Naomi Kawase — Wikipédia

Naomi Kawase
Description de cette image, également commentée ci-après
Naomi Kawase au festival de Cannes 2014.
Naissance (54 ans)
Nara (Japon)
Nationalité Drapeau du Japon Japonaise
Profession Réalisatrice
Films notables Suzaku
Shara
La Forêt de Mogari
Les Délices de Tokyo
Still the Water
Site internet kawasenaomi.com

Naomi Kawase (河瀨 直美, Kawase Naomi?) est une réalisatrice et scénariste japonaise née le à Nara. Elle s'est distinguée aussi bien pour ses fictions que pour ses documentaires autobiographiques et fut primée au festival de Cannes, remportant le Grand prix pour La Forêt de Mogari en 2007, et le prix du jury œcuménique pour Vers la lumière en 2017.

Biographie[modifier | modifier le code]

Abandonnée par ses parents, la jeune Naomi est élevée par sa grand-tante et son grand-oncle (cette famille adoptive sera le sujet de ses premiers documentaires). Elle étudie la photographie à l'école des arts visuels d'Osaka, dont elle obtient le diplôme en 1989, après avoir réalisé quelques courts-métrages expérimentaux[1]. Elle enseigne dans cette école pendant quatre ans[2].

Elle se marie en avec le producteur Takenori Sento puis divorce en .

Les premiers films de Naomi Kawase sont rapidement primés, d'abord au Japon, où elle obtient en 1993 le prix d'encouragement au Festival de l'image de Tōkyō pour Dans ses bras et où elle remporte la même année le prix de la presse FIPRESCI durant le festival international du film documentaire de Yamagata. Ensuite en Europe, où Suzaku, son premier long-métrage, obtient en 1997 la Caméra d'or à Cannes[3] (première japonaise et plus jeune lauréate à obtenir ce prix[4]) et un prix FIPRESCI à Rotterdam[5]. Elle reçoit à nouveau un prix FIPRESCI en 2000 au festival de Locarno (en Suisse) pour Les Lucioles[6], et Shara est en compétition officielle à Cannes en 2003[7] (mais ne fut pas primé au cours de ce festival).

Elle remporte le grand prix lors du Festival de Cannes 2007 pour son film La Forêt de Mogari[8].

Naomi Kawase au festival international du film de Tokyo en 2010.

Ses réalisations, aux budgets relativement modestes, sont produites et distribuées par des indépendants (dont son ex-mari Takenori Sento) ou par des chaînes de télévision. La chaîne ARTE France, en particulier, a coproduit trois de ses documentaires (Dans ses bras, La Danse des souvenirs et Naissance et Maternité), et il est arrivé que des chaînes japonaises (telles que NHK et TV Tokyo) participent. Ses films explorent généralement de nouveaux modes narratifs tout en restant fidèles à une tradition artistique japonaise ancestrale[9]. Ils abandonnent les notions d'intrigue ou de progression dramatique et mêlent éléments de fiction, images documentaires, vidéos et photographies de la société japonaise[9]. Ses longs-métrages se déroulent souvent dans un cadre rural[9]. Son cinéma tente de saisir l'essence sacrée de l'univers familier, des gestes quotidiens et des rituels sociaux et brosse une représentation mythologique, intimiste et poétique du monde contemporain[9].

Naomi Kawase a novélisé le film Suzaku et prépare une novélisation de son film Les Lucioles[10].

À l'automne 2010, elle présente son dernier long-métrage Genpin, au Festival International de Saint-Sébastien (du 17 au ). Elle y recueille les confidences des femmes suivies par le médecin obstétricien Yoshimura Tadashi, qu'elle filme au plus près, caméra 16 mm à l'épaule[11].

En 2011, elle présente en compétition au 64e festival de Cannes Hanezu, l'esprit des montagnes, en 2014, toujours en compétition, Still the Water lors du 67e festival de Cannes, puis en 2017, Vers la lumière (où la principale protagoniste exerce le métier d’audiodescripteur de films) qui obtient six nominations au 70e festival de Cannes.

De à , elle fait l'objet d'une rétrospective au Centre Pompidou[12].

Elle a été choisie pour être la réalisatrice officielle du film des Jeux olympiques de Tokyo 2020[13].

