Persécutions des chrétiens — Wikipédia

Les pays dans lesquels les plus importantes persécutions contre les chrétiens existent.

La persécution des chrétiens recouvre une diversité d'actions et de comportements dont le point commun est la répression du christianisme et l'élimination des chrétiens, culturelle et même physique, par des pouvoirs religieux ou laïcs. Ces persécutions peuvent aller jusqu'au massacre organisé.

L'Empire ottoman eut une politique de persécution envers les chrétiens qui culmina avec les massacres hamidiens à la fin du XIXe siècle, puis les génocides arménien, grec et assyrien pendant la Première Guerre mondiale et la guerre civile turque. Ce fut aussi le cas dans des pays communistes, particulièrement en URSS du temps de Staline, en Albanie, en Chine populaire ou en Corée du Nord.

Typologie[modifier | modifier le code]

Selon l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens, il y a deux formes principales de persécution : d’un côté, la violence physique et matérielle (« persécution marteau ») et de l’autre côté, la violence d’oppression au quotidien (« persécution étau »)[1]. Cette dernière est la plus difficile à mesurer car elle passe souvent inaperçue. C'est la raison pour laquelle, six critères sont mesurés pour élaborer la liste : les persécutions personnelles, les persécutions familiales, sociales, constitutionnelles, ecclésiales et les violences physiques[2].

Période romaine[modifier | modifier le code]

Du Moyen Âge au XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Révolution française[modifier | modifier le code]

Génocide arménien[modifier | modifier le code]

En 2007, l'Association internationale des spécialistes des génocides (International Association of Genocide Scholars) est parvenue à un consensus selon lequel « la campagne ottomane contre les minorités chrétiennes de l'Empire entre 1914 et 1923 constituait un génocide contre les Arméniens, les Assyriens et les Grecs pontiques d'Anatolie[3]. ». Premier génocide du XXe siècle perpétré d' à , voire 1923, au cours duquel les deux tiers des Arméniens qui vivent alors sur le territoire actuel de la Turquie périssent du fait de déportations, famines et massacres de grande ampleur. Il est planifié et exécuté par le parti au pouvoir à l'époque, le Comité Union et Progrès, plus connu sous le nom de « Jeunes-Turcs », composé en particulier du triumvirat d'officiers Talaat Pacha, Enver Pacha et Djemal Pacha, qui dirige l'Empire ottoman alors engagé dans la Première Guerre mondiale aux côtés des Empires centraux. Il coûte la vie à environ un million deux cent mille Arméniens d'Anatolie et d'Arménie occidentale. Le Génocide Arménien fait l’objet d’un négationnisme de la part de la population et des autorités turques.

Révolution russe et régime soviétique[modifier | modifier le code]

Guerre des Cristeros au Mexique[modifier | modifier le code]

Chrétiens d'Orient[modifier | modifier le code]

Pays communistes et chrétiens[modifier | modifier le code]

Les persécutions dans les pays qui appliquent le communisme se caractérisent notamment par la complexité d'obtention d'autorisations gouvernementales pour le culte, les destructions d’églises et les arrestations de croyants pour des rassemblements de prière maison[4],[5]Interprétation abusive ?.

Pays appliquant la charia et chrétiens[modifier | modifier le code]

Les persécutions dans les pays qui appliquent la charia se caractérisent notamment par la complexité d'obtention d'autorisations gouvernementales pour le culte, des discriminations pour les nouveaux convertis, dans la recherche d’emploi par exemple, des attaques ou des meurtres sur des chrétiens et des incendies dans des églises[6],[7].

Persécutions contemporaines[modifier | modifier le code]

Outils d'analyse[modifier | modifier le code]

Il existe un Observatoire de la liberté religieuse dans le monde[8], créé par l'organisation catholique Aide à l'Église en détresse (AED)[9] qui fournit une base documentaire sur la situation de l'Église catholique et des principales religions dans le monde pour plus d'une centaine de pays[10].

