Mulhouse — Wikipédia

Mulhouse
Mulhouse
De haut en bas, de gauche à droite :
Hallebardier de la place de la Réunion -
L'El Sembrador d'Inti -
Centre commercial de la Porte Jeune - Campus de La Fonderie
Le Carnaval - Parc zoologique - Musée de l'automobile - Collection Schlumpf
Tramway devant la tour du Bollwerk - L'hôtel de ville.
Blason de Mulhouse
Blason
Mulhouse
Logo
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Grand Est
Collectivité territoriale Collectivité européenne d'Alsace
Circonscription départementale Haut-Rhin
Arrondissement Mulhouse
(chef-lieu)
Intercommunalité Mulhouse Alsace Agglomération
(siège)
Maire
Mandat
Michèle Lutz
2020-2026
Code postal
Code commune 68224
Démographie
Gentilé Mulhousien
Population
municipale
106 341 hab. (2021 en diminution de 3,65 % par rapport à 2015)
Densité 4 794 hab./km2
Population
agglomération
245 309 hab. (2021)
Géographie
Coordonnées 47° 44′ 58″ nord, 7° 20′ 24″ est
Altitude 284 m
Min. 232 m
Max. 338 m
Superficie 22,18 km2
Type Commune urbaine
Unité urbaine Mulhouse
(ville-centre)
Aire d'attraction Mulhouse
(commune-centre)
Élections
Départementales Cantons de Mulhouse-1, Mulhouse-2 et Mulhouse-3
(bureau centralisateur)
Législatives Cinquième et Sixième circonscriptions
Localisation
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Mulhouse
Liens
Site web mulhouse.fr

Mulhouse (/myluz/Écouter), en alsacien, Milhüsa ([mɪlˈhyːsɐ]), en allemand, Mülhausen, est une commune française située dans la collectivité européenne d'Alsace. Elle est la première commune du Haut-Rhin en nombre d'habitants, la deuxième d'Alsace (après Strasbourg) et la quatrième[1] agglomération[2] du Grand Est[3]. 56 %[4] des habitants de l'agglomération résident dans sa banlieue, provoquant une importante et croissante mobilité pendulaire. Son aire d'attraction[5] couvre 410 254 habitants[6],[7](53 % de la population du Haut-Rhin[8]) et sa zone d'emploi regroupe 431 337 habitants[9].

« Archétype de la ville fabriquée par les flux migratoires »[10] depuis la révolution industrielle, c'est une ville très cosmopolite[11]. Avec près de 42 % de ses habitants âgés de moins de 30 ans, Mulhouse est une des grandes villes de France métropolitaine qui a la plus forte proportion de jeunes[12]. La cité est proche de l'Allemagne et de la Suisse, avec qui elle entretient des liens importants. De ces liens est issu l'aéroport international de Bâle-Mulhouse-Fribourg (EuroAirport), le sixième plus important de France. Sur le plan des transports elle est également connectée au réseau de TGV, dispose de lignes de tramway et fait partie des 20 communes de l'agglomération mulhousienne[13] ayant l'obligation de mettre en place une ZFE-m avant le 31 décembre 2024[14].

Fondée selon la légende autour d'un moulin à eau, Mulhouse fut longtemps une cité-État qui devint en 1347 la République de Mulhouse (Stadtrepublik Mülhausen)[15]. À coups d'alliances, elle affirma son indépendance à l'égard du Saint-Empire à la fin du XVe siècle, puis adopta les idées de la Réforme protestante par l'instauration du calvinisme comme religion d'État. Propulsée dans l'aventure industrielle en 1746 et réunie à la France en 1798[16], elle devint un des premiers pôles industriels d'Europe et fut longtemps surnommée le « Manchester français »[17]. En 1812, la filature dite « vieux DMC » est construite[18] et fut longtemps un des symboles de la Révolution industrielle en Europe[19],[20], avant sa démolition en 2013[21]. En 1904, c'est le Nord de l'agglomération qui se lança dans l'exploitation minière. Cet important passé industriel forgea l'identité de la cité. Du fait de la présence de l'industrie spatiale, Mulhouse est membre de la communauté des villes Ariane.

Cette identité industrielle se traduit surtout culturellement, Mulhouse possède ainsi le plus grand musée de l'automobile du monde[22] : le musée national de l'Automobile qui contient la célèbre collection Schlumpf. Le musée Electropolis est le plus important d'Europe à être consacré à l'énergie électrique[23]. La Cité du train est le plus grand musée ferroviaire européen[24]. Moins spectaculaire, le très emblématique « Musée de l'impression sur étoffes »[25] montre une collection de tissus, de broderies, d'objets divers témoins du passé textile de la ville. Cette concentration fait de Mulhouse la « capitale européenne des musées techniques »[26],[27]. La ville conserve de manière vivace certaines de ses traditions urbaines préindustrielles, notamment son carnaval ainsi que la pratique des fresques urbaines et des trompe-l'œil qui ornent ses bâtiments anciens et laisse aujourd'hui place au street art sur les bâtiments modernes perpétuant cette tradition séculaire.

La ville est labellisée ville d'art et d'histoire[28]. Mulhouse a vu naître et grandir le capitaine Alfred Dreyfus[29], dont l'affaire coupa en deux la France entière. C'est aussi la ville natale du grand mathématicien Jean-Henri Lambert[30], du cinéaste William Wyler qui marqua l'âge d'or d'Hollywood[31] et d'Alfred Werner, prix Nobel de chimie en 1913[32]. Enfin, les volcanologues Katia et Maurice Krafft[33] furent également des Mulhousiens de renom. Terre de la Réforme[34], Mulhouse accueille en son cœur le temple Saint-Étienne qui est l'édifice protestant le plus haut de France[35]. La ville est souvent surnommée la « cité du Bollwerk »[36], qui signifie bastion en allemand. Il reste en effet un bastion, épargné lors de la suppression des fortifications de la ville au début du XIXe siècle. Il en est devenu un des symboles.

Géographie[modifier | modifier le code]

Localisation[modifier | modifier le code]

L'agglomération mulhousienne s'est développée dans l'extrême sud de la plaine d'Alsace, dans un espace situé entre les Hautes-Vosges à l'ouest, le Rhin à l'est et les collines du Sundgau annonçant le Jura au sud. La région mulhousienne est ouverte sur le reste de l'Alsace et sur l'espace rhénan au nord, ainsi que dans sa partie sud-ouest qui la relie au reste de la France par la trouée de Belfort. Elle est située au niveau du 47e parallèle nord.

Carte
Communes limitrophes de Mulhouse
Pfastatt
Lutterbach
Kingersheim Illzach
Morschwiller-le-Bas Mulhouse Illzach (quartier de Modenheim)
Brunstatt-Didenheim (ancienne commune de Didenheim) Brunstatt-Didenheim (ancienne commune de Brunstatt) Riedisheim

Site de Mulhouse[modifier | modifier le code]

La ville, située dans le sud de la plaine d'Alsace, se trouve à 30 km de la Suisse, 14 km de l'Allemagne et 20 km du massif vosgien. Mulhouse est traversée par deux cours d'eau, la Doller et l'Ill, affluents du Rhin. L'Ill traverse l'Alsace du nord au sud et a donné son nom à la région. La Doller se jette dans l'Ill au niveau de Mulhouse. À Mulhouse, l'Ill se divise en deux, une partie emprunte le canal de décharge de l'Ill et l'autre emprunte l'ancien lit à travers un réseau souterrain de rivières[37]. C'est sur les rives de ce bras que la ville s'est construite, il emprunte en souterrain les anciennes douves de la ville avant d'alimenter le Nouveau Bassin. Une partie de la Doller est déviée et traverse également la ville en souterrain grâce à un canal appelé le Steinbaechlein[38], qui lui-même se divise en deux autres canaux souterrains : un qui rejoint la Doller et l'autre qui traverse le centre-ville. Ce dernier se divise à nouveau en deux bras souterrains : un qui rejoint le Nouveau Bassin et un autre qui rejoint le canal de décharge de l'Ill[39].

Le site de Mulhouse est à l'intersection de trois régions naturelles : à l'est, la forêt de la Hardt qui est la plus grande charmaie naturelle d'Europe, à l'ouest, la plaine de l'Ochsenfeld qui comprend la forêt de Nonnenbruch et le bassin potassique et au sud, la vaste zone des collines du Sundgau. La région mulhousienne fait face aux trois vallées les plus méridionales des Hautes-Vosges : la vallée de la Lauch appelée aussi Florival, la vallée de la Thur et la vallée de la Doller, ainsi que le vallon du Rimbach. Entre ce dernier et le Florival, se dresse le Grand Ballon, le point culminant des Vosges, qui surplombe l'agglomération.

Représentations cartographiques de la commune
Carte OpenStreetMap
Carte topographique

Ville de l'Europe rhénane[modifier | modifier le code]

Mulhouse dans l'Europe rhénane.

Mulhouse est située à moins de 15 km du Rhin ; le canal du Rhône au Rhin, qui a été mis à grand gabarit entre Mulhouse et Niffer, permet de relier le fleuve au port de Mulhouse-Île Napoléon. Mulhouse est ainsi l'un des carrefours les plus importants de France. Cette position stratégique fait d'elle une ville ouverte sur l'Europe et un lieu de transit important. L'autoroute A35, longeant le Rhin, est un axe de transport important pour l'espace rhénan. Mulhouse est une ville de l'Europe rhénane, plus précisément du Rhin Supérieur. Elle est ainsi située en plein cœur de la mégalopole européenne aussi appelée banane bleue, selon le modèle qui fut proposé par Roger Brunet. Cette zone a pour particularité de ne pas être centralisée autour d'une seule grande ville tentaculaire qui attire sa périphérie comme le sont Paris ou Moscou. Elle est au contraire constituée d'une continuité de moyennes et grandes villes très proches les unes des autres et cela depuis Londres jusqu'à Milan. C'est donc un espace urbanisé polynucléaire à très forte densité de population.

Mulhouse fait aussi partie de l'espace délimité par le Pentagone Londres-Paris-Milan-Munich-Hambourg, appelé aussi pentagone des villes européennes. Cet espace correspond à seulement 20 % de la surface communautaire mais contient environ 40 % des habitants de l’Union européenne et produit la moitié du PIB total de l'Union européenne[40].

Les modèles dominants placent tous les deux Mulhouse au cœur de la zone géographique européenne qui possède à la fois la plus forte densité démographique et le plus fort poids économique. De manière générale, l'Alsace est une région très densément peuplée, avec 223 habitants/km2, contre 112,2 habitants/km2 en moyenne pour la France métropolitaine et 116 habitants/km2 pour l'Union européenne.

Mulhouse au cœur du Pentagone.
Mulhouse dans la Mégalopole européenne.

Mulhouse, métropole du Sud-Alsace[modifier | modifier le code]

Mulhouse : superposition de la Couronne périurbaine, de la banlieue, de la zone d'emploi et du périmètre de Mulhouse Alsace Agglomération.

Mulhouse est la deuxième ville d'Alsace, qui est la troisième région la plus densément peuplée[41] de France métropolitaine après l'Île-de-France et le Nord-Pas-de-Calais. La ville exerce une attractivité sur tout le Sud-Alsace. Cette zone d'attractivité est limitrophe, à l'ouest, de deux pôles de moindre importance qui lui sont contigus : l'aire urbaine de Guebwiller et l'aire urbaine de Thann-Cernay. Le triangle composé par les aires urbaines de Mulhouse, Guebwiller et Thann-Cernay est très fortement lié aussi bien par une forte proximité géographique que par une histoire commune liée à l'industrie. Au sud s'étend l'Aire urbaine de Bâle - Saint-Louis. L'agglomération de Bâle est un des pôles majeurs du Rhin supérieur et aussi le plus méridional. Également très liés économiquement et historiquement, Mulhouse et Bâle ont choisi de créer un aéroport binational commun, l'EuroAirport inauguré le , par où transitent annuellement près de 7 millions de passagers.

