Parti modéré de rassemblement — Wikipédia

Parti modéré de rassemblement
(sv) Moderata samlingspartiet
Image illustrative de l’article Parti modéré de rassemblement
Logotype officiel.
Présentation
Président Ulf Kristersson
Fondation
Siège Stora Nygatan 30, Gamla stan, Stockholm
Secrétaire générale Karin Enström
Positionnement Centre droit[1],[2] à droite[3]
Idéologie Libéral-conservatisme[4]
Europhilie[2]
Affiliation européenne Parti populaire européen
Groupe au Parlement européen PPE
Affiliation internationale Union démocrate internationale
Couleurs Bleu
Site web moderat.se
Présidents de groupe
Riksdag Tobias Billström
Parlement européen Manfred Weber (PPE)
Représentation
Députés
68  /  349
Députés européens
4  /  20
Conseillers de comté
418  /  1662
Conseillers municipaux
2966  /  12978

Le Parti modéré de rassemblement (en suédois : Moderata samlingspartiet), souvent appelé pour simplifier Les Modérés (en suédois : Moderaterna) est un parti politique libéral conservateur suédois fondé en 1904, membre du Parti populaire européen et de l'Union démocrate internationale.

Le parti s'est successivement appelé Ligue électorale générale (en suédois : Allmänna valmansförbundet) (1904-1938), Organisation nationale de la droite (en suédois : Högerns riksorganisation) (1938-1952), Parti de la droite (1952-1969) (en suédois : Högerpartiet). Il prend son nom actuel (Moderata Samlingspartiet) en 1969. En 2006, le parti s'est baptisé de façon non officielle Les Nouveaux Modérés (suédois : Nya Moderaterna)[5].

Il est depuis 1979 la première force politique au sein de la droite suédoise et le deuxième parti politique du pays. Il a hissé Carl Bildt au poste de Premier ministre entre 1991 et 1994, puis Fredrik Reinfeldt, de 2006 à 2014. Son président est depuis 2017 Ulf Kristersson.

Historique[modifier | modifier le code]

Affiche électorale de 1914 insistant sur la priorité de défense militaire.

Origines[modifier | modifier le code]

Le parti modéré de rassemblement a été fondé le dans un restaurant de Stockholm appelé Runan. L'objectif était alors de mettre sur pied une organisation de campagne électorale pour soutenir le groupe conservateur récemment formé au Riksdag. Au XIXe siècle, les conservateurs s'étaient organisés eux-mêmes au Riksdag, mais ils n'avaient jamais reçu le soutien d'un parti politique. La droite traditionnelle suédoise était également menacée par la montée du Parti social-démocrate (fondé en 1889) et des libéraux (1902). Le parti nouvellement formé a été baptisé Ligue électorale générale (en suédois : Allmänna valmansförbundet).

Au début de son histoire, le parti était clairement nationaliste et farouchement conservateur. L'importance d'une défense forte a été soulignée. Au cours de la crise politique de défense en 1914, le parti a tenu tête au Roi.

Arvid Lindman (souvent appelé « l'amiral ») est vite devenu influent au sein du parti et a été Premier ministre de Suède à deux reprises. En 1907, il a proposé l'instauration du suffrage universel masculin pour l'élection des membres du Riksdag. Il a été officiellement élu chef en 1912.

En 1928, le parti a obtenu le meilleur résultat de son histoire lors d'élections générales, avec environ 29 % des suffrages exprimés.

Les années 1930 ont vu la Ligue minée par des dissensions internes quant à la manière d'appréhender le nazisme. Son organisation de jeunesse, la « Ligue nationale pour la jeunesse de la Suède » (suédois : Sveriges Nationella Ungdomsförbund) a été pro-nazi[6] et a mis en place des « groupes de combattants » pour lutter contre des ennemis politiques dans la rue. Le parti-mère n'a pas approuvé ce genre et développement et en 1933 elle se sépare de la Ligue nationale pour la jeunesse. Tandis que le parti mettait en place sa nouvelle organisation de jeunesse, « Les jeunes Suédois », l'ancienne ligue pour la jeunesse s'est muée en parti politique pro-nazi pour prendre part aux élections. Il restera marginal.

Le parti de droite[modifier | modifier le code]

Réunion publique au Vasaparken le 25 mai 1950.

En 1934, les sociaux-démocrates ont formé un nouveau gouvernement. Ils ont gardé le pouvoir sans interruption jusqu'en 1976, la Ligue formant le principal parti d'opposition. En 1938, le parti a été rebaptisé Organisation nationale de la droite (en suédois : Högerns Riksorganisation). La droite dans son ensemble a ensuite participé au gouvernement d'union nationale avec les sociaux-démocrates au cours de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle la Suède est restée neutre.

