Ordre Teutonique — Wikipédia

Ordre Teutonique
Image illustrative de l’article Ordre Teutonique
Armoiries de l'ordre Teutonique.
Ordre de droit pontifical
Approbation pontificale
par Innocent III
Institut Ordre religieux
Type Militaire (jusqu'en 1929)
Règle Règle de saint Augustin
Structure et histoire
Fondation 1190
Saint-Jean-d'Acre
Fondateur Heinrich Walpot
Liste des ordres religieux

L'ordre Teutonique (en allemand : der Deutsche Orden, littéralement « l'ordre Allemand ») ou ordre des chevaliers Teutoniques (Der Deutsche Ritterorden), dont les dénominations officielles (en latin) ont été Domus Hospitalis Sancte Marie Theutonicorum Hierosolymitani (maison de l'hôpital des Allemands de Sainte-Marie-de-Jérusalem, en allemand Haus des Hospitals Sankt Marien der Deutschen zu Jerusalem), puis Ordo Domus Sanctæ Mariæ Teutonicorum (ordre de la maison de Sainte-Marie-des-Teutoniques), en abrégé les Teutoniques, est un ordre militaire chrétien créé à la fin du XIIe siècle dans le cadre des croisades en Terre sainte, mais qui est plus connu en raison de son implication dans les croisades baltes, notamment dans les territoires de Prusse.

Les débuts[modifier | modifier le code]

La fondation en Terre sainte : un ordre hospitalier (1190-1198)[modifier | modifier le code]

En 1190, des pèlerins originaires de Brême et de Lübeck fondent un hôpital de campagne lors du siège de Saint-Jean-d'Acre au début de la troisième croisade en 1190[1], afin de soigner leurs compatriotes. Ils nomment cette institution le fratres hospitalis S. Mariae Theutonicorum in Accon[2]. Cherchant à lui donner une origine plus ancienne et prestigieuse, les chroniques de l'ordre[Lesquelles ?]le font remonter à un hôpital allemand construit dans la ville sainte de Jérusalem vers 1128.

Le 6 février 1191, le pape Clément III offre privilège et protection à cet hôpital, qui prend le nom de fratrum Theutonicorum ecclesiae S. Mariae Hierosolymitanae[2]. Les frères hospitaliers obtiennent ainsi de Clément III le droit de nommer leur propre maître ainsi que le droit d'enterrer tout chrétien décédé pour autant que que l’Église catholique n'ait pas prononcé contre le défunt une excommunication ou un interdit[3]. Les frères font vœu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance.

Une des premières personnalités de haut rang à demander à être inhumée dans leur cimetière est le duc de Souabe Frédéric VI, fils de Frédéric Ier, empereur du Saint-Empire romain germanique[4]. Malade, le duc de Souabe avait écrit à son frère Henri VI, roi de Germanie et futur successeur de son père à la tête du St-Empire, afin de lui demander de faire reconnaître par la papauté cette institution naissante. Selon la chronique De Primordiis Ordinis Theutonici Narratio, Henri VI accède à cette demande et soutient l'ordre hospitalier, notamment en leur faisant don de propriétés foncières dans la région des Pouilles[5]. C'est là le début du patronage de la maison de Hohenstaufen envers les frères. Les frères cependant peuvent compter sur un soutien financier et politique beaucoup plus large : de la part de chevaliers prenant part aux croisades successives, mais également de membres de la noblesse effectuant un pèlerinage en Terre Sainte. Dès le départ, des liens étroits se nouent entre les frères du futur ordre teutonique et de nombreuses personnalités haut placées originaires du Saint-Empire romain germanique[6],[7].

La transformation en ordre militaire (1198-1220)[modifier | modifier le code]

Différentes bulles papales permettent de suivre l'évolution des droits qui sont peu à peu accordés aux frères, des textes qui attestent d'une militarisation de l'institution, dont les activités au service des malades (soins médicaux) et des pèlerins pauvres s'accompagnent désormais d'un volet militaire. Le processus de militarisation est souvent daté comme ayant eu lieu en 1198, dans le contexte de la croisade allemande (1197-1198). Le premier dirigeant de l'institution à prendre le titre de grand maître (Hochmeister) est Heinrich Walpot, élu en Terre sainte en 1198.

Le 19 février 1199, le pape Innocent III, à travers la bulle Tabulae ordinis Theutonici ex tabularium regii Berolinensis codice pitissimum autorise l'hôpital fratrum Theutonicorum ecclesiae S. Mariae Hierosolymitanae à célébrer la messe selon l'ordre des Templiers pour les clercs et les chevaliers et selon l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem pour l'hôpital et les pauvres[8]. Le 15 décembre 1220, le pape Honorius III va dans le même sens et proclame que l'ordre doit suivre, dans l'administration de son institution[9], la règle de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem en ce qui concerne les pauvres et les malades et celle de l'ordre des Templiers en ce qui concerne les clercs et les chevaliers[10]. En janvier 1221, Honorius III octroie à l'ordre teutonique les mêmes privilèges que ceux de deux ordres précités[10].

Outre leurs activités de bienfaisance, la particuliarité de l'ordre est cependant de s'engager dans le combat armé pour la défense de la chrétienté[11].

Il est composé pour l’essentiel de chevaliers allemands. Peu à peu, l'ordre se dote d'une force militaire importante et participe aux guerres contre les Turcs.

L'ordre Teutonique s'implante également sur le territoire de l'actuelle Suisse en 1199, en Thuringe en 1200, dans le sud du Tyrol en 1202, à Prague et en Bohême en 1202, et à Liège en 1259. En 1220, l'ordre compte une douzaine de maisons en Terre sainte, en Grèce, en Italie méridionale et en Germanie.

En 1220, l'ordre achète le château de Monfort à Othon de Henneberg. La forteresse, qui faisait alors partie du Royaume de Jérusalem, devient le siège des trésoriers de l'Ordre Teutonique en Palestine[12].

Croisade contre les Prusses (1226-1230)[modifier | modifier le code]

Une carte des peuples baltes vers 1200. Les Baltes orientaux sont représentés en marron, tandis que les Baltes occidentaux sont représentés en vert. Les frontières sont approximatives.

