Otto Pérez Molina — Wikipédia

Otto Pérez Molina
Illustration.
Portrait officiel d'Otto Pérez Molina (2012).
Fonctions
Président de la république du Guatemala

(3 ans, 7 mois et 20 jours)
Élection 6 novembre 2011
Vice-président Roxana Baldetti
Alejandro Maldonado
Prédécesseur Álvaro Colom
Successeur Alejandro Maldonado
Biographie
Nom de naissance Otto Pérez Molina
Date de naissance (73 ans)
Lieu de naissance Guatemala (Guatemala)
Nationalité guatémaltèque
Parti politique Parti patriote
Diplômé de École militaire des Amériques
Profession Militaire

Otto Pérez Molina
Présidents de la république du Guatemala

Otto Pérez Molina, né le à Guatemala, est un militaire et homme d'État guatémaltèque, président de la République du au .

Général pendant le conflit armé guatémaltèque, il est accusé de crimes de guerre et d'assassinats, notamment contre les populations indigènes.

Fondateur du Parti patriote (PP) en 2001, il perd le second tour de l'élection présidentielle de 2007 face au social-démocrate Álvaro Colom. Quatre ans plus tard, il l'emporte contre Manuel Baldizón.

Il démissionne quatre mois avant la fin de sa présidence après des manifestations massives, à la suite d'un scandale de corruption, l'affaire La Linea, mis à jour par la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (Cicig). Il est incarcéré au lendemain de son départ du pouvoir, alors que le vice-président Alejandro Maldonado Aguirre lui succède.

En 2022, il est condamné à seize ans de prison dans l'affaire La Linea : selon l’enquête, quelque 3,5 millions de dollars de pots-de-vin ont été versés tandis que le montant détourné par le biais de la fraude fiscale a atteint près de 10 millions de dollars entre 2013 à 2015. Il est ensuite condamné à huit ans de prison, en 2023, dans le cadre d'une autre affaire de corruption. Il est libéré sous condition en janvier 2024.

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Otto Pérez Molina suit l'enseignement militaire de l'École polytechnique guatémaltèque et de l'École militaire des Amériques[1] à partir de 1966. Sa formation comprend également le cursus d'études de défense continentale du Collège interaméricain de défense[2] de Fort McNair à Washington, D.C., le programme de haute gestion de l'INCAE, école de commerce d'Harvard au Costa Rica et une maîtrise de sciences politiques de l'université Francisco-Marroquin du Guatemala.

D'après les archives National Security Agency (NSA), il serait, à partir de sa formation militaire à l'École polytechnique, membre d'une organisation accusée d’activités criminelles de contrebande et de différents trafics. Plusieurs autres officiers servant à ses côtés, dont certains le suivront dans sa carrière politique, auraient aussi été membres de l'organisation[3].

Activités[modifier | modifier le code]

Il participe aux campagnes militaires menées, en 1982, dans la zone de l’Ixils, l’une des plus touchées par la répression et où de nombreux villages sont rasés par l'armée[3]. Il est le directeur du G-2, le service guatémaltèque de Renseignement militaire. En 1983, il est membre du groupe d'officiers qui soutient le coup d'État d'Óscar Mejía, ministre de la Défense, contre le dictateur Efraín Ríos Montt.

En 1993, il joue un rôle dans la sortie forcée du président Jorge Serrano Elías après la tentative d'auto-coup d'État de ce dernier. Il devient peu après chef de l'état-major du nouveau président guatémaltèque, Ramiro de León Carpio, et le demeure jusqu'en 1995. En 1996, pendant la présidence d'Álvaro Arzú Irigoyen, Otto Pérez Molina représente l'armée guatémaltèque lors de la signature des accords de paix.

Il prend sa retraite militaire en .

Plaintes[modifier | modifier le code]

Le , trois militants des États-Unis et l'organisation indigène Waqib Kej présentent à Juan Méndez, le rapporteur spécial des Nations unies contre la torture, une « lettre d'allégation ». Dans celle-ci, ils affirment que Pérez a été impliqué dans la pratique systématique de la torture et les actes de génocide pendant le conflit interne du Guatemala entre 1960 et 1996[4],[5],[6].