Jurys de festivals[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Les dates indiquées pour la sortie de ses films peuvent varier selon les sources (par exemple entre IMDB et JMDB) ; cela s'explique en partie en raison des spécificités du marché vidéo (par lequel son travail est généralement distribué). En cas d'ambiguïté, nous retenons les dates indiquées dans la filmographie de son site personnel (en japonais) et dans le dossier de presse de La Forêt de Mogari.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Longs métrages[modifier | modifier le code]

Naomi Kawase (en blanc), accompagnée de l'équipe du film Still the Water lors de sa présentation au festival de Cannes 2014.

Courts métrages[modifier | modifier le code]

Documentaires[modifier | modifier le code]

Longs métrages[modifier | modifier le code]

  • 1996 : Ce monde-ci (現しよ, Arawashi yo ou Utsushiyo?) coréalisé avec Hirokazu Kore-eda
  • 1998 : Les Enracinés de la montagne (杣人物語, Somaudo monogatari?)
  • 1999 : Kaléidoscope (万華鏡, Manguekyo?)
  • 2002 : La Danse des souvenirs parfois appelé Lettre d'un cerisier jaune en fleur (追臆のダンス, Tsuioku no dansu?)
  • 2010 : Genpin, la maternité dans les bois (玄牝, Genpin?, litt. La Femme mystérieuse)
  • 2011 : 3.11 Sense of Home, segment Home
  • 2022 : Official Film of the Olympic Games Tokyo 2020 Side A
  • 2022 : Official Film of the Olympic Games Tokyo 2020 Side B

Moyen métrages[modifier | modifier le code]

  • 1992 : Dans ses bras aussi appelé Étreinte (につつまれて, Ni tsutsumarete?)
  • 1993 : La Lune blanche (白い月, Shiroi tsuki?)
  • 1994 : Escargot (かたつもり, Katatsumori?)
  • 1996 : Le Soleil couchant (陽は傾ぶき, Hi wa katabuki?)
  • 2001 : Dans le silence du monde (きゃからばあ, Kya ka ra ba a?)
  • 2006 : Naissance et Maternité (垂乳根, Tarachime?)
  • 2009 : Correspondencia : Isaki Lacuesta - Naomi Kawase, coréalisé avec Isaki Lacuesta
  • 2012 : La Maison de ma grand-mère (Chiri?)

Courts métrages[modifier | modifier le code]

  • 1988 : Je me focalise sur ce qui m'intéresse (私が強く興味をもったものを大きくFixできりとる, Watashi ga tsuyoku kyōmi o motta mono o ōkiku fix dekiritoru?)
  • 1988 : La Concrétisation de ces choses qui volent autour de moi (私が生き生きと関わっていこうとする事物の具体化, Watashi ga ikiiki to kakawatte ikō to suru jibutsu no gutaika?)
  • 1988 : My J-W-F
  • 1988 : La Glace de papa (パパのソフトクリーム, Papa no sofuto kurīmu?)
  • 1989 : Ma seule famille (たったひとりの家族, Tatta hitori no kazoku?)
  • 1989 : Une petite grandeur (小さな大きさ, Chīsana ōkisa?)
  • 1989 : Maintenant (今、, Ima,?)
  • 1990 : Le Pain des déesses (女神たちのパン, Megami-tachi no pan?)
  • 1991 : Un faux bonheur (幸福モドキ, Shiawase modoki?)
  • 1995 : Regardez le ciel (天、見たけ, Ten, mitake?)
  • 1995 : La Mémoire du vent (風の記憶 渋谷にて 1995.12.26, Kaze no kioku: Shibuya ni te 1995.12.26?)
  • 2004 : Ombre (影-Shadow, Kage-Shadow?)

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Sélections[modifier | modifier le code]

Controverse[modifier | modifier le code]

En 2022, la réalisatrice est accusée de harcèlement envers ses équipes[23].

Citations[modifier | modifier le code]

« Dans l'industrie cinématographique japonaise, réaliser des films est considéré comme quelque chose dont il faut se défausser, ou qu'il faut faire en souffrant – vous êtes supposés perdre les nécessités basiques de la vie au passage. Cette condition, poursuivre un rêve, sans s'économiser, est quelque chose qui serait pardonné à un homme, mais pas à une femme. Cette sorte d'intolérance de la vieille génération est toujours apparente au Japon et c'est toujours une grande barrière à dépasser[24]. »

« Je pense que le cinéma a une histoire trop brève pour qu'on s'y réfère. La façon dont la littérature japonaise raconte des histoires, décrit les émotions humaines est très différente. Raconter des histoires c'est dire comment les gens vivent, souffrent, s'unissent et se séparent[25]. »