Les croisades baltes commencent à la fin du XIIe siècle sous les pontificats de Célestin III et surtout d'Innocent III, pape à partir de 1198. À ce moment, il existe un établissement chrétien à Riga, mais il est assez précaire ; les populations, de la Prusse à l'Estonie sont hostiles à la christianisation. Les chevaliers Porte-Glaive réussissent cependant à prendre le contrôle de la Livonie entre 1200 et 1220, mais les Prussiens restent païens et menacent constamment les Polonais au sud, notamment dans la région de Chelmno conquise en 1220 par le prince polonais Conrad de Mazovie.

L'ordre de Dobrin, fondé en 1216 par Christian d'Oliva, premier évêque nommé pour la Prusse, se montrant incapable de convertir les Prussiens, Conrad de Mazovie propose en 1226 à Hermann von Salza, quatrième grand maître de l’ordre d'intervenir. Le grand-maître sollicite alors l'Empereur pour consolider la position des Teutoniques dans cette région. Frédéric II, par la Bulle d'or de Rimini (1226), accorde à l'ordre la souveraineté sur les territoires qu'il conquerrait en Prusse.

Le , par le traité de Kruschwitz, Conrad de Mazovie accorde à l'ordre la région de Chełmno (en allemand : Culm), reconnaît son autonomie et la souveraineté sur les territoires qui seraient conquis en Prusse, entérinant ainsi la bulle de Frédéric II. En 1234, Hermann von Salza présente un document falsifié au pape Grégoire IX pour revendiquer le territoire concédé par Conrad de Mazovie[pas clair].

La première implantation des Teutoniques est le fortin (puis château de bois) de Vogelsang, près de la future ville de Toruń.

Les débuts de l'État teutonique de Prusse (1230-1291)[modifier | modifier le code]

L'État teutonique vers 1260.

Très rapidement, les chevaliers envahissent les provinces de Varmie, de Natangie et de Bartie. Ils créent ainsi l'État monastique des chevaliers Teutoniques en 1226. Ils établissent des villes nouvelles comme Thorn dès 1231, et plus tard, Königsberg (1255) ou Marienbourg (1280) qui devient leur capitale en 1309.

En 1235, l'ordre Teutonique absorbe l'ordre de Dobrin. En 1237, les chevaliers Teutoniques fusionnent avec les chevaliers Porte-Glaive, ou ordre de Livonie, qui conservent néanmoins une certaine autonomie. L'État teutonique étend désormais son influence de la Prusse à la Semigalie (région du sud de l'actuelle Lettonie) et à la Livonie (nord de l'actuelle Lettonie).

L'objectif suivant, convertir la Russie orthodoxe au catholicisme, est abandonné après la désastreuse bataille du lac Peïpous contre le prince Alexandre Nevski en 1242.

Le , par le traité de Christburg, l'ordre accorde des privilèges à la noblesse prussienne qui semble se soumettre au nouvel ordre des choses. Après plusieurs soulèvements de 1260 à 1283, une grande partie de ces nobles quitte le pays ou est exilée, perdent ainsi leurs droits. Ceux qui restent sont progressivement assimilés.

Dans les régions frontalières telles que la Sambie, les paysans sont privilégiés par rapport à ceux de territoires plus peuplés comme la Pomésanie. Sur le modèle occidental, le christianisme se propage lentement à travers la culture prussienne[pas clair].

Beaucoup de chevaliers de l'ouest de l'Europe (Angleterre, France), participent à des campagnes saisonnières en Prusse et contre le grand-duché de Lituanie, certains pour obtenir le pardon de leurs péchés, d'autres pour acquérir de l'expérience militaire. Les chevaliers se joignent à eux et orientent progressivement leurs actions vers la Lituanie.

La fin de la présence en Terre sainte (1291)[modifier | modifier le code]

Près d'un siècle après la fondation de l'ordre, la prise de Saint-Jean-d'Acre par les mamelouks en 1291 oblige les chevaliers à quitter la Terre sainte[13] ; ils installent provisoirement le siège de l'ordre à Venise[13], où ils envisagent de repartir à la conquête de la Terre sainte.

Expansion et déclin dans les pays baltes[modifier | modifier le code]

Les conquêtes en Pologne (1306-1343)[modifier | modifier le code]

Par l'accord de Soldin, la Pomérélie est inféodée à l'État monastique des chevaliers teutoniques.

Après la mort de Venceslas, roi de Pologne en 1306, les nobles de Pomérélie demandent l'aide des margraves de Brandebourg pour contester à Ladislas Ier de Pologne la succession du duché de Poméranie. En 1308, toute la région est occupée à l'exception de la citadelle de Dantzig (Gdańsk). Incapable de résister, Ladislas demande à son tour l'aide des chevaliers teutoniques.

En , dirigés par Heinrich von Plötzke, le maître de la Prusse, les chevaliers expulsent les Brandebourgeois de Dantzig. Les Polonais tardant à verser l’indemnité promise en échange du service rendu, les chevaliers refusent de céder la ville. En 1309, par l'accord de Soldin passé avec Waldemar, margrave de Brandebourg, les chevaliers achètent les châteaux de Dantzig, Świecie et Tczew et leur arrière-pays contre la somme de 10 000 marks. L'empereur Henri VII confirme cette possession en 1311 et inféode la Pomérélie à l'ordre.

Le contrôle de la Pomérélie permet à l'ordre de relier ses possessions prussiennes avec les frontières du Saint-Empire romain germanique. Des renforts croisés et des fournitures peuvent désormais transiter entre la Poméranie occidentale et la Prusse via la Pomérélie. Alors qu'elle avait été jusque-là une alliée des chevaliers contre les Prussiens et les Lituaniens, la Pologne, qui n'a désormais plus accès à la mer Baltique, devient un ennemi déterminé.

