Marcel Brion — Wikipédia

Marcel Brion, né le à Marseille et mort le à Paris 7e[1], est un romancier, essayiste, critique littéraire et historien de l'art français. Spécialiste de la Renaissance italienne et de l'Allemagne romantique, il est élu à l'Académie française en 1964.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de l'avocat marseillais Raoul Brion (1870-1957), Marcel Brion a pour condisciples, dans sa classe de sixième du lycée Thiers de Marseille, Marcel Pagnol et Albert Cohen[2],[3],[4]. Après avoir achevé ses études secondaires au collège Champittet, en Suisse, il suit des études de droit à la faculté d'Aix-en-Provence. Avocat au barreau de Marseille entre 1920 et 1924, il abandonne très tôt sa carrière de juriste pour se tourner vers la littérature[5].

Issu d'une famille d'origine provençale et irlandaise, son nom « Brion » est une francisation de « O'Brion ».

Collaborateur régulier pour la Revue des deux Mondes et Les Nouvelles littéraires[5], Marcel Brion dirige pendant vingt ans la rubrique « Littérature étrangère » du quotidien Le Monde. Il contribue à faire connaître au public français des auteurs tels que Rainer Maria Rilke, James Joyce ou encore Dino Buzzati. À cet égard, Marcel Schneider aura ce commentaire :

« Marcel Brion, c'était l'Europe avant la lettre. Il connaissait sept des langues principales parlées en Occident, et il les connaissait en découvreur de talents. Il a su choisir et il ne s'est pas trompé » (Le Figaro, ).

En 1964, il est élu à l'Académie française au fauteuil de Jean-Louis Vaudoyer dont il était un ami proche[5].

Il meurt le , à son domicile 32, rue du Bac à Paris, où il vécut près de quarante ans et écrivit la plus grande partie de son œuvre. Marcel Brion laisse près de cent ouvrages. Il est enterré au cimetière des Longs Réages à Meudon.

Son épouse Liliane Brion-Guerry fut directrice du département esthétique au CNRS. Son fils, Patrick Brion, critique et historien du cinéma, est la « voix » du Cinéma de minuit de France 3. Sa fille, Agnès Brion, s'efforce de poursuivre l'œuvre de son père en assurant les rééditions des ouvrages de Marcel Brion et en publiant des œuvres inédites

Distinctions et prix littéraires[modifier | modifier le code]

Parmi les nombreux prix littéraires décernés à Marcel Brion :

Œuvre[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

À travers son activité d'historien de l'art, Marcel Brion s'est intéressé avant tout aux différents aspects de la civilisation européenne : la musique, avec en particulier son Mozart, la peinture, la sculpture, les icônes. Cette multiplicité des thèmes et des cultures lui vaut d'être aujourd'hui traduit en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Italie et en Russie, pays dont l'héritage lui a inspiré des articles et des livres qu'il considérait lui-même comme autant de « voyages » dans un sens presque initiatique, de ces voyages dont il écrit, dans son essai sur Novalis : « La durée du voyage ignore toutes les limites que le temps met à l'activité de l'homme ».

Il s'est illustré avec une série d'ouvrages sur l'art de la Renaissance italienne : Giotto (1928), Botticelli (1932), Michel-Ange (1939) ou Léonard de Vinci (1952).

En tant qu'historien, il aborde dans ses biographies des personnages aussi divers que Frédéric II du Saint-Empire (Frédéric II de Hohenstaufen, 1948), Laurent le Magnifique (1937), Machiavel (1948), Las Casas (1928) ou Rudyard Kipling (1929).

Toutefois, l'autre grand versant de son travail de critique et d'historien concerne l'Allemagne et le romantisme, avec les quatre volumes de son Allemagne romantique, où il analyse notamment l'œuvre de Heinrich von Kleist, Brentano, Hoffmann, Eichendorff, Hölderlin, Schiller et Achim von Arnim ; ses ouvrages sur Goethe ou sur Robert Schumann et l'âme romantique ; de même, sa synthèse sur le fantastique (Art fantastique, 1961). Enfin, à partir des années 1950, Marcel Brion consacre plusieurs textes à la peinture contemporaine : Art abstrait (1956), Braque (1963).

