Maylis de Kerangal — Wikipédia

Maylis de Kerangal
Maylis de Kerangal en 2018.
Biographie
Naissance
(56 ans)
Toulon, France
Nom de naissance
Maylis Le Gal de Kerangal
Nationalité
Domicile
Formation
Activité
Fratrie
Rozenn de Kerangal (d)
Xavier de Kerangal (d)
Thomas de Kerangal (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Éditions Gallimard (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Comité de lecture des éditions Gallimard (d) ()
Association des anciens honneurs héréditairesVoir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
Distinction
Œuvres principales

Maylis Le Gal de Kerangal dite Maylis de Kerangal est une écrivaine française, née le [1] à Toulon[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Maylis de Kerangal[3] passe son enfance au Havre. Son père est pilote de navire et son grand-père est capitaine au long cours. La mer joue un rôle important dans sa vie et son œuvre. Issue d'une famille catholique, elle étudie dans des établissements publics du Havre, au collège Raoul-Dufy puis au lycée Porte-Océane[4].

Elle étudie en classe préparatoire au lycée Jeanne-d'Arc à Rouen et ensuite à Paris de 1985 à 1990 l'histoire, la philosophie et l'ethnologie.

Elle commence à travailler chez Gallimard jeunesse une première fois de 1991 à 1996, avant de faire deux séjours aux États-Unis, à Golden dans le Colorado en 1997.

Mariée, elle est mère de quatre enfants. Elle vit à Paris[4].

Carrière d'écrivaine[modifier | modifier le code]

Maylis de Kerangal publie son premier roman, Je marche sous un ciel de traîne, en 2000, suivi en 2003 par La Vie voyageuse, puis par Ni fleurs, ni couronnes en 2006, Dans les rapides en 2007 et par Corniche Kennedy en 2008[5]. Ce dernier roman figure cette année-là dans la sélection de plusieurs prix littéraires comme le Médicis ou le Femina[6].

Elle crée en même temps les Éditions du Baron Perché, spécialisées dans la jeunesse[7], où elle travaille de 2004 à 2008[8] avant de se consacrer à l'écriture. Elle participe aussi à la revue Inculte[8].

Le , Naissance d'un pont remporte à l'unanimité et au premier tour le prix Médicis[9]. Le livre remporte aussi le prix Franz-Hessel ; la même année, il est sélectionné pour les prix Femina[10], Goncourt[11], et Flore[12]. Le prix Franz-Hessel permet à l'ouvrage de bénéficier d'une traduction en allemand, parue en 2012 chez Suhrkamp.

En 2011, elle est l'une des participantes du Salon du livre de Beyrouth au BIEL (Beirut International Exhibition & Leisure Center).

En 2012, elle remporte le prix Landerneau pour son roman Tangente vers l'est paru aux éditions Verticales[13],[14].

En 2014, elle est la première lauréate du Roman des étudiants France Culture-Télérama (ancien prix France Culture-Télérama), pour son roman Réparer les vivants[15], qui a été aussi couronné par le grand prix RTL-Lire 2014 ainsi que par le prix des lecteurs de L'Express-BFM TV[16], le prix Relay[17], et le prix Orange du Livre[18]. Dans cet ouvrage, elle suit pendant 24 heures le périple du cœur du jeune Simon, en mort cérébrale, jusqu'à la transplantation de l'organe. La même année, elle reçoit le grand prix de littérature Henri-Gal pour l'ensemble de son œuvre.

En 2016, elle est « grand témoin » du Festival international de géographie[19].

En 2021, elle mène un travail réflexif avec des lycéens dans le cadre de leur PEAC qui aboutit à l'exposition « L'Art se livre », présentée au musée d'Orsay du 19 mai au 17 octobre 2021.

En novembre 2022, à Montréal, elle reçoit le Prix de la revue Études françaises pour Un archipel. Fiction, récits, essais publié par les Presses de l’Université de Montréal[20].

Du 20 novembre au 3 décembre 2023, elle est l'invitée d'honneur du Festival Lettres d'Automne à Montauban.

Style[modifier | modifier le code]

Le style de Maylis de Kerangal se caractérise essentiellement par l’usage d’une phrase ample[21] dans laquelle prévaut la juxtaposition[22], alternant entre vivacité du tempo et dilatation temporelle[23] ; c’est l’instant dans sa totalité que cette structure phrastique saisit et restitue[24].

Ce flux incorpore des éléments hétérogènes issus d’univers variés[25] que ce soit sur le plan lexical (où « une langue qui se signale comme littéraire »[26] côtoie « idiomes adolescents »[27], xénismes[28] et termes techniques[29]), ou encore sur le plan énonciatif (« la trame principale est segmentée par l’alternance des voix et des points de vue »[30]). Les registres participent aussi à ce « régime esthétique de l’hétérogénéité[31] » dans la mesure où les termes rares et précieux laissent parfois la place à l’argot voire au terme grossier[32].