La prise de Dantzig marque une nouvelle phase dans l'histoire des chevaliers teutoniques. La persécution des Templiers qui a commencé en France en 1307 inquiète les chevaliers teutoniques, mais le contrôle de la Pomérelie leur permet de transférer leur siège de Venise à Marienburg (Malbork), sur la rivière Nogat, hors de portée des pouvoirs séculiers.

Le 7 avril 1331 se déroule la bataille de Woplauken (en) (Woplawki) opposant l'Ordre Teutonique et les troupes de Vytenis, grand-duc de Lituanie. Elle est le plus sanglant épisode de la Croisade lituanienne (en) (1283-1422).

Le traité de Kalisz en 1343 met fin à la guerre ouverte entre la Pologne et l'État teutonique. Les chevaliers renoncent à la Cujavie et la terre de Dobrzyń, mais conservent le Culmerland et la Pomérélie avec Dantzig.

L'apogée de l'ordre[modifier | modifier le code]

En 1337 l'empereur Louis IV du Saint-Empire a accordé à l'Ordre le privilège impérial de la conquête de la Lituanie et de la Russie. Peu de temps après avoir été choisi comme grand-maître, Heinrich Dusemer attaque le grand-duché de Lituanie. La campagne se solde par la défaite totale de l'armée lituanienne à la bataille de la Strėva, le . Les chevaliers teutoniques ne profitent pas longtemps de leur victoire. La peste noire qui a atteint la Prusse les oblige à quitter le pays conquis.

En 1386, le grand-duc de Lituanie Jogaila se convertit au catholicisme et se fait baptiser sous le nom de Ladislas ((pl) Władysław). Par son mariage avec la reine Hedwige d'Anjou, il est couronné roi de Pologne. Cette union personnelle des deux pays crée un adversaire potentiellement redoutable pour les chevaliers teutoniques. C'est d'ailleurs une des causes de la guerre civile lituanienne de 1389 à 1392 dans laquelle intervient l'ordre.

En 1398, sous le commandement de Konrad von Jungingen, les armées de l'ordre détruisent Visby et battent les Vitaliens en hivernage sur l'île de Gotland. À partir de ce moment, la mer Baltique cesse d'être sillonnée par les pirates. Le plus célèbre d'entre eux, que l'on surnomme le Corsaire rouge, Klaus Störtebeker, préfère se réfugier en mer du Nord. Marguerite Ire de Danemark et Albert de Suède cèdent l'île en fief aux chevaliers teutoniques.

La même année, par le traité de Salynas, le grand-duc de Lituanie Vytautas le Grand cède le duché de Samogitie au grand maître Konrad von Jungingen. En 1402, il achète la Nouvelle-Marche de Brandebourg pour 63 200 florins hongrois. En Prusse-Orientale, de nombreux villes et villages sont fondés ou se développent, comme Sensburg (aujourd'hui : Mrągowo) où depuis 1348, les chevaliers possèdent une forteresse en bois.

Le déclin (1410-1525)[modifier | modifier le code]

Bataille de Grunwald (ou de Tannenberg), le 15 juillet 1410.
L'État teutonique à son apogée vers 1410.

La consolidation et l'émergence au sud du royaume de Pologne, christianisé et uni depuis 1386 au grand-duché de Lituanie par mariage dynastique, menacent directement la suprématie des chevaliers dans la région.

Le tournant est atteint lorsque la crise larvée entre les deux ennemis héréditaires éclate en 1410. La bataille de Grunwald (ou de Tannenberg) voit une coalition des armées polonaise et lituanienne dirigée par le roi Ladislas II Jagellon écraser celle des Teutoniques[14]. La bataille se solde par plus de 13 000 morts dans les rangs de l’ordre, parmi lesquels le grand maître Ulrich von Jungingen.

La contre-offensive polonaise est arrêtée par le commandeur de Świecie, Heinrich von Plauen qui, en s’enfermant au château de Marienbourg, résiste pendant deux mois à toutes les attaques. Le Paix de Toruń restaure une situation proche du statu quo ante bellum, imposant seulement aux assiégés une amende et la cession de territoires peu étendus. Le Concile de Constance (1414-1418) traite en partie la question.

Une guerre civile se produit au début de la deuxième moitié du XVe siècle. Les adversaires des chevaliers se tournent vers le roi de Pologne Casimir IV Jagellon en 1454. Marienbourg est définitivement investie par les Polonais cette même année, lorsque le grand maître est obligé de vendre le château de cette ville pour éponger les dettes de l'ordre et de son administration. Le grand maître se réfugie alors à Königsberg qui devient la nouvelle capitale.

L'État teutonique en 1466.

À l’issue de la guerre de Treize Ans, le second traité de Thorn (1466) cède la Prusse royale (partie ouest) et la ville de Dantzig à la Pologne, et fait de l’État teutonique restant un vassal de cette dernière. Les chevaliers ne disposent plus à ce moment que de la Prusse originelle (partie est), sur laquelle ils ne sont que partiellement souverains, puisque vassaux des Polonais.

La sécularisation de l'ordre en Prusse (1525)[modifier | modifier le code]

En 1511, est élu un grand maître de la maison de Hohenzollern, Albert de Brandebourg-Ansbach, qui est aussi le neveu du roi de Pologne Sigismond Ier. Il adopte pourtant une attitude hostile à la Pologne, notamment en s'alliant avec le grand-prince de Moscou, Vassili III, dont l'armée attaque le grand-duché de Lituanie. En décembre 1519, la Pologne entre en guerre contre les Teutoniques et met le siège devant Marienwerder (Kwidzyn). Les Teutoniques mettent le siège devant Dantzig. Aucun des deux camps n'est en fait assez fort pour l'emporter. Au début de 1521, l'empereur Charles Quint, attaqué par les Ottomans en Hongrie, propose une suspension du conflit prussien par une trêve de 4 ans, ce qui est accepté par les deux camps (compromis de Thorn, mai 1521).

