Maurice Guillaume (militaire) — Wikipédia
Directeur Le Petit Journal | |
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Officier d'ordonnance (d) Paul Deschanel | |
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Directeur La Dépêche marocaine (en) |
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Nom de naissance | Maurice Joseph Guillaume |
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Formation | École spéciale militaire de Saint-Cyr (- Petit séminaire de Langres (d) |
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Distinctions | Liste détaillée Officier des Palmes académiques () Ordre du mérite militaire chérifien () Officier de l'ordre du Nichan Hafidien (d) () Officier de l'ordre du Ouissam alaouite () Commandeur de la Légion d'honneur () Croix de guerre 1914-1918 |
Maurice Guillaume, né à Chaumont (Haute-Marne) le et mort à Paris le , est un officier français devenu directeur de journaux dans l'entre-deux-guerres.
Biographie
[modifier | modifier le code]Carrière militaire
[modifier | modifier le code]Fils d'officier[1], Maurice Guillaume a été élève au petit séminaire de Langres[2]. Il s'engage dans l'armée en 1906 et intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr; il fait partie de la 91e promotion (1907-1908) et en sort major de promotion[3]. Il sert en Afrique du Nord, en Algérie et au Maroc. Alors jeune lieutenant de 23 ans, il est blessé durant les émeutes de Fès d'avril 1912[4]. De 1912 à 1915, il est affecté au bureau militaire du Résident général au Maroc, le maréchal Hubert Lyautey, dont il est l'officier d'ordonnance puis le chef de cabinet.
Il sert en France comme capitaine puis chef de bataillon dans l'infanterie (chasseurs à pied) durant la Première Guerre mondiale. Il est sept fois cité, reçoit la croix de guerre et la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1916. Deux fois blessé, il est affecté à l'état-major de la 8e armée en 1918. Il est mis à disposition de la présidence de la République en 1920, comme officier d'ordonnance de Paul Deschanel[5], ce qui lui vaut d'être promu officier de la Légion d'honneur.
Il épouse en 1919 Germaine de Kératry (1893-1994), issue d'une famille de la noblesse bretonne, fille aînée d'un directeur du contrôle financier en Indochine, Pierre de Kératry. Infirmière de la Croix-Rouge durant la guerre, elle est titulaire de la croix de guerre comme son mari. L'un des témoins de mariage de Guillaume est Aristide Briand[6]. Ils ont eu quatre enfants, deux filles et deux fils. Ses deux filles épouseront des officiers : Monique, mariée au capitaine de frégate Bizot-Espiard, et Claude, qui épouse en 1944 un saint-cyrien, Pierre Favereau[7]. Ses deux fils seront aussi officiers : Jean-Marie, décédé en Algérie en 1957 à la tête d'une unité de parachutistes[8], et Pierre Guillaume, lieutenant de vaisseau, officier putschiste en 1961 et membre de l'OAS, condamné à plusieurs années de prison ; son itinéraire a influencé Pierre Schoendoerffer pour son roman et son film Le Crabe-tambour[9].
Mis en congé sans solde en 1921, il mène une seconde carrière de journaliste, tout en demeurant en disponibilité et dans le cadre de réserve, affecté à l'état-major du gouverneur militaire de Paris[10]. Il est promu lieutenant-colonel en 1926 - il est alors à 39 ans le plus jeune de son grade - puis colonel en 1930[11]. Ce qui lui vaut un article moqueur du Canard enchaîné[12]. Il est promu commandeur de la Légion d'honneur en 1927 et devient le plus jeune commandeur de France[13]. C'est le maréchal Lyautey qui lui remet sa cravate de commandeur lors d'une cérémonie aux Invalides[14]. Il est à cette date membre de l'Association des membres de la Légion d'honneur décorés au péril de leur vie et membre du conseil de l'Association des Amis de Saint-Cyr[15].
Il est affecté à la tête du centre mobilisateur de Belfort en 1939[16], puis est promu général de réserve durant l'Occupation[17].
Journaliste et directeur de journaux
[modifier | modifier le code]D'abord secrétaire général du quotidien de droite L'Intransigeant de 1921 à 1924, il est nommé directeur du quotidien d'information Le Petit Journal en , à 38 ans[18]. Désigné administrateur de ce quotidien en [19] et administrateur de Paris-Midi, tout en étant directeur et propriétaire de la Dépêche marocaine[20], il est obligé de quitter le poste de directeur à la mort du commanditaire du Petit Journal, Louis Loucheur[21]. Il est ensuite directeur du Quotidien, commandité par Jean Hennessy, jusqu'au début de l'année 1933[22].
