il collabore à plusieurs journaux radicaux entre et , notamment Le Briard en Seine-et-Marne, Radical, La Lanterne, L'Aisne. Il fonde La Tribune des Républicains dans le même département avant de partir en 1924 pour Épinal où il dirige La République des Vosges[1]. Il dirige également le journal Le Progrès du Loiret jusqu'à la fin de sa publication en 1927[3].

Par ailleurs, il est membre de la Ligue des droits de l'homme, où il fait partie de l'équipe des conférenciers, il est fondateur et secrétaire de la fédération du Loiret, de l'Aisne puis des Vosges[1]. Il est membre du Parti radical, opposant résolu au bagne.

Il est aussi un franc-maçon très actif. Initié le à Orléans à la loge L'Indépendance 398 relevant de la Grande Loge de France, il entre en 1925 au Grand Orient de France quand celui-ci s'implante dans les Vosges. L'essentiel de son activité maçonnique se situe cependant au Droit Humain auquel il s'affilie en 1929[4].

Il se présente d'abord aux élections législatives de 1926 dans les Vosges comme radical : il demande l'union des républicains face à la « réaction » mais n'obtient que 23 % des voix, derrière André Barbier et Marcel Arnould. Lorsqu'il se représente en 1928 à Épinal, il est élu au second tour avec 54,6 % des voix grâce aux désistements de deux autres candidats radicaux. Lors de l'élection cantonale partielle de 1933 à la suite du décès de Louis Simonet, il est élu de justesse avec 50,6 % des voix. À la Chambre, il soutient les gouvernements radicaux du Cartel des gauches, des modérés et ceux de Raymond Poincaré, mais refuse sa confiance aux gouvernements Tardieu et Laval. Rucart est très actif, notamment sur les questions éducatives (l'enseignement religieux, l'École des arts et métiers), religieuses (contre les congrégations en Annam et contre le Concordat de 1929) et sur les questions douanières. Il est membre de la commission de l'armée en 1932 et réclame la création d'une direction de la fabrication des armements et des stocks de guerre et la création d'un corps d'ingénieurs militaires. Il obtient l'harmonisation du matériel militaire et la loi sur la création d'un service de fabrication d'armes. En 1934, il est rapporteur sur l'affaire Oustric puis fait partie de la commission d'enquête sur la crise du 6 février 1934[1].

Dans son numéro du , le journal Le Porc-épic publie la photographie d'une lettre de Marc Rucart à un frère maçon où il lui déclare que son mandat de parlementaire est un « outil supplémentaire pour le travail du Grand Œuvre », reproduit par plus de 150 journaux à sa suite[5]. Il dénonce l'année suivante ce qu'il indique comme des « mansuétudes » de Laval envers les Ligues et fait partie de ceux qui votent leur dissolution.

En 1936, il est le chef du Front populaire dans les Vosges, se déplaçant dans tout le département pour choisir ses candidats. Il est lui-même élu avec 51,5 % des voix grâce au ralliement socialiste.

Il est plusieurs fois ministre sous la IIIe République. Il est notamment Garde des Sceaux dans les deux gouvernements de Léon Blum (avril 1936- juin 1937 et mars-avril 1938). Il y défend l'action du gouvernement dans le rapport entre bailleurs et locataires touchés par la crise, se prononce pour l'amnistie de condamnations politiques, prévoit d'agir avec bienveillance face aux grèves. Il réorganise le ministère en novembre 1936 puis deux mois après défend une réforme de la loi sur la presse, en affirmant qu'il veut l'indépendance de la magistrature. Il milite aussi pour la transformation des maisons de corrections en centres d'accueil et d'éducation professionnelle.

Il est ensuite Ministre de la Santé publique entre juin 1937 et mars 1940, dans les gouvernements Chautemps III et IV (juin 1937-mars 1938) puis Daladier III (avril 1938-mars 1940) où il encourage la mise en place d'un plan national pour l'égalité de chacun face à la santé. Il crée l'inspection générale de la Santé publique et le Conseil national de la Croix-Rouge et instaure les primes à la natalité.

Aux élections cantonales de 1937 dans les Vosges, il défend son bilan et celui du Front contre des conservateurs et des radicaux indépendants, il est réélu avec 52,6 % des voix mais ne parvient pas à obtenir une majorité dans le Conseil.

Durant la Seconde Guerre mondiale, en 1940, il vote contre les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain et gagne Paris, où il intègre directement la Résistance. Il fait partie du « Cercle », groupe de francs-maçons et de personnalités civiles qui s’inscrivent dans le mouvement de résistance intérieure Patriam Recuperare[6]. Il est arrêté par les Allemands en janvier 1941 pour « gaullisme » mais est relâché faute de preuves. Après une dénonciation, il doit fuir en zone libre et intègre le mouvement Combat. Il fait partie du Conseil national de la Résistance au nom du Parti radical. En 1943, il part pour Alger comme membre de l'Assemblée consultative provisoire (1943-1945) où il est délégué pour le Parti radical-socialiste et devient président de la commission des Affaires étrangères.

Il revient à Épinal en septembre 1944 et participe aux premières réunions du Parti radical mais souhaite ne plus y siéger. Il se présente donc à Alger puis dans la Drôme mais il est à chaque fois battu. Il revient alors dans les Vosges comme opposant au premier projet de Constitution. Tête de liste du Rassemblement des gauches républicaines, il est lourdement battu aux élections de la seconde constituante avec seulement 9 % des voix. Il n'est alors plus en mesure de rester dans les Vosges face au déclin du Parti radical que son prestige de résistant ne peut compenser[1]. Il ne se présente pas aux premières élections législatives de 1946 et quitte le département.