Le grand-maître bénéficie alors d'un concours de circonstances exceptionnel : c'est l'époque où Luther rompt avec l'Église catholique et est excommunié (janvier 1521), puis mis au ban de l'Empire (juin 1521). Il est protégé par plusieurs princes allemands et Albert de Brandebourg-Ansbach se rapproche de lui, se rendant même à Wittenberg et recevant les conseils de Luther. Il se convertit au luthéranisme et, arrivé au terme de la trêve de 4 ans, négocie avec le roi de Pologne une solution formalisée par le traité de Cracovie (8 avril 1525) : l'ordre Teutonique de Prusse est sécularisé, la Prusse teutonique devient le duché héréditaire de Prusse dont le titulaire reconnaît la suzeraineté du roi de Pologne (hommage prussien).

Le 6 juillet 1525, par son mandement de réformation, Albert de Brandebourg, duc de Prusse, fait du luthéranisme la religion officielle de son duché. L'Église du duché de Prusse est réorganisée par le règlement ecclésiastique du 10 décembre 1525. C'est le premier État protestant créé en Europe.

Le duché de Prusse, qui revient en 1618 à l'électeur de Brandebourg, est soustrait à la suzeraineté polonaise en 1657 et devient « royaume de Prusse » en 1701 : c'est le fondement du royaume de Prusse du XVIIIe siècle, illustré par Frédéric II, dont le centre n'est plus Königsberg, mais Berlin.

L'ordre après la sécularisation[modifier | modifier le code]

Walter de Cronberg et le repli sur le Saint Empire (1525-1543)[modifier | modifier le code]

Une partie des chevaliers reste cependant catholique, notamment ceux qui résidaient en Allemagne. En 1526, ils mettent à leur tête Walter de Cronberg, commandeur à Francfort, en tant que maître d'Allemagne (Deutschmeister) ; puis en décembre 1527, Walter de Cronberg obtient du pape et de l'Empereur l'autorisation de devenir grand maître, tout en restant maître d'Allemagne.

Une action judiciaire est engagée contre Albert de Brandebourg-Ansbach qui est finalement mis au ban de l'Empire. Dans la situation où se trouve l'Allemagne, qui se divise entre protestants et catholiques (formation en 1526 de la ligue de Torgau[15], à laquelle adhère le duc de Prusse), division qui prend corps en 1530 (diète d'Augsbourg) et 1531 (formation de la ligue de Smalkalde), cette condamnation a peu d'importance, d'autant plus que la Prusse n'a jamais fait partie du Saint Empire.

En ce qui concerne les chevaliers de l'ordre de Livonie, ils refusent de suivre l'exemple donné par Albert de Brandebourg[16] ; le maître de Livonie, Walter de Plettenberg, obtient la reconnaissance du retour à l'indépendance de son ordre, dont il devient grand-maître. La promotion de Cronberg comme grand-maître est d'ailleurs peu appréciée par les chevaliers de Livonie.

Walter de Cronberg installe le siège de l'ordre à Mergentheim en Franconie. Il reste à son poste jusqu'à sa mort en 1543.

L'ordre Teutonique de 1543 à 1809[modifier | modifier le code]

La succession des grands maîtres est assurée, mais à partir de 1590, il s'agit toujours d'un prince issu de la maison de Habsbourg, puis de Habsbourg-Lorraine.

La dissolution (1809) et ses suites[modifier | modifier le code]

En 1805, Napoléon Ier accorde le droit, par le traité de Presbourg, à l’empereur d’Autriche François Ier de nommer comme grand maître un prince de sa famille, à qui reviennent tous les revenus de l’organisation. Le , à Ratisbonne (Bavière), l’Empereur des Français prononce sa dissolution.

Seules subsistent quelques commanderies isolées en Autriche et à Utrecht.

Un semblant d’ordre est rétabli en 1834, mais il reste exclusivement sous tutelle autrichienne.

XXe siècle[modifier | modifier le code]

République de Weimar[modifier | modifier le code]

Bannière du grand maître de l'ordre Teutonique.

En 1929, l'ordre teutonique devient un institut de vie consacrée, qui prend place parmi les chanoines réguliers[17].

Nazisme[modifier | modifier le code]

Pendant l'époque du national-socialisme, l'attitude envers l'Ordre allemand et son histoire était ambivalente, même au sein des élites dirigeantes. En général, les nazis entretenaient une image positive de l'Ordre du XIXe siècle du point de vue prussien[18]. Les SS ont même pris l'Ordre teutonique comme modèle et inspiration, en caractérisant leurs ennemis par contraste comme des « jésuites »[19].

Adolf Hitler glorifiait déjà en 1924 dans son livre Mein Kampf la colonisation germanique de l'Europe orientale et développait de vastes plans de conquêtes « sur la route des anciens chevaliers de l'Ordre »[20]. En revanche, Himmler avait d'autres idées dans le cadre de sa théorie raciale. Il voulait fonder son propre « Ordre allemand » en tant que précurseur d'un nouvel empire mondial allemand, ce à quoi servaient également les Ordensburgen (de) nouvellement créés. C'est pourquoi, dans cette logique, l'ancienne organisation ainsi nommée devait disparaître. En 1938, l'ordre teutonique fut dissous par un décret d'abolition. Dans le Reich, l'appareil de propagande de Joseph Goebbels réussit à évincer la conception traditionnelle de l'Ordre qui existait jusqu'alors, et la remplaça par une nouvelle[pas clair]. En Prusse orientale toutefois, l'ancien cœur de l'Ordre, cette propagande n'eut guère de succès.

Le Reichsarbeitsdienst associait dans son insigne pour le Gau 25, la croix gammée avec celle de l'enseigne de l'Ordre[21]. La croix d'honneur de la mère allemande était également inspirée de celle de l'ordre.

De plus, selon Cordelia Heß, l'ordre teutonique enthousiasmait le mouvement catholique pro-Hitler. En effet, c'est à partir de l'imaginaire nationaliste allemand autour de la colonisation de la Pologne que Dorothée de Montau a été érigée à partir des années 30 en patronne de la Prusse par Paul Nieborowski. Cette figure hagiographique étroitement associée à l'ordre teutonique a ainsi servi à des catholiques à concilier leur foi avec le nazisme[22].

Après 1945[modifier | modifier le code]

Armoiries actuelles du grand maître de l'ordre Teutonique.

