Maria Casarès — Wikipédia

Maria Casarès
Maria Casarès en 1944.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière d'Alloue (D740) (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Maria Victoria Casares PérezVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Père
Conjoint
André Schlesser (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinctions
Films notables
Archives conservées par
Œuvres principales
Residente privilexiada (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Maria Casarès
Signature

Maria Casarès est une actrice française d'origine espagnole, née le à La Corogne (Galice, Espagne) et morte le à Alloue (Charente).

Elle est une des grandes tragédiennes du théâtre français de 1942 à 1996, également actrice pour le cinéma et la télévision : elle est apparue dans de nombreux classiques du cinéma — dont Les Enfants du paradis et Les Dames du bois de Boulogne —, notamment dans les années 1940 et 1950.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et études[modifier | modifier le code]

María Victoria Casares Pérez naît le à La Corogne à la pointe nord-ouest de l'Espagne. Elle est la fille de Santiago Casares Quiroga, né à La Corogne en 1884 et mort à Paris en 1950, avocat de profession mais littéraire dans l'âme, Président du Conseil de la Seconde République espagnole, contraint de démissionner le lorsqu'éclate l'insurrection militaire. Sa mère est Gloria Pérez Casarès, morte à Paris en 1946.

Maria n'est pas une enfant désirée et déclare bien plus tard avec humour : « Quand mes parents m'ont eue, ce fut par distraction ou par maladresse[2]. » Elle a une demi-sœur, Esther Casarès, née d'une première union de son père. Elle étudie au collège de La Corogne.

En 1931, la famille s'installe à Madrid. Dans sa nouvelle école, l'Instituto-Escuela[3], connue pour être l'une des plus modernes d'Europe[4], elle commence à chanter dans le théâtre[5].

Au début de la guerre d'Espagne, la famille fuit l'Espagne pour Paris le , la veille de l'anniversaire de Maria. Le père de Maria est francophone. Ils vivent à l'hôtel Paris–New York (aujourd'hui disparu), rue de Vaugirard. Elle étudie à l'école secondaire Victor-Duruy, où elle apprend le français. Elle rencontre l'acteur espagnol Pierre Alcover et son épouse Colonna Romano, membre de la Comédie-Française. Il aide la famille Casares et pousse Maria à faire du théâtre.

Elle échoue une première fois à intégrer le Conservatoire national de musique et d'art dramatique en raison de son accent trop prononcé.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, son père part pour l'Angleterre ; elle et sa mère se rendent dans les Landes avant de revenir à Paris dans un appartement au coin de l'impasse de l'Enfant-Jésus et de la rue de Vaugirard. À force de travail, elle réitère et intègre le prestigieux établissement, jouant Hermione et Eriphile, après avoir fréquenté le cours Simon, mais échoue aux épreuves du deuxième baccalauréat. Elle a pour professeur Béatrix Dussane et se lie avec Alice Sapritch. Elle en sort avec un premier accessit de tragédie et un second prix de comédie.

Elle est remarquée par Jean Marchat et Marcel Herrand qui montent pour elle de 1942 à 1944 Deirdre des douleurs de John M. Synge, Le Voyage de Thésée de Georges Neveux, Solness le constructeur d'Henrik Ibsen et Le Malentendu d’Albert Camus.

Carrière théâtrale et cinématographique[modifier | modifier le code]

Maria Casarès en 1947 (studio Harcourt).

Maria Casarès obtient son premier rôle en 1942 et au cours des cinq décennies suivantes, jusqu'à l'année de sa mort, joue dans plus de 120 pièces, aussi bien des classiques que des œuvres contemporaines[6]. André Barsacq lui fait jouer Roméo et Jeannette de Jean Anouilh avec, pour la première fois, Jean Vilar au théâtre de l'Atelier en 1946. De 1952 à 1954, elle est engagée comme pensionnaire de la Comédie-Française, où elle joue notamment dans des mises en scène de Julien Bertheau, Jean Meyer (créations) ou encore Jacques Copeau (reprise). Elle intègre ensuite le TNP de Jean Vilar (1954-1959), et devient ainsi l'une des premières comédiennes à donner au Festival d'Avignon ses lettres de noblesse. Elle participe à certaines créations du théâtre contemporain comme Les Paravents de Jean Genet, en 1966, ou Quai Ouest, de Koltès, en 1986[7].

Elle reste très proche de l'Espagne républicaine, en compagnie de Juliette Gréco et d'Albert Camus; et demeure très active au sein du Casal de Catalunya de Paris[8].