Les militants précisent que les crimes auraient été commis en 1982, alors que Pérez était responsable de casernes militaires dans le triangle Ixil, dans la province Quiché, une des plus affectée pendant la guerre civile. De plus, ils soulignent que Pérez pourrait avoir été responsable de la torture et de la disparition du guérillero Efraín Bamaca, le mari de Harbury, une des militantes.

Le journaliste Francisco Goldman l'accuse par ailleurs d’être impliqué dans l'assassinat de l’évêque Juan Gerardi[7].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Le , Otto Pérez Molina fonde le Parti patriote, qui, lors des élections de 2003, rejoint la Grande Alliance nationale, ce qui lui permet d'être élu député au Congrès.

Candidature infructueuse de 2007[modifier | modifier le code]

En , Otto Pérez Molina participe aux élections comme candidat à la présidence de la République avec le Parti patriote. Selon des documents ultérieurement divulgués par Wikileaks, il reçoit pour sa campagne des financements des grandes familles de l'oligarchie nationale[8]. Il obtient 23,51 % des suffrages et se place en seconde position derrière Álvaro Colom Caballeros qui atteint 28,23 %. Au second tour, Álvaro Colom l'emporte avec 52 % des voix[9].

Élection présidentielle de 2011[modifier | modifier le code]

Otto Pérez Molina est candidat à l'élection présidentielle de 2011, soutenu à nouveau par le Parti patriote. Sa colistière est Roxana Baldetti. Selon le site El Observador, il fait figure de « candidat préféré de l’oligarchie »[3].

Le , il arrive en tête du premier tour avec 36,01 % des voix, devançant Manuel Baldizon, également issu de la droite, qui obtient 23,20 % des voix[10]. Le , il remporte le second tour avec 53,76 % des suffrages exprimés contre 46,24 % pour son rival Manuel Baldizon[11].

Président de la République[modifier | modifier le code]

Otto Pérez Molina et le président du gouvernement d'Espagne Mariano Rajoy, en 2015.

Otto Pérez Molina entre en fonction le . Le suivant, dans le quotidien britannique The Guardian, il lance un appel à la dépénalisation et à la régulation du marché des drogues actuellement illicites, à l'image de ce qui se fait déjà pour l'alcool et le tabac. La réflexion internationale qu'il appelle de ses vœux serait motivée par l'échec des politiques actuelles de répression, qui ont pour conséquence en particulier la violence observée en Amérique centrale[12],[13].

Son mandat est marqué par le procès pour génocide de l'ancien président Efraín Ríos Montt, auprès duquel il a servi dans l'armée au cours de la guerre civile.

Accusations de corruption et démission[modifier | modifier le code]

La dernière année de son mandat est aussi celle de la mise à jour d'un vaste réseau de fraude sur les revenus douaniers, connue sous le nom d'affaire La Línea. Otto Pérez Molina est accusé d'être à la tête de ce réseau de corruption, avec sa vice-présidente Roxana Baldetti, disposant de ramifications dans les hautes sphères de l'appareil d’État. Mis en cause par le ministère public et la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG), organisme de l'ONU, il est le premier président guatémaltèque à voir son immunité parlementaire levée le [14]. Alors que le parquet comptait demander la fin de ses fonctions[15], le président annonce sa démission dans la nuit suivante[16], quatre mois avant la fin de son mandat, en .

Après la présidence de la République[modifier | modifier le code]

Placement en détention provisoire[modifier | modifier le code]

Otto Pérez Molina est placé en détention provisoire dès le lendemain de sa démission, le , dans l'attente de son éventuel procès[17],[18]. Les poursuites pénales sont lancées le  : il est accusé d'association de malfaiteurs, de fraude douanière et de corruption passive et est maintenu en détention préventive[19].

Plusieurs de ses ministres sont aussi en prison pour différentes affaires de corruption[20]. L'ex-vice-présidente Roxana Baldetti est en prison pour sa participation au réseau La Linea, mais est aussi accusée de trafic de drogue. L'ex-ministre de l'Intérieur Mauricio Lopez est lui aussi accusé de trafic de drogue et devrait faire l'objet d'une demande d'extradition des États-Unis, tout en étant actuellement détenu au Guatemala pour détournement de fonds[21]. Le vice-ministre de l'Intérieur et le directeur général de la police ont été arrêtés pour des ventes frauduleuses de véhicules blindés qui leur ont rapporté quatre millions de dollars[20].

