Mongol chinois — Wikipédia

Mongol chinois
Jument et poulain en Mongolie-Intérieure.
Jument et poulain en Mongolie-Intérieure.
Région d’origine
Région Surtout la Mongolie-Intérieure, Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Caractéristiques
Morphologie Petit cheval de selle
Taille 1,22 à 1,42 m[1]
Poids 300 à 360 kg[2]
Robe Généralement bai, noir ou gris[3].
Tête Lourde, profil rectiligne
Caractère Bon, mais parfois capricieux
Statut FAO (conservation) Non menacéVoir et modifier les données sur Wikidata
Autre
Utilisation Selle, lait, viande et bât

Le Mongol chinois (chinois simplifié : 蒙古马 ; chinois traditionnel : 蒙古馬 ; pinyin : Ménggǔ mǎ) est une race chevaline, correspondant à la population de chevaux mongols restée en Chine après l'indépendance de la Mongolie en 1910. Peut-être issu du cheval de Przewalski, il est domestiqué dès la plus haute Antiquité. En 1982, il représente à lui seul un tiers de tous les chevaux de Chine. Leur nombre a beaucoup diminué depuis, sous l'influence de la motorisation des transports et de la modernisation des modes de vie.

Ce petit cheval solide, doué d'une très grande endurance, existe en quatre types : l'Ujumqin, l'Abaga, le Baicha et le Wushen. Le Mongol chinois est généralement monté pour les besoins du transport des populations locales, ou bâté. Les juments produisent du lait, récolté et consommé comme boisson traditionnelle. La race est surtout représentée dans la province chinoise de Mongolie-Intérieure, mais elle se trouve aussi en petit nombre dans les régions voisines.

Histoire[modifier | modifier le code]

Peinture représentant un archer sur un cheval
Peinture chinoise de cavalier mongol réalisée sous la dynastie Ming, au XVe siècle ou au XVIe siècle.

Bien qu'elles partagent la même origine génétique, les populations de chevaux mongols sont élevées de manière différente selon qu'elles sont situées en Mongolie (Mongolie-Extérieure) ou en Chine (Mongolie-Intérieure), ce qui justifie la distinction entre les deux races du cheval mongol et du mongol chinois. Toutes deux sont très anciennes[4], étant reconnues parmi les plus vieilles races chevalines du monde[5]. Bonnie Lou Hendricks estime que ce cheval est domestiqué sur le plateau mongol 2 000 ans av. J.-C[6], mais une étude sur l'ADN mitochondrial avance que des chevaux sont domestiqués dans le Nord de la Chine actuelle depuis la plus haute Antiquité, 4 000 à 5 000 ans avant notre ère[5]. Cette étude lui attribue pour ancêtre probable le cheval de Przewalski : « on peut conclure que certains chevaux Mongols chinois avaient une parenté intime avec, et peut-être descendent de Przewalskis ». Le cheval mongol de Chine semble quoi qu'il en soit issu de multiples lignées maternelles, et génétiquement extrêmement proche du cheval mongol de Mongolie[7].

Au VIIIe siècle, le petit cheval mongol est présent dans toutes les steppes de l'actuelle partie Nord de la Chine[8]. Des croisements interviennent du fait des cadeaux diplomatiques offerts notamment par les royaumes d'Asie centrale. À cette époque, le cheval mongol n'est pas en faveur, car la cour impériale chinoise lui préfère des animaux plus grands et racés, venus de Perse (Iran) et d'Asie centrale[8]. Sous la dynastie Song, le cheval mongol se répartit dans les trois provinces du Nord de la Chine[5], au point que la population estimée atteint les 40 000 têtes à la fin de la dynastie Qing[9].

Le cheval mongol fait une nette percée culturelle en Chine après la dynastie Tang, du XIIIe siècle au XVIe siècle, comme le prouvent les peintures réalisées sous les Yuan et les Ming[8]. La Chine commerce alors activement avec la Mongolie, une grande partie de la frontière sino-mongole étant dédiée au commerce de chevaux et de moutons. Les éleveurs Mongols échangent leurs chevaux contre de la soie, du satin, du coton, des aiguilles et d'autres produits de ce type[10].