La quasi-totalité de sa filmographie est constituée de films français. Certains vont jusqu'à la qualifier de « monstre sacré », expression habituellement réservée à des acteurs ayant une plus grande notoriété que la sienne. Plus objectivement, les cinéphiles s'accordent en général à retenir en priorité les quatre rôles marquants tenus dans les années 1940 : Les Enfants du paradis, Les Dames du bois de Boulogne, La Chartreuse de Parme et Orphée. Elle déclare pourtant préférer le théâtre au cinéma :

« Spectatrice pourtant passionnée et émerveillée devant les acteurs de cinéma qui ont su créer à travers leurs films des figures presque mythiques, peut-être parce que je porte en moi une autre forme de narcissisme, je n'ai jamais pu de l'autre côté de la caméra m'attacher à une telle quête[2]. »

Vie privée[modifier | modifier le code]

Maria Casarès rencontre Albert Camus le chez Michel Leiris. Ils nouent une relation amoureuse pendant les répétitions du Malentendu, en 1944, où elle joue Martha. L'écrivain, qui met Maria au contact de la Résistance et des exilés espagnols, est pour la comédienne « père, frère, ami, amant, et fils parfois ». La fin de la guerre, le retour d'Algérie de Francine Faure, l'épouse de Camus depuis le , la naissance des jumeaux Catherine et Jean, les séparent : ils rompent. Elle entretient ensuite une relation avec l'acteur belge Jean Servais puis un certain Jean Bleynie, un homme issu d'une famille de viticulteurs bordelais[9]. Maria Casarès et Albert Camus se retrouvent par hasard en 1948 et entretiennent une liaison secrète passionnée qui ne prend fin qu'avec la mort accidentelle de l'écrivain, en 1960.

Pour Albert Camus, Maria Casarès sera « l’Unique » ; et il restera, par-delà la mort, le seul homme qu’elle ait véritablement aimé[10]. Elle fut peut-être le grand amour de sa vie[11],[12],[13],[14],[15].

Après la mort d'Albert Camus, pour tenter de la détourner de son profond chagrin, les amis proches de Maria Casarès — parmi lesquels figure André Schlesser — l'incitent à s'acheter une maison (elle ne possédait rien en France).

Le , Maria Casarès et André Schlesser achètent — une partie chacun — le manoir, les dépendances et les terres de la Vergne, situés sur la commune d'Alloue en Charente[16].

Elle épouse le cet ami de longue date, André Schlesser, qui meurt à Saint-Paul-de-Vence en 1985.

Le couple a vécu au 6 de la rue Asseline, dans le 14e arrondissement de Paris.

Mort[modifier | modifier le code]

Après la mort d'André Schlesser, ses enfants Anne et Gilles Schlesser lèguent à Maria Casarès la partie du domaine de La Vergne qu'elle ne possédait pas[17].

Elle succombe à un cancer le à Alloue en Charente. Elle repose à côté de son mari dans le cimetière de cette commune.

Notoriété[modifier | modifier le code]

Maria Casarès est considérée comme l'une des plus grandes tragédiennes françaises de la seconde moitié du XXe siècle. Ses prestations au Festival d'Avignon, pour le rôle de Lady Macbeth notamment, restent une référence. Galicienne de naissance et espagnole de nationalité, elle est une des comédiennes de théâtre les plus marquantes des années 1950 et 1960, passant du drame shakespearien à la primesauterie de Marivaux, et d'Albert Camus à Tchekhov.

Claude Jade raconte :

« En 1980, je jouais Junie dans Britannicus. Maria était Agrippine. Elle fut étonnante. D'un bout de la pièce à l'autre, elle était habitée, frémissante. Sa manière de dire les alexandrins tenait de l'incantation. Elle cassait les vers avec une violence contenue qui éclatait comme une coulée de lave brûlante. Elle était en larmes, les yeux étincelants, la bouche tremblante. Elle se donnait corps et âme. Quelle actrice unique[18] ! »

Postérité[modifier | modifier le code]

Don à la commune d'Alloue[modifier | modifier le code]

Pour remercier la France d'avoir été une terre d'asile, Maria Casarès, sans descendance, fait don à la commune d'Alloue du domaine et du logis de La Vergne — qui, désormais, lui appartiennent donc en entier — situés sur la rive droite de la Charente, en amont du village.

En 1999, l'association La Maison du Comédien–Maria-Casarès est créée sous l'impulsion de Lucien Simonneau, alors maire de la commune d'Alloue, pour faire du domaine un centre culturel consacré au théâtre. Jusqu'en 2017, elle est présidée par le comédien François Marthouret. En 2017, l'association change de nom et devient La Maison Maria-Casarès aujourd'hui centre culturel de rencontre et Maison des Illustres[19].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Actrice[modifier | modifier le code]

Narratrice[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Radio[modifier | modifier le code]

Distinctions et hommages[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Dénomination de lieux[modifier | modifier le code]

Plusieurs établissements portent son nom en France :

Elle a donné son nom à la division Europe de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides[25].