Il se présente aux sénatoriales de 1946 et est élu conseiller de la République pour la Côte d'Ivoire en janvier 1947 puis pour la Haute-Volta en novembre 1948. Il est régulièrement réélu à ce poste jusqu'en 1958[7]. Il s'inscrit au groupe du Rassemblement des gauches républicaines et à l'intergroupe du Rassemblement du peuple français et intègre la commission de la France d'outre-mer. Il dépose trois rapports, sur la modification du statut de la Cochinchine dans l'Union française, débattue le 25 mai 1949, sur la répression des évasions des détenus transférés dans les établissements sanitaires ou hospitaliers au Togo et dans les territoires d'outre-mer autres que l'Indochine, l'Afrique occidentale française et Madagascar et sur la formation de l'assemblée territoriale des Comores le 11 avril 1952.

Marc Rucart s'exprime sur l'organisation et la composition du Haut Conseil de l'Union française et la création de l'assemblée représentative en Cochinchine. Réélu sénateur en 1952 par 6 voix sur 11. Il retrouve la commission de la France d'outre-mer qui le désigne à nouveau à la sous-commission chargée du suivi et du contrôle permanent de l'emploi des crédits affectés à la défense nationale. Président de l'association des rédacteurs en chef des journaux français, il se voit nommer à la commission de la presse. Il est par ailleurs membre suppléant de la commission du suffrage universel en 1953. Cependant, au cours de son troisième mandat, son activité parlementaire est réduite. En juin 1958, Marc Rucart vote les pleins pouvoirs constituants . Lors des élections sénatoriales de 1958, il ne retrouve pas son siège face à Blaise Bassoleth.

Marc Rucart meurt le dans le 11e arrondissement de Paris[8].

Hommages[modifier | modifier le code]

Une rue d’Épinal porte son nom[9].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Françaises[modifier | modifier le code]

Étranger[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Jean El Gammal, François Roth et Jean-Claude Delbreil, Dictionnaire des Parlementaires lorrains de la Troisième République, Serpenoise, (ISBN 2-87692-620-2 et 978-2-87692-620-2, OCLC 85885906, lire en ligne), p. 404-406
  2. Siegfried Ozan, "Rucart", dans Hervé Guillemain (dir.), DicoPolHiS , Le Mans Université, 2021.
  3. Pascal-Éric Lalmy, Le Parti radical-socialiste et le Front populaire : 1934-1938 : essai, Paris, Mare et Martin, , 183 p., poche (ISBN 978-2-84934-040-0, LCCN 2008382830, lire en ligne), p. 170
  4. André Combes, Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Paris, Le Livre de Poche, , 982 p. (ISBN 978-2-253-13032-1, OCLC 494561223)
    article « Rucart, Marc »
  5. Albert Vigneau, La Loge Maçonnique, Paris, Les Nouvelles Éditions Nationales, 1935. Réédition aux éditions du Trident en 2011, p. 60-61
  6. Yves Hivert-Messeca, L'Europe sous l'acacia : Histoire de la franc-maçonnerie européennes du XVIIIe siècle à nos jours., vol. 3, XXe siècle, Paris, Éditions Dervy, coll. « L'univers maçonnique », , 477 p. (ISBN 979-10-242-0135-1), p. 320.
  7. Voir l'article paru le 1 août 1950 dans le journal Carrefour, dans lequel Marc Rucart dénonce Les dessous de l'agitation en Afrique au cours des années 1940
  8. Archives de Seine-et-Marne, commune de Coulommiers, acte de naissance no 75, année 1893 (avec mention marginale de décès) (pages 38/318)
  9. Jean Bossu, « Rue Marc Rucart », dans Chronique des rues d'Épinal, vol. 3, Épinal, Jeune chambre économique, , p. 159-161.
  10. « Chéret, Jules, (1836–23 Sept. 1932), Grand Officier de la Légion d’Honneur; officier d’Instruction publique; commandeur de l’Ordre de la Couronne d’Italie; commandeur de l’Ordre d’Alphonse XII d’Espagne », dans Who Was Who, Oxford University Press, (lire en ligne)
  11. « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  12. « Article 10 du décret du 18 février 1938 instituant un ordre de la Santé publique », sur www.france-phaleristique.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Le Grand Livre des élus vosgiens, 1796-2003 par Bertrand Munier, (Éditions Gérard Louis) en 2005, (ISBN 978-2-914554-34-3)
  • « Marc Rucart », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  • Samuel Boussion, “Le premier congrès international de Psychiatrie infantile (Paris, 1937), ou le baptême d’une spécialité ambitieuse”, Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 18 | 2016, 57-80.
  • Isabelle Von Bueltzingsloewen, “Réalité et perspectives de la médicalisation de la folie dans la France de l'entre-deux-guerres”, Genèses, 2011, vol. 82, no°1, p. 52-74.
  • Dir. Jean El Gammal, François Roth et Jean-Claude Delbreil, Dictionnaire des Parlementaires lorrains de la Troisième République, Metz, Serpenoise, (ISBN 2-87692-620-2, OCLC 85885906, lire en ligne), p. 404-406

Liens externes[modifier | modifier le code]