Au-delà de l'unité urbaine de Mulhouse se trouve sa couronne périurbaine qui est constituée des communes ayant pour résidents une majorité de travailleurs mulhousiens. Pour désigner l'ensemble constitué par l'unité urbaine de Mulhouse et sa couronne périurbaine, on parle de l'aire urbaine de Mulhouse. Cette dernière a été estimée en 1999 à 278 206 habitants[42]. Les aires urbaines de Guebwiller et Thann-Cernay sont étroitement liés socio-économiquement et bénéficient d'investissements dans le domaine des transports, comme le tram-train (2010) et les voies rapides. Le tableau suivant détaille le poids de l'aire urbaine dans le département du Haut-Rhin en 1999 :

Département Communes Communes (%) Superficie (km²) Superficie (%) Population (1999) Population (%)
Haut-Rhin 62 16,4 504,67 14,4 271 024 38,3

La notion d'aire urbaine est remplacé, de nos jours, par la notion d'aire d'attraction d'une ville. Ce nouveau zonage statistique correspond davantage aux critères internationaux utilisés pour définir et appréhender les aires métropolitaines. Ci dessus, le tableau du poids démographique de l'aire d'attraction de Mulhouse en 2020 [43]:

Département Communes Communes (%) Superficie (km²) Superficie (%) Population (2020) Population (%)
Haut-Rhin 132 36,1 1 227,1 34,5 410 008 53,4

La zone d'emploi de Mulhouse correspond à l'espace géographique continu à l'intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent. Elle est à distinguer de la notion d'aire urbaine, qui n'établit son périmètre qu'en tenant compte des communes de résidence des travailleurs mulhousiens. Ce découpage est effectué périodiquement par l'Insee et les services statistiques du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé.

Climat[modifier | modifier le code]

En 2010, le climat de la commune est de type climat des marges montargnardes, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[44]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat semi-continental et est dans une zone de transition entre les régions climatiques « Vosges » et « Alsace »[45].

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,5 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 17,7 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 642 mm, avec 8,3 jours de précipitations en janvier et 9 jours en juillet[44]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique installée sur la commune est de 11,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 747,6 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 39,4 °C, atteinte le ; la température minimale est de −21,5 °C, atteinte le [Note 1],[46],[47].

Statistiques 1991-2020 et records MULHOUSE (68) - alt : 245m, lat : 47°45'00"N, lon : 7°17'19"E
Records établis sur la période du 01-01-1955 au 04-01-2024
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −0,6 −0,5 1,9 4,7 8,9 12,4 14,1 13,8 10,2 6,7 2,7 0,3 6,2
Température moyenne (°C) 2,3 3,4 7 10,6 14,7 18,4 20,3 20 15,9 11,3 6,2 3,2 11,1
Température maximale moyenne (°C) 5,3 7,4 12 16,5 20,5 24,3 26,4 26,3 21,5 15,9 9,6 6 16
Record de froid (°C)
date du record
−20,2
13.01.1968
−21,5
10.02.1956
−17,2
04.03.1965
−6,3
07.04.1956
−3,1
01.05.1962
0,9
03.06.06
4,3
02.07.1960
4
30.08.1998
−0,6
24.09.1964
−6,7
31.10.1997
−13,4
30.11.10
−19
20.12.1981
−21,5
1956
Record de chaleur (°C)
date du record
18,3
10.01.1991
21,9
24.02.1990
26,5
31.03.21
30
22.04.1968
33,3
25.05.09
37,6
09.06.14
38,9
31.07.1983
39,4
13.08.03
34,1
11.09.23
29,7
13.10.23
24,3
07.11.15
19,9
16.12.1989
39,4
2003
Précipitations (mm) 57,9 49,2 49,9 49,9 78,2 67,8 63 67,1 61,1 69,7 58,7 75,1 747,6
Source : « Fiche 68224006 », sur donneespubliques.meteofrance.fr, edité le : 06/01/2024 dans l'état de la base
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
5,3
−0,6
57,9
 
 
 
7,4
−0,5
49,2
 
 
 
12
1,9
49,9
 
 
 
16,5
4,7
49,9
 
 
 
20,5
8,9
78,2
 
 
 
24,3
12,4
67,8
 
 
 
26,4
14,1
63
 
 
 
26,3
13,8
67,1
 
 
 
21,5
10,2
61,1
 
 
 
15,9
6,7
69,7
 
 
 
9,6
2,7
58,7
 
 
 
6
0,3
75,1
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020[48]. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[49].

Géologie et relief[modifier | modifier le code]

Le territoire de la commune se situe au sein de la plaine d'Alsace. Ce fossé rhénan d'effondrement, séparant le massif des Vosges à l'ouest de celui de la Forêt-Noire à l'est, est né il y a 65 Ma à l'occasion de l'érection des Alpes. Des fissures orientées Nord-Sud se formèrent alors ; la partie médiane s'effondra et fut envahie par la mer à l'Éocène supérieur (vers -35 Ma) et à l'Oligocène inférieur (Rupélien, vers -30 Ma)[50]. D'abord comblée par des dépôts marins qui recouvrirent le socle hercynien, la plaine accueillit le cours du Rhin qui y déposa ses alluvions fluviatiles[51], il y a un million d'années seulement[50]. Le bassin potassique est situé à la limite nord de la commune[52] et le bassin houiller stéphanien sous-vosgien s'étend à quelques kilomètres au sud-ouest[53].

Hydrogéologie et climatologie : Système d’information pour la gestion de l’Aquifère rhénan, par le BRGM :

Territoire communal : Occupation du sol (Corinne Land Cover); Cours d'eau (BD Carthage),
Géologie : Carte géologique; Coupes géologiques et techniques,
Hydrogéologie : Masses d'eau souterraine; BD Lisa; Cartes piézométriques.

Hydrographie et les eaux souterraines[modifier | modifier le code]

Cours d'eau traversant la commune :

  • Canal du Rhône au Rhin[54].
  • L'Ill[55].
  • La Doller[56].
  • Ruisseau le Steinbaechel[57].
  • Ruisseau Quatelbach[58].
  • L'Ancienne Ill (Ou Illsteinbaechlein)[59].

Paysages[modifier | modifier le code]

Le paysage de Mulhouse est avant tout urbain: « le paysage urbain est une image fragmentaire de la ville. Il est surtout la multiplicité d'images. Les paysages sont des fragments de la totalité, du réel, sectionnés par le regard (un certain regard) pour la contemplation[60] ».

Milieux naturels et biodiversité[modifier | modifier le code]

Le territoire de Mulhouse est un espace à dominante urbaine fortement artificialisé. Quelques dizaines d'hectares de terres agricoles sont encore présentes (pour l'essentiel à Dornach). Sinon, Il n'y a que peu d'enclaves naturelles : le bois du Tannenwald, une partie des berges de l'Ill ou de la Doller etc. Les jardins tant publics que privés constituent une part importante des espaces verts de la ville. Une biodiversité urbaine[61] profite particulièrement des divers espaces délaissés de la ville : bords de voie rapide ou de chemin de fer, friches et autres terrains à l'abandon. Dans ces lieux, une végétation, composée en particulier de plantes rudérales (quelquefois exotiques) permet à une petite faune de prospérer en relative quiétude : insectes, petits reptiles, oiseaux et petits mammifères. Aux limites de la ville, moins urbanisées, notamment en direction du Sundgau (Morschwiller, Brunstatt Didenheim, bois du Tannewald etc .), on peut croiser des animaux plus grands comme le chevreuil ou le sanglier.

Urbanisme[modifier | modifier le code]

Typologie[modifier | modifier le code]

Mulhouse est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 2],[62],[63],[64]. Elle appartient à l'unité urbaine de Mulhouse, une agglomération intra-départementale regroupant 20 communes[65] et 245 309 habitants en 2021, dont elle est ville-centre[66],[67].

Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Mulhouse, dont elle est la commune-centre[Note 3]. Cette aire, qui regroupe 132 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[68],[69].

Occupation des sols[modifier | modifier le code]

Carte en couleurs présentant l'occupation des sols.
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (95,2 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (89,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (57,2 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (34,7 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (3,3 %), terres arables (2,7 %), forêts (2,1 %)[70].

L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[71].

Mulhouse et sa banlieue[modifier | modifier le code]

Carte de Mulhouse et sa banlieue[modifier | modifier le code]

Carte de Mulhouse, ville intra-muros et banlieue provenant d'OpenStreetMap
Les communes sont indiquées en gras et les quartiers en italique.
(Voir l'agrandissement du centre-ville plus loin dans l'article)

Unité urbaine de Mulhouse[modifier | modifier le code]

Le chevalement Théodore à Wittenheim, le plus haut d'Europe.

L’unité urbaine de Mulhouse ou agglomération urbaine de Mulhouse correspond à l'ensemble urbain qui constitue la ville de Mulhouse au sens physique, défini par l'Insee selon le seul critère de la continuité de l'habitat[72]. En France, l'unité urbaine correspond à une commune ou un ensemble de communes dont plus de la moitié de la population réside dans une zone agglomérée de plus de 2 000 habitants dans laquelle aucune habitation n'est séparée de la plus proche de plus de 200 mètres. La notion d’unité urbaine a été définie par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en s'appuyant sur les recommandations des Nations unies[73]. Sont ainsi réputées urbaines les communes incluses dans une unité urbaine[74], les autres sont des communes rurales. Mulhouse est la 25e[1] ville de France métropolitaine en nombre d'habitants[3] résidant dans son unité urbaine avec 247 044 habitants en 2019.

Dans ses limites de 1999[75], l'unité urbaine de Mulhouse est composée de sa ville-centre : Mulhouse intra muros et de sa banlieue qui se définit comme l'ensemble de communes non comprises administrativement dans la ville-centre mais situées dans la même unité urbaine. Cette dernière rassemble la majorité de la population mulhousienne, soit davantage que Mulhouse intra-muros. Cette population est largement concentrée dans sa partie nord et très peu dans sa partie sud.

Toutes les communes de la banlieue de Mulhouse ont intégré la communauté d'agglomération centrée sur la ville-centre appelée Mulhouse Alsace Agglomération (M2A). Wittelsheim qui après avoir refusé jadis d'intégrer l'ancienne communauté d'agglomération Mulhouse Sud-Alsace intercommunalité, resta longtemps rétive à rejoindre l'EPCI, finalement elle y fut contrainte par l'arrêté préfectoral du [76],[77].

Au sein de l'agglomération, le centre-ville de Mulhouse exerce une forte attractivité sur tout le Sud-Alsace[78], c'est un pôle majeur de commerce, de services, d'équipements collectifs et d'emploi. C'est également un lieu de référence pour l'identité des habitants de l'agglomération. Il est appuyé par deux pôles secondaires structurants : les communes de Wittenheim et de Rixheim. Ces dernières jouent un rôle de ville-lisière au sein de l'agglomération. Wittenheim est la plus importante des deux et structure tout le Nord de l'agglomération, notamment grâce à une forte densité de services et d'espaces publics ainsi qu'à une surface commerciale qui est la plus importante de l'agglomération[79]. Dans une moindre mesure, Rixheim joue également ce rôle pour le Sud de l'agglomération[80].

Unité urbaine de Mulhouse en 2020
Unité urbaine de Mulhouse en 2020

Liste des communes composant la banlieue de Mulhouse[74] :

Mulhouse intra muros[modifier | modifier le code]

La commune de Mulhouse, ville-centre de l'unité urbaine de Mulhouse s'étend sur 22,18 km2 et rassemble 108 312 habitants[82], soit 44 % de la population de son unité urbaine[83]. Sa densité de population s'élève à 4 885 hab./km2[84], soit bien plus que celle de la commune de Strasbourg dans le Nord de la région. L'altitude de la commune varie entre 232 mètres et 338 mètres. Au cœur se trouve l'hypercentre (centre-ville) avec une dimension davantage commerciale dans sa partie sud qui correspond à la vieille ville et assurant les fonctions de commandement dans sa partie nord en regroupant notamment les administrations, les tribunaux, la Porte Jeune (centre névralgique de l'agglomération), la cité administrative Coehorn, la mairie, le siège de Mulhouse Alsace Agglomération, des sièges d'entreprises. En s'éloignant de l'hypercentre, on trouve des quartiers à dominante résidentielle comme Dornach, Bourtzwiller ou le Rebberg dont l'habitat plus souvent composé de maisons individuelles, se rapproche davantage des communes composant la banlieue.

