Mouvement mondial des partisans de la paix — Wikipédia

Le Mouvement mondial des partisans de la paix (MMPP), qui deviendra le Conseil mondial de la paix, est une organisation pacifiste fondée et contrôlée par le mouvement communiste international (Kominform).

Historique[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

En 1948, au début de la guerre froide, suivant la doctrine Jdanov et l'orientation idéologique du Kominform, qui joue le rôle de « guide idéologique », les différents mouvements pacifistes sont appelés à se mobiliser en faveur de la paix[1].

Une première initiative pacifiste prend son essor en France dans le giron du Parti communiste, suivie par quelques intellectuels « compagnons de route » et chrétiens de gauche[2]. L’initiative française est relayée par celles d'intellectuels d'Europe centrale, qui organisent après avoir reçu l'accord d'Andreï Jdanov, un Congrès des peuples pour la paix en Pologne à Wroclaw du 25 au [2]. L’initiative semble un succès quand se présentent près de 500 délégués représentant une cinquantaine de pays, des personnalités et des intellectuels. Cependant, la virulence et l’intransigeance des communistes soviétiques imposent un recentrage vers les thèses de Moscou[1]. Les attaques de l’écrivain Alexandre Fadeïev, chef de la délégation soviétique, contre ses confrères occidentaux sont violentes ; Jean-Paul Sartre est traité de « hyène dactylographe »[3],[4]. Un manifeste est adopté en fin de congrès qui dénonce la responsabilité belliciste des puissances occidentales.

À l’été 1948, se trouve donc désormais en place le Bureau international de liaison des intellectuels pour la paix, issu du congrès de Wrocław, avec une orientation internationale et résultant déjà directement de l’action du Kominform[2]. Le mouvement mondial des partisans de la paix est créé à ce moment-là, et l'URSS s'impose comme puissance dirigeante naturelle[1].

Congrès et déclarations[modifier | modifier le code]

En avril 1949 a lieu simultanément, à Paris et à Prague, le premier congrès mondial des partisans de la paix. 72 pays sont représentés, mais la France refuse d'accorder un visa aux représentants Soviétiques et des démocraties populaires, ce qui les force à se réunir à Prague. Un manifeste est finalement adopté, au « style stalinien incantatoire » selon l'historienne Lilly Marcou. Il définit comme objectifs la disparition des armes nucléaires, la réduction des forces armées et la « lutte pour l'indépendance nationale ». Dès lors, le Kominform accorde de plus en plus d'importance au mouvement pacifiste dans ses bulletins d'informations, en faisant même de la défense de la paix la « tâche des communistes »[1].

En mars 1950 est lancé l'appel de Stockholm de 1950, contre l'utilisation de la bombe atomique, une large pétition diffusée partout dans le monde qui ne s'adresse pas seulement aux sympathisants communistes mais à tous les « hommes de bonne volonté ». L'appel est porté par des intellectuels comme Louis Aragon, Frédéric Joliot-Curie et Pablo Picasso[5]. Joliot-Curie et Jean Laffitte prennent la tête du mouvement[1].

Lors du déclenchement de la guerre de Corée, le MMPP prend rapidement position pour la Corée du Nord et soutient les initiatives diplomatiques soviétiques. Il s'empare ensuite du thème de la « lutte contre l'agression américaine en Corée »[1].

Un deuxième congrès mondial doit avoir lieu à Sheffield, mais le gouvernement britannique, alors travailliste, annule l'événement et interdit d'entrée une grande partie des délégués, considérant le congrès comme « une entreprise « purement communiste » ». Il est donc déplacé à Varsovie. Entre 1950 et 1951, le MMPP se transforme en Conseil mondial de la paix ; cette nouvelle organisation tient son premier congrès en février 1951[1].

Idéologie[modifier | modifier le code]

Dès sa création, l'accent est mis sur la préservation de la paix, mais aussi sur la promotion de l'indépendance nationale et la lutte contre l'impérialisme, notamment colonial. Le mouvement se retrouve donc enfermé dans la contradiction communiste de l'époque, selon Lilly Marcou. La « politique de la main tendue » défendue par les partis communistes se heurte à l'idéologie anti-occidentale, opposée à la social-démocratie et au titisme, prônée par le Kominform. Cela pousse des membres du mouvement, comme Charles Tillon et Fernando Claudín, à le quitter, estimant qu'il est condamné « à la paralysie et à l’inutilité » par l'influence directe des Soviétiques[1].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Lilly Marcou, « 6. La stratégie de la paix », dans Le Kominform, Presses de Sciences Po, coll. « Académique », , 289–310 p. (ISBN 978-2-7246-0381-1, lire en ligne)
  2. a b et c Pierre Milza, « Les mouvements pacifistes et les guerres froides depuis 1947 », Publications de l'École Française de Rome, vol. 95, no 1,‎ , p. 265–283 (lire en ligne, consulté le )
  3. Jean-Charles Gateau, Éluard, Picasso et la peinture : 1936-1952, Droz, 1983.
  4. Gérard Streiff, Jean Kanapa, 1921-1978 : une singulière histoire du PCF, L'Harmattan, 2001.
  5. « L'appel de Stockholm », sur perspective.usherbrooke.ca (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]