Dans l'après-guerre, l'intérêt populaire pour l'ordre teutonique en Allemagne a fortement diminué, mais en Pologne, au contraire, ils ont été érigés en figure du mal, dans un esprit anti-allemand[23].

Les chevaliers teutoniques sont aujourd'hui[Quand ?]environ un millier :

  • 100 frères (dont certains sont aussi prêtres), liés par les trois vœux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance ;
  • 200 sœurs ;
  • 700 affiliés, ou « familiers », ou « marians », laïques ou d'état ecclésiastique, qui cherchent à entériner les efforts de l'ordre pour promouvoir son entreprise et à réaliser ses idéaux.

L'ordre a aussi le droit d'inclure dans les provinces des oblats ou oblates.

La communauté est divisée en provinces, bailliages et commanderies (pour les familiers).

En 1957, l'ordre a acheté une maison à Rome qui est le siège du procureur général de l'ordre, et qui sert aussi de maison d'hôtes.

Les frères et sœurs sont répartis à travers sept provinces : l'Autriche, le Tyrol du Sud, l'Italie, la Slovénie, l'Allemagne, la République tchèque et la Slovaquie.

Les familiers sont répartis dans les bailliages et commanderies suivants : Allemagne, Autriche, Tyrol du Sud, ad Tiberim à Rome, le bailliage de la République tchèque et de la Slovaquie, et dans la commanderie indépendante d'Alden Biesen en Belgique ; il y a aussi des familiers dispersés dans d'autres pays.

Le grand maître est aujourd'hui supérieur général et chef suprême de l'ordre. Il reçoit après son élection la bénédiction abbatiale et jouit de l'usage des pontificalia, privilège qui est accordé à l'ordre Teutonique depuis 1933. Depuis 1923, la grande maîtrise est exercée par des prêtres qui sont élus pour six ans par les frères et sœurs délégués au chapitre général.

L'organisation de l'ordre Teutonique avant 1525[modifier | modifier le code]

Les hauts dignitaires[modifier | modifier le code]

 
 
 
 
 
 
Chapitre général
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ratsgebietiger
 
Grand maître
 
Chancellerie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Grand commandeur (dépenses)
 
Grand maréchal (armée)
 
 
Grand hospitalier
 
Grand trésorier (finances)
 
Grand commissaire
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Maître
de Germanie
 
 
Maître
de Livonie
 
 
Maître
de Prusse
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Bailli
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Commandeur
 
 
Commandeur
 
 
Commandeur

Le grand maître[modifier | modifier le code]

Sceau du grand maître.

Le grand maître (en allemand Hochmeister, en latin magister generalis) se trouve au sommet de la hiérarchie, mais son pouvoir n'est pas absolu, car il doit tenir compte des avis du grand conseil composé de cinq grands officiers.

Il est élu à vie par un chapitre (capitulum) de treize électeurs : huit frères chevaliers, quatre frères sergents (en général non nobles), et un frère prêtre.

Le grand commandeur[modifier | modifier le code]

Le grand commandeur (Großkomtur, magnus commendator) prend toutes les décisions concernant les dépenses de l'ordre.

Le grand maréchal[modifier | modifier le code]

Le grand maréchal (Ordensmarschall, summus marescalcus) est le commandant en chef des forces armées de l'ordre et il dirige les arsenaux.

À partir de 1330, il est commandeur de Königsberg, où il réside en temps de paix.

Le grand commissaire[modifier | modifier le code]

Hermann von Salza, quatrième grand maître de l’ordre.

Le grand commissaire (Ordenstrappier, summus trapearius) est responsable de la vie quotidienne et matérielle.

Il réside en général à Christburg.

Le grand trésorier[modifier | modifier le code]

Le grand trésorier (Ordenstressler, summus thesaurarius) est responsable des finances, et gère au XIVe siècle, le trésor de l'ordre, le fonds des dépenses personnelles du grand maître, et le trésor du chapitre de Marienbourg.

Il réside à Marienbourg.

Le grand hospitalier[modifier | modifier le code]

Le grand hospitalier (Großspittler, summus hospitalarius) veille au soin des malades dans les hospices de l'ordre et à l'application de la règle par tous les membres de l'ordre.

Il réside en général à la commanderie d'Elbing.

Les catégories de membres et de serviteurs de l'ordre[modifier | modifier le code]

L'ordre Teutonique était formé de plusieurs catégories de membres et utilisait aussi les services de personnes non membres de l'ordre, soit volontaires, soit même des mercenaires.

Les frères chevaliers[modifier | modifier le code]

Ils prononcent les vœux monastiques de chasteté, d'obéissance, de pauvreté et prêtent le serment en plus de combattre les ennemis du christianisme par les armes. Ce sont donc des guerriers de haut niveau, aussi bien entraînés pour la lutte à cheval que pour le combat à pied. Le chevalier a une armure complète, deux ou trois destriers et des chevaux pour le voyage et le chargement. Le chevalier commande une garnison ou un détachement de guerriers et organise la stratégie des campagnes militaires. Ils sont peu nombreux, ainsi à la bataille du lac Peïpous en 1242, ils ne sont que trente-cinq chevaliers sur les milliers de combattants.

Le frère chevalier est issu de la noblesse, mais pas toujours au début, lorsqu'il suffit d'être fils d'un riche citoyen (pour payer l'équipement). À partir du XIVe siècle, le chevalier doit être issu de la noblesse jusqu'à la quatrième génération, aussi bien en ligne paternelle qu'en ligne maternelle. Il peut être admis, comme aspirant, à partir de l'âge de quatorze ans. Il doit être issu des terres du Saint-Empire romain germanique (la majorité vient de Souabe et de Franconie). Sa tenue consiste en un surcot, un manteau blanc avec une croix noire sur la poitrine et une grande cape blanche avec une croix noire sur l'épaule gauche.