L'ONG chrétienne évangélique Portes Ouvertes dresse une étude annuelle sur la persécution des chrétiens, donnant lieu à un outil de mesure de la persécution à l'échelle mondiale, intitulé Index Mondial de Persécution [11]. Cet outil existe depuis 1993, et entend rassembler des données dans plus de 150 pays, afin de lister les 50 pays qui sont le plus fortement touchés par la persécution des chrétiens[12].

Le Pew Research Center publie également des informations sur la persécution religieuse, mais sans faire de distinction entre les diverses religions. Leur étude présente l'intérêt de distinguer la persécution « officielle », orchestrée par l'État, de l'hostilité populaire dans chaque pays[13].

Comment la persécution arrive-t-elle ?[modifier | modifier le code]

Selon l'ONG Portes Ouvertes, la persécution se développe généralement en six étapes :

Étape 1. Un petit groupe social hautement actif défendant une religion ou idéologie commence à répandre ses idées aux dépens d’autre(s) groupe(s).

Étape 2. Le(s) mouvement(s) fanatique(s) issu(s) du groupe de départ grandissent ou se regroupent entre eux et exercent une pression sur la société et sur le gouvernement au moyen de stratégies médiatiques et / ou d’attaques physiques sur le(s) autre(s) groupe(s).

Étape 3. La violence générée par les mouvements fanatiques perturbe la société mais le gouvernement ne les sanctionne pas, tout en accusant le(s) groupe(s) victime(s) d’être la cause de l’agitation sociale en raison même de son/leur existence.

Étape 4. Les actions des mouvements fanatiques se renforcent et attirent de plus en plus de personnes dans leur giron. Cela entraîne plus de pression sur le gouvernement qui est amené à se plier à leur agenda.

Étape 5. La société, le gouvernement, le système judiciaire et sécuritaire harcèlent les membres appartenant au(x) groupe(s) victime(s), au point de l’(les) emmener au bord de l’asphyxie dans tous les domaines de la vie.

Étape 6. Le petit groupe social du début (étape 1) imprègne la culture dans son ensemble et devient la norme[12].

Situation en 2014[modifier | modifier le code]

En 2014, parfois à l'instar d'autres religions, des Églises chrétiennes sont persécutées à des degrés divers dans plusieurs pays[14] comme la Somalie, le Nigéria, la Syrie, l'Égypte, l'Irak, l'Iran, le Turkménistan, l'Ouzbékistan[15], le Pakistan, l'Inde, la Corée du Nord, le Laos, le Viêt Nam

Toujours en 2014, les auteurs du Livre noir de la condition des chrétiens dans le monde[16] estiment entre 100 et 150 millions le nombre de chrétiens qui subissent des atteintes à leur religion dans les termes de l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme[17]. D'après Marc Fromager, directeur de l'AED France, « 200 millions de chrétiens ne sont pas libres de vivre leur foi »[18]. Selon l’Index mondial de persécution 2014 publié par Portes Ouvertes, 2 123 chrétiens sont morts persécutés en 2013[19]. Pour 2014, l'ONG recense au moins 4 344 chrétiens assassinés à travers le monde pour leur foi ainsi que 1 062 lieux de cultes visés[20].

En outre, la Somalie et l'Irak rejoignent la Corée du Nord – où des milliers de chrétiens sont morts ou forcés au travail dans des camps depuis 1953 – dans la liste des pays où il est interdit de simplement prier et même de croire[20]. Si les chrétiens ne sont pas les seuls discriminés, ils sont les plus touchés dans les atteintes à la liberté de croire dans la mesure où ces atteintes se déroulent dans 110 pays sur 198 étudiés par le Pew Research Center en 2014, souvent victime de fanatisme religieux notamment islamique tel qu'il est à l’œuvre au Moyen-Orient avec l'organisation État Islamique ou Boko Haram au Nigéria mais aussi au Pakistan ou, dans une moindre mesure, en Inde où le parti politique nationaliste Bharatiya Janata Party prône un hindouisme identitaire. À ce tableau s'ajoutent les persécutions et rackets organisés par les groupes mafieux ou armés en Amérique latine – particulièrement au Mexique et en Colombie – où les chrétiens sont souvent en proue de la lutte contre le crime organisé et la corruption. Enfin, le nombre de Chrétiens chassés de chez eux atteint des sommets en 2015 avec 700 000 chrétiens de Syrie – soit 40% d'entre eux – et 130 000 d'Irak ayant quitté leur pays d'origine[20]. Au Moyen-Orient, « les chrétiens risquent tout simplement de disparaître »[21], s'alarme Marc Fromager, dans son ouvrage sorti en 2015 : Guerres, pétrole et radicalise, les chrétiens d'Orient pris en étau.

