Ollanta Humala — Wikipédia

Ollanta Humala
Illustration.
Ollanta Humala en 2016.
Fonctions
Président du Parti nationaliste péruvien
En fonction depuis le
(7 ans, 7 mois et 25 jours)
Prédécesseur Nadine Heredia

(8 ans, 2 mois et 27 jours)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Nadine Heredia
Président de la république du Pérou

(5 ans)
Élection 5 juin 2011
Vice-président Marisol Espinoza
Omar Chehade
Président du Conseil Salomón Lerner
Oscar Valdés
Juan Jiménez Mayor
César Villanueva
René Cornejo
Ana Jara
Pedro Cateriano
Prédécesseur Alan García
Successeur Pedro Pablo Kuczynski
Président pro tempore de l'Alliance du Pacifique

(1 an)
Prédécesseur Enrique Peña Nieto
Successeur Michelle Bachelet
Président pro tempore de l'Union des nations sud-américaines

(1 an, 2 mois et 1 jour)
Prédécesseur Fernando Lugo
Successeur Desi Bouterse
Biographie
Nom de naissance Ollanta Moisés Humala Tasso
Date de naissance (61 ans)
Lieu de naissance Lima (province de Lima, Pérou)
Nationalité Péruvienne
Parti politique PNP
Conjoint Nadine Heredia
Diplômé de Université catholique
pontificale du Pérou
Profession Militaire
Religion Catholique
Résidence Lima

Signature de Ollanta Humala

Ollanta Humala
Présidents de la république du Pérou

Ollanta Moisés Humala Tasso, né le à Lima, est un militaire et homme d'État péruvien.

Membre fondateur et président du Parti nationaliste péruvien, il est président de la république du Pérou de 2011 à 2016. Devenu impopulaire, il se présente à l’élection présidentielle de 2021, où il obtient 1,6 % des voix.

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Origines familiales[modifier | modifier le code]

Ollanta Moisés Humala Tasso appartient, par son père Isaac Humala Núñez, à une famille quechua andine d'Ayacucho et par sa mère Elena Tasso Heredia, à une branche immigrée au Pérou de la famille italienne Tasso[1]. Son père, avocat « laborista » de formation marxiste-léniniste, est le fondateur de l'ethnocacérisme, mouvement indigéniste et socialiste faisant référence d'une part à l'Empire inca et au droit des peuples indigènes et d'autre part à Andrés Avelino Cáceres, président de la République péruvienne de 1886 à 1890 puis de 1894 à 1895 et héros de la résistance à l'occupation chilienne durant la guerre du Pacifique.

Formation[modifier | modifier le code]

Ollanta Humala fait ses études aux collèges franco-péruvien et japonais-péruvien La Union de Lima[réf. nécessaire] et les poursuit en 1982 à l'école militaire de Chorrillos. En 1983, toute sa promotion se rend à l'École des Amériques au Panama, un centre de formation militaire des États-Unis[1].

En 2001, il est diplômé en maîtrise de sciences politiques à l'université pontificale catholique du Pérou[1]. En 2002, il étudie également le droit international à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne[2],[3] durant son séjour à Paris, et entame un doctorat à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine[1].

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Ollanta Humala et son épouse, Nadine Heredia, en 2011.

En 1991, c'est en tant que capitaine qu'il combat à Tingo María, dans la province de Huanuco, la guérilla du Sentier lumineux. Il est engagé dans l’opération de contre-insurrection « Cuchara », qui a mobilisé plusieurs centaines d'hommes dans la région du Alto Huallaga et donné lieu, en mars 1992, à plusieurs massacres dans les villages de Pozo Rico et Bambú, soupçonnés d’être favorables à la rébellion maoïste[4]. En 1995, il est muté dans une base militaire près la frontière avec l’Équateur durant la guerre du Cenepa, à laquelle il ne participe pas.

Le à Toquepala, c'est avec le grade de lieutenant-colonel qu'il se soulève avec son frère Antauro et 62 personnes contre le régime du président Alberto Fujimori[1]. La rébellion échoue et les deux frères sont emprisonnés. Quand Fujimori, accusé de corruption, fuit le pays, ils sont amnistiés par le nouveau président Alejandro Toledo. Réhabilité au sein de l'armée, Ollanta est ensuite affecté en tant qu'attaché militaire à l'ambassade du Pérou à Paris puis à Séoul[5]. Mis en retraite forcée en 2004, il qualifie cette décision d'« injuste » et met en cause le nouveau commandant en chef de l'armée, Luis Alberto Muñoz[6].