Les frères sergents[modifier | modifier le code]

Ils font partie intégrante de l'ordre avec le rang de sergents et prononcent le même serment, ainsi que les vœux monastiques. Ce sont des guerriers professionnels qui combattent habituellement à cheval. Ils sont recrutés dans la population libre locale (Prussiens ou Polonais), n'ont pas de poste de commandement et assurent la garnison des châteaux forts en période de paix. Ils occupent aussi des fonctions administratives ou hospitalières. Leur tenue consiste en un surcot gris avec une croix noire tronquée.

En période de guerre, le grand maître de l'ordre peut donc immédiatement lever une armée, contrairement aux autres souverains européens qui doivent envoyer des messagers dans tout le pays pour réunir leurs barons et chevaliers avec leurs propres troupes, ce qui prend du temps. L'organisation sur place en maillage des chevaliers teutoniques offre de nombreux avantages, d'autant qu'ils sont disciplinés et unis par le même idéal. Ils sont 800 frères chevaliers à la fin du XIVe siècle, avec 6 500 « autres frères » (frères sergents).

Les non militaires : frères et sœurs, demi-frères et demi-sœurs[modifier | modifier le code]

  • Frères prêtres : ils ont une soutane noire avec une cape blanche avec la croix noire teutonique, et sont en petit nombre, même en comptant les clercs des ordres mineurs.
  • Servants domestiques ou demi-frères : ils sont recrutés dans la population locale, ne prononcent pas de vœux, mais doivent suivre la règle commune. Ils n'ont pas de costume particulier.
  • Sœurs : elles prononcent leurs vœux monastiques et ont avant tout une tâche hospitalière. Elles n'ont qu'une seule implantation en Prusse et sont présentes surtout en Germanie.
  • Demi-sœurs : celles-ci sont les domestiques des précédentes et ne prononcent pas de vœux.

Les membres temporaires[modifier | modifier le code]

Ces catégories concernent les membres permanents, à vie, de l'Ordre, mais il existe aussi des catégories de membres de l'Ordre qui le servent pendant une période donnée : ce sont les confrères.

Les confrères ne prononcent pas de vœux, mais sont soumis à la règle commune pendant leur service qui peut se dérouler pendant une campagne militaire, ou pendant plusieurs années. Ils peuvent se marier, mais doivent léguer la moitié de leurs biens à l'ordre à leur mort. Le fameux Tannhäuser était confrère de l'ordre. La cape blanche de l'ordre se porte sur un surcot habituel, en général bleu, mais la croix teutonique se porte à droite de la poitrine. Ils sont autorisés à porter leurs armoiries sur leur bouclier.

Les familiers sont des membres honoraires de l'ordre Teutonique, chargés de l'aider financièrement et de réunir des fonds. Tous leurs biens et leurs terres étaient légués à l'Ordre après leur mort.

Les invités sont des chevaliers venant de toute l'Europe participer aux croisades baltes, après la fin des croisades en Terre sainte. Ceux de l'Empire se réunissent sous la bannière de saint Georges, ceux des autres pays sous la bannière de Notre Dame. Leurs dépenses étaient couvertes par l'ordre ; les invités sont organisés en divisions, correspondant à leurs territoires d'origine.

Parmi les invités célèbres, on peut citer le Français Jean II de Boucicaut, futur maréchal de France, le comte de Derby, futur Henri IV d'Angleterre, Henri de Lancastre, les rois Louis de Hongrie, Valdemar Ier de Danemark, Jean Ier de Bohême, etc. Des familles nobles envoyaient régulièrement leurs rejetons combattre sous la croix teutonique, comme les Kniprode, les Alner (en Germanie), les Gistel (en Flandre), les Suffolk ou Worwick (en Angleterre), les La Trémoille (en France), les Berthout (en Brabant).

Les mercenaires[modifier | modifier le code]

Les commandeurs de commanderies locales peuvent aussi lever des mercenaires qu'ils rémunèrent et organisent en lances de trois hommes. Ils combattent presque toujours à cheval. 3 712 mercenaires (sur les 5 751 mercenaires de l'Ordre) participent à la bataille de Grunwald en 1410.

Panorama de la forteresse teutonique de Marienbourg (aujourd'hui Malbork).

L'organisation territoriale : provinces, bailliages, commanderies[modifier | modifier le code]

Plan de la forteresse teutonique de Ragnit.
Possessions de l'ordre Teutonique en Europe vers 1300.
Bailliages teutoniques en Allemagne et Bohême au XIIIe siècle.

L'ordre est divisé en provinces qui, après 1309, sont :

Les provinces d'Orient[modifier | modifier le code]

Les provinces d'Occident[modifier | modifier le code]

  • Prusse, dirigée par le grand maître lui-même et divisée en trois bailliages
    • Pomérélie, à l'ouest de la Vistule
    • pays de Chełmno (Kulmerland), sur la Vistule
    • Prusse, à l'est de la Vistule

Possessions de l'ordre en France[modifier | modifier le code]

L'ordre détient aussi des possessions en France[24] :

Spiritualité[modifier | modifier le code]

Créé à partir de la croix du Rédempteur, qui est aussi la marque distinctive de l'ordre, sous la protection de la Vierge Marie, de sainte Élisabeth de Thuringe, et de saint Georges[réf. nécessaire][3].

Moyen-Âge[modifier | modifier le code]

Dans les soins apportés aux malades, la spiritualité joue un rôle important: lors de l'admission, les patients sont tenus de confesser leur péchés et de recevoir l'eucharistie[25]. Quant aux frères, il est probable qu'ils suivent le même principe que ceux de l'Ordre des hospitaliers, à savoir de traiter les malades comme si ils et elles étaient le Christ lui-même[25]. Ce sacerdoce de soins aux malades persiste lorsque l'ordre teutonique se militarise, tout comme celui de garantir un enterrement selon le rite chrétien pour les personnes décédées à l'occasion d'un pèlerinage ou de leur participation à une croisade.

Lorsque l'ordre se militarise, les chevaliers envisage leur mission en analogie avec la Révolte des Maccabées pour la reconquête de Jérusalem telle qu'elle est narrée dans l'Ancien Testament. Durant la troisième croisade, cette comparaison était très présente dans les discours religieux relatifs, figurant notamment dans la bulle papale Audita tremendi à l'origine de cette dernière. Par la suite, alors que l'ordre teutonique est engagé dans les croisades baltes, cette référence à leurs combats comme relevant d'une mission semblable à celle du projet de reconquête de Jérusalem par les Maccabées persiste[26].