Situation en 2018[modifier | modifier le code]

Le rapport dirigé par l’évêque anglican de Truro (Royaume-Uni), Philip Mounstephen, sur la persécution des chrétiens dans le monde et dont une version provisoire est publiée le révèle que « dans certaines régions, le niveau et la nature des persécutions sont sur le point de répondre à la définition internationale du génocide, adoptée par l’ONU ». Il estime qu’à l’échelle mondiale, une personne sur trois, quelle que soit sa religion est victime de persécution, si on inclut aussi les persécutions dites « économiques » (refus de logement, d’emploi), et précise que « les croyants persécutés sont chrétiens, dans une écrasante majorité des cas (80 %) »[22].

Situation en 2023[modifier | modifier le code]

L'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2023, établi par Portes Ouvertes, fait état de plus de 360 millions de chrétiens persécutés dans le monde, une persécution qui ne cesse d'augmenter[23],[24]. Cela représente environ 1 chrétien sur 7 dans le monde, 2 chrétiens sur 5 sur la zone Asie / Moyen-Orient, 1 chrétien sur 5 en Afrique et 1 chrétien sur 15 en Amérique Latine[25].

La Corée du Nord a repris la triste première place du classement, avec un score de persécution inédit. Le simple fait de posséder une Bible en Corée du Nord peut être puni d'emprisonnement, de tortures voire d'exécution[26]. La situation des chrétiens avait également été aggravée avec la pandémie de Covid-19. En effet, les chrétiens ont été écartés de l'aide alimentaire dans certains pays. Ils étaient parfois tenus responsables à tort de la catastrophe pandémique[27],[28],[29]. De plus, la numérisation grandissante dans des États comme la Chine permet au gouvernement d’accentuer son contrôle étatique sur l'ensemble de la population, notamment les chrétiens[30].

Au Nigéria, 5014 chrétiens ont été tués en un an[Quand ?][réf. nécessaire], soit 14 chrétiens par jour. Le Nigeria est aussi le pays où le plus de chrétiens sont enlevés pour leur foi (90%)[31]. En trente ans, la violence contre les chrétiens en Afrique Subsaharienne a explosé[32].

Les chrétiens sont-ils les croyants les plus persécutés dans le monde ?[modifier | modifier le code]

Un rapport publié en mai 2019, commandé par le ministre des Affaires étrangères britannique de l’époque, Jérémy Hunt, affirme que oui, les chrétiens sont bien les croyants les plus persécutés au monde. L’étude, menée par une commission indépendante, estime qu'une personne sur trois souffre de persécution religieuse dans le monde et que 80% des croyants persécutés sont chrétiens[33].