Carte du centre-ville[modifier | modifier le code]

Carte du centre-ville de Mulhouse provenant d'OpenStreetMap
(Voir carte globale de Mulhouse présentée précédemment)

Quartiers de la ville-centre[modifier | modifier le code]

Mulhouse intra muros est divisé en 15 quartiers ou regroupements de quartiers. Chaque quartier organise en principe une fête qui se déroule traditionnellement en été. Les différents quartiers sont les suivants :

  • Dornach (5 684 habitants) : il s'agit d'une ancienne commune, rattachée à Mulhouse en 1914. C'est un lieu d'occupation très ancien dont le nom est de même origine que Tournai. La ville dont la population a fortement augmenté grâce au développement industriel demande en 1908 son rattachement à la commune de Mulhouse qui se réalise en 1914[85]. De type villageois, il s'agit d'un des quartiers aisés de la ville[86].
  • Coteaux (9 644 habitants) : son plan d'urbanisme est dessiné par l'architecte Marcel Lods. Le quartier est une zone franche afin d'y favoriser la création de nouveaux emplois et l'implantation de nouvelles entreprises. C'est ainsi que la ville y a installé son plus grand pôle tertiaire appelé le parc des Collines.
  • Haut-Poirier (5 123 habitants) : ce quartier est également connu sous le nom de l'Illberg qui signifie en allemand la montagne de l'Ill car il est situé sur une colline bordée par l'Ill. Il abrite le campus de l'Illberg de l'université de Haute-Alsace. C'est aussi dans ce quartier, le long de l'Ill, que se trouve l'essentiel des grands équipements sportifs de la ville : palais des sports, stade nautique, stade de l'Ill, patinoire, etc.
  • Centre historique (Vieux Mulhouse) (7 279 habitants) : la vieille ville historique est le cœur de ce quartier débordé au sud vers la Gare de Mulhouse-Ville, au nord vers la place et la rue Franklin, à l'est autour du quartier de la Porte Jeune et enfin à l'ouest par le quartier de la Fonderie. Très vivant et animé, on y trouve de nombreux commerces, restaurants et cafés, particulièrement dans le secteur piétonnier comme dans la rue du Sauvage. Au cœur du quartier se trouve aussi un des joyaux de la ville : la place de la Réunion, avec son hôtel de ville (XVIe siècle) et le temple Saint-Étienne. La palette culturelle est large avec les musées : de l'Impression sur Étoffes, historique (dans l'hôtel de ville), des beaux-arts, sans oublier les théâtres, galeries, etc. Le secteur tertiaire occupe l'essentiel des emplois de ce quartier à dominante résidentielle, dans les commerces, banques, professions libérales, services publics…
  • La Fonderie (3 338 habitants) : il doit son nom à l'implantation, à partir de 1826, d'un important site de constructions mécaniques par l'industriel André Koechlin qui abrite maintenant le campus de La Fonderie de l'université de Haute-Alsace.
  • Le Péricentre (26 990 habitants) : il regroupe, au sens strict, les secteurs Franklin, Fridolin, Briand, La Cité, Vauban, Neppert, Wolf et Wagner qui ont la particularité commune de correspondre à des secteurs d'habitations ouvriers anciens, datant de l'époque de l'industrialisation de la ville, d'être très densément peuplés (15 970 hab./km2 contre 4 883 hab./km2 pour la commune de Mulhouse), sans grands espaces verts structurants et de concentrer les difficultés sociales. Il est classé comme quartier prioritaire de la politique de la ville (QPPV). Ce quartier comprend la rue Franklin, l'avenue Aristide Briand, accueille la plus grande place de la ville : la place Franklin, une cité-jardin, ainsi que l'église Saint-Fridolin. Il est traversé par le canal de décharge de l'Ill et l'avenue de Colmar.
  • Rebberg (8 357 habitants) : ce quartier est caractérisé par un relief très marqué, ses hautes collines constituant l'extrémité nord du Sundgau. Il domine ainsi le reste de Mulhouse et la plaine de l'Ochsenfeld qui s'étend au nord-est ainsi que le massif de la forêt de la Hardt à l'est. Quartier bourgeois de la ville, il trouve ses origines dans l'essor de l'industrie textile mulhousienne. On y trouve encore aujourd'hui nombre de maisons de maître rivalisant par leur style empreints d'influences et d'époques architecturales différentes.
  • Drouot - Barbanègre (5 013 habitants) : ce quartier est composé des deux anciennes casernes Drouot et Barbanègre reconverties en logements et en village artisanal. Il inclut également les logements attenants avec un ensemble d'immeubles d'habitat social de plus de 600 logements de type habitation à bon marché (HBM) construit dans les années 1930 : « le Drouot »[87]. Un canal permettant de relier le canal du Rhône au Rhin au Nouveau Bassin sépare le sous-quartier Barbanègre de celui du Drouot.
  • Quartier Europe - Nouveau-Bassin : Ce quartier est divisé en deux sous-quartiers : la zone de l'Europe autour de la tour de l'Europe est un quartier d'affaires, un centre commercial, un centre administratif. C'est également le principal pôle de correspondance des deux lignes de tramway de la ville. Il est bordé par le centre historique au niveau de la Porte Jeune, le centre névralgique de l'hypercentre. Le Nouveau Bassin est lui surtout consacré aux loisirs (cinéma, promenade, activités sportives matinales) avec une activité tertiaire non négligeable.
  • Le Nordfeld est essentiellement une zone résidentielle située autour du Parc Salvator et se poursuit à l'est jusqu'à l'avenue Alphonse juin. À proximité du parc Salvator et de l'avenue Salengro se trouvent particulièrement de nombreuses maisons de maître et immeubles bourgeois.
  • Brustlein (3 910 habitants) : Le quartier mélange des zones résidentielles et de grandes entreprises (Clemessy, journal « l’Alsace », DMC), il est emblématique de l'histoire industrielle de la ville et a une densité de population inférieure à la moyenne de Mulhouse.
  • Daguerre (5 483 habitants) : le quartier est grosso modo délimité à l'ouest par la ligne ferroviaire Strasbourg → Bâle, au nord par une partie de l'avenue François-Mitterrand et le début de l'avenue Aristide-Briand, à l'est par le boulevard de la Marne et enfin au sud par le boulevard Stoessel. Une partie de l'habitat est ancien (1880-1920) autour de l'avenue de Lutterbach et de la rue Daguerre. Les autres immeubles du quartier datent de la 2e moitié du XXe siècle. Ces constructions modernes ont remplacé d'anciennes usines à présent démolies. C'est le cas de l'ensemble imposant de logements dit « Pierrefontaine », conçu dans les années 1970 par l'architecte mulhousien François Spoerry sur le terrain d'une ancienne entreprise de textile. D'autres friches industrielles ont été détruites : celle de la célèbre imprimerie Braun qui avait de plus, un parc remarquable devenu public. De nos jours le quartier Daguerre est un quartier essentiellement résidentiel.
  • Doller (4 897 habitants) : C'est un quartier urbanisé à partir de la fin du XIXe siècle à proximité de la gare de marchandises de Mulhouse-Nord édifiée à cette période[88].
  • Bourtzwiller (13 424 habitants) : c'est le quartier le plus peuplé de la ville après le Péricentre. Sa genèse date de la fin du XVIIIe siècle. À cette époque, un industriel du nom de Sébastien Burtz installe une tuilerie autour de laquelle se développe un hameau qui prend le nom de l'entrepreneur : d'abord Burtzdorf puis Bourtzwiller. En 1798, lorsque Mulhouse devient française, Bourtzwiller est incluse dans la commune d'Illzach. En 1928, elle se sépare d'Illzach pour devenir une commune à part entière. Très affectée par les bombardements de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la petite ville alors peuplée de 3 900 habitants vote par référendum son rattachement à Mulhouse en 1947.

En 2015, la Ville de Mulhouse revoie sa politique de démocratie participative et décide de faire passer les 16 conseils de quartiers existants (sans les remplacer formellement) en 6 conseils participatifs[89],[90] qui ne correspondent plus au différents quartiers mais à des regroupements de quartiers afin de mieux coller aux projets urbains municipaux. Ces 6 conseils participatifs sont organisés de la sorte :

  • Bourtzwiller qui correspond à l'ancien conseil de quartier éponyme.
  • Drouot-Barbanègre qui correspond aussi à l'ancien conseil de quartier regroupant les quartiers Drouot et Barbanègre.
  • Le Conseil des 8 qui représente les habitants des secteurs Wolf-Wagner, Vauban-Neppert-Sellier-Waldner et Franklin-Fridolin du quartier Péricentre.
  • Manufactures qui représente les habitants du secteur Cité-Briand du quartier Péricentre ainsi que ceux des quartiers Daguerre, Doller et Brustlein.
  • Mulhouse Grand centre qui représente les habitants du Centre Historique, de la Fonderie, du quartier Europe-Nouveau Bassin, du Nordfeld et du Rebberg).
  • West qui représente les habitants des Coteaux de Dornach et du quartier Haut-Poirier. Ces derniers[91] faisaient partie de l'ancienne commune de Dornach en 1914 (actuel quartier de Dornach) ou ont été bâtis ultérieurement sur son ancien ban communal (Haut-Poirier et Coteaux).

Morphologie urbaine[modifier | modifier le code]

Le site de la ville se trouve au débouché de l'Ill qui quitte les collines du Sundgau avant de couler vers le nord, en direction de Colmar puis de Strasbourg, et le début méridional de la plaine d'Alsace. La Doller (rivière vosgienne) rejoignant l'Ill tout au nord de la ville. L'espace est plutôt plat encadré au sud par les dernières collines sundgauvienne : Rebberg, Illberg etc.

Mulhouse en 1642; plan Merian.

Les premières traces d'une petite localité remonte à l'époque carolingienne[92]. C'est au début du XIIIe siècle, sous Frédéric Barberousse, avec la construction d'une enceinte, que l'on peut véritablement parler de ville. Cette Mulhouse médiévale originelle, était entourée de bras de l'Ill qui avait été divisée, en amont de la cité, en plusieurs canaux (Graben), rejoints en chemin, de ruisseaux dérivés de la Doller (Steinbaechlein etc.) qui formaient un rempart aquatique en sus des fortifications. Le plan de la ville ressemble alors à une amande partagée entre une ville basse centrée autour de l'actuelle place de la Réunion et une ville haute moins dense (jardins, vergers). Pendant plusieurs siècles, la ville ne sortira pratiquement pas de son noyau de départ qui avait environ 40 hectares de surface.

Lieux-dits, hameaux et écarts[modifier | modifier le code]

De nombreux quartiers de la ville ont gardé le nom de lieux-dits antérieurs à l'urbanisation. Presque exclusivement de langue allemande (traduits quelquefois en français), ces noms décrivent un espace agricole ou un milieu naturel. Quelques exemples : le Rebberg (colline aux vignes), Nordfeld (champs du nord), Hasenrain (pente aux lièvres), l'Illberg (colline de l'Ill), etc.

Logement[modifier | modifier le code]

En 2018, le nombre total de logements dans la commune était de 58 138 alors qu'il était de 55 668 en 2008. Parmi ces logements, 82,3 % étaient des résidences principales, 1,8 % des résidences secondaires et 15,9 % des logements vacants. Ces logements étaient pour 12,9 % d'entre eux des maisons individuelles et pour 86,1 % des appartements[93].

La proportion des résidences principales, propriétés de leurs occupants était de 33,6 %, en baisse par rapport à 2008 (35,9 %). La part de logements HLM loués vides était de 23,7 % contre 21 %, leur nombre étant en hausse 11 316 contre 10 160[94]

Planification de l'aménagement[modifier | modifier le code]

Le territoire communal est très fortement urbanisé, l'espace disponible vierge est faible. Pour son Plan local d'urbanisme[95] (PLU), la ville de Mulhouse[96] se doit d'utiliser pour ses aménagements urbains futurs, avant tout, des terrains qui sont a réemployer. La déprise de l'activité industrielle de ces dernières décennies a rendu de nombreux espaces disponibles. Ces friches industrielles (DMC, Fonderie, etc.) possèdent un parc important de bâtiments dont le devenir est très varié : de la réutilisation sous diverses formes à la démolition complète. La ville veut également rendre le cadre de vie plus agréable : mise en avant des espaces verts avec en particulier le projet « Mulhouse Diagonales[97]», le développement des mobilités douces, l'amélioration du bâti existant etc. Mulhouse veut entrer dans le concept de « ville du quart d'heure[98].