Époque moderne[modifier | modifier le code]

Triptyque dans l'église de l'ordre Teutonique (en) à Vienne (Autriche). Divers maîtres anonymes pour les tableaux et les sculptures sur bois, et Jan van Wavere (en) pour la polychromie des sculptures sur bois, signé en 1520. À l'origine fait pour l'église Sainte-Marie (Gdańsk), arrivé à Vienne en 1864.
Intérieur de l'église de l'ordre Teutonique (en) à Vienne (Autriche).

À partir de 1945[modifier | modifier le code]


Créé à partir de la croix du Rédempteur, qui est aussi la marque distinctive de l'ordre, sous la protection de la Vierge Marie, de sainte Élisabeth de Thuringe, et de saint Georges.

Les signes distinctifs de l'ordre[modifier | modifier le code]

La croix[modifier | modifier le code]

Chaque frère se lie dans le signe de la croix pour toujours à l'ordre.

La croix noire sur fond blanc est le symbole de la victoire du Christ sur les puissances des ténèbres et la mort.

Les symboles héraldiques[modifier | modifier le code]

Les armes de l’ordre sont constituées d'une croix de sable, chargée d’une croix potencée au champ d’argent.

Par lettres patentes du 20 août 1250, Saint Louis autorise l'ordre à placer sur son blason les quatre fleurs de lys aux extrémités de la croix d'or de Jérusalem dans la croix magistrale. Il témoigne ainsi sa reconnaissance pour la participation de l'ordre à la croisade.

Armes de l'ordre Teutonique.
Armes de l'ordre Teutonique.

L’habit[modifier | modifier le code]

Tannhäuser habillé du manteau blanc des Chevaliers teutoniques (Codex Manesse).

L’habit des chevaliers teutoniques était, comme pour les Templiers, un manteau blanc frappé d’une croix noire (et non rouge). Certaines unités de chevaliers portaient un casque orné pour terrifier leurs rivaux.

Les « frères sergents », membres non-nobles de l’ordre, portaient un manteau gris.

Aujourd'hui, les frères prononçant des vœux perpétuels portent la croix sur un manteau blanc, les frères avec des vœux temporaires sur un habit noir.

Hermann von Salza, grand maître de l'ordre Teutonique (Malbork).

Les chevaliers Teutoniques dans la culture[modifier | modifier le code]

Littérature de fiction et bande dessinée[modifier | modifier le code]

  • Gustav Freytag, Die Brüder vom deutschen Hause. S. Hirzel, Leipzig, 1874. Roman historique allemand.
  • Rudolf Heinrich Genée, Marienburg. Deubner, Berlin 1884. Roman historique allemand.
  • Ernst Wichert, Heinrich von Plauen (1881). Roman historique allemand. Schild-Verlag, München 1959.
  • Ernst Wichert, Der Bürgermeister von Thorn (1886) Roman historique allemand. Verlag « Der Büchermarkt », Berlin, 1938.
  • Henryk Sienkiewicz, Krzyżacy (Les Chevaliers teutoniques) (1900). Roman historique et épique polonais qui a pour cadre la Pologne des années 1399 à 1410. Traduit dans vingt-cinq langues, il connut un succès public immédiat à l’époque. C’est le premier roman publié en Pologne après la Seconde Guerre mondiale. Première traduction française par Maurice R. Skalski sous le titre Les Chevaliers de la Croix, Paris, P. Lamm, 1901.
  • Vincent Brugeas, Block 109, Éd. Akileos, Bordeaux, 2010. Bande dessinée de fiction uchronique (dessins de Ronan Toulhoat) se situant après un assassinat d'Adolf Hitler en 1941, dans laquelle l'ordre Teutonique a été ressuscité par Himmler et livre une guerre politique à la SS. Les combattants du « nouvel Ordre teutonique » combattent masqués et casqués sous l'emblème de l'ordre et de la svastika.
  • Pat Mills, Requiem, chevalier vampire, Éditions Nickel, puis Glénat, 2000-2012. Série d’albums de bande dessinée (dessins de Olivier Ledroit). Le protagoniste est la réincarnation du grand maître de l'Ordre teutonique Heinrich Barbarossa (personnage fictif).
  • Patrick Schmoll, Là-bas sont les dragons, Éditions de l’Ill, Strasbourg, 2019. Roman historique français qui débute avec le récit de la bataille de Tannenberg, et a pour toile de fond les conflits entre Teutoniques et Polonais pendant la première moitié du XVe siècle.
  • Turk et De Groot, Robin Dubois (1974-2008). Série de bande dessinée humoristique dans laquelle apparaît une troupe de chevaliers teutoniques.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Jeux vidéo[modifier | modifier le code]

