Marie-Adélaïde Duvieux — Wikipédia

Marie-Adélaïde Duvieux
Marie-Adélaïde Duvieux, Autoportrait, 1798, huile sur toile, 64 × 53,5 cm (Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon)[1]
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marie Éléonore Adélaïde LandraginVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Marie-Adélaïde DurieuxVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Peintre, peintre miniaturisteVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Autres informations
Genre artistique

Marie-Adélaïde Duvieux, née Landragin, appelée aussi à tort Marie-Adélaïde Durieux, est une peintre miniaturiste française active dans les années 1790, née le à Paris et morte dans la même ville le . Elle participe à plusieurs Salons et expositions artistiques parisiennes entre 1791 et 1798.

Biographie[modifier | modifier le code]

Marie Éléonore Adélaïde Landragin est née le à Paris et a été baptisée le lendemain dans l'église Saint-Laurent[2]. Ses parents, le maître de pension Jean-Louis Landragin et son épouse Marie Françoise Deschamps, habitent alors le faubourg Saint-Laurent[2]. Son père meurt en 1776[3].

Sous le nom de Mlle Landragin, alors qu'elle demeure au no 81, rue du Faubourg-Saint-Martin, elle présente en 1791 des portraits en miniature et têtes d'étude à l'exposition de la Société des amis des arts (catalogue no 89)[4] et à celle des artistes libres organisée chez le marchand de tableaux Jean-Baptiste-Pierre Lebrun, rue de Cléry (catalogue no 102), parfois appelée Exposition de la Jeunesse[5].

En 1793, la « citoyenne Landragin », résidant toujours sur la rue du Faubourg-Saint-Martin, mais au no 133, participe pour la première fois au Salon de peinture et de sculpture, qui ouvre ses portes le , en présentant un « cadre contenant plusieurs miniatures »[6],[note 1]. Un critique anonyme qualifie ses œuvres de « jolies miniatures », tout en soulignant la faiblesse du dessin de l'une d'entre elles : « La tête de la bacchante n'est pas bien sur les épaules »[7].

Le suivant, elle devient membre de la Commune générale des arts[8], qui a supplanté cette année-là l'Académie royale de peinture et de sculpture[9].

Le (9 ventôse an II), Marie-Adélaïde Landragin épouse à Paris le tabletier Julien Louis Duvieux[10],[11],[note 2]. Après cette date, elle adopte le patronyme Duvieux, parfois en combinaison avec son nom de naissance, mais elle apparaît dans deux livrets du Salon (1795 et 1796) sous le nom Durieux, la lettre « v » ayant été confondue avec un « r ».

L'artiste présente encore des miniatures aux Salons de 1795[12] et 1796[13], à l'exposition de l’Élysée de 1797[14], puis au Salon de 1798[15].

Elle meurt peu après à Paris, le (25 nivôse an VII)[16],[11]. Son époux la suit dans la tombe le [17]. Le couple avait eu une fille, Marie Adélaïde Julie, mariée le 26 août 1815 à Jean Baptiste Fanfan Decourcelle et morte le [18]. C'est la petite-fille de ces derniers qui lègue aux musées nationaux en 1938 l'autoportrait de sa bisaïeule[1].

Duvieux ou Durieux ?[modifier | modifier le code]

Entrée concernant Marie-Adélaïde Duvieux dans le livret du Salon de 1795, avec la dénomination fautive : Citoyenne Landragin (fem[me] Durieux)

Les sources désignent généralement l'artiste sous le nom de Duvieux ou celui de Durieux. Ces variations correspondent aux diverses manières par laquelle elle est désignée dans les livrets du Salon après son mariage : en 1795, « la Citoy[enne] Landragin (femme Durieux) »[12]; en 1796, « Citoyenne Durieux (née Landragin) »[13] et en 1798, « Citoyenne Duvieux (Marie-Adélaïde), née Landragin »[15].

Les dictionnaires les plus anciens consacrés aux artistes optent pour Durieux, peut-être parce que ce patronyme est répété deux fois dans les livrets du Salon, alors que Duvieux n'apparaît qu'une fois. Bellier et Auvray, dans leur influent Dictionnaire général des artistes de l'École française, affirment en 1882 : « Durieux et non Duvieux »[19]. Ils sont suivis par le Bénézit en 1911[20].

C'est cette tradition historiographique, où l'emportait Durieux, qui était en vigueur lorsque l'autoportrait de « Mme Duvieux, née Landragin », est entré en 1938 dans les collections du musée national de Versailles et de Trianon. L'artiste qui s'était représentée dans le tableau a alors été identifiée comme « Marie-Adélaïde Durieux ». Toutes les sources qui se sont intéressées à ce portrait ont depuis fait usage du patronyme, depuis les catalogues de peintures[21], jusqu'aux bases de données en ligne[22],[1] et aux récentes expositions[23].