Un recueil posthume, publié en 1994 aux éditions José Corti, Les Labyrinthes du temps : Rencontres et choix d'un Européen, rassemble des articles de Marcel Brion sur Huysmans, James Joyce, Hofmannsthal, Thomas Mann, Robert Walser, Hermann Hesse et d'autres auteurs.

Œuvres de fiction[modifier | modifier le code]

« La substance du rêve est la conscience d'un manque », écrit Marcel Brion dans le roman Algues (1976). Dans une ambiance incertaine de « passage », de « traversée », où se mêlent l'errance et le doute, la nostalgie et l'envoûtement, l'œuvre de fiction, inaugurée dès 1929 par Le Caprice espagnol, culmine avec des romans comme Château d'ombres (1943), L'Enchanteur (1965), La Fête de la tour des Âmes (1974) ou le recueil de nouvelles Les Escales de la haute nuit (1942). Au milieu d'un univers où les frontières tendent à se dissoudre entre le réel et l'imaginaire, l'auteur laisse surgir, comme malgré lui, des personnages mystérieux, tragiques, tel le « Maréchal de la Peur », qui donnent au lecteur la sensation de pénétrer dans un clair-obscur à la fois fantasmatique et étrangement familier. Ces thèmes du songe, de la magie, du hasard, de l'inconnu, se retrouvent dans chacun de ses romans ou nouvelles.

Nombre de ces textes sont aujourd'hui disponibles, réédités chez leur éditeur d'origine ou publiés en édition de poche.

Choix bibliographique[modifier | modifier le code]

Arts et littérature[modifier | modifier le code]

  • Giotto, Rieder, 1928
  • Turner, Rieder, 1929
  • Botticelli, Crès, 1932
  • Klee, Somogy, 1955
  • Kandinsky, Somogy, 1960
  • L'Œuvre de Balzac, 16 volumes, Classiques-CFL, 1950-1953
  • Fabrizio Clerici, Milan, Electra Editrice, 1955
  • L'Allemagne romantique, 4 vol., Albin Michel :
  • Venise, Albin Michel 1962
  • L'Art romantique, Hachette, 1963
  • L'Âge d'or de la peinture hollandaise, Elsevier, 1964
  • L'Œil, l'esprit et la main du peintre, Plon, 1966
  • Peinture romantique, Albin Michel, 1967
  • La Grande Aventure de la peinture religieuse, Perrin, 1968 [1]
  • Rembrandt, Albin Michel, 1969
  • Titien, Somogy, 1971
  • Guardi, Henri Scrépel, 1976
  • Goethe, Albin Michel, 1982
  • Schumann et l'âme romantique, Albin Michel, 1954
  • Raymond Biaussat, Imprimerie Arts graphiques d'Aquitaine, 1986.
  • Paul Cézanne, Bordas, 1988
  • Art fantastique, Albin Michel 1989
  • Michel-Ange, Albin Michel, 1995
  • Léonard de Vinci, Albin Michel, 1995
  • Mozart, Le Livre Contemporain Amiot Dumont, 1955, Perrin, 1982
  • Le Théâtre des esprits, préface d'Agnès Brion et note liminaire de Patrick Brion, La tour verte, 2011

Biographies[modifier | modifier le code]