Le travail du rythme s’appuie également sur un travail de densification impliquant des pratiques de liage entre ces unités hétérogènes[33]. Cet effet de condensation est particulièrement visible dans le traitement des discours rapportés : Maylis de Kerangal allège les marques typographiques des discours rapportés en supprimant les guillemets et, le plus souvent, les tirets dialogiques[34]. En outre, les ellipses grammaticales du pronom sujet et de l’article dans les groupes parallèles concourent au travail de condensation[35] et rappellent les effets obtenus sur le rythme par l’économie des marqueurs d’articulation[36] – de même que l’usage de la virgule comme « opérateur de lissage[37] » (et agissant ainsi sur la condensation) rappelle les usages du tiret et du point pour imposer une respiration singulière et créer du tempo[38].

La mise en œuvre de ces ressources stylistiques spécifiques permet ce que Claire Stolz nomme « sublimation poétique[39] ». Cet effet de poétisation de l’ensemble du texte repose en particulier sur : l’intensité résultant du sentiment de densité et de fusion ; « l’effet de brouillage[40] » des sources énonciatives provoquant une « confusion des voix[41] » ; et sur le recours massif à l’hypotypose, « ressort fondamental de la poésie de cette prose[42] », servie par un « rythme haletant[43] » et par l’utilisation quasi exclusive du présent dans tout le texte[44].

Le style de Maylis de Kerangal repose enfin sur un équilibre entre « emphase lyrique[45] », « précision technique[46] » et dimension humoristique[47] (activée grâce à une distance différente de l’ironie[48]).

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans, nouvelles et récits[modifier | modifier le code]

Grand prix RTL-Lire 2014
Roman des étudiants – France Culture-Télérama 2014[15]
Prix Orange du Livre 2014[50]
Prix des lecteurs de L'ExpressBFM TV 2014
Prix Relay 2014[17]
Premio Letterario Merck 2015 pour Riparare i viventi (tr. italienne de Réparer les vivants)
Wellcome Book Prize 2017 pour Mend the Living (tr. anglaise de Réparer les vivants)
Prix Boccaccio 2016[51]
Prix de la revue Études françaises 2022

Albums pour enfants[modifier | modifier le code]

  • Maylis de Kerangal (texte), Alexandra Pichard (illustrations), Nina et les oreillers, Paris, Éditions Hélium, , 28 p. (ISBN 978-2-35851-046-2)

Adaptations au cinéma[modifier | modifier le code]