De leur côté, les historiens de l'art s'intéressant aux miniatures ont remarqué au cours du XXe siècle des œuvres signées « Landragin f. Duvieux » ou « Landragin fme Duvieux » (abréviations de « Landragin, femme Duvieux »). Le premier, Leo Schidlof, a reconnu la confusion qui avait dû se produire entre les lettres « v » et « r »[note 3] et a rétabli en 1964 le nom véritable de la miniaturiste en « Duvieux »[24].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Autoportrait[modifier | modifier le code]

L'autoportrait de Marie-Adélaïde Duvieux, photographié à l'exposition Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat en juillet 2021.

La seule huile sur toile qu'on connaît de Marie-Adélaïde Duvieux est son autoportrait, conservé dans sa descendance jusqu'à son entrée dans les collections du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon en 1938 à la suite du legs de son arrière-petite-fille, Mme Decourcelle[1]. Coiffée d'une charlotte blanche bordée d'un mince ruban bleu qui retient ses cheveux, vêtue d'une robe et d'un fichu blancs couverts d'un châle jaune pâle liséré, un ruban bleu noué au poignet, l'artiste se présente à l'observateur, qu'elle fixe du regard, dans une tenue sans apprêt mais d'un discret luxe bourgeois. Pour Jean Hubac, « le visage, peint sans embellissement, marque l’attachement de Marie-Adélaïde Durieux [sic] à une représentation fidèle à la réalité »[25]. Le statut professionnel de celle qui se représente est mis en avant par le carton à dessins sur lequel elle s'appuie et le porte-crayon qu'elle tient à la main[25].

Interprétant le tableau au regard des récents bouleversements nés de la Révolution française, le dossier de presse de l'exposition Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat (musée du Luxembourg, 2021) dans laquelle l’œuvre est présentée la résume ainsi : « Son autoportrait, sans concession, illustre avec force les changements quant au statut des peintres femmes durant la période révolutionnaire : la citoyenne Landragin s’y présente en peintre de métier et c’est, sans faire recours au privilège de la beauté ni à la séduction des satins et des rubans « rococo », qu’elle affirme sa légitimité »[23].

Miniatures[modifier | modifier le code]

Pour le spécialiste de la miniature Leo Schidlof, les œuvres de Marie-Adélaïde Duvieux, sans être celles d'une artiste de premier plan, révèlent une miniaturiste de talent, qui peignait des portraits expressifs et bien dessinés[24]. Les visages sont réalisés avec finesse, en ombrant les chairs de marron[24],[26]. Elle se caractérise par sa manière de peindre les cheveux avec de petites touches de gouache blanche[24],[26].

Les miniatures de l'artiste, en majorité d'un diamètre variant entre 6 et 7 cm, sont considérées une rareté sur le marché[26]. Elle signait ses œuvres Mlle Landragin, M. Landragin, ou, après son mariage, Landragin f. Duvieux ou Landragin fme Duvieux[26].