Il fonde en et dirige un hebdomadaire, Vendémiaire[23], puis un autre en , Choc, dont il est aussi le propriétaire[24]. Son épouse aurait collaboré à ce périodique, signant des éditoriaux[25]. Choc est un périodique « national », opposé au Front populaire et à Léon Blum[26], et très anticommuniste ; il publie entre juillet et les appels du général Edouard Duseigneur à l'union des « nationaux » contre le communisme[27]. D'abord déférent à l'égard des Juifs, il verse ensuite dans l'antisémitisme[28].
Le colonel Guillaume participe à la campagne menée par l'extrême droite contre le chef du Parti social français, le colonel François de La Rocque : il publie des échos contre lui dans son journal, puis des articles du duc Joseph Pozzo di Borgo, du commandant Stanislas Sicé[29] ou de Philippe Henriot accusant La Rocque d'avoir reçu des fonds secrets d'André Tardieu lorsqu'il dirigeait les Croix-de-Feu. D'où la série de procès en 1937-1938 l'opposant à La Rocque[30],[31]. Il est agressé par des militants du PSF en [32].
Au service du régime de Vichy
[modifier | modifier le code]Devenu général du cadre de réserve, Guillaume, qui a servi dans sa jeunesse en Afrique du Nord et a présidé dans l'entre-deux-guerres la Djellaba, association amicale des troupes du Maroc[33], est chargé auprès du chef du gouvernement, Pierre Laval, de la coordination des affaires nord-africaines, ainsi que du contrôle du service des affaires nord-africaines, créé en par le régime de Vichy pour s'occuper des questions intéressant les Nord-Africains se trouvant sur le territoire métropolitain[34].
Il est arrêté à la Libération[35], incarcéré jusqu'en , appréhendé une nouvelle fois le ; il est alors soupçonné de collaboration économique - il aurait eu des intérêts dans une entreprise qui devint un centre d'achat allemand sous l'Occupation, mais cette information fait l'objet d'un classement - et de trahison : il aurait travaillé pour l'Abwehr selon la presse. Il se défend en affirmant qu'il a transmis des renseignements à la Résistance. Il est mis en liberté provisoire et bénéficie ensuite d'un non-lieu, en 1946[36].
Il est inculpé en 1951 de faux et usage de faux certificats de résistance mais il proteste de sa bonne foi[37]. Il est condamné en 1953, par défaut, à trois mois de prison avec sursis dans cette affaire d'un faux réseau de résistance, les Loups de France[38].
Il meurt en 1961 d'une embolie au cours de la cérémonie du retour des cendres du maréchal Lyautey[39].
Distinctions
[modifier | modifier le code]Commandeur de la Légion d'honneur (7 juillet 1927)[40]
Croix de guerre - 7 citations (dont 3 palmes)[40]
Officier d'académie
Officier de l'ordre du Ouissam alaouite
Ordre du Mérite militaire chérifien
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Cf. le Dossier de la Légion d'honneur de Jules Guillaume sur la base Léonore
- ↑ Revue des lectures, 15 septembre 1934
- ↑ Historique de la promotion du centenaire de l'école de Saint-Cyr, Annuaire de la Saint-Cyrienne, 15 septembre 1931, « Déjeuner de la promotion du Centenaire », Le Gaulois, (lire en ligne).
- ↑ « La Djellaba commémore », L'Ouest-Eclair, (lire en ligne)témoignage de Guillaume sur les émeutes de 1912
- ↑ « L'accident de M. Paul Deschanel », Le XIXe siècle, (lire en ligne), « Les vacances de M. Paul Deschanel », Le Gaulois, (lire en ligne), « Le monument Paul Deschanel », Le Radical, (lire en ligne).
- ↑ « Mariages », Journal des débats, (lire en ligne), Le Gaulois, 29 décembre 1918, « Cote 19800035/732/83159 », base Léonore, ministère français de la Culture. Elle est la petite-fille d'Émile de Kératry.