  • Assassin's Creed, jeu vidéo développé et édité par Ubisoft sorti en 2007. Le joueur y incarne un membre de la secte des Assassins chargé d'assassiner plusieurs acteurs de la troisième croisade. Maître Sibrand, premier chef des teutoniques, est une de ces cibles.
  • Dans la saga du jeu Age of Empires II: The Age of Kings, on peut jouer à plusieurs reprises les chevaliers teutoniques qui sont présentés comme des guerriers très puissants.
  • L'extension Kingdom du jeu Medieval II: Total War permet de prendre le contrôle de l'Ordre teutonique. Les armées de la faction sont composées de chevaliers à pied et montés, soutenus par des auxiliaires tels les arbalétriers Livoniens.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Danielle Buschinger, Les Chevaliers teutoniques, Paris, Ellipses,  ; Sylvain Gouguenheim, Les Chevaliers Teutoniques, Tallandier, (ISBN 9791021053724).
  2. a et b (en) Dane Munro, « The Teutonic order », Journal of the monastic military orders, no 1,‎ (lire en ligne)
  3. a et b Morton 2009, p. 26.
  4. Morton 2009, p. 14.
  5. Morton 2009, p. 14-15.
  6. (de) Conradin von Planta et Maria Magdalena Rückert, « Rezension von: Rückert, Maria Magdalena, Der Deutsche Orden im Südwesten », Zeitschrift für Württembergische Landesgeschichte, vol. 79,‎ , p. 607 (ISSN 2749-1277, DOI 10.53458/zwlg.v79i.2675, lire en ligne, consulté le )
  7. Morton 2009, p. 13-20.
  8. Wenta 2024, p. 191.
  9. Citation complète :"Statuimus etiam, ut ordo fratrum Hospitalis Jerosolimitani circa pauperes et infirmos, ordo vero fratrum militie Templi circa clericos et milites ac alios fratres iuxta institutionem domus vestre per petuis ibidem temporibus observetur", rapportée par Wenta 2024, p. 192.
  10. a et b Wenta 2024, p. 192.
  11. (en) William Urban, « The Teutonic Knights and Baltic Chivalry », The Historian, vol. 56, no 3,‎ , p. 519–530 (ISSN 0018-2370 et 1540-6563, DOI 10.1111/j.1540-6563.1994.tb01324.x, lire en ligne, consulté le )
  12. Kristjan Toomaspoeg, Histoire des chevaliers teutoniques, Flammarion, coll. « Champs », , 201 p. (ISBN 978-2-08-080061-9), « L'aventure de la Palestine », p. 27
  13. a et b (en) Ronald Delval, « The road to the Thirteen Years War: The Teutonic Order », Medieval Warfare, vol. 2, no 2,‎ , p. 6 (ISSN 2211-5129, lire en ligne)
  14. (pl) « History buffs reenact 1410 Battle of Grunwald in northern Poland - English Section - polskieradio.pl », sur polskieradio.pl (consulté le )
  15. Cf. page anglaise League of Torgau.
  16. La sécularisation de l'ordre de Livonie n'aura lieu qu'en 1561, après la guerre de Livonie.
  17. Annuaire pontifical, Città del Vaticano, Librairie éditrice vaticane, (ISBN 9788820992934), p. 1411.
  18. (de) Maike Trentin-Meyer (ed.) et Udo Arnold, Deutscher Orden 1190–2000– Ein Führer durch das Deutschordensmuseum in Bad Mergentheim, Spurbuchverlag, , p. 86.
  19. Cornel Zwierlein, « Les SS comme ordre «teutonique» et l'ordre «ennemi» des jésuites: la gestion et la «mise en bataille» des mémoires du Moyen Âge et du xvi e siècle dans le monde nazi », dans Réforme et Contre-Réforme, vol. 3, Brepols Publishers, , 61–89 p. (ISBN 978-2-503-52570-9, DOI 10.1484/m.er-eb.4.00005, lire en ligne)
  20. (de) Adolf Hitler, Mein Kampf, vol. I, Munich, Verlag Franz Eher Nachf. G. m. b. H, , p. 154.
  21. (de) Maike Trentin-Meyer (ed.) et Udo Arnold, Deutscher Orden 1190–2000– Ein Führer durch das Deutschordensmuseum in Bad Mergentheim, Spurbuchverlag, , p. 86 et 93.
  22. (en) Cordelia Heß, « Medieval Cults and Modern Inventions. Dorothy of Montau, the Teutonic Order and “Katholiken für Hitler” », dans Saints and Sainthood around the Baltic Sea: Identity, Literacy, and Communication in the Middle Ages, Kalamazoo, Medieval Institute Publications, (lire en ligne)
  23. (en) Michael Burleigh, « Rycerze,nacjonaliści i historycy. Obraz średniowiecznych Prus w okresie od oświecenia po 1945 rok », Przegląd Zachodni, vol. 362, no 01,‎ , p. 7–24 (ISSN 0033-2437, lire en ligne, consulté le )
  24. Henri d'Arbois de Jubainville, « L'Ordre teutonique en France. », Bibliothèque de l'École des chartes, no 32,‎ , p. 63-83 (lire en ligne)
  25. a et b Morton 2009, p. 16-17.
  26. Morton 2009, p. 11-12.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henry Bogdan, Les Chevaliers teutoniques, Perrin, 1995 (ISBN 978-2262018917), 2e édition 2002.
  • Danielle Buschinger et Mathieu Oliver, Les chevaliers teutoniques, Ellipses, coll. « Biographies et mythes historiques », , 560 p. (ISBN 978-2729833541). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Érik Christiansen, Les Croisades nordiques. L'Occident médiéval à la conquête des peuples de l'Est. 1100-1525, Alérion, Lorient (1996) (ISBN 2910963047).
  • Alain Demurger, Chevaliers du Christ, les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, Seuil, 2002 (ISBN 2-02-049888-X).
  • Kristjan Toomaspoeg, Histoire des Chevaliers teutoniques, Flammarion, 2001, 201 p. (ISBN 978-2080800619).
  • Sylvain Gouguenheim, Les Chevaliers teutoniques, Tallandier, 2007, 781 p. (ISBN 978-2847342208).
  • Encyclopédie méthodique, ou par ordre de matières, par une société de gens de lettres, de savants et d'artistes…, Panckoucke, Paris, Plomteux, Liège, 1782-1832 (OCLC 4173175).
  • Les Chevaliers teutoniques sur France Inter, émission 2 000 ans d'histoire avec Danielle Buschinger, septembre 2007. Écouter.
  • Sylvain Gouguenheim, « Les chevaliers teutoniques, croisés de la baltique », Guerres & Histoire,‎ , p. 66 (ISSN 2115-967X)
  • (en) Nicholas Morton, The Teutonic Knights in the Holy Land, 1190-1291, Boydell & Brewer, , 242 p. (ISBN 9781846157684). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (de) Jaroslaw Wenta, « Die Deutschordensstatuten: Edition und Frühgeschichte », dans Die Kanzleisprache Ludwigs des Bayern im europäischen Kontext: Mit einer Ausstellung von Urkunden aus dem Staatsarchiv Augsburg, De Gruyter, (ISBN 978-3-11-108246-2), p. 183_196. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]