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

Prix littéraires[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notice d'autorité personne sur le site du catalogue général de la BnF.
  2. « LMaylis de Kerangal », sur Francce Inter, (consulté le ).
  3. « Légion d'Honneur du 14 juillet 2016 », ministère de la Culture et de la Communication, p. 24-27.
  4. a et b Astrid de Larminat, « Maylis de Kerangal et Le Havre : un port d'attache », Le Figaro,‎ 26-29 août 2021, p. 22 (lire en ligne).
  5. Alain Beuve-Mery, « Le prix Médicis décerné à Maylis de Kerangal », Le Monde, 3 novembre 2010, consulté sur lemonde.fr le 4 novembre 2010.
  6. Hervé Bertho, « Le Médicis décerné à Maylis de Kerangal pour Naissance d'un pont », Ouest-France, 3 novembre 2010, consulté sur ouest-france.fr le 4 novembre 2010.
  7. « Le Baron perché - Bibliomonde » (consulté le )
  8. a et b « Comité de rédaction : Maylis de Kerangal », Inculte (consulté le ).
  9. a et b « Le Médicis à Maylis de Kerangal pour « Naissance d'un pont » », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Première sélection du Femina » (version du sur Internet Archive), bibliobs, 17 septembre 2010, consulté sur bibliobs.nouvelobs.com le 4 novembre 2010
  11. « Goncourt. Houllebecq, Despentes, de Kerangal et Enard finalistes », sur letelegramme.com, (consulté le ).
  12. « La sélection du prix de Flore » (version du sur Internet Archive), 10 septembre 2010, consulté sur bibliobs.nouvelobs.com le 4 novembre 2010.
  13. Prix-littéraires.net
  14. Remise du prix Landerneau 2012.
  15. a b et c Maylis de Kerangal, interview par Marine Landrot, Maylis de Kerangal, lauréate du Roman des étudiants France Culture - “Télérama”, « Maylis de Kerangal, lauréate du Roman des étudiants France Culture - “Télérama” », telerama.fr, .
  16. a et b Mohammed Aïssaoui, « Maylis de Kerangal, le nouveau phénomène littéraire », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  17. a b et c Lauréats du prix Relay, sur le site officiel.
  18. « Bravo à Maylis de Kerangal, lauréate du Prix Orange du Livre 2014 », sur Lecteurs.com (consulté le 25 mars 2020)
  19. « Maylis de Kerangal, grand témoin du FIG 2016 sur le site officiel du Festival International de Géographie
  20. Anne-Frédérique Hébert Dolbec, « Maylis de Kerangal, tisserande du détail », Le Devoir, mercredi 23 novembre 2022, p. 1 (lire en ligne) ; Cécile Lazartigues-Chartier, « Maylis de Kerangal au Salon du livre de Montréal », lesfrancais.press, 3 décembre 2022 (lire en ligne).
  21. Stéphane Bikialo et Catherine Rannoux, « issance d’un pont : une chorégraphie de la collision », dans Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux et Isabelle Serça, La langue de Maylis de Kerangal, , p.146.
  22. Mervi Helkkula, « Structure phrastique et cohérence textuelle dans Réparer les vivants l’écriture et le réel », in Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux & Isabelle Serça (dir.), p. 125.
  23. Bikialo et Rannoux 2017, p. 146.
  24. Judith Mayer, « Maylis de Kerangal l’écriture de l’espace dans l’œuvre de Maylis de Kerangal », in Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux & Isabelle Serça (dir.), p. 67 : « le décor, l’action, les dialogues se livrent ainsi d’un seul tenant ».
  25. « inclure et articuler dans la phrase des éléments prélevés de multiples strates », ibid.
  26. Stéphane Chaudier et Joël July, « Des corps et des voix : l’euphorie dans le style de Maylis de Kerangal », dans Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux et Isabelle Serça, La langue de Maylis de Kerangal, , p.141.
  27. Sylviane Coyault, « Le parti pris de la jeunesse », in Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux & Isabelle Serça (dir.), p. 114.
  28. Aurélie Adler, « Naissance d’un pont et Réparer les vivants de Maylis de Kerangal : des romans épiques ? », dans Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux et Isabelle Serça, La langue de Maylis de Kerangal, , p.38.
  29. Judith Mayer, p. 69.
  30. Adler 2017, p. 38-39.
  31. « Une écriture avitaillée au multiple » in Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux & Isabelle Serça (dir.), p. 12.
  32. Sylivie Vignes, « Un temps retrouvé : Maylis de Kerangal et le présent », in Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux & Isabelle Serça (dir.), p. 107.
  33. Bikialo et Rannoux 2017, p. 149.
  34. Karine Germoni, « Réparer les vivants ou comment greffer la parole vive : discours direct, absence de guillemets et tirets dialogiques », dans Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux et Isabelle Serça, La langue de Maylis de Kerangal, , p.181-182.
  35. Claire Stolz, « Poésie et fiction, l’hypotypose chez Maylis de Kerangal », dans Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux et Isabelle Serça, La langue de Maylis de Kerangal, , p.160.
  36. Bikialo et Rannoux 2017, p. 147.
  37. Bikialo et Rannoux 2017, p. 150.
  38. Bikialo et Rannoux 2017, p. 151 : « S[i le point]disjoint par sa présence des unités qui devraient correspondre à des phrases, sa frontière est transgressée par la continuité syntaxique qui s’opère de part et d’autre ».
  39. Stolz 2017, p. 167.
  40. Germoni 2017, p. 180.
  41. Chaudier et July 2017, p. 139.
  42. Stolz 2017, p. 160.
  43. Stolz 2017, p. 162.
  44. Sylvie Vignes, p. 103 : « On note aussi, sans surprise excessive, qu’en matière de temps verbaux, c’est aussi le présent qui semble avoir les faveurs de Maylis de Kerangal ».
  45. [source insuffisante] Valéria Gramigna, p. 126.
  46. ibid.
  47. Germoni 2017, p. 195.
  48. Dominique Rabaté, « Créer un peuple de héros. Le statut du personnage dans les romans de Maylis de Kerangal », in Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux & Isabelle Serça (dir.), p. 75-76.
  49. « Maylis de Kerangal et Antoine Laurain lauréats du prix Landerneau », Livres Hebdo,‎ (lire en ligne)
  50. « Le roman de Maylis de Kerangal primé pour la troisième fois », sur rtbf.be.
  51. (it) Premio Boccaccio 2016, Premio internazionale Boccaccio, consulté le 21 octobre 2023.
  52. « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres - hiver 2019 », sur Ministère de la Culture (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Mathilde Bonazzi (dir.), Cécile Narjoux (dir.) et Isabelle Serça (dir.), La langue de Maylis de Kerangal. « Étirer l’espace, allonger le temps », Dijon, Presses universitaires de Dijon, coll. « Langages », , 228 p..
  • Collectif, « Maylis de Kerangal. Corniche Kennedy, Naissance d’un pont, Réparer les vivants », Roman 20-50. Revue d’étude du roman des XXe et XXIe siècles, textes réunis et présentés par Carine Capone et Cæcilia Ternisien, n° 68, décembre 2019, p. 5-127 (lire en ligne).
  • Collectif, « Maylis de Kerangal. Puissances du romanesque », dir. Marie-Pascale Huglo, Études françaises, vol. 57, n° 3, 2021 (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]