- ↑ Le Matin, 30 juin 1944, Biographies des principales personnalités françaises décédées au cours de l'année, 1962, p. 104
- ↑ Le Monde, 19 août 1961
- ↑ Bulletin des amis de Raoul Salan, no 9, biographie de son fils Pierre
- ↑ Journal officiel, 20 septembre 1926
- ↑ « Le lieutenant-colonel Guillaume », Le Journal, (lire en ligne) (avec une photographie)], « Deux records », Le Gaulois, (lire en ligne), Comœdia, [texte intégral].
- ↑ L'Humanité, [texte intégral].
- ↑ Paris-midi, [texte intégral].
- ↑ Cf. son dossier de la Légion d'honneur, « Une belle cérémonie aux Invalides », Le Petit Journal, (lire en ligne), « Prise d'armes aux Invalides », Le Petit Parisien, (lire en ligne), « Le maréchal Lyautey préside une prise d'armes aux Invalides », Le Journal, (lire en ligne), « Une prise d'armes aux Invalides », L'Ouest-Eclair, (lire en ligne). Ces journaux publient en "une" une photo du lieutenant-colonel Guillaume décoré par Lyautey. Cf. aussi Armée et marine, no 37, [texte intégral] et Ambassades et consulats, [texte intégral], Le Radical, [texte intégral] (photographies en civil)
- ↑ « Une prise d'armes aux Invalides », Le Gaulois, (lire en ligne), L'Echo de Paris, 27 avril 1928, 34e liste des membres de la Légion d'honneur décorés au péril de leur vie, « Association des amis de Saint-Cyr », Le Journal, (lire en ligne).
- ↑ Nobécourt 1996, p. 669.
- ↑ En 1943 selon Le Monde du 8 juin 1946.
- ↑ L'Intransigeant, [texte intégral], « Informations », La Presse, (lire en ligne), Le Gaulois, [texte intégral], Le Radical, [texte intégral], « Chez le commandant Guillaume, directeur, Lectures pour tous », Le Petit Journal, (lire en ligne).
- ↑ La Revue diplomatique, [texte intégral], La Revue diplomatique, [texte intégral].
- ↑ Comœdia, [texte intégral], Le Journal, [texte intégral].
- ↑ Dubasque 2008, chap. 9, note 14, « Maîtres de l'opinion: Le Petit Journal », Les Nouvelles littéraires, (lire en ligne).
- ↑ « Maîtres de l'opinion: Le Petit Journal », Les Nouvelles littéraires, (lire en ligne), « La table d'écoute », L'Œil de Paris, (lire en ligne). Jusqu'en mai 1933 selon Dubasque 2008, chap. 9, note 14.
- ↑ Journal « dévoué aux anciens combattants et au redressement national » selon L'Éveil économique de l'Indochine, [texte intégral]. Cf. aussi Revue des lectures, [texte intégral]. L'hebdomadaire est possédé par une société au capital de 600 000 francs dont Guillaume est l'un des administrateurs : Moniteur de la papeterie française, [texte intégral], Les Documents politiques, diplomatiques et financiers, [texte intégral] (il possède 290 actions sur 600). Vendémiaire est dirigé à partir de 1935 par Émile Buré, directeur du quotidien L'Ordre.
- ↑ « Un nouveau grand hebdomadaire, Choc », L'Ouest-Eclair, (lire en ligne), « M. Maurice Guillaume nous parle de Choc », Comœdia, (lire en ligne). Premier éditorial reproduit en partie dans « Pour la vraie paix », Le Journal des débats, (lire en ligne). Il publie fin 1935 une enquête intitulée « Une explication franche et décisive avec l'Allemagne est-elle souhaitable et possible ? », Cahiers de l'Union fédérale, (lire en ligne).
- ↑ « Toutes les coulisses », Comœdia, (lire en ligne) (sous le pseudonyme de GK Guillaume). Son épouse est présentée comme sa collaboratrice par l'un de ses avocats en 1938 : L'Ouest-Eclair, [texte intégral].
- ↑ « Le colonel Guillaume excitateur à l'assassinat de Léon Blum », Le Populaire, (lire en ligne).
- ↑ Henry Coston (dir.), Partis, journaux et périodiques d'hier et d'aujourd'hui, Lectures françaises, , p. 135, L'Echo d'Alger, [texte intégral] : enquête sur la nécessité de l'union des groupements non-communistes face au communisme]
- ↑ Epstein 2008, p. 163.