Après l'indépendance de la Mongolie-Extérieure en 1910, les chevaux mongols de Mongolie-Intérieure gagnent progressivement les provinces voisines, et des expériences d'« amélioration » de la race sont menées par les Chinois. Ces chevaux dits « améliorés » restent toutefois en nette minorité[5]. La séparation théorique du cheval mongol et du Mongol chinois est donc un phénomène récent, ne datant que d'une centaine d'années, ce qui explique la grande proximité entre les deux races[7]. Le Mongol chinois est longtemps extrêmement commun dans toutes les zones de plaine de la Mongolie-Intérieure, où il est élevé en vastes hardes semi-sauvages, suivant le système dit « taboun ». La population est estimée à 1,7 million d'individus en 1982[2], soit un tiers de tous les chevaux chinois[2]. En 2005, le nombre de chevaux s'est réduit de plus de moitié en raison des progrès de la motorisation, et de la réduction des zones de pâturage disponibles. Depuis, le déclin de la race et des traditions qui lui étaient associées se poursuit[1].

Description[modifier | modifier le code]

Photo de trois chevaux dont un poulain dans un paysage de plaine, des collines à l'horizon
Chevaux alezans montés pour le tourisme en Mongolie-Intérieure.

Le modèle du Mongol chinois est le même que celui du cheval mongol. Il est considéré localement comme un cheval en raison de ce modèle, et non comme un poney[3]. La tête au profil rectiligne[3] est plutôt lourde avec un front large, des naseaux ouverts, des yeux saillants et de longues oreilles[11]. L'encolure est courte et musclée, la poitrine profonde, l'épaule assez inclinée et musclée. Le garrot est peu saillant, le dos plutôt court, très solide et droit. La croupe est longue et inclinée[3]. Les jambes sont courtes, fortes et solides[1]. La race est reconnue pour sa solide constitution[11]. La taille moyenne est de 1,28 m, soit 1,27 m pour les juments et 1,30 m pour les mâles[2]. Le poids oscille de 300 à 360 kg, une moyenne de 360 étant donnée pour les mâles, et 300 pour les femelles[2]. Il existe des variations selon le type concerné[12]. Ainsi, l'étude de l'université de l'Oklahoma, datant de 2007, donne un intervalle de taille allant de 1,21 à 1,42 m[4], et CAB International, dans son étude publiée en 2016, 1,22 à 1,42 m[1]. La taille augmente nettement lorsque les conditions environnementales sont favorables[3].

Robes[modifier | modifier le code]

De nombreuses robes existent, le bai, le noir, l'alezan et le gris étant les plus communes, avec quelques cas rarissimes de chevaux blancs[3],[2]. Il semble que toutes les couleurs de robe puissent être rencontrées[1].

Tempérament et entretien[modifier | modifier le code]

Le mode d'élevage est semi-sauvage, le jeune cheval étant dressé rapidement à répondre aux ordres d'un cavalier. Bien qu'elle ait été décrite comme capricieuse par certains auteurs, la race est réputée de bon tempérament localement, étant notamment montée par des enfants. Le Mongol chinois dispose d'une excellente endurance[6]. Il peut couvrir 120 km en moins de 8 heures et 28 à 30 km en 35 à 40 min[1]. La race est adaptée aux fortes amplitudes thermiques[3], allant de −50 à 35 °C[2]. L'hiver, ces chevaux creusent la neige jusqu'à 40 cm pour trouver de quoi se nourrir[1]. Ils sont élevés de façon extensive, sans accès libre à l'eau, en système nomade ou transhumant[2].

Photo montrant des chevaux allant boire dans un petit lac
Chevaux en taboun à Hulunbuir.