Le , son frère Antauro Humala Tasso, représentant du mouvement ethnocacériste, attaque le commissariat d'Andahuaylas pour demander la démission d'Alejandro Toledo. Ollanta condamne la prise d'otages[5] qui fait quatre morts[note 1].

En 2006, Ollanta Humala est accusé de violations des droits de l'homme (enlèvement, torture et exécution extra-judiciaire) qui auraient été commises par des soldats placés sous ses ordres en 1992 sur trois habitants du hameau de Pucayacu, alors qu'il commandait la base militaire de Madre Mia[7],[5],[8]. Le dossier est classé en , après rétractation d'un témoin ayant reçu 4 000 dollars du sergent Amílcar Gómez Amasifuén, camarade et collaborateur d’Ollanta Humala[9]. Le nom d'Humala n'est toutefois jamais cité dans le rapport de la Commission vérité et réconciliation, qui impute à l’armée péruvienne une moitié des exactions du conflit[10].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Débuts et ascension[modifier | modifier le code]

Ollanta Humala se présente en en tant que chef du Parti nationaliste péruvien (PNP) à la présidence à l'élection de 2006, mais ne peut s'inscrire faute d'avoir donné à temps sa feuille de campagne ; il s'allie donc au parti Unión por el Perú. Arrivé en tête au premier tour, il participe au second tour où il est opposé à l'ancien président Alan García Pérez. Il est durant la campagne attaqué par les médias qui font courir des rumeurs sur un « complot vénézuélien » visant à provoquer des violences afin de favoriser sa candidature, le présentent comme antisémite, militariste ou populiste et lui prêtent des financements par les FARC ou Chávez[10]. Au premier tour, Ollanta Humala obtient 30,62 % des voix devant Alan Garcia (social-démocrate) avec 24,33 % et Lourdes Flores (droite) avec 23,80 %. Il est toutefois battu au second tour par Alan García, regroupant sur son nom 6 270 080 suffrages (47 %) contre 6 965 017 pour son adversaire (53 %)[11]. Le , Ollanta Humala reconnaît sa défaite, mais appelle ses partisans à former un nouveau parti, le Front national démocratique, rassemblant des partis si radicaux comme la Patria roja ou le Movimiento Nueva Izquierda que son vice-président Carlos Torres Caro démissionne, ainsi que plusieurs autres membres.

Ollanta Humala Tasso se présente de nouveau au poste de président lors des élections générales de 2011, sous l'étiquette de la coalition Gana Perú, qui regroupe le PNP ainsi que d'autres forces politiques. Ses principaux adversaires sont Pedro Pablo Kuczynski, Keiko Fujimori, Alejandro Toledo et Luis Castañeda Lossio. Ollanta Humala arrive en tête des suffrages avec 31,5 %, suivi par Keiko Fujimori avec 23,5 % des votes. Durant la campagne pour le second tour, il est soutenu par l’écrivain et prix Nobel Mario Vargas Llosa[12] ainsi que par l'ancien président Alejandro Toledo[13], ce qui a provoqué une grave scission au sein des courants conservateurs. La gauche péruvienne fit également campagne en sa faveur, après avoir longtemps nourri des réserves à son égard. Comme l’a relevé une de ses figures intellectuelles, Oscar Ugarteche, « pour nous tous, Humala est une interrogation et Fujimori une certitude »[14]. Le , Ollanta Humala Tasso est élu au second tour avec 51,4 % des suffrages : cette victoire repose notamment sur des résultats importants dans les zones andines à forte population indigène (plus de 77 % à Puno). L’échec de la favorite des marchés Keiko Fujimori provoque ce que les médias qualifient de « Lundi noir », la Bourse du Pérou perdant 12,5 % en une séance[15]. Son alliance Gana Perú ne dispose toutefois que de 47 sièges sur 130 au Parlement, ce qui le contraindra à forger des alliances pour gouverner après sa prise de fonctions en juillet[16].

Président de la République[modifier | modifier le code]

Humala en 2014.

Le , il prend ses fonctions de chef de l'État et succède à Alan García. Le , les membres du gouvernement présentent leur démission afin qu'il procède à un remaniement ministériel[17],[18].

Le , à Chimbote, il assiste devant trente-mille personnes à la cérémonie de béatification de Zbigniew Strzałkowski, Michal Tomaszek et Alessandro Dordi, assassinés par le Sentier lumineux en 1991[19].

En 2016, il est accusé par police fédérale du Brésil d'avoir reçu des pots-de-vin du géant brésilien Odebrecht, impliqué dans le scandale de corruption autour de Petrobras. Un rapport de la police fédérale brésilienne l'accuse d'avoir reçu trois millions de dollars du groupe brésilien de BTP, dont le président, Marcelo Odebrecht, est emprisonné pour corruption et blanchiment d'argent. Le rapport précise qu'il existe des « preuves significatives » que le paiement a été effectué, révélant « des pratiques criminelles qui n'avaient pas encore été découvertes »[20].