Des portraits miniatures de sa main sont conservés au musée du Louvre à Paris[27],[28],[29], à l'Albertina à Vienne[30],[31] et dans la collection Tansey, hébergée au Bomann-Museum (de) de Celle, en Allemagne[32].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Certaines sources secondaires (par exemple Lemoine-Bouchard 2008) affirment que l'artiste participe au Salon de 1791, mais elle ne figure pas dans le livret. Il peut s'agir d'une confusion avec la participation avérée de la miniaturiste à l'exposition de la Société des amis des arts ou celle chez Lebrun la même année.
  2. Le mariage religieux est célébré plus tard le 11 février 1796 à la paroisse Saint-Louis-en-l'Île, après la réouverture des églises. Archevêché de Paris, Registres de catholicité (doubles), REG7G3,2 - Oratoire de Saint-Louis-en-L'Île - baptêmes, mariages, 1795-1796, vue 33/89, en ligne sur Généanet, page consultée le 10 mai 2021.
  3. Les lettres « v » et « r » peuvent facilement être confondues en déchiffrant l'écriture cursive.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Autoportrait », notice de l'œuvre, sur Collections - Château de Versailles (consulté le ).
  2. a et b Archives de Paris, Actes de l'état civil reconstitué, 5Mi1 33, Acte de baptême de Marie Éléonore Adélaïde Landragin, image 2 sur 51, page web consultée le 10 mai 2021. À noter que l'acte de naissance est classé dans la série à la date du 29 avril 1761 à la suite d'une erreur de lecture.
  3. Paris, Index des scellés - Scellés apposés par des commissaires au Châtelet - index (HOU-LARB) (Archives nationales, Y18), image 277/316, disponible en ligne sur Geneanet, page consultée le 10 mai 2021.
  4. Udolpho Van De Sandt, La Société des amis des arts (1789-1798) : un mécénat patriotique sous la Révolution, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts, (ISBN 2-84056-189-1 et 978-2-84056-189-7, OCLC 421049892), p. 73.
  5. Catalogue des ouvrages de peinture, sculpture, gravure, architecture, &c. exposés le 30 juin, jour de la petite Fête-Dieu, jusqu'au 15 juillet. Par MM. les artistes libres. Pour la troisième année, rue de Clery, n°. 95. Dans les salles de M. Le Brun, capitaine du Bataillon de Saint-Magloire., Paris, Imprimerie de Prault, (lire en ligne), p. 21. Réédition : Livret de l'Exposition de la Jeunesse : chez le peintre-expert J.-B. Lebrun en 1791, Paris, Jean Schemit, (lire en ligne), p. 23.
  6. « Citoyenne Landragin [Salon de 1793] », notice d'exposant, sur Salons et expositions de groupes, 1673-1914, Musée d’Orsay / Institut national d’histoire de l’art (consulté le ).
  7. Explication par ordre des numéros, et Jugement motivé des ouvrages de peinture, sculpture, architecture et gravure, exposés au Palais National des Arts, Paris, Imprimerie de H. J. Jansen et comp., (lire en ligne), p. 16
  8. Henry Lapauze, Procès-verbaux de la Commune générale des arts de peinture, sculpture, architecture et gravure (18 juillet 1793 — tridi de la première décade du 2e mois de l'an II) et de la Société populaire et républicaine des arts ( 3 nivôse an II — 28 floréal an III), Paris, Imprimerie nationale / Bulloz, (lire en ligne), p. 81.
  9. Claudette Hould, « Les beaux‑arts en révolution : au bruit des armes les arts se taisent ! », Études françaises, vol. 25, nos 2-3,‎ , p. 195-197 (ISSN 0014-2085 et 1492-1405, DOI 10.7202/035792ar, lire en ligne, consulté le ).
  10. Relevés collaboratifs, Table des mariages et divorces à Paris (série V 10 E), AD75 V10E vol/7, vue 207, en ligne sur Geneanet, page consultée le 10 mai 2021.
  11. a et b Menoux 2021.
  12. a et b « Citoy[enne] Landragin (femme Durieux) [sic] [Salon de 1795] », notice d'exposant, sur Salons et expositions de groupes, 1673-1914, Musée d’Orsay / Institut national d’histoire de l’art (consulté le ).
  13. a et b « Citoyenne Durieux [sic] (née Landragin) [Salon de 1796] », notice d'exposant, sur Salons et expositions de groupes, 1673-1914, Musée d’Orsay / Institut national d’histoire de l’art (consulté le ).
  14. Jules Guiffrey, Livret de l'exposition du Colisée (1776) ; suivi de l'Analyse de l'exposition ouverte à l'Elisée en 1797 ; et précédé d'une Histoire du Colisée, Paris, J. Baur, (lire en ligne), p. 53.
  15. a et b « Citoyenne Duvieux (Marie-Adélaïde), née Landragin [Salon de 1798] », notice d'exposant, sur Salons et expositions de groupes, 1673-1914, Musée d’Orsay / Institut national d’histoire de l’art (consulté le ).
  16. Relevé par l'Association La France généalogique (CEGF), table des successions, cote DQ8 aux Archives de Paris, source en ligne : Geneanet.
  17. Archives de Paris, État-civil, Table des décès, DQ8 646, Image 66/107.
  18. Archives de Paris, Fichiers de l'état civil reconstitué, Décès, Image 38 sur 51.
  19. Bellier et Auvray 1882.
  20. Emmanuel Bénézit, « Durieux et non Duvieux (la citoyenne) », dans Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol. 2 : D-K, Paris, Gründ, (1re éd. 1911) (lire en ligne), p. 186.
  21. Claire Constans, Musée national de Versailles et des Trianons, Musée national du château de Versailles : catalogue des peintures, Paris, Editions de la Réunion des musées nationaux, (ISBN 2711801268), no 1490.
  22. « Marie-Adélaïde Durieux [sic], née Landrangin [sic] », notice de l'œuvre, sur Joconde (consulté le )
  23. a et b Réunion des musées nationaux - Grand Palais, Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat (dossier de presse de l'exposition au musée du Luxembourg), (lire en ligne [PDF]), p. 14, 36.
  24. a b c et d Schidlof 1964.
  25. a et b Jean Hubac, « Autoportrait de Marie-Adélaïde Durieux [sic] », sur L'histoire par l'image, (consulté le ).
  26. a b c et d Lemoine-Bouchard 2008.
  27. « Portrait d'homme assis », notice de l'œuvre, sur Joconde (consulté le ).
  28. « Portrait d'homme assis », notice de l'œuvre, sur Collections du Louvre (consulté le ).
  29. « Portrait d'homme assis », notice de l'œuvre, sur Collections du département des arts graphiques du musée du Louvre (consulté le ).
  30. (de + en) « Der Vater der Künstlerin in graugestreiftem Rock und roter Weste », sur Albertina online - Datenbanksuche (consulté le ).
  31. (en + de) « The father of the female artist in a grey-striped frock coat and a red waistcoat », sur Art Database of the National Fund of the Republic of Austria for Victims of National Socialism (consulté le ).
  32. (en + de) « Portrait of a Gentleman as a Hunter », notice de l'œuvre, sur The Tansey Miniatures Foundation (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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