En 1952, il prend le nom de Parti de droite (Högerpartiet). Sous la direction de Jarl Hjalmarson, le Parti de droite a commencé à émerger comme leader de l'opposition au gouvernement. L'année mouvementée de 1968, la révolte des étudiants et une majorité absolue pour les sociaux-démocrates ont poussé le parti à changer à nouveau de nom, pour finalement opter pour Parti modéré de rassemblement (en suédois Moderata Samlingspartiet, généralement juste dénommé Les modérés, en suédois Moderaterna) en 1969.

Les Modérés : le premier parti de la droite[modifier | modifier le code]

En 1970, Gösta Bohman prit la tête des Modérés. Sous sa férule, le parti entama sa mue du conservatisme traditionnelle au libéralisme. En 1976, à la suite de la victoire des partis de droite aux élections législatives, les Modérés se joignirent au gouvernement du nouveau Premier ministre issu du Parti du centre Thorbjörn Fälldin, Gösta Bohman prenant les rênes du ministère de l'économie. Ce premier gouvernement fut défait deux ans plus tard et lui succéda l'espace d'un an, un gouvernement dirigé par le libéral Ola Ullsten, à la tête d'une coalition constituée des mêmes trois partis. Lors des élections législatives de 1979, les partis de droite remportèrent un siège de plus que les partis de gauche, et formèrent un nouveau gouvernement. Néanmoins, alors que les Modérés représentaient à l'issue de ces élections et pour la première fois, le premier parti non-socialiste du pays, c'est de nouveau à Thorbjörn Fälldin que revint le poste de premier ministre, qu'il conserva jusqu'en 1982.

Carl Bildt (1986-1999).

En 1986, Carl Bildt devint le président. Gendre de Bohman alors, il porta de nouveau son parti lors des élections législatives de 1991. Alliés aux autres formations de droite le Parti du centre, Les Libéraux et les Chrétiens-démocrates, les Modérés conduisirent pour la première fois un gouvernement depuis 1930, de 1991 à 1994, dont Carl Bildt prit la tête. Soutenu par la Nouvelle démocratie, un parti d'extrême droite avec laquelle les tensions furent vives, ce gouvernement mena de nombreuses réformes libérales (réduction des dépenses publiques et baisse des impôts) ainsi que les négociations finales en vue de l'adhésion de la Suède à l'Union européenne.

Composition du Riksdag après les élections législatives de 2006 : les Modérés sont situés tout à fait à droite.

À la suite des deux défaites consécutives du centre droit aux élections législatives de 1994 et de 1998, Bo Lundgren remplaca Bildt à la tête du parti. Celui-ci fut remplacé en 2003 par Fredrik Reinfeldt, à la suite du résultat catastrophique du parti lors des élections législatives de 2002, où il fut talonné de peu par les Libéraux. Optant pour un recentrage des Modérés en matière économique et sociale, Reinfeldt forma l'Alliance pour la Suède, coalition regroupant les quatre partis du centre droit, en vue des élections législatives de 2006. Cette stratégie d'alliance mena à la victoire du centre droit et la formation du gouvernement Reinfeldt.

Le Parti modéré s'allie à la formation d’extrême droite des Démocrates de Suède pour les élections législatives de 2022. Les conservateurs entendent disposer du soutien de l'extrême droite au parlement sans avoir à la faire entrer au gouvernement[7].

Idéologie[modifier | modifier le code]

Les Modérés déclarent que leur idéologie est un mélange de libéralisme et de conservatisme.

Le parti met l'accent sur le libéralisme économique, la privatisation, la promotion des libertés individuelles et la réduction du secteur public[8]. Le dirigeant du parti, Ulf Kristersson, fait de la réduction des prestations sociales sa priorité. Dans son livre "Non-Working Generation", sorti en 1994, il compare la réglementation du marché du travail et le système de protection sociale en Suède à l'Apartheid en Afrique du Sud, estimant qu'il s'agit d'un « système oppressif encourageant à l'assistanat ». Il promet par ailleurs de baisser la fiscalité pour les entreprises[9].

Ils soutiennent également activement l'adhésion à l'Union européenne, prenant position en faveur de l'adoption de l'euro lors de la campagne du référendum de 2003. Le parti est opposé à toute forme de discrimination et s'est prononcé en faveur du mariage de personnes de même sexe.[réf. nécessaire] Il soutient l'abandon de l'objectif que la Suède s'était fixé dans les années 1960 de consacrer 1 % de son revenu brut national (RNB) à l’aide publique au développement (APD)[10].

Organisation[modifier | modifier le code]

Les Modérés sont dirigés par un président (Partiledare). Il ou elle est assisté(e) par le conseil du parti.

Il est organisé au niveau national, des comtés et des municipalités. Chaque comté envoie des délégués au Congrès du Parti, qui se tient tous les deux ans.

Les jeunes membres sont organisés dans la Ligue des jeunes modérés. Il n'y a pas d'organisation étudiante officielle bien que la Confédération suédoise des conservateurs et des libéraux étudiants, qui était liée au parti, reste proche de celui-ci. Les personnes âgées peuvent se joindre aux affaires des « séniors modérés » (en suédois : Moderata seniorer).