Projets d'aménagement[modifier | modifier le code]

De nos jours, tant par la volonté de protection des espaces non urbanisés et par la nécessité de réemployer des espaces disponibles d'îlots et de friches (souvent liés au passé manufacturier de Mulhouse). La ville concentre ces efforts d'aménagement dans la réorganisation du tissu urbain existant avec des programmes de logements, d'équipements publics ou d'immobilier d'entreprise. Le tout englobé par une ferme volonté de faire de la ville avec la mise en avant de la nature et des mobilités douces « une ville de nature et de bien‐être »[99]. Plusieurs grands secteurs sont concernés par ces aménagements urbains:

  • La Fonderie, quartier au sud-est de la ville. Il tire son nom de la Société alsacienne de constructions mécaniques (SACM) (aujourd'hui Wärtsilä), entreprise mulhousienne vieille de près 200 ans. Le quartier, faubourg de la vieille ville s'était développé autour de ce grand ensemble d'usines. De nos jours, il reste encore une activité industrielle répartie dans quelques bouts de l'ancienne usine. Car depuis les années 1990, pour le redynamiser, l'essentiel du site (proprement dit de la SACM) a été transformé ou arasé. De nombreux bâtiments industriels ont ainsi retrouvé ou retrouvent une nouvelle utilisation. Le grand bâtiment où se trouvait la fonderie (qui donne le nom éponyme du quartier) qui était une immense halle, a été réhabilité et abrite aujourd’hui la faculté des lettres de l’université de Haute-Alsace, une bibliothèque universitaire, les archives de la Ville et le centre d’art contemporain nommé la « Kunsthalle »[100]. Parmi les édifices industriels restaurés, il y a celui qui accueille KM0 (point zéro de la première ligne de chemin de fer en Alsace en 1839[101]) qui se veut être un « écosystème dédié à la transformation digitale de l'industrie[102]». Une autre bâtisse de la fabrique a été transformé en logements (36 lofts) « l'Atelier »[103]. D'autres rénovations sont en cours ou se réaliseront d'ici 2030[104],[105]. Dans le périmètre de l'ancienne SACM, le marché du logement neuf est aussi dynamique. Dans le quartier Fonderie, dont l'habitat est souvent antérieur à 1914, un programme de rénovation urbaine est engagé depuis 2022. Il comporte de la réhabilitation, de la démolition et de la construction neuve. Il sera accompagné d'une meilleure adéquation des rues avec les « mobilités douces » et d'un embellissement à dominante végétale. De nouveaux cheminements devraient relier le quartier (site de l'usine compris) au proche cœur de la ville[106].
  • Mulhouse Diagonales[107], projet d'aménagement paysager démarré en 2018, vise à redonner sa place à la nature et à l’eau à travers la ville. Cela en réaménageant 10 km de berges autour des différents cours d'eau de la ville, en premier lieu le long canal dit de « décharge des eaux de l'Ill » qui traverse la ville du sud-ouest au nord-est en diagonale donnant le nom global á l'opération d'urbanisme. L'objectif voulu, est de permettre aux habitants : d'accéder aux berges par de nouveaux cheminements à pied et à vélo, de créer de nouveaux espaces de détente, de promenades et de loisirs, insérer des ilots de fraicheur au sein des quartiers et les relier entre eux.
  • Quartier gare TGV[108],[109], l'arrivée du tramway (mai 2006) et du TGV Rhin-Rhône (décembre 2011) conforte la gare centrale comme le pôle intermodal principal de Mulhouse et de l'agglomération. Pour cela, à la fin de la décennie 2000, les collectivités locales (Ville, M2A) décide de créer un quartier d'affaires qui doit profiter de l'interconnexion des différents modes de transports et de la proximité du centre-ville (services, agrément etc.).

Voies de communications et transports[modifier | modifier le code]

Mulhouse bénéficie d'une situation géographique privilégiée, qui en fait un important carrefour européen, à l'intersection de quelques-uns des principaux axes de communication du continent. En effet, l'agglomération est située sur l'axe Allemagne-Lyon-Méditerranée et sur la ligne ferroviaire à grande vitesse Rhin-Rhône.

Du fait de sa proximité avec l'Allemagne et la Suisse, la ville se devait, dès les années 1970, de se doter d'un réseau autoroutier digne d'une région tri-nationale. Elle a par la suite développé davantage son réseau de transport urbain en se dotant de plusieurs lignes de tramway, d'une ligne de tram-train et de vélos en libre service.

Autoroutes et voies express[modifier | modifier le code]

Mulhouse dispose d'un important réseau de routes rapides, aussi bien sous forme autoroutière que de 2x2 voies. Les autoroutes A35 et A36 se croisent au nord-est de la ville (à Sausheim) grâce à un des rares échangeurs autoroutiers à trois niveaux en France, offrant un accès aisé vers Strasbourg, Colmar, l'Allemagne, la Suisse et le reste du pays. La voie rapide D430 dessert le nord de l'agglomération et relie Mulhouse à Guebwiller en passant à Kingersheim, Wittenheim, Bollwiller et Soultz. La voie rapide N66 dessert la vallée de la Thur. Mulhouse se trouve ainsi à un quart d'heure des vallées vosgiennes les plus proches. Plus de 400 000 personnes se déplacent chaque jour dans l'agglomération mulhousienne, c'est donc pour faire face à cet accroissement constant de la circulation automobile que l'agglomération met en œuvre de nombreux projets comme le tram-train et la déviation sud. Ce réseau de communications dense permet à Mulhouse de nourrir des relations transfrontalières très développées avec Bâle et Fribourg. Ces infrastructures express sont complétées de parkings en ouvrage et d'une large offre de stationnement urbain ce qui facilite l'accès au centre-ville. Mulhouse est la première ville de France à lancer le paiement de stationnement par SMS afin de pouvoir facilement prolonger son stationnement à distance[110].

En , un tunnel de 340 mètres de long a été creusé sous la gare de Mulhouse pour faire partie de la voie de contournement au sud de la ville. Ouvert en [111] à la circulation, il est prévu pour une fréquentation de 15 000 véhicules par jour[112]. Le système initial de ventilation des fumées trop bruyant a été désactivé en l'absence de fumée et ne fonctionne plus qu'une heure par jour pour renouveler l’air du tunnel et lutter contre l’humidité et le dépôt de particules fines[113].

Transport urbain et périurbain[modifier | modifier le code]

Réseau de tramway urbain[modifier | modifier le code]
Plan du réseau.
Rame Citadis 302 de Soléa.

La première ligne du tramway de Mulhouse a été inaugurée le , elle reliait la Porte-Jeune à Dornach. D'autres lignes suivirent. Dans un premier temps, le réseau n'était pas électrifié, les premières voitures étaient tirées par des locomotives à vapeur[114]. Comme dans beaucoup de villes françaises, ce premier réseau a disparu, victime de la concurrence de l'automobile, le dernier tramway ayant circulé à Mulhouse en 1957. Le tramway disparait de Mulhouse pendant près d'un demi-siècle, remplacé par le bus. Le réseau moderne du tramway de Mulhouse, inauguré en 2006, compte actuellement trois lignes et une ligne Tram Train reliant Gare Centrale à la Gare de Thann-Saint-Jacques[115]. Les particularités du tramway de Mulhouse sont que ses couleurs (jaune, noir et rouge) et la forme de son nez sont issues d'une consultation de la population. Une première extension, fin 2006, a conduit à la création de trois nouvelles stations vers le nord pour irriguer l'ensemble du quartier de Bourtzwiller depuis le . Une seconde extension doit permettre d'atteindre les communes de Kingersheim et Wittenheim situées dans la banlieue nord, ainsi que le quartier Drouot à l'est de la ville. Ces deux extensions vont permettre au réseau, dit urbain, d'atteindre 20 km de longueur. La démographie de l'agglomération mulhousienne est très inégalement répartie, la population étant en effet davantage concentrée dans le nord de l'agglomération. Ces deux extensions se feront à une date indéterminée après le report sine die par Mulhouse Alsace Agglomération (M2A) pour raisons financières le du planning prévu (2011/2013).

Tram-train[modifier | modifier le code]
Rame Avanto Siemens du tram-train mulhousien.

Le tram-train Mulhouse Vallée de la Thur irrigue depuis le le nord-ouest de l'agglomération et la vallée de Thann. Suivant le modèle de Karlsruhe, le tram-train est un véhicule hybride entre le tramway urbain et le train, apte à circuler à la fois sur des voies de tramway en centre-ville et sur le réseau ferroviaire régional, afin de relier sans rupture de charge des stations urbaines et des gares péri-urbaines. Les véhicules utilisés à Mulhouse sont des Avanto de Siemens. Ils sont aptes à rouler sur le réseau ferré national français aussi bien que sur des réseaux de tramway urbains : ils sont bicourants 750 V et 25 kV-50 Hz, la caisse est renforcée par rapport à un tramway classique et le gabarit est adapté. Le tram-train de Mulhouse est le premier tram-train interconnecté de France. Il permet aux habitants de Wittelsheim, Thann et Cernay de se rendre au centre-ville de Mulhouse et inversement sans changer de moyen de transport. En desservant onze stations urbaines, il permet également de rejoindre sans rupture de charge des zones de l'agglomération qui auraient nécessité une ou plusieurs correspondances. De plus, il est une alternative à l'automobile car la saturation de la N66 est un des gros problèmes de la vallée de la Thur.

Réseau de bus[modifier | modifier le code]
Mercedes-Benz O 405 N de Soléa.

Par ailleurs, un réseau de bus, exploité par l'entreprise Soléa, dessert l'ensemble de l'agglomération mulhousienne. Le réseau a été réorganisé en 2006 avec l'arrivée du tramway et autour de celui-ci avec des « pôles de correspondance » dont les plus importants sont la gare centrale, la Porte Jeune et la place du Rattachement. Soléa compte, en 2022[116], 24 lignes de bus, 930 arrêts et dessert les 39 communes de l'agglomération. Le réseau Soléa est en interconnexion avec d'autres compagnies de transports en commun pour la banlieue lointaine. Des services plus spécifiques sont également assurés[117]: « Filea » service de transport à la demande, « Domibus » pour les personnes à mobilité réduite, « Chronopro » et uniquement dans le centre-ville, circulent deux navettes électriques gratuites. Depuis 2021, les personnes âgées, de plus de 65 ans, qui habitent la ville de Mulhouse bénéficient de la gratuité du transport[118].

Autopartage[modifier | modifier le code]

L'association Citiz Alsace gère plusieurs stations d'autopartage depuis 2001, notamment au centre-ville[119]. Douze stations Citiz existent à Mulhouse, dans les quartiers : cité administrative, Ballon, Brustlein, Buffon, Dornach, Fonderie, Gare (pont d'Altkirch et musée), Grand Rex, Nordfeld, Trois Rois et Palais des Sports[120],[121].

Vélo en milieu urbain[modifier | modifier le code]

Pyramide de la mobilité, proposée par le projet européen Share North[122].
Infrastructures[modifier | modifier le code]

Mulhouse fait partie du Club des Villes Cyclables, elle possède un réseau cyclable de 86 km dont 46 km de pistes cyclables et 40 km de zone 30 et rues piétonnes. De nombreuses rues sont dotées de sas vélos aux carrefours à feux et de double-sens cyclables. Les usagers ont à leur disposition 4 400 arceaux[123]. Le transport des vélos est autorisé dans les tramways en dehors des périodes de pointe, ce qui permet une complémentarité des différents moyens de transport mis en place. Des espaces de stationnement importants, de 15 à 50 emplacements, comme en centre-ville, rue du Ballon, place de la Concorde et place de la Réunion ponctuent l'espace urbain. À cela s'ajoutent les parcs à vélos surveillés comme celui à côté de la gare, où se trouve un abri sécurisé de 200 places[124]. Depuis 2021, des espaces dédiés dans deux parkings souterrains du centre-ville, Porte Jeune 36 emplacements et Centre 30 emplacements avec quelques bornes pour vélo à assistance électrique, ont été aménagés[125].

Mulhouse ayant par rapport aux villes voisines proches comme Strasbourg, un réseau moins développé et une pratique moins forte de la bicyclette[126], la municipalité a pour objectif de favoriser l'usage du vélo dans les prochaines années[127]. Cette volonté est poussée par des associations de promotion des cycles en milieu urbain[128] qui militent activement (depuis le milieu des années 1980) afin d'inciter les pouvoirs publics à augmenter la part modale du vélo.

En 2024, ouvrira la « cité du vélo »[129],[130] un lieu associatif qui regroupera tous les services liés au vélo (information, location, réparation, etc.). Le local de 500 m² est situé en plein centre ville, à côté du conservatoire, près de la Porte Jeune.

Vélopartage[modifier | modifier le code]

À l'image du vélo'v lyonnais ou du vélib' parisien, Mulhouse s'est dotée d'un système de vélos en libre-service : 240 vélos répartis sur 41 stations sont disponibles à la location dans le cadre du service « VéloCité ». Vélocité est la version mulhousienne du système Cyclocity développé par JCDecaux. Les vélos sont accessibles 24 h sur 24, tous les jours y compris les dimanches et jours fériés. En 2020, Velocité réalise plus de 1000 locations par jour. En plus des utilisateurs occasionnels, 4000 personnes sont abonnés au service[131]. À côté du système de location en libre service, Mulhouse dispose également d'un service de location de vélos classiques et de vélos à assistance électrique (VAE) baptisé Médiacycles (anciennement, « Locacycles »). À la gare, l'association Médiacycles se charge de garder des vélos des personnes se rendant à Mulhouse en train ou utilisant le combiné vélo + train. Elle propose aussi un service de marquage anti-vol Bicycode.

Tourisme cycliste : véloroutes et voies vertes[modifier | modifier le code]

EuroVelo 6 - Atlantique/Mer Noire[modifier | modifier le code]
Balisage de l'EV6.
Tracé de l'EV6.