Le réseau d'entreprises finançant le Parti patriote a accaparé 450 marchés publics et a déterminé les priorités de plusieurs grandes administrations (tels les ministères des Communications, des Infrastructures et du Logement). Il a ainsi pu mettre en place les programmes et échéances financières qui permettaient d'optimiser la distribution d'argent public aux entreprises qui lui étaient associées.

Une nouvelle enquête est ouverte en 2016 : « Nous en avons déduit qu'il ne s'agissait plus tant d'un gouvernement dont les membres commettaient des actes isolés de corruption que d'une structure criminelle mafieuse qui avait acquis le contrôle de l’État par la voie des urnes (...) et dont les principaux dirigeants étaient Otto Pérez Molina et Roxana Baldetti », annonce la CICIG[22].

Condamnations[modifier | modifier le code]

En décembre 2022, il est condamné à seize ans d'emprisonnement. Selon l’enquête, quelque 3,5 millions de dollars de pots-de-vin ont été versés tandis que le montant détourné par le biais de la fraude fiscale a atteint près de dix millions de dollars entre 2013 à 2015[23].

En septembre 2023, il est condamné à huit ans de prison pour son rôle dans une autre opération de corruption[24].

Il est libéré en janvier 2024 après avoir payé une caution de 1,2 million de dollars[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Notorious Guatemalan School of the Americas Graduates » (consulté le )
  2. (es) « Otto Pérez Molina, el general retirado que apuesta por "mano dura" para resolver los problemas », sur europapress.es
  3. a b et c « Guatemala, le pays où la droite est reine », (consulté le )
  4. (es) « Denuncian al candidato Pérez Molina por genocidio y tortura de indígenas en Guatemala », sur Yahoo, (consulté le )
  5. (es) « Denuncia de Tortura con el Relator », sur Hablaguate (consulté le )
  6. (es) « De ésos, ¡líbranos! », (consulté le )
  7. « Nexos entre Pérez Molina y el asesinato del obispo Gerardi », LARED21,‎ (lire en ligne)
  8. « Guatemala, le pays où la droite est reine », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « Guatemala heads for run-off vote », sur BBC (Royaume-Uni), (consulté le )
  10. (es) Tribunal Supremo Electoral - Resultados Primera Vuelta
  11. (es) Tribunal Supremo Electoral - Resultados Elecciones Generales
  12. Le président du Guatemala veut légaliser toutes les drogues, Le Monde avec AFP, 8 avril 2012.
  13. (en) Otto Pérez Molina, We have to find new solutions to Latin America's drugs nightmare, The Guardian, 7 avril 2012.
  14. (es) « Pérez Molina queda sin inmunidad », sur Prensa Libre (consulté le )
  15. (es) « Fiscalía pedirá cese de funciones de Pérez Molina, Prensa Libre », sur Prensa Libre (consulté le )
  16. (es) « URGENTE: Dimite Otto Pérez Molina, el presidente de Guatemala », sur Soy502, (consulté le )
  17. (es) « En Directo | Pérez Molina, en el banquillo de los acusados » (consulté le )
  18. « Guatemala : Alejandro Maldonado nouveau président, Pérez en détention provisoire », sur Liberation (consulté le )
  19. (es) Sara Melini, « En Directo : Pérez Molina ligado a proceso penal por caso La Línea », Prensa libre,‎
  20. a et b (es) « Guatemala: nuevas capturas por casos de corrupción », teleSUR,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. « Guatemala: l'ex-vice-présidente accusée de trafic de drogue », AFP,‎ (lire en ligne)
  22. Clément Detry, « Quand le Guatemala organise l’impunité »,
  23. « Au Guatemala, l’ancien président Otto Perez condamné à seize ans de prison », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  24. a et b « Un ex-président du Guatemala libéré de prison sous condition », sur Le Figaro, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]