Pausanias le Périégète — Wikipédia

Pausanias le Périégète
Biographie
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AsieVoir et modifier les données sur Wikidata
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Activités
Œuvres principales

Pausanias (en grec ancien Παυσανίας / Pausanías, mot formé à partir des deux mots grecs παῦσις / paûsis (cessation, fin) et ἀνία / avía (chagrin, ennui, affliction)), dit le Périégète[Note 1], est un voyageur de l'Antiquité. Né sans doute à Magnésie du Sipyle (Lydie) vers l'an 115, il meurt à Rome aux alentours de l'an 180. Il est l'auteur d'une Description de la Grèce ou Périégèse.

Parcours[modifier | modifier le code]

Pausanias explore la Grèce, la Macédoine, l'Italie, l'Asie et l'Afrique avant de se fixer à Rome vers 174. Là, il écrit une Description de la Grèce (Περιήγησις / Periêgêsis [Hellados]), ou Périégèse, en dix livres. À la manière d'un guide de voyage moderne, il donne, au fil de son itinéraire, la liste détaillée des sites (dont une description de Delphes) qu'il visite et les légendes qui s'y rapportent. L'historien Paul Veyne va jusqu'à en dire, dans son ouvrage Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? (1983) :

« Pausanias est l'égal d'un philologue ou d'un archéologue allemand de la grande époque ; pour décrire les monuments et raconter l'histoire des différentes contrées de la Grèce, il a fouillé les bibliothèques, a beaucoup voyagé, a tout vu de ses yeux. […] La précision des indications et l'ampleur de l'information surprennent, ainsi que la sûreté du coup d'œil. »

Œuvre[modifier | modifier le code]

L'œuvre de Pausanias est ainsi un témoignage de première importance sur la Grèce à l'époque romaine, en particulier pour le IIe siècle. De nombreuses fouilles archéologiques ont confirmé à maintes reprises la véracité de ses informations, surtout en ce qui concerne les sites historiques et les œuvres d'art qu'ils contenaient.

Cependant, les découvertes de certaines fouilles se sont avérées en contradiction avec les descriptions de Pausanias, soit que celles-ci étaient dès l'origine incomplètes, en regard des vestiges découverts par l'archéologie moderne, soit qu'elles aient été tronquées lors des transcriptions et copies. Par ailleurs, Pausanias se complaît souvent à mêler histoire et mythologie, et cite des lieux difficilement identifiables comme les îles Satyrides. Cela fait de Pausanias un auteur à utiliser avec précaution, ses textes n'étant pas toujours des plus fiables.

Carte de la Grèce. On y voit quelles sont les régions décrites dans chacun des dix livres.

La Description se décompose comme suit :

Îles Satyrides[modifier | modifier le code]

Pausanias aurait relaté également l'existence d'îles situées au-delà des colonnes d'Hercule, donc dans l'océan Atlantique, dénommées îles Satyrides, certaines inhabitées et d'autres peuplées par des Satyres à la peau « rousse » et pourvus de « queues presque aussi longues que celles des chevaux »[1]. Pausanias tiendrait cette information de marins au « long cours », notamment d'un certain Euphémos[2], marin originaire de Carie[3].

Par la suite des historiens, ethnologues, ethnographes ou hellénistes donnèrent leur interprétation tentant d'expliquer le texte original de Pausanias. Ainsi l'helléniste Pierre Lévêque y voit « une île de peaux-rouges à queue de cheval, située du côté des Antilles »[4]. Le père Joseph François Lafitau, ethnographe de la première heure, a également étudié ce texte de Pausanias et donne son interprétation reprise dans le volume IV de l'ouvrage Bibliothèque françoise, ou Histoire littéraire de la France[5]. Il y voit des hommes à la chair rougeâtre et dont la queue située au bas de leur dos ou sur leur flanc, ne serait que celle des peaux de bêtes dont ces humains se couvraient. D'autres interprétations donnent une description « d'hommes à peau rouge, à chevelure noire et raide comme le crin d'un cheval »[6]. La description de ces « sauvages » s'apparente plus à des satyres selon la perception qu'en avaient les Anciens, plutôt qu'à l'existence d'un groupe d'aborigènes constituant un peuple autochtone, tant par l'apparence que par les mœurs. Les traductions que donnent ces sources secondaires forcent le trait (« à la peau rouge » plutôt que « roux », « chevelure noire et raide comme le crin d'un cheval » plutôt qu'ayant « des queues presque aussi longues que celles des chevaux »).

Cependant Pausanias précise que tous ces navigateurs, bien qu'ils soient des hardis marins, sont de fieffés menteurs. Néanmoins la description faite de ces hommes d'outre écoumène demeure une énigme qui pose la question récurrente d'hypothétiques navigations transocéaniques, involontaires ou non, connues ou restées secrètes, imprécises ou fantaisistes, au cours de l'Antiquité.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Périégète est le surnom donné à un auteur de récits de voyage ou de descriptions géographiques (CNRTL.fr [lire en ligne]).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Pausanias, Description de la Grèce, sections 5 et 6
  2. Jean-Michel Racault, L'aventure maritime dans l'Antiquité classique, éditions l'Harmattan, 2001, p.  15. J.-M. Racault se réfère pour cette information à Pierre Lévêque, Empires et barbaries. IIIe siècle avant J.-C.—Ier siècle après J.-C., p. 7.
  3. Louis-Henri Parias, Histoire universelle des explorations, en 4 volumes, éditions Nouvelle Librairie de France, Paris, 1957-1959, tome 2, p. 226.
  4. Pierre Lévêque, Histoire universelle Larousse de poche : Empires et barbaries IIIe s. av. - Ier s. ap. éditions Larousse, Paris, 1968 ; extrait : « L'écrivain grec Pausanias (IIe siècle de notre ère) rapporte qu'un certain Euphémos de Carie fut poussé par la tempête bien au-delà des colonnes d'Héraclès (détroit de Gibraltar) jusqu'à une île de peaux-rouges à queue de cheval, aux mœurs d'une déplorable lubricité : les Antilles, selon toute vraisemblance »
  5. Bibliothèque françoise, ou Histoire littéraire de la France, Volume 4, Amsterdam, 1724, p. 104
  6. Jean Fourtier et al., « La vie de l'Association Guillaume Budé », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, vol. 1,‎ , p. 38 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Traductions[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

  • (en) Harold N. Fowler, « Pausanias's Description of Greece », American Journal of Archaeology , Vol. 2, No. 5 (Sep. - Oct., 1898), pp. 357-366 Lire en ligne
  • Vinciane Pirenne-Desforges, Retour à la source : Pausanias et la religion grecque, Liége, Presses universitaires de Liège, (ISBN 9782821829084, DOI 10.4000/books.pulg.1007, lire en ligne)
  • (en) Marie Pretzler, Pausanias. Travel Writing in Ancient Greece, London - New York, Bloomsbury, , 392 p. (ISBN 978-1-849-66776-0)
  • Jean-Christophe Vincent, « Les statues d’Asie Mineure dans l’œuvre de Pausanias : héritages religieux, description des techniques et particularités locales », Collection de l’Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité, vol. La Sculpture gréco-romaine en Asie Mineure, no 1345,‎ , p. 59-76 (lire en ligne, consulté le )
  • Jacques Boulogne, Marion Muller-Dufeu, Maude Picouet-de Crémoux (dir.), Choses vues et entendues par Pausanias: Guide des croyances de la Grèce antique, Villeneuve-d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, , 440 p. (ISBN 978-2-757-40886-5)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]