L'EuroVelo 6 ou EV6, également connue sous le nom d'« Eurovéloroute des Fleuves », est une véloroute de type EuroVelo reliant Saint-Nazaire à Constanța[132]. C'est la plus célèbre des véloroutes européennes. Elle est longue de 3 653 km, et traverse l'Europe d'Ouest en Est, de l'océan Atlantique à la mer Noire en passant par dix pays. Elle suit l'itinéraire de trois des plus grands fleuves européens : la Loire, le Rhin et le Danube en établissant des liaisons par le canal du centre, la Saône, le Doubs et le canal du Rhône au Rhin.

Dans la région mulhousienne, le tronçon est une piste cyclable en site propre sur l'ancien chemin de halage, le long du canal du Rhône au Rhin.

Itinéraires EuroVelo
Nombre d'itinéraire Nom d'itinéraire Passages par ces villes Par ces pays Longueur (km)
EV6 L'océan Atlantique vers la mer Noire (Itinéraire des Fleuves) Saint-Nazaire - Nantes (EV1)- Angers - Tours (EV3) - Orléans (EV3) - Nevers - Chalon-sur-Saône - Besançon - Montbéliard - Mulhouse - Bâle (EV5) - Passau - Ybbs (EV7) - Linz - Vienne (EV9) - Bratislava - Budapest - Belgrade (EV11) - Bucarest - Constanța Drapeau de la France France, Drapeau de la Suisse Suisse, Drapeau de l'Allemagne Allemagne, Drapeau de l'Autriche Autriche, Drapeau de la Slovaquie Slovaquie, Drapeau de la Hongrie Hongrie, Drapeau de la Croatie Croatie, Drapeau de la Serbie Serbie, Drapeau de la Bulgarie Bulgarie, Drapeau de la Roumanie Roumanie
3 653
EuroVelo 5 - Via Romea Francigena[modifier | modifier le code]

L'EuroVelo 5 suit le chemin de pèlerinage de la Via Francigena. Cette véloroute, longue de 3 900 km, va de Londres à Rome en traversant six pays. En Alsace, elle longe le Rhin jusqu'à Bâle.

- EuroVelo itinéraires
Nombre d'itinéraire Nom d'itinéraire Passages par ces villes Par ces pays Longueur (km)
EV5 Via Romea Francigena (pèlerinage sur la Via Francigena) Londres (EV2) - Cantorbéry - Calais (EV4) - Bruxelles - Namur (EV3) - Luxembourg - Strasbourg - Bâle (EV6) - Luzerne - Milan - Piacenza (EV8) - Parme - Florence (EV7) - Siene - Rome (EV7) - Brindisi Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni, Drapeau de la France France, Drapeau de la Belgique Belgique, Drapeau du Luxembourg Luxembourg, Drapeau de la Suisse Suisse, Drapeau de l'Italie Italie
3 900

Réseau ferroviaire[modifier | modifier le code]

Plan du réseau TER Alsace.

La ligne Bâle – Mulhouse – ColmarStrasbourg (TER Alsace) est l'une des lignes les plus fréquentées de France. La gare de Mulhouse-Ville voit passer chaque jour 17 400 voyageurs. Depuis , le TGV Est (LGV Est européenne) a permis à Mulhouse d'être à trois heures cinq de la gare de l'Est. En , Mulhouse a accueilli son deuxième TGV : le TGV Rhin-Rhône, qui a mis la ville à environ deux heures quarante minutes de Paris (gare de Lyon), deux heures cinquante minutes de la gare de Lyon-Part-Dieu et quatre heures quarante minutes de Marseille-Saint-Charles. La gare était déjà desservie par un TGV par jour, qui reliait Strasbourg à Marseille-Saint-Charles. Enfin, une rocade ferroviaire complète entoure la ville, et des lignes très fréquentées vont vers les directions de Belfort, Colmar et Strasbourg, Bâle et Thann. Un service ferroviaire vers Müllheim et Fribourg-en-Brisgau est rétabli depuis . Le terminus parisien de tous les trains pour Mulhouse et l'Alsace du Sud est la gare de Lyon depuis , et non plus la gare de l'Est.

Une ligne TGV serait actuellement à l'étude pour un trajet Mulhouse – Lyon (branche sud de la LGV Rhin-Rhône) afin de réduire encore les temps de trajets, mais celle-ci s'avère compromise par les derniers plans d'équipement nationaux revus à la baisse.

Réseau fluvial[modifier | modifier le code]

Canal du Rhône au Rhin - Mulhouse est indiqué par Mo.
Port de plaisance sur le canal Rhin-Rhône.

Le canal Rhin-Rhône permet une liaison avec le Rhin. Le canal relie en réalité le Rhin à la Saône sur sa partie navigable, la Saône rejoignant à son tour le Rhône. L'enjeu de cette infrastructure est de connecter les ports maritimes du nord de l'Europe (Hambourg et Rotterdam) avec ceux de la Méditerranée, notamment celui de Marseille. Claude-François Perret en a été le maître d'œuvre. Les premiers coups de pioche ont été donnés dans les départements de Côte-d'Or et du Doubs en 1784. En 1833, il fut mis en service sur toute sa longueur. À partir de 1882, le gabarit du canal est augmenté pour permettre la circulation des péniches de 300 tonnes. Il a été mis à grand gabarit dans sa partie orientale, entre Niffer et Mulhouse, ainsi qu'entre Montbéliard et Étupes. La mise en grand gabarit complète de la liaison fluviale est un projet ancien qui a connu de nombreuses vicissitudes[133]. À l'heure actuelle, cette idée n'est plus envisagée. La célèbre EuroVelo 6 qui traverse toute l'Europe reliant l'Atlantique à la mer Noire emprunte les pistes cyclables aménagées le long de ce canal. Les ports de Mulhouse-Rhin[134] regroupent trois ports : le port de l'Île Napoléon à Illzach, le port d'Ottmarsheim et le port de Huningue. Ce port est, en 2014, un des premiers ports fluviaux de France avec plus de 8,4 millions de tonnes de fret (trafics ferroviaire et routier inclus)[135]. On y trouve le plus grand portique à conteneurs français. Un port de plaisance se situe dans le quartier de la Gare Centrale de Mulhouse.

Aéroport international de Bâle-Mulhouse-Fribourg[modifier | modifier le code]

L'EuroAirport éclairé de nuit.

L'aéroport international de Bâle-Mulhouse-Fribourg (EuroAirport) est un des seuls aéroports binationaux au monde (avec celui de Genève)[136], il comprend en effet une partie suisse et une partie française. Cette mise en commun de niveau européen fait de Mulhouse la sixième ville aéroportuaire de France[137] en nombre de passagers. La plate-forme comporte une zone douanière suisse, reliée à Bâle par une route douanière. Il s'agit du septième aéroport français en nombre de voyageurs et du deuxième en volume de fret. L'aéroport a souffert de la faillite de Swissair mais sa fréquentation a pu redémarrer grâce à l'installation d'une base de la compagnie aérienne easyJet. Cette installation a permis à l'EuroAirport un gain considérable puisque le trafic est passé de 2,49 à 9,08 millions de passagers entre 2004 et 2019[138]. Son infrastructure est capable d'accueillir 10 millions de passagers et dessert en 2021 plus de 70 destinations par une quarantaine de compagnies[139]. En 2014, la compagnie easyJet assure 55 % du trafic régulier, soit 42 %[139] du trafic total à elle seule. La présence de la compagnie permet à l'Euroairport de disposer d'une offre low-cost couvrant toute l'Europe, confortant ainsi la dimension européenne de la plate-forme. Il est situé sur la commune de Saint-Louis et dessert principalement les régions de Bâle en Suisse et de Mulhouse, de Belfort et de Montbéliard en France et, dans une moindre mesure, celle de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne. Les compagnies aériennes régulières présentes sont :

Énergie[modifier | modifier le code]

Risques naturels et technologiques[modifier | modifier le code]

Risques naturels[modifier | modifier le code]

Risque inondation[modifier | modifier le code]

Le risque d'inondation de Mulhouse à la suite d'une crue de l'Ill, en amont de la ville, est un problème historique ancien avec moult inondations dans le passé[140]. Ce risque a été en partie réglé, au XIXe siècle, par le percement du « canal de décharge des eaux de l'Ill ». Malgré tout, avec les changements climatiques en cours, les risques qui semblaient lointains redeviennent plausibles. Les autorités restent attentives et un programme de travaux[141] reliant l'Ill au Canal du Rhône au Rhin est en cours pour minimiser le danger.

Risque sismique[modifier | modifier le code]

Mulhouse est situé en zone sismique 3 soit modérée (zone 3 sur 5 du zonage mis en place en mai 2011)[142],[143]. Cela implique un certain nombre de normes s’appliquant dès la conception d’un projet de construction.

Risques technologiques[modifier | modifier le code]

Les risques technologiques principaux sont liés à l'activité industrielle chimique (au sens large). Si à Mulhouse, cette industrie à maintenant disparu, la pollution liée à d'anciennes usines peut poser un problème[144].

Actuellement, dans un rayon de 15 km partant du centre de la ville, on trouve la très grande majorité des seize établissements industriels classés « Seveso seuil haut » et des sept établissements classés « Seveso seuil bas » du Haut-Rhin[145], y compris les activités liées au stockage de produits pétroliers.

Deux pôles principaux concentrent les activités présentant un risque : le pôle allant de Chalampé à Hombourg (le long du canal d'Alsace) et l'entrée de la vallée de la Thur de Cernay à Thann.

La proximité de la centrale nucléaire de Fessenheim, située à moins de 25 Kilomètres de Mulhouse, avant son arrêt définitif (le 30 juin 2020) et l'évacuation définitive du combustible (en 2023) pouvait poser des problèmes potentiels de sécurité nucléaire[146]. La distribution de pastilles d'iode aux habitants de communes au nord de l'agglomération (rayon de 20 km autour de la centrale), en prévention d'un risque radioactif, était encore à l'ordre du jour ces dernières années[147]. Le site dit «StocaMine» situé à Wittelsheim. StocaMine est le nom d'une filiale (défunte) de la société des Mines de potasse d'Alsace[148] créée pour encadrer la transformation de l'ancien puit de la mine de potasse Joseph-Else[149], en un centre de stockage de déchets de « classe 1 » (déchets dangereux) et « classe 0 » (déchets hautement toxiques), sous forme d'un « stockage souterrain de déchets ultimes en couches géologiques profondes.

C'est le seul site, à ce jour, avoir été légalement autorisé à recevoir des déchets de « classe 0 » en couches géologiques profondes[150], en France métropolitaine. Le stockage n'a eu lieu que de 1999 à 2002[Note 4]. L'enfouissement est stoppé en 2004 après un incendie de déchets toxiques qui n'a pu être maîtrisé qu'après deux mois. Stocamine doit continuer à faire l'objet d'un suivi et éventuellement du retrait et retraitement correct des déchets en surface[151]. En , après enquête publique, le préfet du Haut-Rhin a finalement réautorisé le stockage illimité des déchets enfouis dans le site, mais après l'extraction de 93 % des déchets de mercure encore présents[152]. Les débats sur le devenir des 42 000 tonnes de matières dangereuses sont récurrents[153].

Qualité de l'environnement[modifier | modifier le code]

Toponymie[modifier | modifier le code]

Panneau bilingue.

Le nom Mulhouse est l'adaptation française du nom Mülhausen en allemand (Mühl : moulin et Hausen : maisons), soit les maisons du (ou au) moulin[154],[155]. En l'an 803, la cité apparaît sous le nom de Mulinhuson[156]. De l'an 1347 à 1798, elle est connue sous le nom de Stadtrepublik Mülhausen (littéralement : république urbaine ou ville-république de Mulhouse), traduit couramment en français par république de Mulhouse. Lorsque la Stadtrepublik signe son traité de Réunion, son nom n'est dans un premier temps pas francisé et elle devient la commune française de Mulhausen[157]. En 1848, son nom est francisé pour devenir Mulhouse. Le nom allemand est toujours utilisé dans les pays germaniques, de même qu'en Alsace sous sa forme dialectale. De 1871 à 1918, les autorités impériales allemandes la rebaptisent Mülhausen im Elsass pour la distinguer de son homonyme Mühlhausen en Thuringe. Elle reprend son nom francisé lorsque l'Alsace-Lorraine réintègre la république française en 1919. La ville est appelée Mìlhüsa en alsacien[158].

Légende de la naissance de Mulhouse[modifier | modifier le code]

Peter Becker, Fondation légendaire de Mulhouse.

