Maurice Girodias — Wikipédia

Maurice Girodias
Maurice Girodias, photographie de Gilles Larrain.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Maurice John Kahane
Nationalité
Activité
Père
Fratrie

Maurice Girodias (né Maurice Kahane à Paris 16e le et mort à Paris 17e le [1]), éditeur et écrivain, est le fondateur des éditions du Chêne, en 1940[2], et de The Olympia Press, en 1953[3]. Il est aussi un temps le propriétaire d'Obelisk Press, fondée par son père Jack Kahane, et passe une grande partie de sa vie à Paris. Il est le frère aîné d'Éric Kahane[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Son père Jack Kahane, né à Salford (Angleterre), vient s'établir à Paris au début du XXe siècle, après avoir été mobilisé durant la guerre, et se marie avec une Française née Marcelle Girodias en 1918. Peu après la crise de 1929, il se consacre au métier d'éditeur et choisit de publier à Paris directement en anglais des livres destinés aux touristes et aux voyageurs.

Son fils, Maurice — il prendra plus tard le nom de sa mère (Girodias) pour dissimuler ses origines juives, échappant ainsi aux lois de Vichy et à la déportation[5] — connut durant ces années difficiles une enfance relativement heureuse.

La maison d'édition de son père, Obelisk Press, sortira Henry Miller de l'anonymat en publiant pour la première fois en 1934 Tropique du Cancer, s'exposant aux foudres de la censure française, cependant plus tolérante qu'aux États-Unis[3]. Signalons aussi que, pour le dépôt légal, la réglementation française ne s'appliquait pas aux textes écrits en langues étrangères : certains titres édités par Jack Kahane échappèrent ainsi un temps au contrôle. Kahane publiera également des textes de Frank Harris, Anaïs Nin, James Joyce, Lawrence Durrell, et de nombreux textes vaguement érotiques écrits directement de sa propre main (sous le pseudonyme de Cecil Barr), ainsi que de nombreux autres écrivains.

Dès l'âge de 15 ans, Maurice Girodias prête main-forte à son père : il réalise le dessin de couverture de Tropic of Cancer, un crabe tenant dans ses pinces un corps humain assez ambigu[3]. Son père meurt en 1939, le laissant aux commandes d'Obelisk Press, qu'il continue de développer en dépit de la guerre, de l'Occupation et du manque de papier.

Fondateur des Éditions du Chêne en novembre 1940, il est, après la guerre, épaulé parfois par son frère Éric Kahane, et lancera quelques succès, Zorba le Grec et Sexus, autre livre sulfureux de Henry Miller. En 1955, chez Olympia Press, sa nouvelle maison d'édition, il publie en version originale Lolita de Vladimir Nabokov, roman dont tous les éditeurs américains avaient refusé le manuscrit (il l'a été plus de trente fois avant que Girodias ne prenne le risque de le publier à Paris) et qui devient ensuite un best-seller mondial[6].

Entre 1959 et 1964, il ouvre à Paris un établissement de nuit, La Grande Séverine.

Le , à Paris, Maurice Girodias est victime d'une attaque cardiaque alors qu'il donne un entretien à Radio-Communauté judaïque à l'occasion de la sortie de ses Mémoires. Malgré l'intervention rapide des sapeurs-pompiers, il décède sans avoir repris connaissance[3].

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. « Éditeurs - Illustré », Hachette Livre (consulté le ).
  3. a b c et d « La mort de l'éditeur Maurice Girodias Le plus célèbre des inconnus », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. « Théâtre : la mort d'Eric Kahane », sur lesechos.fr,
  5. Marianne Payot, « Maurice Girodias et Lucien Lavoine, pères prodigues », L'Express,‎ (lire en ligne)
  6. Agnès Edel-Roy, « Lolita, le livre « impossible » ? L'histoire de sa publication française (1956-1959) dans les archives Gallimard », sur OpenEdition,

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Patrick J. Kearney, The Paris Olympia Press : An Annotated Bibliography, Londres, Black Spring Press, 1987 (ISBN 0-948238-02-X)

Liens externes[modifier | modifier le code]