Olaf II (roi de Norvège) — Wikipédia

Olaf II
Illustration.
Monnaie d'Olaf II.
Titre
Roi de Norvège

(13 ans)
Prédécesseur Svein Håkonsson (gouverneur de Norvège pour le compte de Sven à la Barbe fourchue)
Successeur Knut le Grand
Biographie
Dynastie Hårfagre
Nom de naissance Olaf Haraldsson
Surnom Olaf le Gros
Olaf le Saint
Saint Olaf
Date de naissance Vers
Date de décès
Lieu de décès Stiklestad
(Norvège)
Sépulture Cathédrale de Nidaros
Père Harald Grenske
Mère Åsta Gudbrandsdatter
Fratrie Harald Hardrada (demi-frère)
Conjoints Astrid Olofsdotter
Enfants Wulfhilde
Magnus Ier (illégitime)
Religion Chalcédonisme
Monarques de Norvège

Olaf II Haraldsson, né vers 995 et mort le à la bataille de Stiklestad, est un roi de Norvège de la dynastie Hårfagre qui règne de à . Il est considéré comme un saint par l'Église catholique sous le nom de Saint Olaf et la cathédrale de Nidaros est construite sur sa tombe.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le futur roi Olaf est un descendant d'Harald Ier de Norvège, le fils du roi Harald Grenske du Vestfold et d’Åsta Gudbrandsdatter. Après le meurtre de son père par Sigrid Storråda, il est élevé par le second époux de sa mère Sigurd Syr Halfdansson, roi du Ringerike. Du fait de cette union il est le demi-frère des enfants de ce dernier et d’Åsta dont le futur roi Harald Sigurdsson. Il aurait été baptisé en 1014 à Rouen par l'archevêque Robert le Danois, frère du duc Richard II de Normandie, mais selon la tradition historique norroise, le baptême remonterait à son enfance[1].

Il commence sa carrière viking en participant à un raid maritime et se livrant au pillage dans de nombreux pays étrangers du golfe de Finlande jusqu'au détroit de Gibraltar[1]. C'est d'abord en tant que viking dans sa jeunesse, qu'il se rend plusieurs fois en Angleterre, où il va s'intéresser à la foi chrétienne[réf. nécessaire]. Elle avait d'ailleurs été introduite dès le IXe siècle en Scandinavie par des missionnaires de divers pays notamment allemands, et principalement le moine saint Anschaire, l'« apôtre du Nord », devenu plus tard évêque de Brême, puis archevêque de Hambourg.

Il rentre dans sa patrie vers 1014 et est élu roi de Norvège par les différentes assemblées provinciales[1]. Olaf passe ensuite sa vie à disputer le royaume de Norvège au roi Knut le Grand ou Canut Ier, roi de Danemark et d'Angleterre. En effet, la grande puissance scandinave est, au début du XIe siècle, le royaume viking du Danemark. Vers 1015-1017, il profite de ce que Knut est occupé en Angleterre pour rendre indépendante la Norvège. Le nouveau roi s'installe à Nidaros (actuelle Trondheim), et y bâtit une église.

Il poursuit l’activité missionnaire du roi Olaf Tryggvason et se met en tête d'en extirper le paganisme par les armes, pour faire du christianisme la religion de son pays[1]. Une vive opposition des païens et de quelques seigneurs qui redoutent son autorité l'incite à les réprimer durement. Il est le grand législateur de l'Église en Norvège et, comme son parent Olaf Tryggvason, il tente de faire disparaître les traces de l'ancienne foi et de bâtir des églises à la place des anciens lieux sacrés qu'il a profanés ou détruits. Il fait aussi venir des évêques et des prêtres d'Angleterre.

Il rend aux things locaux leur importance, il amende les codes de lois, fait délibérément entrer son pays dans la civilisation occidentale en établissant une Église nationale avec le concours de son ami l’évêque Grimkell (en), et en instaurant une hiérarchie efficace.

Après avoir soumis le Groenland à son autorité en 1023, Knut lui envoie une ambassade pour lui réclamer la couronne vers 1024-1025, ce qu'il refuse en s'alliant au roi de Suède Anund Jacob, son beau-frère. Ils mènent une campagne en 1026 contre le Danemark afin de ravager le pays, puis de le soumettre, profitant de l'absence de Knut qui se trouve en Angleterre[1]. A l'annonce de cette invasion, ce dernier rassemble une énorme armée navale et leur livre une bataille navale (bataille de l'Helgeå) sans vainqueur sur la côte est de la Scanie. Cette confrontation eut des conséquences graves pour Olaf, car Knut bloqua le détroit de l’Øresund entre la Scanie et le Danemark et Olaf ne put ramener sa flotte en Norvège. Il dut l'abandonner en Scanie et rentrer par voie de terre et cette perte l'affaiblit[2].