À Paris, sur le canal Saint-Martin, le pont Maria-Casarès porte son nom depuis 2022 (date anniversaire de sa naissance).

Publications[modifier | modifier le code]

  • Résidente privilégiée, Paris, Fayard, 1980 (ISBN 2-213-00779-9)
  • Albert Camus, Maria Casarès. Correspondance inédite (1944-1959) (préf. Catherine Camus), Paris, Gallimard, coll. « Blanche », , 1312 p. (ISBN 978-2-07-274616-1)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://portail-collections.imec-archives.com/ark:/29414/a011453713906UL662e »
  2. a et b Maria Casarès, biographie et filmographie illustrées.
  3. La-Croix.com, « Maria Casarès, une vie en état d’urgence », sur La Croix,
  4. (es) « El Instituto Escuela | La Escuela de la República », sur laescueladelarepublica.es,
  5. La-Croix.com, « Maria Casarès, une vie en état d’urgence », sur La Croix,
  6. Voir la liste ci-dessous de même que Mabille S., Maria Casarès : Esquisse d'une tragédienne.
  7. « Maria Casares », sur boomer-cafe.net (consulté le ).
  8. « Conférences et discours - Écoutez lire - GALLIMARD - Site Gallimard », sur www.gallimard.fr
  9. Maria Casarès, Béatrice Vaillant et Catherine Camus, Correspondance, 1944-1959, (ISBN 978-2-07-274616-1 et 2-07-274616-7, OCLC 1010979515, lire en ligne)
  10. « Le Passeur Éditeur - Tu me vertiges », sur www.le-passeur-editeur.com (consulté le ).
  11. (en-GB) « Charting the amazing love life of the amorous existentialist », The Independent,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. (es) « ABC (Madrid) - 12/06/1997, p. 53 - ABC.es Hemeroteca », sur hemeroteca.abc.es (consulté le ).
  13. (es) Catalina Guerrero, « Las mujeres de Camus », sur vanguardia.com.mx, .
  14. (es) Anna Mellado García, « Centenario del nacimiento de Albert Camus - "Por una memoria histórica aún no recuperada" », sur docpublicos.ccoo.es.
  15. (es) « Cita con Albert Camus. Olivier Todd destapa los amoríos del autor de "El extranjero" en una biografía », El Periódico de Catalunya,‎ .
  16. Conservation des Hypothèques d'Angoulême.
  17. Legs enregistré le auprès de Me Boursier, notaire à Confolens, Charente (vol. 2111, no 9 - source : Service de la publicité foncière - ex-Conservation des hypothèques - Angoulême 2, 1 rue de la Combe, CS72513 Soyaux, 16025 Angoulême cedex).
  18. Claude Jade dans son livre Baisers envolés.
  19. Présidée par Marie-Cécile Zinsou et dirigée par Johanna Silberstein et Matthieu Roy.
  20. (es) Juan Carlos Ier et Javier Solana Madariaga, « REAL DECRETO 1688/1987 de 30 de diciembre por el que se concede la Medalla al mérito en las Bellas Artes en su categoria de Oro a las personas que se citan », Boletin de Estado, Madrid, no 158,‎ , p. 34661 (lire en ligne).
  21. « Accueil », sur lyc-maria-casares.ac-aix-marseille.fr (consulté le ).
  22. « Accueil », sur collegecasares.free.fr (consulté le ).
  23. « École élémentaire Maria Casarès », sur ville-saint-denis.fr (consulté le ).
  24. « Nouveau théâtre de Montreuil, CDN - Salle Maria Casarès », sur destinationmontreuil.fr (consulté le ).
  25. « Les divisions géographiques », sur OFPRA (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (es) Manuel Rivas, El periodismo es un cuento, Madrid, Alfaguara, , 351 p. (ISBN 978-84-204-7907-1), « La mujer rebelde »
  • Javier Figuero et Marie-Hélène Carbonel, Maria Casarès : L'étrangère, Fayard, 2005
  • Maria Casarès, une actrice de rupture, par Florence M.-Forsythe, Actes Sud, 2013
  • (es) Javier Figuero, La extranjera, CreateSpace Independent Publishing Platform, , 94 p. (ISBN 978-1-5429-9407-1)
  • Florence M.-Forsythe, Tu me vertiges. L'amour interdit de Maria Casarès et Albert Camus, Le Passeur Éditeur, , 256 p. (ISBN 978-2-36890-520-3, lire en ligne)
  • Anne Plantagenet, L'Unique. Maria Casarès, Stock, 2021

Documentaire[modifier | modifier le code]

  • Élisabeth Kapnist, Maria Casarès et Albert Camus, toi, ma vie, France 5, 2022.

Liens externes[modifier | modifier le code]