Bien qu'il ait été considéré comme un socialiste pendant sa campagne électorale, sa présidence est marquée par la poursuite des politiques libérales développées depuis les années 1990[21], notamment de faibles dépenses publiques et peu d'impôts[22].

Alors que son électorat lui reproche ses multiples reniements, il termine son mandat avec moins de 20 % d’opinions favorables. Son parti est quant à lui décomposé et n'est pas même en mesure de proposer un candidat à la présidentielle[23]. Le , il transmet le pouvoir à son successeur, Pedro Pablo Kuczynski.

Après la présidence[modifier | modifier le code]

Le , Ollanta Humala est placé en détention avec son épouse, Nadine Heredia, en attente de leur procès pour blanchiment d'argent présumé dans le cadre de l'affaire Odebrecht[24]. Le couple est libéré le , à la suite d'une demande d'habeas corpus[25]. Il est à nouveau jugé en 2022 pour corruption[26].

Candidat à l'élection présidentielle de 2021, il arrive en treizième position du premier tour, avec 1,60 % des suffrages exprimés[27].

Prises de position[modifier | modifier le code]

Ollanta Humala Tasso est un des principaux opposants à la politique du gouvernement d'Alan García de 2006-2011. Il revendique une rupture avec le néolibéralisme et un développement fondé sur le marché intérieur et non plus seulement sur les exportations et les investissements étrangers.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Ou six, selon TV5 Monde

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (es) « Biografía de Ollanta Humala Tasso », sur le site « Ollanta Presidente », (consulté le )
  2. Aline Timbert, « Pérou : Ollanta Humala devient président en obtenant 51,18 % des votes face à sa rivale Keiko Fujimori », sur Actu Latino, (consulté le )
  3. (en) World Economic Forum, « Ollanta Moises Humala Tasso », sur World Economic Forum (consulté le )
  4. Karl Laske, « Enquête sur l’escadron de la mort du président péruvien », sur Mediapart,
  5. a b et c « En tête de la présidentielle à Lima, Ollanta Humala demeure une énigme », sur le site du quotidien Le Figaro, (consulté le )
  6. (es) « Ollanta Humala califica de injusto su retiro del Ejército », sur le site du quotidien La Republica (consulté le )
  7. (en) « Humala facing rights abuse claims », sur le site de la BBC, (consulté le )
  8. (en) « Ollanta Humala formally charged in 'Madre Mia' case », sur le site de Living in Peru, (consulté le )
  9. « Enquête sur l’escadron de la mort du président péruvien », sur le site du quotidien Médiapart, (consulté le )
  10. a et b « Pérou, fidèle reflet de l'Amérique du Sud », sur risal.collectifs.net (consulté le )
  11. (es) « Resultados electorales: 1980-2006 (Presidente) », sur le site de perupolitico.com (consulté le )
  12. (es) « Vargas Llosa anuncia que votará por Ollanta Humala », sur le site du quotidien La Republica, (consulté le )
  13. (es) « Alejandro Toledo decide apoyar candidatura de Ollanta Humala », sur le site du quotidien La Republica, (consulté le )
  14. Immanuel Wallerstein, « Triomphe de Humala au Pérou, défaite pour l’Amérique », sur Médelu,
  15. « Pérou/présidentielles: victoire d'Ollanta Humala », https://www.streetpress.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « Humala, des Andes au sommet », sur le site du quotidien Libération, (consulté le )
  17. Le gouvernement péruvien démissionne, Le Figaro, 23 juillet 2012.
  18. Pérou : Humala tente de donner un nouveau souffle à sa présidence, Le Point, 23 juillet 2012.
  19. (en) Béatification de Michal Tomaszek
  20. Lefigaro.fr avec AFP, « Pérou: le président accusé de corruption », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  21. « Élections législatives au Pérou : recomposition politique dans la continuité ? », sur Le Vent Se Lève,
  22. (es) Diego Sánchez dela Cruz, « Ollanta Humala consolida el modelo liberal en Perú », sur Libre Mercado, (consulté le )
  23. Amanda Chaparro, « Au Pérou, la droite ou la droite », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. « Un ex-président péruvien placé en détention », sur Le Figaro, .
  25. « La justice ordonne la libération de l'ex-président accusé de corruption », sur Le Figaro,
  26. « Pérou: l'ex-président Humala sera jugé à partir du 21 février », sur Le Figaro,
  27. (es) « Elecciones Generales y Parlamento Andino 2021 », sur eleccionesgenerales2021.pe (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]