Si Olaf avait remporté un succès important dans sa politique à l’égard du royaume de Suède, il est en butte aux ambitions du puissant roi d’Angleterre et du Danemark, Knut le Grand. Face à cette concurrence, mais surtout face à la révolte de nombreux chefs locaux qui ne supportent plus son pouvoir tyrannique, Olaf est contraint de prendre la fuite[1], alors que Knut, après un pèlerinage à Rome, débarque en Norvège en 1028 et se proclame roi à Nidaros. Olaf se réfugie alors en Suède avec quelques barons fidèles comme Finn Arnesson et ses frères Torberg et Arni et Rognvald Brusason, puis finalement en Russie à Novgorod[1]. Après presque deux ans d'exil, en 1029, il tente un retour en Norvège mais ses adversaires décrétèrent une mobilisation générale. Bien que sa victoire contre le chef Erling, l'un de ses principaux opposants dans le Sud-Ouest du pays, lui donne l’espoir de rassembler des forces autour de lui, les circonstances ignominieuses de la mort de ce chef, provoquent un soulèvement populaire contre lui[1]. Il est battu et tué à Stiklestad le à l'âge de 35 ans[1].

Le roi Knut II de Danemark impose alors comme roi son fils Sven Knutsson qui promulgue des lois danoises jugées inacceptables par les Norvégiens. Rapidement les nobles menés par Einar Tambarskjelve et les populations découvrent alors a posteriori la sainteté d'Olaf[3]. Dès lors, son culte se répand rapidement en Norvège et en Suède, puis dans l’ensemble de l’Europe du Nord[1].

Union et postérité[modifier | modifier le code]

Après avoir été fiancé avec Ingigerd, la fille légitime du roi Olof III de Suède, Olaf épouse sa fille illégitime Astrid Olofsdotter et ils ont une fille :

Il entretient également une relation avec une concubine de « bonne naissance membre de la hird royale », nommée Alfhildr, qui lui donne son fils unique :

Surnom[modifier | modifier le code]

Les scaldes, contemporains d'Olaf, nommaient le souverain « Olaf le Gros », surnom que Snorri reprend dans la plus grande partie de son récit[1].

Notoriété posthume[modifier | modifier le code]

Une tradition hagiographique se forme progressivement à la fin du XIe siècle. Elle devient d'autant plus florissante qu'à partir de la seconde moitié du XIIe siècle, Olaf devient Rex Perpetuus Norvegiae, saint patron de la Norvège[1].

Selon la tradition, c'est la hache de guerre de saint Olav que tient entre ses pattes le lion qui figure sur le blason de la Norvège. La saga consacrée à la vie de saint Olaf tient une part importante dans l'Histoire des rois de Norvège écrite par Snorri Sturluson : la Heimskringla. Snorri Sturluson cite de nombreux poèmes scaldiques rédigés par des contemporains d'Olaf qui sont des sources historiques précieuses[1].

La « pierre de soleil » des Vikings est mentionnée dans un passage l'histoire de Rauðúlf et de ses fils (Rauðúlfs þáttur)[4]. Elle serait le cristal de calcite, selon les deux physiciens bretons Albert Le Floch et Guy Ropars[réf. nécessaire]. Ce cristal est très utilisé pour certains types de microscopes. Il dévie les rayons lumineux suivant leur polarisation, sans perdre de lumière — contrairement à la cordiérite, autre cristal fréquemment rencontré en Scandinavie et envisagé par l'archéologue danois Thorkild Ramskou en 1967 comme aide-boussole des Vikings. La cordiérite, aux reflets violets, change de couleur selon la direction de polarisation de la lumière qui l'atteint. De plus elle absorbe une partie des photons, ce qui donne une lumière ténue et irisée, et non pas nette et bien définie comme avec la calcite. La calcite permet de retrouver la position du soleil derrière les nuages, même plusieurs heures après que celui-ci ait disparu au-delà de l'horizon[5].

En Normandie[modifier | modifier le code]

En Normandie, saint Olaf représente une figure importante et a été choisi de manière non-officielle comme le saint protecteur des Normands[réf. nécessaire], ce terme désignant essentiellement les habitants de la Normandie continentale et insulaire, mais aussi à plus grande échelle les habitants des anciens territoires vikings, à savoir les pays scandinaves et, à plus forte raison, la Norvège. Ce choix peut s'expliquer par l'époque à laquelle vécut Olaf et où les échanges entre la Normandie et les pays scandinaves étaient communs[réf. nécessaire]. Il subsistait également de nombreuses parentés entre les habitants du tout nouvel état normand, comme l'illustre le choix de l'archevêque Robert le Danois pour le baptême d'Olaf.

