Massacre de la ligue Bodo — Wikipédia

Massacre de la ligue Bodo
Image illustrative de l’article Massacre de la ligue Bodo
Image publiée par la commission vérité et réconciliation de Corée montrant des membres de la ligue Bodo vivant à Cheongju en train d'être exécutés.

Date Été 1950
Lieu Corée du Sud
Victimes Communistes coréens et sympathisants communistes présumés[1]
Morts 60 000 à 200 000
Auteurs Policiers, militaires et anti-communistes sud-coréens
Ordonné par Syngman Rhee
Motif Anti-communisme, peur de la cinquième colonne nord-coréenne
Participants Anti-communistes sud-coréens
Guerre Guerre de Corée

Le massacre de la ligue Bodo (en coréen : 보도연맹 사건) est l'exécution en masse, par la police et l'armée sud-coréennes, des communistes et de leurs sympathisants présumés en Corée du Sud pendant l'été 1950 au début de la guerre de Corée. Les estimations concernant le nombre de morts varient. Les historiens et les experts de la guerre de Corée estiment qu'entre 60 000 et 200 000 personnes ont été tuées[2],[3]. D’après Kim Dong-Choon, un membre de la commission vérité et réconciliation (en) établie en 2005, au moins 100 000 personnes ont été exécutées[4]. D'autres historiens pensent que jusqu'à 200 000 détenus politiques ont été tués à la mi-1950[5],[6]. Pendant des décennies, la responsabilité de ces massacres a été faussement attribuée aux forces communistes[7].

La ligue Bodo[modifier | modifier le code]

Au moment où la guerre de Corée éclate, le gouvernement de Syngman Rhee avait emprisonné 30 000 communistes. De plus, 300 000 personnes suspectées d’être des sympathisants avaient été enrôlées dans un mouvement officiel de rééducation, la ligue Bodo (ou ligue nationale d’orientation et de réhabilitation)[7],[8]. Certains avaient été intégrés d’office pour remplir les quotas[9].

Des soldats sud-coréens marchant parmi les corps de prisonniers politiques. Photo du major Abbott[10].

Exécutions[modifier | modifier le code]

Exécution de prisonniers politiques à Daejeon en .

En , la Corée du Nord envahit le Sud, déclenchant la guerre de Corée. D’après Kim Mansik, un officier supérieur de la police militaire, le président Syngman Rhee ordonne l’exécution des membres de la ligue Bodo et du Parti du travail de Corée du Sud le [11],[12]. Le premier massacre a lieu à Hoengseong, dans la province du Gangwon, le [12],[13]. Les forces sud-coréennes, aidées par des groupements anti-communistes, exécutent les prisonniers communistes et les membres de la ligue Bodo sans jugement[14].

Des documents officiels des États-Unis montrent que des officiers de ce pays ont été témoins de ces massacres et les ont photographiés[14]. Dans un cas, un officier américain a cautionné l’exécution des prisonniers pour éviter qu’ils ne soient libérés par les troupes ennemies[15],[7]. Néanmoins, John Muccio, l’ambassadeur des États-Unis, recommande au président et à son ministre de la Défense, Shin Sung-mo, de faire cesser les exécutions[14].

La commission vérité et réconciliation[modifier | modifier le code]

La découverte de fosses contenant les restes d’enfants[15] et de sympathisants communistes en 2008 à Daejeon a ouvert un chapitre de l’histoire inconnu de la plupart des Sud-Coréens[10]. La commission vérité et réconciliation de la Corée du Sud a recueilli les témoignages de survivants et de personnes ayant participé aux exécutions, dont celui de Lee Joon-young, le gardien de prison de Daejeon.

En plus des photographies des charniers, les archives nationales des États-Unis ont déclassé des photos prises par des soldats américains sur les sites d’exécutions, confirmant le fait que l’armée américaine était au courant[15]. À cette époque, le général MacArthur qualifia les exécutions de « problème interne de la Corée du Sud » et n'intervint pas[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Dong-Choon Kim, « Forgotten war, forgotten massacres – the Korean War (1950–1953) as licensed mass killings », Journal of Genocide Research, vol. 6, no 4,‎ , p. 523–544 (DOI 10.1080/1462352042000320592, S2CID 74141018, lire en ligne)
  2. « Summer of Terror: At least 100,000 said executed by Korean ally of US in 1950 [with interactive video] »
  3. « Charles J. Hanley & Hyung-Jin Kim (10 July 2010). "Korea bloodbath probe ends; US escapes much blame". San Diego Union Tribune. Associated Press. Archived from the original on 19 October 2012. Retrieved 23 May 2011. »
  4. Khiem et Kim Sung-soo, "Crime, Concealment and South Korea".
  5. (en) Charles J. Hanley and Hyung-Jin Kim (Associated Press Writers), "Korea bloodbath probe ends; US escapes much blame", sur le site boston.com, 10 juillet 2010 : « The U.S.-allied South Korean military and police carried out a vast secretive slaughter of political detainees in mid-1950, to keep southern sympathizers from supporting the northerners. Up to 200,000 were killed, historians believe. ».
  6. (en) "More than 600,000, less than 1,200,000! 최소 60만명, 최대 120만명", Hankyoreh, le 20 juin 2001.
  7. a b et c (en) Hamish McDonald, "South Korea owns up to brutal past", The Sydney Morning Herald, 15 novembre 2008.
  8. (en) "Family tragedy indicative of S. Korea’s remaining war wounds — Kim Gwang-ho is waiting for the government to apologize for state crimes committed against his father and grandfather", Hankyoreh, le 23 janvier 2010.
  9. (en) "Waiting for the truth — A missed deadline contributes to a lost history", Hankyoreh, le 25 juin 2007.
  10. a et b (en) Charles J. Hanley and Hyung-jin Kim, « Korea bloodbath probe ends; US escapes much blame »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Associated Press, le 10 juillet 2010.
  11. "60년 만에 만나는 한국의 신들러들", Hankyoreh, le 25 juin 2010
  12. a et b "보도연맹 학살은 이승만 특명에 의한 것" 민간인 처형 집행했던 헌병대 간부 최초증언 출처 : "보도연맹 학살은 이승만 특명에 의한 것" - 오마이뉴스", OhmyNews, le 4 juillet 2007.
  13. "헌병대의 보도연맹원 '대량학살' 최초 구체증언 확보 6.25 당시 헌병대 과장 김만식 씨 증언 토대, 전국 조직적 학살 자행", CBS, le 4 juillet 2007.
  14. a b et c (en) "New evidence of Korean war killings", BBC, le 21 avril 2000.
  15. a b c et d (en) Charles J. Hanley et Jae-soon Chang "Children 'executed' in 1950 South Korean killings", Associated Press, 1er décembre 2008.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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