« Dans une vie, beaucoup de choses vous font hésiter ou trébucher sur le chemin. Je crois, dans ces moments-là, qu’on cherche quelque chose au fond de soi qui peut nous redonner de la confiance et de la force. On essaie de se trouver des forces – ce n’est pas l’argent, des voitures ou des vêtements – ce n’est pas forcément quelque chose de visible. Ça peut être le vent, la lumière, le souvenir des Anciens. Et quand on trouve ce point d’appui dans le monde, on peut être tout seul et continuer[26]. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Mini biographie de Naomi Kawase.
  2. « Naomi Kawase », Fluctuat.net (consulté le ).
  3. Voir la fiche du film Suzaku sur le site du Festival de Cannes.
  4. Comme le relève pertinemment sa notice pour le Osaka European Film Festival.
  5. Les indications détaillées des prix qu'elle a reçu sont précisées sur le (en) site personnel de Naomi Kawase.
  6. Cf. le site du FIPRESCI.
  7. Sa biographie officielle, incomplète, n'en fait pas état. Mais l'information est vérifiable par exemple sur la fiche du film sur le site du Festival.
  8. a b et c « Mogari no mori (La Forêt de Mogari) », sur www.festival-cannes.com (consulté le )
  9. a b c et d Interview with Naomi Kawase, in the documentary Nothing Vanishes and « An interview with Naomi Kawase, director of “The Mourning Forest” », Meniscus Magazine, USA (consulté le 7 mai 2012).
  10. Indiqué dans la biographie de son site personnel.
  11. (en) Voir la fiche du film Genpin sur le site du 58e festival de San Sebastian Donostia Zinemalda.
  12. « Naomi Kawase - Rétrospective », sur centrepompidou.fr (consulté le ).
  13. « Entretien avec Naomi Kawase », sur lepolyester.com, (consulté le ).
  14. (en) Thomas Morel, « Festival de Cannes : le jury dévoilé », Europe 1, (consulté le ).
  15. « Quinzaine des réalisateurs - Film de clôture - Moe no suzaku (Suzaku) », sur www.festival-cannes.com (consulté le )
  16. « « Hikari » reçoit le prix œcuménique du festival de Cannes », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  17. (en) « FIPRESCI Festival Awards 2010 », sur fipresci.org (consulté le )
  18. « Sharasojyu (Shara) », sur www.festival-cannes.com (consulté le )
  19. « Hanezu no tsuki », sur www.festival-cannes.com (consulté le )
  20. « Futatsume no mado (Still the Water) », sur www.festival-cannes.com (consulté le )
  21. « Hikari (Vers la lumière) », sur www.festival-cannes.com (consulté le )
  22. « OFFICIAL FILM OF THE OLYMPIC GAMES TOKYO 2020 SIDE A - Festival de Cannes 2023 », sur www.festival-cannes.com (consulté le )
  23. (en) Mark Schilling, Japanese Director Kawase Naomi Accused of Bullying Male Staff and Film Crew, 7 juin 2022, Variety.
  24. (en) Interview de Naomi Kawase par Robin Gatto et Emi Yuki, festival de Rotterdam, 2001 (traduit par Wikipédia).
  25. Robin Gatto et Emi Yuki, op. cit.
  26. À l'occasion de la remise de prix au festival de Cannes 2007.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Filmographie[modifier | modifier le code]

  • En 2008, Laetitia Mikles réalise le documentaire Rien ne s'efface (prix Découverte de la Scam 2010), à la suite de ses rencontres avec Naomi Kawase sur les thématiques intimes qui traversent son cinéma.
  • En 2004, le cinéaste français Vincent Dieutre termine la réalisation d'une vidéo Les Accords d'Alba, commencée en , sur ses rapports artistiques avec Naomi Kawase.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (it) Maria Roberta Novielli (dir.), Kawase Naomi : I Film, Il Cinema, Cantalupa, Effata, , 127 p. (ISBN 978-88-7402-012-6, lire en ligne)
  • (es) José Manuel López (dir.), Kawase Naomi : El cine en el umbral, Madrid, T&B Editores,
  • (fr) « Éloge de Naomi Kawase », Érik Bullot, in Renversements 1, Paris Expérimental, 2010, pp. 79-91 (ISBN 978-2-912539-39-7)

Liens externes[modifier | modifier le code]