- ↑ Notamment l'article « Lâcheté », Choc, : « Je déclare ici, en mon nom personnel et au nom des Camarades du feu [association de Croix de feu dissidents fondée et présidée par Sicé], que je tiens M. de La Rocque pour indigne de l'uniforme français qu'il a porté. Je déclare tenir pour certain qu'il a émargé aux fonds secrets de divers ministères, à l'insu du comité directeur dont je faisais partie ». Ainsi que l'article du 19 août.
- ↑ Nobécourt 1996.
- ↑ Le Petit Journal, [texte intégral], Le Petit Journal, [texte intégral], Le Petit Journal, [texte intégral], L'Ouest-Eclair, [texte intégral], Paris-Soir, [texte intégral], L'Ouest-Eclair, [texte intégral], interrogatoire de Guillaume, « Les procès de La Rocque », L'Ouest-Eclair, (lire en ligne) (plaidoiries des avocats de Guillaume), « Les jugements du procès La Rocque », L'Ouest-Eclair, (lire en ligne), L'Ouest-Eclair, [texte intégral] Lettre de Guillaume, Le Populaire, [texte intégral] (photographie).
- ↑ « Les agresseurs du colonel Guillaume comparaissent devant le tribunal correctionnel de Saint-Malo », Paris-Soir, (lire en ligne).
- ↑ « Une cérémonie à la mémoire des morts du Maroc », Le Journal, (lire en ligne). Il est désigné en 1926 président des anciens des 2e et 2e bis régiments de zouaves : Les Echos des anciens combattants, janvier 1926
- ↑ Journal officiel, 30 juin 1943, "Direction du service des affaires nord-africaines", Paris-Soir, 17 décembre 1943, "Un musulman de Paris tient table ouverte" (photographie ), Ibid., 9 décembre 1943, "Pour fêter l'Aid-el-Kébir", Le Matin, 18 décembre 1943, "Une manifestation artistique au profit des isolés nord-africains", Le Matin, 20 mai 1944, "Le meilleur bineur de betteraves de Seine-et-Marne un Nord-Africain est fêté à Melun (photographie). Service des affaires nord-africaines : cf. Informations générales, 10 août 1943
- ↑ L'Humanité, 23 septembre 1944
- ↑ « le lieutenant de Vaisseau Pierre Guillaume », Bulletin des amis de Raoul Salan, no 9, (lire en ligne) ( éléments biographiques dans la biographie de son fils Pierre), « Colonel Guillaume : Il est accuse d'avoir fourni aux Allemands des renseignements d’ordre militaire », Le Monde, (lire en ligne), 12 juin 1946, "Le cas du colonel Guillaume. Une mise au point du ministère de la justice", Le Monde, 24 juin 1946, "Le général Guillaume porte plainte contre le directeur de la sécurité militaire"
- ↑ Le Monde, 17 mars 1951 (une erreur factuelle dans l'article : il n'était plus directeur du Petit Journal en 1937), Le Monde, 19 mars 1951, "Une lettre du général Guillaume"
- ↑ Paris-presse, L’Intransigeant, 21 juillet 1953, Ce Soir, 5 juillet 1952
- ↑ Le Monde, 19 août 1961 (information donnée par l'avocat de Pierre Guillaume lors du procès de ce dernier relatif au putsch de 1961 en Algérie).
- « Cote 19800035/341/45921 », base Léonore, ministère français de la Culture.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jacques Nobécourt, Le Colonel de La Rocque (1885-1946) : Ou les pièges du nationalisme chrétien, Paris, Fayard, coll. « Pour une histoire du XXe siècle », , 1194 p. (ISBN 978-2-35512-027-5).
- Simon Epstein, Un paradoxe français : Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque Histoire », , 622 p. (ISBN 978-2-226-17915-9)
- Pierre Guillaume (militaire) (fils de Maurice Guillaume), Mon âme à Dieu, mon corps à la patrie, mon honneur à moi, Mémoires, Paris, Plon, 2006
- François Dubasque, Jean Hennessy (1874-1944). Argent et réseaux au service d'une nouvelle République, Presses Universitaires de Rennes, .
Liens externes
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- Ressource relative à la vie publique :
- Biographie de Maurice Guillaume sur le site memoireafriquedunord.net