Électorat[modifier | modifier le code]

Selon des études de comportement électoral suédois menées à l’université de Göteborg[11], les Modérés sont historiquement forts autour de Stockholm et en Scanie. Ils sont généralement plus faibles dans le nord de la Suède. Leurs électeurs traditionnels sont les cols blancs et les autres travailleurs du secteur privé, le plus souvent percevant des revenus plus élevés que la moyenne nationale. Les hommes sont également plus nombreux que les femmes parmi leurs électeurs.

Dirigeants[modifier | modifier le code]

Résultats électoraux[modifier | modifier le code]

Élections parlementaires[modifier | modifier le code]

Année Votes % Rang Députés Gouvernement
1911 168 691 31,3 2e
64  /  230
Opposition
03/1914 286 250 37,7 1er
86  /  230
Opposition
09/1914 267 124 36,5 2e
86  /  230
Opposition
1917 182 070 24,7 3e
59  /  230
Opposition
1920 183 019 27,8 2e
70  /  230
Opposition
1921 449 302 25,8 2e
62  /  230
Opposition
1924 461 257 26,1 2e
65  /  230
Opposition
1928 692 434 29,4 2e
73  /  230
Lindman II
1932 585 248 23,5 2e
58  /  230
Opposition
1936 512 781 17,6 2e
44  /  230
Opposition
1940 518 346 18,0 2e
42  /  230
Hansson III
1944 488 921 15,8 2e
39  /  230
Hansson III
1948 418 786 12,3 4e
23  /  230
Opposition
1952 543 825 14,4 3e
31  /  230
Opposition
1956 663 693 17,1 3e
41  /  231
Opposition
1958 750 332 19,5 2e
45  /  231
Opposition
1960 704 365 16,6 3e
39  /  232
Opposition
1964 582 609 13,7 4e
33  /  233
Opposition
1968 621 031 12,9 4e
32  /  233
Opposition
1970 573 812 11,5 4e
41  /  350
Opposition
1973 737 584 14,3 3e
51  /  350
Opposition
1976 847 672 15,6 3e
55  /  349
Fälldin I et Ullsten
1979 1 108 406 20,3 2e
73  /  349
Fälldin II et III
1982 1 313 337 23,6 2e
86  /  349
Opposition
1985 1 187 335 21,3 2e
76  /  349
Opposition
1988 983 226 18,3 2e
66  /  349
Opposition
1991 1 199 394 21,9 2e
80  /  349
Bildt
1994 1 243 253 22,4 2e
80  /  349
Opposition
1998 1 204 926 22,9 2e
82  /  349
Opposition
2002 809 041 15,3 2e
55  /  349
Opposition
2006 1 456 014 26,3 2e
97  /  349
Reinfeldt
2010 1 791 766 30,1 2e
107  /  349
Reinfeldt
2014 1 453 517 23,3 2e
84  /  349
Opposition
2018 1 284 698 19,8 2e
70  /  349
Opposition
2022 1 237 428 19,10 3e
68  /  349
Kristersson

Élections européennes[modifier | modifier le code]

Année Votes % Rang Députés Groupe
1995 621 568 23,17 2e
5  /  22
PPE
1999 524 755 25,75 2e
5  /  22
PPE-DE
2004 458 398 18,35 2e
4  /  19
PPE-DE
2009 596 710 18,83 2e
4  /  18
PPE
2014 507 488 13,65 3e
3  /  20
PPE
2019 698 770 16,83 2e
4  /  20
PPE

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Suède : Le chef du parti des Modérés chargé de mener des consultations », sur challenges.fr, (consulté le )
  2. a et b (en) « Sweden » Accès libre, sur europeelects.eu (consulté le )
  3. (en) Josep M. Colomer, Comparative European Politics, Routledge, , 320 p. (ISBN 978-1-134-07354-2, lire en ligne).
  4. (en) Wolfram Nordsieck, « Parties and Elections in Europe » (consulté le ).
  5. (en) Jennifer Lees-Marshment, Chris Rudd et Jesper Stromback, Global Political Marketing, Routledge (ISBN 978-1-135-26140-5, lire en ligne), p. 52.
  6. (sv) « Anteckningar till ”Med högern för Sveriges framtid av Gösta Lindskog” », sur moderaterna.net.
  7. « L’extrême droite suédoise dédiabolisée par les conservateurs », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  8. Corinne Deloy, « Elections législatives suédoises : percée attendue des populistes de droite », sur www.robert-schuman.eu, (consulté le ).
  9. « Ulf Kristersson, un conservateur sous la menace de l'extrême droite », sur LExpress.fr,
  10. « Aide au développement : la Suède revoit ses ambitions à la baisse », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  11. Allmänna valen Kap 4

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]