Selon une première légende[159], en 58 av. J.-C., Jules César arriva en Alsace par la trouée de Belfort afin de bouter les Germains au-delà du Rhin. Les troupes des Germains étaient dirigées par le roi suève Arioviste. Les deux armées les plus redoutables de l'époque s'affrontèrent dans un terrible combat dans le Sud de l'Alsace dans l'actuel lieu-dit de l'Ochsenfeld entre Wittelsheim et Cernay. L'armée d'Arioviste fut vaincue et les Romains victorieux pourchassèrent et massacrèrent les Germains dans toute la plaine[160]. Une autre légende, reprenant des éléments similaires, place la naissance de Mulhouse en , lorsque l'armée d'Attila (nommé en allemand Etzel), ravagea la région. Quelles que soient la version et la date, la deuxième partie de la fondation légendaire de Mulhouse est la même. Un jeune guerrier qui fuyait les combats et tentait de regagner le Rhin, aurait alors été retrouvé blessé près d'un moulin à eau, à l'emplacement actuel de Mulhouse. La fille du meunier l'aurait recueilli et se serait mariée avec lui[161], entre-temps d'autres soldats en errance vinrent les y rejoindre et se marièrent eux aussi avec des femmes de la région. Ils s'établirent autour de la maison du moulin. Leurs descendants seraient donc les Mulhousiens. Ce qui explique également que le blason de la ville représente une roue de moulin à eau.

Emblème : la Roue de Mulhouse[modifier | modifier le code]

Les grandes armes de Mulhouse

À gauche :
Les grandes armes de Mulhouse représentent la Roue de Mulhouse en blason tenue par deux lions au-dessus duquel se tient une couronne murale.
Elles se blasonnent ainsi : « D'argent, à une roue de moulin de gueules, supportée par deux lions d'or, surmontée d'une couronne murale à cinq tours, soutenue d'un ruban d'argent au nom de la ville de Mulhouse »

Les Armes de Mulhouse

À gauche : Armes parlantes (En allemand Mülhausen signifie les maisons du moulin).
Les armes de Mulhouse représentent la Roue de Mulhouse[162]. C'est en fait la roue d'un moulin à eau, la ville ayant été fondée, d'après la légende, autour d'un moulin à eau. Elles se blasonnent ainsi : « D'argent à une roue à huit aubes de gueules »


À droite :
Le drapeau mulhousien est flammé de vingt pièces rouges et blanches avec un canton armorié qui reprend la Roue de Mulhouse. Il fut le drapeau officiel de la République de Mulhouse jusqu'à la Réunion en 1798.

Le drapeau de Mulhouse

Fait curieux, la roue à aubes, emblème de Mulhouse, se retrouve sur l'emblème de la compagnie maritime rochelaise Delmas (ultérieurement Delmas-Vieljeux), après qu'Émile Delmas, époux de la mulhousienne Irma Thierry, ayant opté pour la France, eut rejoint cette compagnie en 1873, lui apportant un capital substantiel[163].

Périphrases et surnoms désignant Mulhouse[modifier | modifier le code]

  • La Cité du Bollwerk[164], du nom d'une tour vestige d'avant l'industrialisation.
  • La capitale européenne des musées techniques[165], en raison du nombre de musées industriels de dimension internationale que la ville compte.
  • Le Manchester français[166], car Mulhouse était un des plus grands pôles industriels d'Europe.
  • La ville aux cent cheminées[167], en raison des anciennes cheminées d'usines en briques rouges qu'on pouvait voir dans toute la ville, clin d'œil à Prague, autre ville de la Mitteleuropa surnommée « la ville aux Cent Clochers ».
  • Le surnom de ses habitants : le Wackes ou Milhuser Wackes[168]. En dialecte alsacien, le personnage représentatif du mulhousien, un peu canaille, rebelle, roublard (à l'instar du Titi parisien) qui est le contraire des villageois des alentours et des autres Alsaciens (en général) plus dociles et naïfs.
  • La ville aux 136 nationalités, expression souvent employée, depuis les années 2000[169],[170],[171], pour désigner la grande diversité de la population mulhousienne. À l'origine, c'est un leitmotiv lancé par une association citoyenne « Mulhouse j'y crois[172] » pour contrecarrer les préjugés xénophobes.

Histoire[modifier | modifier le code]

De la préhistoire à l'Antiquité[modifier | modifier le code]

Les environs de Mulhouse sont habités depuis le Paléolithique mais le site même qu'occupe la ville aujourd'hui ne présentait pas assez d'avantages pour qu'une agglomération s'y constituât.

Des restes préhistoriques ont été retrouvés aux alentours de Ferrette, de Bollwiller, d'Eguisheim et dans la grotte d'Oberlag dans le Sundgau. Ils datent du Paléolithique supérieur, en particulier du Magdalénien. Les recherches archéologiques ont détecté une présence humaine sur les collines autour de Mulhouse vers 5000 av. J.-C. Au IIe millénaire av. J.-C., les Celtes arrivèrent en Alsace. L'oppidum du Britzgiberg, situé à Illfurth, au sud de Mulhouse fut aménagé par les Celtes au VIIe siècle av. J.-C.[173], durant la période de Hallstatt. Du Ve siècle au Ier siècle av. J.-C., l'Alsace était divisée entre deux tribus celtes : les Séquanes au sud et les Médiomatriques au nord plus ou moins supplantés par les germano-celtes triboques.

Bataille de l'Ochsenfeld[modifier | modifier le code]

Bataille de l'Ochsenfeld opposant Jules César à Arioviste.

La bataille de l'Ochsenfeld se déroula à l'ouest de Mulhouse et opposa en l'armée romaine menée par Jules César à une coalition de Germains menée par Arioviste, les Séquanes ayant fait appel à Arioviste et engagé leur troupes Suèves en tant que mercenaires.

Il semble qu'Arioviste traversa le Rhin vers , ainsi que des populations suèves des vallées du Neckar et du Main. Au fil des années, les peuples germaniques traversèrent le Rhin et atteignirent près de 120 000 personnes. Les Éduens et les Séquanes tentèrent d'affronter les Germains mais furent sévèrement battus. Les Séquanes furent les principales victimes de l'invasion germanique. Les Éduens envoyèrent alors des ambassadeurs à Rome réclamer de l'aide, le Sénat romain leur octroya le titre d'« ami du peuple romain ». Jules César, nommé Consul des Gaules en s'efforça de convaincre le chef germain de suspendre ses interventions en Gaule[174],[175],[176],[177]. Cependant ce dernier continua de harceler ses voisins gaulois et invita d'autres tribus d'outre-Rhin à le rejoindre en Alsace. Les Éduens et Séquanes en appelèrent à César qui décida de repousser Arioviste, estimant qu'il était dangereux pour l'avenir de la République romaine de laisser les Germains traverser le Rhin en grand nombre. Il pénétra en Alsace en entrant par la trouée de Belfort et affronta Arioviste. Des fouilles entreprises entre Cernay et Wittelsheim ont permis dans les années 1970 de mettre au jour les vestiges d'un camp romain sur la plaine de l'Ochsenfeld[178] mais la localisation précise de la bataille finale reste indéterminée[179]. La bataille vit la victoire des Romains commandés par Jules César, général et proconsul des Gaules, sur le chef suève Arioviste, chassant les Germains de l'autre côté du Rhin. Arioviste, blessé, réussit à repasser le fleuve sur une barque[180], faisant de ce fleuve une frontière naturelle pour les siècles à venir. Ce fut la deuxième bataille majeure de la guerre des Gaules après celle de Bibracte contre les Helvètes et les Boïens.

Alsace romaine[modifier | modifier le code]

À la suite de la bataille de l'Ochsenfeld, l'Alsace fut intégrée à l'Empire romain et romanisée. La Pax Romana s'installa dans un premier temps, il en subsiste de multiples vestiges. Par la suite survinrent de multiples tentatives d'invasions de la part des Germains, notamment des Alamans. En , l'armée d'Attila (nommé en allemand Etzel) traversa le Rhin et ravagea la région avant de remonter en direction de Strasbourg et Mayence pour se lancer à l'assaut du reste de la Gaule ; elle en fut chassée à la suite de la bataille des champs Catalauniques. Vers le milieu du Ve siècle, les Romains finirent par être définitivement chassés de la plaine d'Alsace où les Alamans s'installèrent, y répandant leur culture, leur langue (l'alsacien, alémanique) et y construisant de nombreux villages.

Pendant cette période, on ne trouve pas de traces d'occupation stable à Mulhouse[181]. Par contre à Illzach, en toute proche banlieue, se trouvait une localité d'une certaine importance administrative dont le nom latin était Uruncis[182].

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Rodolphe de Habsbourg (cathédrale de Spire).

Les Alamans mirent en place une confédération de petits royaumes appelée royaume alaman. Alaman signifie « Tous les hommes ». L'Alémanie est christianisée aux alentours du VIIe siècle. Les Alamans furent évincés progressivement par les Francs, puis définitivement en 746 avec le procès de Cannstatt.

On ne sait pas précisément à quel moment Mulhouse a été fondée ; l'incendie de l'hôtel de ville en 1551 fit disparaître la majorité des archives retraçant l'histoire de la ville avant cette date. Les sources externes à la cité sont donc les principales références pour connaître son histoire avant le XVIe siècle. Ce mystère a donné naissance à des interprétations légendaires la situant autour d'un moulin à eau et durant un conflit militaire. Une chose est sûre, Mulhouse naquit sur les bords de l'Ill, sur un site sujet aux inondations mais propice à l'installation de moulins à eau. Une réelle activité économique fut lancée grâce sa position centrale entre Jura, Vosges et Forêt-Noire alliée au potentiel de l'énergie hydraulique dont bénéficie alors la ville. Il y eut de nombreux moulins construits à Mulhouse. La première mention écrite de la ville de Mulhouse date de l'an 803 lorsqu'un certain Achito fit don de propriétés, dont Mulinhuson (« les maisons du ou des moulin(s) »), au monastère de Fulda. La ville se trouva sous l'autorité du Saint-Empire romain germanique dès 962, date de sa création. Des traces archéologiques de sépultures et de lieux cultuels sont attestées pour cette période, juste avant l'An mille[183]. La ville se développa à partir de deux noyaux dont l'un appartenait aux évêques de Strasbourg et l'autre à la famille Hohenstaufen.

L'abbaye de Saint-Étienne du village de Mulenhusen fut cédée aux évêques de Strasbourg en l'an 1005[A 1]. Les évêques eurent alors un pied dans la ville, ce qui alimenta les rivalités avec les empereurs au sujet du contrôle de la cité. Au début du XIIe siècle, Mulhouse était déjà une cité importante et structurée[A 2]. Les Mulhousiens profitèrent des luttes entre l'Empire et l'évêché au XIIe siècle pour affermir leur autonomie. Dans les rivalités entre les empereurs et les évêques, Mulhouse prit le parti des empereurs. Frédéric II fortifia la cité vers 1223 pour lui permettre de faire face aux attaques répétées. Mulhouse change à plusieurs fois de mains, subissant successivement l'oppression des évêques et l'octroi de libertés par l'empereur qui voyait en elle un allié de poids[A 3]. Cette période trouble correspond au Grand Interrègne. Se sentant menacées par les évêques en 1261, les villes alsaciennes soutinrent Rodolphe de Habsbourg. Les Mulhousiens, alors sous le joug de l'évêque de Strasbourg, ouvrirent les portes de la cité à Rodolphe et entamèrent le siège du château épiscopal. Le siège dura trois mois ; les Mulhousiens prirent alors possession du château, l'incendièrent avant de le raser ; il n'en reste que la tour Nessel et la tour du Diable[A 4]. Avec l'aide de Rodolphe, les Mulhousiens venaient de s'affranchir définitivement de la tutelle des évêques.

Les Hospitaliers[modifier | modifier le code]

Les Mulhousiens viennent à peine de s'affranchir de la tutelle épiscopale après avoir pris d'assaut le château de l'évêque de Strasbourg avec l'appui du futur empereur Rodolphe de Habsbourg. Ce dernier élève la cité au rang de ville impériale six ans plus tard. La chapelle Saint-Jean est l'œuvre de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui est alors un des plus influents de la ville. La chapelle a été consacrée en 1269, soit à une époque antérieure à la fondation de la Stadtrepublik mais charnière pour l'histoire de la cité. Elle abrite un font baptismal romane ainsi que des fresques du XVIe siècle retraçant la vie de Saint Jean-Baptiste. Propriété de la commune de Mulhouse depuis la Réunion de la République de Mulhouse à la France, elle est classée comme monument historique par arrêté du , ce qui conduira à sa restauration. Les vibrations et sonorités particulières qu'elle offre se prêtent particulièrement bien aux manifestations culturelles. Des concerts s'y déroulent régulièrement.