  • Bartolomé de Las Casas, Père des Indiens, Plon, 1928
  • La Vie d'Attila, Gallimard, 1928
  • Rudyard Kipling, Éditions de la Nouvelle Revue critique, 1929
  • La vie d'Alaric, Gallimard, 1930
  • Théodoric, roi des Ostrogoths, Payot, 1935 ; 1979
  • Frédégonde et Brunehaut, Les éditions de France, 1935
  • La reine Jeanne, (Jeanne Ire de Naples) Société des Bibliophiles de Provence, 1936; 1944 (Robert Laffont)
  • Laurent le Magnifique, Albin Michel, 1937
  • Blanche de Castille, Les éditions de France, 1939
  • Machiavel, Albin Michel, 1948
  • Frédéric II de Hohenstaufen, Tallandier, 1948
  • Le Pape et le Prince - Les Borgia, Hachette, 1953
  • Tamerlan, Albin Michel, 1963
  • Charles le Téméraire, grand-duc d'Occident, Hachette, 1947. Réédition : Tallandier, 2006, [compte rendu en ligne].
  • Les Amantes courts essais sur Diotima - Alcoforado - Frédérique Brion - Charlotte Stieglitz et Louise Labé, Albin Michel, 1941

Histoire[modifier | modifier le code]

  • Les Mondes antiques, Arthème Fayard, 1954 ; Tallandier, 1977. 9 volumes : L'Égypte (1 et 2), L'Orient (3), Les Hébreux (4), La Grèce (5 et 6), Rome (7 à 9)

Romans et nouvelles[modifier | modifier le code]

  • Le Caprice espagnol (Gallimard nrf, 1929)
  • La Folie Céladon (Éditions Correa, 1935, Albin Michel 1963, et livre de Poche, 1989)
  • Les Escales de la haute nuit, nouvelles, (Laffont, 1942 et 1966, réédition bibliothèque Marabout, 1971, puis Albin Michel, 1986)[6]
  • Un enfant de la terre et du ciel (Albin Michel, 1943)
  • Château d'ombre (Luf, 1943, puis Albin Michel, 1960)[7]
  • L’Enchanteur (Luf, 1947)
  • La Chanson de l'Oiseau étranger (Albin Michel, 1958)
  • La Ville de sable, (Albin Michel, 1959)
  • La Rose de cire (Albin MIchel, 1964)
  • De l'autre côté de la forêt (Albin Michel, 1966)
  • Les Miroirs et les gouffres (Albin Michel, 1968)
  • L’Ombre d’un arbre mort (Albin Michel, 1970)
  • Nous avons traversé la montagne (Albin Michel, 1972)
  • La Fête de la tour des âmes (Albin Michel, 1974)
  • Algues - fragment d'un journal intime (Albin Michel, 1976)
  • Les Vaines Montagnes (Albin Michel, 1985)
  • Le Journal d’un visiteur (Albin Michel, 1980)
  • Villa des hasards (Albin Michel, 1984)
  • Ivre d’un rêve héroïque et brutal (de Fallois, 2014)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Gérard Valbert, Conversations avec Albert Cohen, L'AGE D'HOMME, , 241 p. (lire en ligne), p. 225-227.
  3. Jean-Pierre Griette, « Le lycée Thiers, berceau de célébrités », Mémoire - Marseille info, no 27,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  4. « Lycée Thiers, Marseille - depuis 1802 aux grandes écoles : Un lycée au cœur de l'histoire », Académie d'Aix-Marseille, (consulté le ).
  5. a b et c « Marcel Brion », sur Académie française (consulté le ).
  6. Critique par Philippe Brunetière dans Livres de France, revue littéraire mensuelle no 2 : Françoise Mallet-Joris, février 1966, p. 17
  7. Critique par Louis Parrot, Il était une fois..., in Les Lettres françaises no 78 du samedi 20 octobre 1945, p. 5

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Nathalie Raoux, « Marcel Brion et Walter Benjamin, le Passeur et le Passant », in Marcel Brion humaniste et « passeur », dans Actes du colloque international Marcel Brion organisé par la Bibliothèque nationale de France, Albin Michel, 1996.
  • Cahiers Marcel Brion, Klincksieck.
  • Élisabeth Cautru, « Marcel Brion ou le fantastique réel », Otrante. Art et littérature fantastiques, Fontenay-aux-Roses, Groupe d'Étude des Esthétiques de l'Étrange et du Fantastique de Fontenay (GEEEFF), no 2 « Le Diable »,‎ , p. 119-129.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]