Drapeau normand à croix scandinave, dit Croix de Saint-Olaf.

Le drapeau de Normandie à croix scandinave qui rappelle les origines scandinaves de la Normandie a été baptisé "Croix de saint Olav" (ou "Croix de Saint-Olaf") en l'honneur du saint.

Baptisé à Rouen par le frère d'un duc de Normandie, une église de Rouen est dédiée à saint Olaf. L'église norvégienne Saint-Olav a été construite en 1926, rue Duguay-Trouin, à proximité du foyer des marins scandinaves[6]. La Mission norvégienne des marins voulait en effet construire un lieu de culte luthérien aux marins en escale[7].

Un os du bras de saint Olaf est conservé comme relique dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame de Rouen[8].

En 2014 la ville et le diocèse de Rouen ont célébré le millénaire du baptême de saint Olav avec les représentants norvégiens de l'Église catholique et de l'Église évangélique luthérienne de Norvège[8].

En Normandie, le 29 juillet est l'occasion de fêtes culturelles locales qui mettent généralement en avant l'héritage norrois de la Normandie[9]. Dans certaines paroisses normandes la messe est célébrée en ce jour en l'honneur du saint et pour marquer les liens historiques qui unissent la Normandie et la Scandinavie[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l et m Snorri Sturluson, Histoire des rois de Norvège (Tome 2-Histoire du roi Olaf le Saint): Heimskringla, traduction et introduction de François-Xavier Dillmann, Gallimard, 1248 pages, 2022.
  2. François-Xavier Dillmann, « Histoire et philologie de la Scandinavie ancienne et médiévale », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 143, 2012, p. 186-190 (en ligne § 13).
  3. Selon sa saga, chapitre CCXL : « Cet hiver-là maintes gens commencèrent à dire que le roi Olafr était en vérité un saint homme et qu'il se produisait force signes de sa sainteté. »
  4. Passage de saga mentionnant la pierre de soleil : « Le temps était couvert et neigeux, comme Sigurður l'avait prédit. Alors le roi convoqua Sigurður et Dagur. Il demanda à ces hommes de regarder autour d'eux, personne ne trouva la moindre recoin de ciel bleu. Puis il somma Sigurður de désigner le soleil, lequel donna une réponse ferme. Alors le roi envoya chercher la pierre de soleil et, la tenant au-dessus de lui, vit la lumière jaillir et ainsi pu vérifier directement que la prédiction de Sigurður était bonne. »
  5. Mathilde Fontez, « Nous avons retrouvé la boussole des Vikings », Science et Vie, no 1133,‎ , p. 76-79.
  6. Jacques Tanguy, « Église norvégienne Saint-Olav », sur rouen-histoire.com, (consulté le ).
  7. « Historique du Foyer », sur seamensclubrouen, (consulté le ).
  8. a et b « Le millénaire du baptême de Saint-Olav à la cathédrale de Rouen », sur France 3 Normandie (consulté le ).
  9. « Fête de la Saint-Olaf : village viking et normand ! » (consulté le ).
  10. GChapdelaine, « Saint Olaf — Fraternité de l’Abbaye de La Lucerne », sur www.coutances.catholique.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (no) Claus Krag, « Olav 2 Haraldsson Den Hellige », Norsk biografisk leksikon, consulté le .
  • Heimskringla Snorri Sturluson.
  • Snorri Sturluson, La saga de Saint Olaf traduite et présentée par Régis Boyer, Payot, Paris, 1983 (ISBN 2-228-13250-0).
  • Snorri Sturluson, Histoire des rois de Norvège (Tome 2-Histoire du roi Olaf le Saint): Heimskringla, traduction de François-Xavier Dillmann, Gallimard, 1248 pages, 2022 (ISBN 978-2070758760).
  • (en) Knut Gjerset, History Of The Norwegian People, vol. I & II, New York, The Mac Millan Company Andesite Press (réédition), 507 p. (ISBN 9781376361513), p. 246-252 § 43 Olav Haraldson or Olav The Saint & p. 254-262 § 45 King Olav Etablishes Christiany in Norway & p. 262-269 § 46 Norway under Danish Overlordship, The Battle of Stiklestad, King Olav the Saint.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]