Types[modifier | modifier le code]

Il existe quatre types connus chez le cheval Mongol chinois : l'Abaga, le Baicha, l'Ujumqin et le Wushen[1]. Le Baicha est un petit et solide cheval de montagne proche de l'extinction, originaire du centre-ouest de la Mongolie-Intérieure. Il était jadis nommé le « cheval aux sabots de fer », grâce à son pied très sûr dans tous types de terrains[13]. Parmi ces types, les plus génétiquement proches sont l'Ujumqin et le Wushen[5], ce qui est pourtant étonnant car la distance géographique entre les deux zones d'élevage est élevée. Il est possible que cette proximité génétique résulte d'échanges de reproducteurs entre les éleveurs[14].

Abaga[modifier | modifier le code]

L'Abaga (chinois simplifié : 阿巴加马 ; chinois traditionnel : 阿巴加馬 ; pinyin : Abaga) toise en moyenne de 1,36 m à 1,40 m, et porte une robe essentiellement noire, plus rarement bai foncé[15]. Il provient de la bannière d'Abag, dans la ligue de Xilin Gol[13],[15]. Le guide Delachaux (2014) référence cette race sous le nom erroné d'« Agaba »[15]. L'ouvrage de CAB International, globalement plus fiable, mentionne bien la race sous le nom d'« Abaga »[16], de même que les publications scientifiques à ce sujet[17].

Ujumqin[modifier | modifier le code]

Le type Ujumqin (chinois simplifié : 乌珠穆沁马 ; chinois traditionnel : 烏珠穆沁馬 ; pinyin : Wū zhū mù qìn mǎ, également nommé « Wuchumutsin »[18] et « Wuzhumuqin »[3]), se trouve dans la région du Xilin Gol, à l'Est de la Mongolie-Intérieure. Considéré comme plus élégant, il atteint une taille plus élevée[12],[13],[18],[3]. Mieux conformé grâce à la qualité de l'herbe de son territoire d'origine[13], il sert essentiellement de cheval de selle[2]. Version « améliorée » du cheval mongol, il présente le type du cheval des steppes[3] et un modèle léger. Il possède une remarquable aptitude au travail[18].

Wushen[modifier | modifier le code]

Le type Wushen est assez petit, atteignant en moyenne 1,22 m[12]. Il existe environ 18 000 individus répartis dans la zone de steppes ouest et centrale de la Mongolie-Intérieure[3], en particulier dans la bannière d'Otog, vers Ordos[14]. Il a pour particularités de posséder des allures supplémentaires, et d'avoir un modèle sec[13].

Analyse génétique[modifier | modifier le code]

Le taux moyen de nucléotides mutationnel de la boucle D de l'ADN mitochondrial varie, sur quatre chevaux mongols chinois étudiés, de 3,69 %. Chez le Pur Sang, elle est de 4 %[19].

Utilisations[modifier | modifier le code]

Un homme sur un cheval dans un paysage de collines
Cavalier en Mongolie-Intérieure, vers Huitengxile.

Ce cheval sert essentiellement à l'équitation et à la production de lait de jument en Mongolie-Intérieure : les juments sont traites cinq fois par jour[3]. Le record de collecte par lactation peut dépasser les 300 à 400 kg[1]. La viande de ces chevaux peut-être consommée, représentant un produit vital pour les populations nomades[3]. Dans les autres provinces, le Mongol chinois peut être bâté[12]. Il est réputé excellent sous le bât, capable de porter de lourdes charges tout en se débrouillant par lui-même pour trouver sa nourriture[1].

Le Mongol chinois entre aussi en croisement pour faire naître des races « améliorées », notamment le Sanhe[20]. Le Sanhe est cependant génétiquement assez distant de son ancêtre[14].

Diffusion de l'élevage[modifier | modifier le code]

Photo d'un troupeau de chevaux marchant sur une piste
Une centaine de chevaux mongols chinois près de Bashang.

Entre 50 000 et 86 700 de ces chevaux sont répertoriés par la FAO en 2005. Bien que la race ne soit aucunement menacée, elle fait l'objet d'une surveillance[2].

