Nékao Ier — Wikipédia

Nékao Ier
Image illustrative de l’article Nékao Ier
Statue du roi agenouillé, aujourd'hui au Musée de Brooklyn
Période Troisième Période intermédiaire
Dynastie XXVIe dynastie
Fonction roi de Saïs
Prédécesseur Néchepso selon Manéthon
Tefnakht II[1]
Dates de fonction 672 à 664 av. J.-C.[2],[3]
Successeur Psammétique Ier[1]
Famille
Père Tefnakht II
Conjoint Isetemkhebyt ?
Enfant(s) Psammétique Ier
Fratrie ♀ Tashérytentaihet ?

Nékao, ou Néchao, est le nom que donne l'historien antique Manéthon au roi « gouverneur » de Saïs de 672 à 664 av. J.-C.[4],[3]. C'est un roi local du delta du Nil, d'origine libyenne.

Attestations[modifier | modifier le code]

En plus d'être cité par Manéthon, le roi est attesté par plusieurs documents contemporains de son règne dont une stèle de l'an 2 réalisée par Akanosh B en l'honneur d'Osiris-Ândjéty[1].

Généalogie[modifier | modifier le code]

Son père est son prédécesseur, le roi Tefnakht II. Il est possible que le nom de son épouse soit Isetemkhebyt. Il est le père de son successeur, le roi Psammétique Ier. Il est également possible qu'il soit le père de la princesse Méresamon, figurée avec Chepenoupet II sur un linteau d'une chapelle thébaine d'Osiris.

Règne[modifier | modifier le code]

Nékao succède à son père Tefnakht II à la tête du territoire contrôlé par Saïs. Rapidement, il étend son influence au reste du Delta. En effet, le Chef de Mâ de Sebennytos Akanosh B, probable descendant du Chef de Mâ de Sebennytos Akanosh A ayant vécu lors du règne de Piânkhy, est à partir de l'an 2 du règne de Nékao au moins dans le giron de ce dernier, alors que la ville avait été fidèle aux Koushites depuis la campagne de Piânkhy. Cette principauté de Sebennytos était l'un des piliers du pouvoir des Koushites sur le Delta. Ce changement d'allégeance de la part de cette principauté au milieu du règne de Taharqa montre la perte de pouvoir de ce dernier sur l'Égypte et le gain parallèle de puissance de Nékao[5].

Malgré la perte d'influence dans le Delta, le roi Taharqa, comme ses prédécesseurs koushites, soutenait les révoltes en Palestine contre l'Empire assyrien. En représailles, le roi assyrien Assarhaddon, après une première campagne en 679 av. J.-C. pendant laquelle il prit d'El-Arich dans le nord-est du Delta, lance une deuxième campagne en 674 av. J.-C., qui fut un échec et dans laquelle Taharqa et Nékao sont impliqués[6].

Assarhaddon lance à nouveau une campagne cette fois mieux documentée en 672 av. J.-C. L'affrontement militaire entre les force de Taharqa et les forces assyriennes ont eu lieu en trois endroits, dont les deux premiers ne sont pas clairement situés : Magdala, Ishupri et Memphis. Le pillage par l'armée assyrienne aurait permis de ramener un butin incroyable de 50 000 chevaux, 120 diadèmes d'or et des statues divines, selon les sources assyriennes. Assarhaddon, qui veut éradiquer la présence koushite en Égypte, se proclame alors roi puissant, roi du monde, roi d'Assyrie, roi de Sumer et d'Akkad, roi des rois de Basse-Égypte, de Haute-Égypte et de Koush. Il proclame également avoir nommé de nouveaux gouverneurs et rois (une vingtaine), mais la liste fournie au début du règne de son successeur Assurbanipal indique plutôt qu'il a laissé en place les pouvoirs locaux, dont Nékao Ier, listé en premier sur la liste en tant que roi de Memphis et Saïs[7].

Taharqa, dont le fils et prince héritier Ushankhuru et les épouses avaient été capturés et déportés à Ninive, avait trouvé refuge à Napata, d'où il prépare une contre-attaque. Après une rapide reprise en main de la région thébaine, a minima dès 670 av. J.-C. (une stèle le montre avec la divine adoratrice d'Amon Chepenoupet II), il repris en main Memphis dont il chassa les fonctionnaires assyriens dès 669 av. J.-C.. Dans le but de chasser une nouvelle fois les Koushites du nord de l'Égypte, Assarhaddon commence les préparatifs d'une nouvelle campagne et lance son armée en 669 av. J.-C. mais meurt inopinément. Ainsi, son successeur Assurbanipal relance cette campagne avorté vers la fin de 667 av. J.-C. Après la nouvelle soumission du nord de l'Égypte, une partie des roitelets et chefs du Delta, dont Nékao, accompagne Assurbanipal vers le Sud et conquiert à nouveau Thèbes. C'est sur un linteau d'une chapelle thébaine d'Osiris que sont figurées la divine adoratrice d'Amon Chepenoupet II et une princesse nommée Méresamon dont le père semble être Nékao, ce qui montrerait l'influence et le prestige que ce dernier a sur l'Égypte à cette époque[8].

À la suite du départ des Assyriens après cette campagne en 666 av. J.-C., les roitelets et chefs du nord, soutenus par Taharqa, créèrent des troubles et se révoltèrent face au pouvoir assyrien en chassant les fonctionnaires assyriens laissés sur place par Assurbanipal. Les Assyriens réprimèrent sévèrement ces révoltes et plusieurs de ces chefs et roitelets finirent déportés à Ninive. Assurbanipal choisit Nékao, malgré sa participation aux troubles, comme représentant des roitelets et chefs du Delta dans le but de faciliter le contrôle de cette région à travers un intermédiaire, Nékao, plutôt qu'une multitudes d'interlocuteurs. De plus, son fils, le futur roi Psammétique Ier, est installé comme prince à Athribis, après que son prédécesseur a été déporté en Assyrie à la suite de la répression susmentionnée[9].

En -664, Taharqa, toujours réfugié à Napata, meurt et son cousin, Tanoutamon, lui succède. Ce dernier, dès cette année d'accession au trône, reprend la conquête du nord de l'Égypte. C'est lors de cette conquête que Nékao est tué par les Koushites tandis que son fils Psammétique Ier se réfugient chez les Assyriens. Ces derniers réagissent la même année et chassent définitivement les Koushites d'Égypte, mettant fin ainsi à la XXVe dynastie[10].

Titulature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Payraudeau 2020, p. 209.
  2. selon K. A. Kitchen
  3. a et b Payraudeau 2020, p. 557.
  4. Selon K. A. Kitchen
  5. Payraudeau 2020, p. 212.
  6. Payraudeau 2020, p. 213-214.
  7. Payraudeau 2020, p. 215-216.
  8. Payraudeau 2020, p. 217-218.
  9. Payraudeau 2020, p. 219.
  10. Payraudeau 2020, p. 219-220.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Olivier Perdu, De Stéphinatès à Néchao ou les débuts de la XXVIe dynastie, CRAIBL 2002, p. 1215-1244.
  • Frédéric Payraudeau, L'Égypte et la Vallée du Nil : Les époques tardives, t. 3, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », , 624 p. (ISBN 978-2130591368)