Mulhouse, ville impériale[modifier | modifier le code]

En 1275, Rodolphe de Habsbourg, à peine empereur sous le nom de Rodolphe Ier, éleva Mulhouse au rang de ville impériale[A 4] et signa un accord avec les Mulhousiens conférant à la cité le droit de posséder ses fiefs et l'affranchit de toute tutelle étrangère, y compris de celle du landgraviat d'Alsace. La ville ne dépendait dès lors que de l'empereur lui-même représenté par un prévôt impérial. Dans l'attribution des nouvelles libertés, les familles nobles de Mulhouse furent toutefois grandement favorisées, elle disposaient de la majorité absolue au conseil. C'est là que commencèrent les conflits entre les Mulhousiens et la noblesse locale. En 1284, Rodolphe Ier tenta de rétablir la paix entre les deux partis[A 5].

En 1326, la guerre éclata entre les Mulhousiens et la noblesse locale. Les Mulhousiens finirent par prendre de force et réduire en cendre les possessions de la noblesse proches de ses murs[A 5]. En réaction les nobles alliés à Albert II d'Autriche assiégèrent la ville et finirent par s'en emparer. Mulhouse fut pillée[A 6]. Plus au sud, les cités suisses également menacées par le duc d'Autriche et inquiètes de voir Mulhouse tomber envoyèrent leurs troupes en Alsace et en chassèrent Albert II[A 6]. Les autres cités alsaciennes subirent les mêmes troubles et prirent progressivement conscience de la nécessité de s'unir à l'instar des cités suisses[A 7].

Création de la république[modifier | modifier le code]

« Tout ce qui vient de m'être lu et que j'ai bien compris, je veux m'y vouer et conformer fidèlement, honorablement et sans fraude, je le jure avec l'aide de Dieu ! »[B 1]

Phrase prononcée bras tendu successivement par chaque élu mulhousien lors de la prestation annuelle de serment.

En 1347, l'empereur Charles IV donna pour ordre que le prévôt ne soit choisi que parmi les bourgeois (dans son sens premier d'« habitant du bourg » synonyme à l'époque d'« habitant de la ville » à l'image de « citoyen » qui désigne à l'origine l'« habitant de la cité »), modifia la représentation au conseil et permit à ce dernier et aux corporations d'élire un bourgmestre[A 8]. Ce Bourgmestre serait à la tête de la cité et ne pourrait être révoqué par l'empereur. Le premier bourgmestre élu fut Jean de Dornach. Mulhouse adopta ainsi un modèle républicain : la République de Mulhouse (en allemand : Stadtrepublik Mülhausen) était née. La subsistance du poste de prévôt impérial jusqu'en 1395 maintint toutefois la tutelle de l'empereur sur la jeune république. En 1354, Charles IV créa la Décapole, Mulhouse en devint dès lors membre. Dans toute l'Europe rhénane, les cités gagnèrent en puissance, s'enrichirent et prospérèrent ; Mulhouse suivit la même évolution. Les nobles se coalisèrent contre les cités. En réaction, les villes de Bavière, de Suisse, de Souabe et du Rhin mirent en place en 1385 une grande coalition dont Mulhouse fit partie[A 9]. Les Suisses écrasèrent en 1386 les troupes autrichiennes lors de la bataille de Sempach[A 10]. En 1395, les Mulhousiens achetèrent à l'empereur Venceslas Ier la suppression du poste de prévôt impérial[184],[A 8],[A 11], l'empereur instaura également l'autonomie fiscale. Tous les pouvoirs d'administration de la cité revinrent alors au conseil et au bourgmestre, élus par les Mulhousiens et l'empire n'assure plus que les fonctions régaliennes. S'ensuivit une période de prospérité, les Mulhousiens rachetèrent en 1437 les territoires d'Illzach et de Modenheim ainsi que des territoires attenants ; les faubourgs s'accroissaient. Les nobles des alentours semblaient alors incapables de rivaliser avec la montée en puissance de la cité[A 12].

Invasion des Armagnacs et l'expulsion des nobles[modifier | modifier le code]

En 1444, l'empereur Frédéric III appela le dauphin Louis, futur Louis XI et ses Armagnacs pour mater les cités suisses sur lesquelles il avait perdu le contrôle. Appelés aussi les Écorcheurs, les Armagnacs dont on parle ici étaient des bandes armées formées d'anciens mercenaires sans emploi qui vivaient de pillages. Les nobles de Haute-Alsace se joignirent à eux. Les Suisses furent défaits à Bâle et les Armagnacs se dirigèrent vers Mulhouse[A 13]. Les Mulhousiens se préparèrent alors au siège, ils accueillirent et armèrent tous les habitants des alentours qui désiraient résister. Ils embauchèrent également des artificiers et tout ce qu'ils trouvèrent comme mercenaires. Tous se réunirent à l'intérieur des remparts après avoir pris le soin de détruire et brûler tout ce qui pouvait être utile à l'ennemi en dehors[A 13]. Ils prirent également possession du château d'Illzach, y délogèrent les alliés des Armagnacs qui en étaient maîtres et y installèrent une garnison. Les Armagnacs entamèrent le siège et lancèrent le premier assaut le . Ils furent repoussés par les Mulhousiens. Ils tentèrent de faire céder les Mulhousiens à l'usure et lancèrent par la suite trois autres attaques, toutes furent repoussées et les Armagnacs se retirèrent au printemps 1445[A 14]. Toute la région fut ruinée et les nobles, tenus pour responsables de l'invasion, en sortirent affaiblis. Les Mulhousiens voulurent en finir définitivement avec le danger que représentait la noblesse interne à la ville. Ils décidèrent de dissoudre la corporation des nobles et leur demandèrent de se fondre dans les autres corporations. Tous ceux qui ne s'y conformèrent pas furent expulsés. Les nobles quittèrent la ville avec un profond ressentiment qui allait engendrer les hostilités à venir[A 15].

Guerre des Six Deniers[modifier | modifier le code]

Guerre des Six Deniers - Plainte de Pierre de Réguisheim lue par Thuring III von Hallwyl - Diebold Schilling le Jeune.
Guerre des Six Deniers - Combat dans la plaine de l'Ochsenfeld le - Diebold Schilling le Jeune (1513).

En 1466, l'autonomie de Mulhouse fut menacée par les Habsbourg, soutenus par les nobles du voisinage, qui déclarèrent la guerre à la ville sous un prétexte futile[A 16] : six deniers dus par un meunier mulhousien à un dénommé Hermann Klee, d'où le nom de « Guerre des Six deniers » appelée en allemand : Sechs Plappertkrieg. La noblesse espérait ainsi se venger des Mulhousiens et retrouver son contrôle perdu sur la cité. Pierre de Réguisheim déclara la guerre aux Mulhousiens le . Les autres seigneurs locaux se joignirent à lui[A 17]. Devant les forces en présence, les Mulhousiens furent abandonnés par les autres villes alsaciennes de la Décapole[A 17] dont la cité faisait partie depuis sa fondation. Dos au mur et décidés à ne pas capituler, les Mulhousiens décidèrent de signer un traité d'alliance militaire avec les cantons suisses de Berne et Soleure en 1466[A 18]. Les trois villes devaient s'apporter un secours militaire mutuel. À côté de ça, les cantons de Schwytz, Uri, Lucerne, Zurich, Zoug et Glaris prirent également le parti des Mulhousiens[A 19]. La cité devint indépendante de facto, ce n'était alors plus l'empire qui assurait sa sécurité. À ce moment, Mulhouse ne se retira pas officiellement de la Décapole ; ses relations avec elle furent toutefois réduites au strict minimum. Les Mulhousiens finirent par ne plus y contribuer financièrement et, avec leurs nouveaux alliés, écrasèrent militairement les nobles. La guerre fut violente. Les cités alsaciennes de Turckheim et de Kaysersberg, effrayées par l'idée de voir les troupes de Mulhouse et des confédérés en Haute-Alsace prirent l'initiative d'aider les Mulhousiens ; elles rasèrent les forteresses d'Eguisheim et de Haut-Hattstatt et tuèrent Hermann Klee. Face aux forces en présence, les nobles signèrent un traité de paix et Pierre de Réguisheim dut dédommager les Mulhousiens[A 20].

La noblesse humiliée choisit alors une autre stratégie, celle de jouer sur l'impopularité des Mulhousiens auprès des habitants des alentours[A 21]. L'offensive militaire mulhousienne avant le traité de paix causa en effet de nombreux morts et dégâts sur les terres appartenant à la noblesse. Celle-ci décida de déclarer la guerre de plus belle. Illzach et Modenheim furent pillées et réduites en cendres par les nobles[A 22]. Les Mulhousiens réagirent en saccageant et incendiant les propriétés seigneuriales voisines. L'empereur Frédéric III du Saint-Empire ne parvint pas à faire cesser le conflit[A 22]. Fribourg, Neuenburg et Brisach déclarèrent à leur tour la guerre aux Mulhousiens et s'allièrent aux nobles. Le Landvogt autrichien Thyring de Hallwyl s'unit également à eux. Une importante armée assiégea Mulhouse[A 23]. La ville fut encerclée. À ce moment-là, les confédérés décidèrent une offensive de grande ampleur pour venir en aide aux Mulhousiens. Ils envoyèrent une armée composée de plusieurs dizaines de milliers d'hommes en Haute-Alsace, les Bernois fournissant le plus gros contingent. Les nobles, les Autrichiens et leurs alliés furent écrasés et Mulhouse secourue[A 24]. L'offensive dura quinze jours. Les Mulhousiens et leurs alliés mirent à feu et à sang toute l'Alsace ainsi que la Forêt-Noire[A 25]. Les dégâts furent considérables, plus d'une centaine de villages étant complètement rasés sur les terres seigneuriales. Plus d'une dizaine de forteresses dans lesquelles les nobles s'étaient retranchés furent assiégées, tombèrent et furent détruites. La victoire des Mulhousiens et de leurs alliés fut sans appel. Sigismond d'Autriche dut signer en 1468 le traité de paix de Waldshut, qui reconnaissait les franchises et libertés dont bénéficiaient les Mulhousiens et leurs alliés. Il fut également contraint de dédommager financièrement les cités concernées[A 26]. À la suite des violences commises, la tension entre les Mulhousiens et le reste des habitants de Haute-Alsace demeura très vive.

Temps modernes[modifier | modifier le code]

Alliance avec la confédération[modifier | modifier le code]

Ulrich Zwingli, peinture à l'huile de Hans Asper, 1531 - Kunstmuseum Winterthur.

À la suite de la guerre des Six Deniers, Mulhouse conclut en 1515 une alliance définitive avec les cantons suisses afin de garantir une paix durable ainsi que le respect de sa souveraineté[185],[B 2] : elle se retirait ainsi de la Décapole. La cité devenant par conséquent une république libre et indépendante sans aucun lien politique avec le reste de l'Alsace, son destin allait rester distinct de celui de la région pendant plusieurs siècles. Parce qu’elle était alliée à la Confédération Suisse, Mulhouse fut épargnée par les conflits environnants, tels la guerre de Trente Ans, qui frappa violemment la région. Mulhouse servit alors de refuge aux habitants des alentours. En 1629, la peste se déclara dans la ville, qui était alors surpeuplée et, en 1638, le nombre de réfugiés fut bien supérieur à celui des Mulhousiens. En 1648, par le traité de Westphalie, l'Autriche céda au royaume de France une partie de l'Alsace, principalement le sud de la région. La république de Mulhouse, exclue du conflit, conserva son statut de ville indépendante mais se retrouva enclavée dans les terres du royaume de France.

Réforme zwinglienne[modifier | modifier le code]

À partir de 1523 et après d'importants débats et divisions, Mulhouse adhéra à la Réforme qui s'opéra par étapes jusqu'au colloque de Berne en 1528[186], ce dernier finalisant la réforme en 1529 avec l'établissement complet et exclusif du culte protestant[187]. Les catholiques ainsi que les Juifs furent chassés de la ville. Ces derniers s'établirent essentiellement à Dornach. Les Mulhousiens se rangeaient derrière les thèses d'Ulrich Zwingli à l'instar de plusieurs cités alémaniques de la confédération dont la ville voisine de Bâle[188]. Les Habsbourgs dont les territoires enclavaient la cité restèrent fidèles à l'Église catholique, la cité devint donc une enclave réformée. Des lois strictes d'inspiration religieuse furent promulguées, le blasphème et la consommation d'alcool interdits et réprimés, les relations homme-femme rigoureusement encadrées.

