Musulman sans dénomination — Wikipédia

Un musulman sans dénomination est un musulman qui se dit n'appartenir à aucun courant de l'islam.

Les controverses sectaires ont une histoire longue et complexe dans l'Islam, et elles ont été exploitées et amplifiées par les dirigeants à des fins politiques. Cependant, la notion de l'unité musulmane est restée un idéal important, et dans les temps modernes quelques intellectuels se sont exprimés contre les divisions sectaires. Des études récentes indiquent que dans certaines parties du monde, une grande proportion de musulmans s'auto-identifient comme "uniquement musulman"; à ce jour peu d'analyses sur cette notion ont été publiées[1],[2],[3],[4],[5],[6].

Terminologie[modifier | modifier le code]

Le terme madhhabi peut être utilisé c'est-à-dire sans Madhhab[7].

Vue d'ensemble[modifier | modifier le code]

Histoire du sectarisme[modifier | modifier le code]

À la mort du prophète, la question de savoir qui devait lui succéder souleva des débats; certains pensaient que suivant la tradition arabe une réunion devait avoir lieu, d'autres ont prétendu qu'il avait désigné son neveu Ali, ce qui a amené à un conflit.

Développement et pensée[modifier | modifier le code]

L'islam a apporté un égalitarisme radical à une société farouchement tribale, au sein de laquelle le statut d'une personne était fondée sur son appartenance à sa tribu. Le Coran considère tous les individus comme égaux, effaçant l'importance du statut tribal. L'identité primaire des "Musulmans" est devenu simplement celle du "Musulman", plutôt que son appartenance à sa tribu, son ethnie ou son genre.

Le concept coranique de "oumma" dépend de ce concept unifié d'une communauté islamique : on a fait appel à ce concept à nouveau au XIXe siècle, comme une réponse à la colonisation par les puissances européennes. Mohamed Iqbal (1877-1938), exégète musulman, a mis l'accent sur l'unité musulmane, d'un point de vue dénommé ensuite "oummatic". Il a comparé le sectarisme à une «idole» qui devait être «brisée pour toujours". Il a déclaré :Je condamne ce maudit sectarisme religieux et social, il n'y a pas de wahhabites, de chiites, de Mirza ou de sunnites. Battons-nous, non sur les interprétations de la vérité, mais sur la vérité elle-même quand elle est en danger. Dans sa vie plus tard, Iqbal a commencé à dépasser le domaine étroit des causes nationalistes et commença à parler aux musulmans répartis sur tout le globe, les encourageant à s'unifier en une seule communauté. L'influence de Iqbal sur Jinnah, le fondateur du Pakistan, est aussi bien documentée. Jinnah, converti au chiisme duodécimain quand il était jeune homme, lui-même se décrit publiquement comme ni chiite, ni sunnite, sa réponse standard aux questions lui demandant de définir sa secte était : Est-ce que Mahomet était chiite ou sunnite? D'autres intellectuels se sont levés contre le sectarisme à cette époque, comme Altaf Hussain Hali (en) qui a blâmé le sectarisme qui rabaisse les musulmans, Aga Khan III qui l'a cité comme un obstacle au progrès et Muhammad Akram Khan (en) qui a dit que le sectarisme faisait obstacle aux capacités intellectuelles des exégètes musulmans.

Des musulmans non confessionnels peuvent également défendre cette position en citant le Coran, par exemple la sourate Al-Imran verset 103, qui demande aux musulmans de rester unis, ne pas se diviser. Au Pakistan, le sectarisme est cité comme un obstacle à l'unification islamique droit: «codification des lois islamiques liés à la famille et de la propriété sur la base de la notion de Talfiq[8] devrait également être envisagée, cela nécessitera une forte opinion publique en faveur de cette unification de la loi islamique sur une base non-sectaire, car aucun changement ne peut être considéré comme permanent sauf s'il possède l'unanimité du public. "

Académies[modifier | modifier le code]

Dispersions[modifier | modifier le code]

Quelques données[modifier | modifier le code]

Selon le Pew Research Center, dans 22 pays du monde au moins un musulman sur cinq s'identifie comme "uniquement musulman". Au Kazakhstan, c'est le cas de 74 % des musulmans, en Albanie (65 %), Kirghizistan (64 %), Kosovo (58 %), Indonésie (56 %), Mali (55 %), Bosnie-Herzégovine (54 %), Ouzbékistan (54 %), Azerbaïdjan (45 %), Russie (45 %) et Nigeria (42 %)[9].

Commentaires[modifier | modifier le code]

Organisations[modifier | modifier le code]

Quelques personnalités[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Robert Burns, Christianity, Islam, and the West (lire en ligne), p. 55 :

    « 40 per cent called themselves "just a Muslim" according to the Council of American-Islamic relations »

  2. (en) Abdul Mustapha, Sects & Social Disorder, (lire en ligne), p. 5 :

    « of Muslims identified themselves as Sunni, 12 per cent as Shi'a, 3 per cent as Ahmadiyya but 44 per cent as 'just Muslim' (Pew Forum, 2010) »

  3. (en) Greg Muttitt, Fuel on the Fire: Oil and Politics in Occupied Iraq, (lire en ligne), p. 79 :

    « A January 2004 survey by the Iraq Centre for Research and Strategic Studies, for instance, asked people which description suited them best Sunni Muslim, Shi'a Muslim or just Muslim'. »

  4. (en) Ned Boulting, On the Road Bike: The Search For a Nation’s Cycling Soul, p. 155 :

    « What is your religion, asked a UN official. Muslim. Are you Shi'a or Sunni. Just Muslim »

  5. (en) Eren Tatari, Muslims in British Local Government: Representing Minority Interests in Hackney, Newham and Tower Hamlets, (lire en ligne), p. 111 :

    « Nineteen said that they are Sunni Muslims, six said they are just Muslim without specifying a sect, two said they are Ahmadi, and two said their families are Alevi »

  6. (en) Ralph Lopez, Truth in the Age of Bushism, (lire en ligne), p. 65 :

    « Many Iraqis take offense at reporters' efforts to identify them as Sunni or Shiite. A 2004 Iraq Centre for Research and Strategic Studies poll found the largest category of Iraqis classified themselves as "just Muslim." »

  7. (en) Charlene Tan, Reforms in Islamic Education: International Perspectives, (lire en ligne)
  8. Terme juridique décrivant les variantes selon les différentes règles des différentes écoles de la loi islamique.
  9. (en) « Chapter 1 : Religious Affiliation », sur Pew Research Center's Religion & Public…, (consulté le ).