Le mongol chinois se trouve surtout en Mongolie-Intérieure, mais aussi dans diverses régions du Nord de la Chine telles que la partie ouest du Heilongjiang[6], le Gansu, le Xinjiang et le Qinghai[2].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Le cheval mongol est présent dans la littérature chinoise moderne, à travers notamment des poèmes en langue chinoise qui font appel aux traditions ethniques mongoles, comme le poème Menggu ma rédigé en 1993 par A'ertai[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j Porter et al. 2016, p. 452.
  2. a b c d e f g h i j et k (en) « Mongolian/China », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (consulté le ).
  3. a b c d e f g h i j k l et m Hendricks 2007, p. 128.
  4. a et b Hendricks 2007, p. 126.
  5. a b c d et e Li et al. 2008, p. 1696.
  6. a b et c Hendricks 2007, p. 127.
  7. a et b Li et al. 2008, p. 1701.
  8. a b et c (en) Jacques Gernet, A History of Chinese Civilization, Cambridge University Press, , 801 p. (ISBN 0-521-49781-7 et 9780521497817), p. 250.
  9. (en) L. Mang, « Wuzhumuqin horse-outstanding species on Xilingoluo grasslands », dans China-Collection Industry, vol. 1, , p. 77-80.
  10. (en) Denis C. Twitchett et Frederick W. Mote, The Cambridge History of China, vol. 8 : The Ming Dynasty, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-24333-5 et 9780521243339), partie 2, p. 241.
  11. a et b Puel 1989, p. 28.
  12. a b c et d Puel 1989, p. 31.
  13. a b c d et e Porter et al. 2016, p. 453.
  14. a b et c Li et al. 2008, p. 1702.
  15. a b et c Rousseau 2014, p. 359.
  16. Porter et al. 2016, p. 432.
  17. (en) Wei Wang, Shenyuan Wang, Chenglin Hou et Yanping Xing, « Genome-Wide Detection of Copy Number Variations among Diverse Horse Breeds by Array CGH », PLOS ONE, vol. 9, no 1,‎ , e86860 (ISSN 1932-6203, PMID 24497987, PMCID PMC3907382, DOI 10.1371/journal.pone.0086860, lire en ligne, consulté le ).
  18. a b et c (en) « Mongolian - Ujumqin/China », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS) (consulté le ).
  19. (en) L. Mang, J. L. Li et Y. F. Shi, « Sequence comparing of mtDNA D-Loop varied region in Chinese Mongolian horse and External Thoroughbred horse », Yi Chuan = Hereditas / Zhongguo yi Chuan xue hui Bian ji, vol. 27, no 1,‎ , p. 91-94 (lire en ligne)
  20. Hendricks 2007, p. 370.
  21. (en) Yingjin Zhang, « Ethnic Mongolian Literature », dans A Companion to Modern Chinese Literature, John Wiley & Sons, , 592 p. (ISBN 1118451600 et 9781118451601).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • (en) « Mongolian / China (Horse) », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Hendricks 2007] (en) Bonnie Lou Hendricks (préf. Anthony A. Dent), « Chinese Mongolian », dans International Encyclopedia of Horse Breeds, Norman, University of Oklahoma Press, , 486 p. (ISBN 080613884X et 9780806138848, OCLC 154690199, lire en ligne), p. 126-128 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Li et al. 2008] (en) Jinlian Li, Youfei Shi, Caiyun Fan et Dugarjaviin Manglai, « mtDNA diversity and origin of Chinese Mongolian horses », Asian-Aust. J. Anim. Sci, vol. 21, no 12,‎ , p. 1696-1702 (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Mang 2002] (en) L. Mang, Mongolian man and horse, Inner Mongolia Science and Technology Press,
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453), « Chinese Mongolian », p. 452Voir et modifier les données sur Wikidata Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Puel 1989] Caroline Puel, « Où sont donc passés les chevaux chinois ? », dans Le petit livre du cheval en Chine, Favre, coll. « Caracole », , 205 p. (ISBN 978-2828903312) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Rousseau 2014] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et Niestlé, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'articleVoir et modifier les données sur Wikidata
  • [Zheng 1984] (en) Piliu Zheng, « Horses », dans Livestock Breeds of China, Food and Agriculture Organization, (ISBN 9251021856 et 9789251021859) Document utilisé pour la rédaction de l’article