Pagliacci — Wikipédia

Paillasse

Pagliacci original

Pagliacci (Paillasse en français)[1] est un opéra italien en deux actes de Ruggero Leoncavallo, créé le au Teatro Dal Verme à Milan[2].

Pagliacci s'est rendu célèbre par la mise en abyme de son action dramatique, ainsi que par son manifeste — exposé par l'un des personnages lors d'un Prologue, dans lequel l'auteur appelle à rapprocher fiction et réalité, jusqu'à ne plus savoir distinguer l'une de l'autre. Servi par une musique passionnée et un sens aigu du drame, il illustre parfaitement l'esthétique vériste, fondée sur l'évocation réaliste et directe de « tranches de vie ». Il précède en cela certains aspects de l'œuvre de Giacomo Puccini, que l'on associe souvent au vérisme, qui en a subi l'influence, mais en le dépassant.

Réactualisant la question du paradoxe sur le comédien, qu'illustre le fameux air Vesti la giubba (« Mets la veste ») dans lequel Canio, en plein désarroi juste avant la représentation fatale, exhorte son propre personnage à paraître joyeux sur scène (« Ridi, Pagliaccio, e ognun applaudirà ! »[3]), le rôle a été particulièrement prisé par de célèbres ténors, dont un des plus marquants fut au début du XXe siècle Enrico Caruso.

En raison de sa brièveté (environ 70 minutes) et d'une relative parenté, plus littéraire que musicale, il est souvent associé à un autre opéra vériste composé deux ans auparavant : Cavalleria rusticana de Pietro Mascagni (1890)[4].

Argument[modifier | modifier le code]

La scène se passe dans un village de Calabre, un après-midi de 15 août.

Selon Leoncavallo[5] lui-même, l'histoire serait inspirée d'un fait divers que le père de l'auteur aurait eu à juger : au cours d'une représentation de commedia dell'arte donnée dans un village de Calabre par une troupe de théâtre ambulant, le comédien Canio, mélangeant l'action de la pièce et la vie réelle, tue sa femme Nedda et l'amant de celle-ci, sous les applaudissements des spectateurs qui ne comprennent que trop tard le télescopage entre le jeu et la réalité.

Distribution[modifier | modifier le code]

  • Canio alias « Pagliaccio » dans la comédie, directeur d'une troupe de comédiens ambulants (ténor)
  • Nedda alias « Colombina », son épouse (soprano)
  • Tonio alias « Taddeo », un clown (baryton)
  • Beppe alias « Arlequin » (ténor)
  • Silvio, un villageois, amant de Nedda (baryton)

Adaptations[modifier | modifier le code]

Discographie[modifier | modifier le code]

Référence culturelle[modifier | modifier le code]

  • Dans le roman Les Plouffe de Roger Lemelin, Ovide Plouffe, amateur d'opéra, met en scène Paillasse dans son salon familial. Son public de classe ouvrière a peur qu'il tue pour de vrai la comédienne incarnant Colombine. Lemelin reprend en sens inverse la confusion entre la réalité et la fiction à l'origine de Paillasse.
  • Dans l'épisode Vendetta des Simpson, sur une scène italienne où Sideshow bob chante, vesti la giubbia, dans un spectacle de Pagliacci référence directe à cette œuvre assez comique tant donné que Sideshow Bob était un clown avant d'être un tueur.
  • Dans Les Incorruptibles (Brian de Palma, 1987), Al Capone (Robert de Niro) pleure aux dernières mesures de Vesti la Giubba quand on vient lui apprendre la mort de Malone (Sean Connery).

Liens externes[modifier | modifier le code]


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le terme « pagliaccio » (« pagliacci » au pluriel) désigne en italien le clown ou le bateleur de foire. Contrairement au titre original, le titre français traditionnel est au singulier.
  2. François-René Tranchefort, L'Opéra, Paris, Éditions du Seuil, , 634 p. (ISBN 2-02-006574-6), p. 320
  3. « Ris, Paillasse, et tous applaudiront ! »
  4. Les amateurs d'opéras parlent du couple « Cav-Paill ».
  5. « Pagliacci » dans Piotr Kamiński, Mille et un opéras, Fayard, 2003 (ISBN 2-213-60017-1)