Rayonnement de la ville sous l'ère industrielle[modifier | modifier le code]

Industrialisation précoce[modifier | modifier le code]

La révolution industrielle à Mulhouse commence au milieu du XVIIIe siècle, avant sa Réunion à la France. La Stadtrepublik est alors une petite enclave protestante dans le royaume de France de Louis XV. En 1746, la première manufacture d'indiennes, Koechlin Schmaltzer Dollfus & Cie, est créée dans la rue de la Loi par trois jeunes Mulhousiens : Koechlin (27 ans), Schmaltzer (25 ans) et Jean-Henri Dollfus père (22 ans). Ce sera un formidable succès, par des ventes en contrebande en France : la production d'indiennes était interdite dans le royaume de France par l'édit du . C'est le début du développement industriel de la ville, qui ne compte alors que 4 000 habitants[B 3]. En 1753, le Grand Conseil de la République de Mulhouse statue sur le cas des manufactures d'indiennes et autorise le secteur industriel à déroger au système des corporations qui constitue pourtant le socle des institutions républicaines de la cité. La Commission des fabriques est mise en place pour encadrer le secteur. En 1756, les 3 associés se séparent pour se mettre chacun à leur compte. Jean-Henri Dollfus crée alors Dollfus-Vetter & Cie qui deviendra Dollfus-Mieg & Cie (DMC) en 1800. Quand en 1759, le conseil d'État du royaume de France légalise les indiennes, l'industrie mulhousienne a déjà pris une avance considérable sur l'industrie française. En quelques années, la petite cité artisanale que Mulhouse était encore au XVIIIe siècle fut profondément transformée. Le développement de Mulhouse peut être comparé à celui d'une ville champignon, stimulé par l'expansion de l'industrie textile (draperie) et du tannage, puis par les industries chimiques et mécaniques à partir du milieu du XVIIIe siècle. Mulhouse entretient alors des relations privilégiées avec la Louisiane, d'où elle importe du coton, ainsi qu'avec le Levant. Des techniques diverses se développent, la ville innove, devenant un important lieu de stimulation intellectuelle dans le domaine social et dans celui des sciences et techniques.

C'est également durant cette période faste de la république de Mulhouse, qu'en 1772, Jean-Henri Lambert invente plusieurs systèmes de projection cartographique dont la projection conique conforme de Lambert et la projection azimutale équivalente de Lambert[189].

Révolution française et Empire[modifier | modifier le code]

La Réunion à la France[modifier | modifier le code]

En 1798, le Grand Conseil de la République de Mulhouse vote son rattachement à la toute jeune république française, après un blocus de l'armée française, qui voulait mettre fin aux privilèges fiscaux et douaniers hérités de l'Ancien Régime. Le rattachement a lieu le , à l'époque du Directoire. La fête de la « Réunion » se déroule le de la même année. Lors de cette fête, les symboles de l'indépendance séculaire de la République sont détruits (épée de justice brisée en plusieurs morceaux, canons de l'Arsenal saisis). À cette date, la population a déjà augmenté de 50 % par rapport à 1746, les Mulhousiens sont au nombre de 6 000. La cité repose sur des bases industrielles solides, elle contribuera de manière spectaculaire au développement de l'industrie française. La Stadtrepublik Mülhausen devient ainsi la commune française de Mulhausen.

Époque contemporaine[modifier | modifier le code]

Le Manchester français[modifier | modifier le code]

Nicolas Koechlin (1781 – 1852).
Gare de Mulhouse en 1842.

Ce rattachement accéléra le processus d'industrialisation en supprimant les barrières douanières qui handicapaient le commerce. Durant tout le XIXe siècle, l'industrie se développa et se diversifia : le textile, qui resta dominant, suscita pour ses besoins la création d'industries mécaniques et chimiques.

En 1798, la communauté juive de Dornach rédige le Memorbuch du même nom. Il contient des prières en la mémoire des victimes des persécutions en Allemagne, en Autriche, en Bohème, en Espagne, en Pologne et en Hollande[190]. En 1803, les catholiques et les juifs peuvent à nouveau s'installer dans la ville.

Mulhouse met en chantier de grandes infrastructures. En 1804, le creusement du canal du Rhône au Rhin débute, il traverse Mulhouse en 1812 et permettra d'alimenter facilement la ville en charbon qui provient essentiellement du bassin houiller de la Loire et de celui de Sarrebruck, mais aussi des proches houillères de Ronchamp ainsi que celle des houillères de Blanzy[191]. La même année, la première machine à vapeur de la région est acquise par DMC, par la suite les industries mulhousiennes encourageront systématiquement l'innovation en bénéficiant ainsi des technologies les plus avancées de l'époque. Cette culture de l'innovation, qui sera un des piliers du modèle mulhousien, permettra aux entreprises de la cité de maintenir sans cesse une avance sur leurs concurrents internationaux[192].

En 1826, André Koechlin monte une fonderie et se lance dans la construction mécanique en créant André Koechlin & Cie (AKC), l'ancêtre de la SACM et d'ALSTHOM (devenue Alstom). La même année Josué Heilmann invente la lanterne bobineuse. En 1827 ce dernier et son épouse mettent au point le premier métier à broder à 20 aiguilles. La Société industrielle de Mulhouse (SIM) est fondée le . La construction du Nouveau Quartier débute également en 1827. La Compagnie du chemin de fer de Mulhouse à Thann est créée en 1837 par Nicolas Koechlin[193], et la ligne de chemin de fer Mulhouse-Thann voit le jour en 1839. En 1838, il crée également la Compagnie du chemin de fer de Strasbourg à Bâle, qui construit la ligne Strasbourg-Bâle ; cette dernière sera achevée en 1846. À cette date, Mulhouse compte 45 filatures[194]. En 1843, la première peigneuse mécanique au monde voit le jour, inventée par Josué Heilmann, elle va révolutionner l'industrie textile.

Des aménagements urbains importants ont également lieu. En 1843, Jean-Baptiste Schacre est nommé architecte-voyer, c'est à lui qu'on doit notamment la construction de la synagogue de 1847 à 1849, la construction de l'église catholique Saint-Étienne de 1855 à 1860, la couverture de la Sinne de 1856 à 1866 et la transformation profonde du temple protestant Saint-Étienne de 1859 à 1869. En 1848, la commune de Mulhausen francise son nom pour devenir officiellement la commune de Mulhouse.

Dans le sillage des journées révolutionnaires de février, le gouvernement provisoire de la IIe République promulgue en un décret portant création de comptoirs nationaux d'escompte dans les grandes villes du pays. Le Comptoir national d'escompte de Paris naît le , celui de Mulhouse, le 8. Les deux comptoirs nationaux d'escompte seront fusionnés par la suite pour former la Banque nationale de Paris (BNP) qui fusionnera à son tour le avec Paribas pour devenir le groupe bancaire français BNP Paribas. À cette époque, il s'agit de redonner vie à l'économie après la récession de 1847 en ranimant le crédit. Les comptoirs d'escompte, banques locales de crédit, sont des établissements au statut original, véritables sociétés mixtes avant la lettre puisque l'État et les municipalités nomment les dirigeants et apportent leur garantie en fournissant les deux tiers du capital[195].

Modèle mulhousien[modifier | modifier le code]

Schéma descriptif du modèle mulhousien.

Le modèle mulhousien repose sur trois piliers, un patronat protestant paternaliste, le prédominance du couple innovation/formation dans le développement technique et la recherche d'un équilibre social. Jusqu'à l'annexion allemande, tous les bourgmestres et maires sont protestants et proches ou issus du patronat. La Société industrielle de Mulhouse (SIM) et la Société mulhousienne de cités ouvrières (SOMCO) sont créées respectivement en 1826 et en 1853. Le , l'école de chimie est fondée[196], ce qui en fait historiquement la première de France. La recherche de l'équilibre social s'accentue encore après les événements du aussi appelés le Bäckefest (littéralement la « Fête du pain »), l'augmentation du prix des vivres amenant les ouvriers à se révolter. Les émeutes se finissent dans le sang avec l'intervention de l'armée, elles marqueront les esprits profondément.

Empire allemand[modifier | modifier le code]

Amélie Zurcher.
L'actuelle place de la République vers 1890.
Obligation de la ville de Mulhouse en date du

En , les Badois occupèrent Mulhouse. La ville fit ensuite partie, comme l'Alsace tout entière, de l'Empire allemand jusqu'en 1918. Les Mulhousiens, comme tous les Alsaciens, eurent à choisir entre quitter la région ou accepter de devenir allemands. Le juge Armand Weiss fut expulsé pour plusieurs années. Les autorités allemandes appelèrent la ville Mülhausen im Elsass pour la distinguer d'autres localités homonymes dont notamment Mülhausen en Thuringe.

De 1871 jusqu'au , l'Alsace était donc sous administration allemande, conformément au traité de Francfort dont les clauses avaient été votées à une large majorité par l'Assemblée nationale en 1871. La caserne Lefèbvre fut construite en 1874, en 1889 ce fut au tour de la caserne Barbanègre de sortir de terre. Suivirent les casernes Coehorn en 1891 et Drouot en 1906. L'actuel tribunal de Grande Instance fut construit en 1877 tandis que l'actuel tribunal d'Instance le fut entre 1899 et 1902. La première ligne de tramway fut inaugurée le , elle reliait la Porte-Jeune à Dornach. Eugène Clemessy transforma, en 1900 durant ses loisirs, un vieux moulin près de Brunstatt en centrale électrique qui allait alimenter plusieurs communes.

Pressentant l’avenir de cette source d’énergie, il fonda en 1908 les établissements Clemessy. La découverte de gisements de potasse en 1904 par Amélie Zurcher et Joseph Vogt amena un nouvel essor et propulsa tout le nord de l'agglomération dans l'exploitation minière. La société minière Gewerkschaft Amélie est créée le . Le , le premier puits est foré et l'exploitation industrielle commença en 1910 avec la création de la Société Kali Sainte-Thérèse.

Le , Wilhelm Weiller naquit à Mulhouse, issu d'une famille de confession juive qui résidait alors rue de Zurich[197],[198]. Naturalisé américain sous le nom de William Wyler en 1928, il allait réaliser Ben-Hur, qui remporta onze Oscars lors de la 32e cérémonie des Oscars en 1960, lui conférant le record du film le plus primé de l'Histoire du cinéma[199]. L'entreprise de construction automobile et aéronautique Aviatik Automobil und Flugapparatefabrik fut fondée en 1910 par Julius Spengler. En 1913, le Mulhousien Alfred Werner obtint le prix Nobel de chimie pour, entre autres, des travaux en chimie minérale[200]. Il fut le premier à recevoir un prix Nobel pour des travaux en chimie inorganique et le seul jusqu’à 1973. En 1914, lorsque la Première Guerre mondiale éclata, Aviatik fut transféré à Fribourg-en-Brisgau, de l’autre côté du Rhin.

Alfred Dreyfus.

À cette époque, un Mulhousien va diviser la France. Alfred Dreyfus né le à Mulhouse est le dernier des neuf enfants de Raphaël Dreyfus[201], industriel mulhousien, et de Jeannette Libmann-Weill, qui habitent rue du Sauvage. Sa famille opte pour la nationalité française après l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne, et s'installe à Paris. Élève à l'École polytechnique et de l'École de Guerre, il est attaché à l'état-major de l'armée au Ministère de la Guerre comme capitaine-stagiaire et affecté au célèbre deuxième bureau chargé du renseignement (c'est-à-dire de l'espionnage) dirigé par un autre Mulhousien, Jean Sandherr, antisémite convaincu, lui-même secondé par le commandant Henry. Ayant le tort d'être Alsacien et de confession juive, il fut accusé d'avoir livré aux Allemands des documents secrets et condamné au bagne à perpétuité pour trahison. Il fut déporté sur l'île du Diable.

Certaine de l'incohérence de cette condamnation, la famille du capitaine, derrière son frère Mathieu, tenta de prouver son innocence, relayée en , par Émile Zola, qui publia J'accuse… !, plaidoyer dreyfusard qui entraîna le ralliement de nombreux intellectuels. Un processus de scission en deux de la France s'amorça, processus qui se prolongea jusqu’à la fin du siècle, alimentant des émeutes antisémites en France et ébranlant la République jusqu'à la réhabilitation du capitaine. Dreyfus fut également défendu ardemment par Auguste Scheurer-Kestner, sénateur, industriel chimiste et mulhousien également. Ce dernier mourut le , le jour même de la signature de la grâce de Dreyfus par le Président Loubet.

Les deux guerres mondiales[modifier | modifier le code]

Le « Nouveau Quartier » durant l'entre-deux-guerres.
Soldats allemands et policier français (1940).
Première Guerre mondiale 1914-1918[modifier | modifier le code]