De plus, un rapport de 2019 du Pew Research Center affirme que le christianisme est actuellement la religion la plus combattue dans le monde[34].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. François Vercelletto, De plus en plus de chrétiens persécutés dans le monde, ouest-france.fr, France, 15 janvier 2020
  2. Marie Chabbert, La persécution des chrétiens continue de s’aggraver, lemondedesreligions.fr, France, 16 janvier 2018
  3. (en) « Genocide Scholars Association Officially Recognizes Assyrian Greek Genocides »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) [PDF], .
  4. Wesley Rahn, In Xi we trust - Is China cracking down on Christianity?, dw.com, Allemagne, 19 janvier 2018
  5. Mark A. Lamport, Encyclopedia of Christianity in the Global South, Volume 2, Rowman & Littlefield, USA, 2018, p. 844
  6. Erwin Fahlbusch, Geoffrey William Bromiley, The Encyclopedia of Christianity, Volume 4, Wm. B. Eerdmans Publishing, USA, 2005, p. 163
  7. Yves Mamou, Yves Mamou: «Les persécutions de chrétiens ont lieu en majorité dans des pays musulmans», lefigaro.fr, France, 20 mars 2019
  8. Observatoire de la liberté religieuse
  9. « L'Aide à l’Église en Détresse », sur L'Aide à l'Eglise en Détresse (consulté le ).
  10. « Grave déclin de la liberté religieuse dans le monde », (consulté le ).
  11. Laurence Defranoux, «Le nombre de chrétiens persécutés dans le monde augmente», liberation.fr, France, 15 janvier 2020
  12. a et b « Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2022 », sur portesouvertes.fr (consulté le ).
  13. (en) Pew Research Center, « Rising Tide of Restrictions on Religion », sur pewforum.org, Pew Research Center, (consulté le ).
  14. Détails sur le site d'Amnesty International
  15. Dans ces deux états, si la répression est systématisée sur plusieurs confessions chrétiennes, essentiellement protestantes, elle relève d'une attitude vis-à-vis des religions en général dans le cadre d'un durcissement autoritaire qui n'épargne pas l'Islam. cf. Sébastien Peyrouse, Le christianisme en Asie centrale. Miroir des évolutions politiques, in Le Courrier des Pays de l’Est, no 1045, mai 2004, p. 51-61, résumé en ligne
  16. voir bibliographie
  17. « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites ».
  18. Marc Fromager, Chrétiens en danger, vingt raisons d'espérer, Nouan-le-Fuzelier, Éditions des Béatitudes, , 192 p. (ISBN 978-2-84024-512-4)
  19. « Plus de 2000 chrétiens sont morts persécutés en 2013 », sur Le Figaro, .
  20. a b et c Laurence Desjoyaux, « Les chrétiens victimes de persécution », dans L'Atlas des religions, Le Monde et La Vie, , p. 96-97
  21. Marc Fromager, Guerres, pétrole et radicalisme, les chrétiens d'Orient pris en étau, Paris, Salvator, , 191 p. (ISBN 978-2-7067-1294-4)
  22. (en-GB) « Bishop of Truro’s Independent Review for the Foreign Secretary of FCO Support for Persecuted Christians », sur christianpersecutionreview.org.uk (consulté le ).
  23. « Religion : "Plus de 360 millions de chrétiens sont persécutés dans le monde", selon une ONG », sur Franceinfo, (consulté le ).
  24. « Toujours plus de chrétiens persécutés dans le monde », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  25. « Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2023 », sur portesouvertes.fr (consulté le ).
  26. « Une ONG assure que 360 millions de chrétiens sont “persécutés” dans le monde », sur Valeurs actuelles, (consulté le ).
  27. (en) « Desperate Christians trading faith for food in corona crisis - human rights lawyer », sur christiantoday.com (consulté le ).
  28. « 8 pays où les gouvernements refusent d’aider les chrétiens affamés durant la pandémie », sur portesouvertes.fr (consulté le ).
  29. « ASIE/INDE - La violence contre les chrétiens ne cesse pas malgré la pandémie », sur fides.org (consulté le ).
  30. « Chine : être catholique sous le joug de Xi Jinping », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  31. Jeanne Emmanuelle HUTIN, « ÉDITORIAL. Persécution des chrétiens : un dangereux silence », sur Ouest France, .
  32. Alan LE BLOA, « Au plus haut depuis trente ans, la persécution des chrétiens s’embrase en Afrique subsaharienne », sur Ouest France, .
  33. (en-GB) « Interim Report », sur Christian Persecution Review (consulté le ).
  34. (en-US) « How Religious Restrictions Have Risen Around the World », sur Pew Research Center's Religion & Public Life Project, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Persécution des chrétiens.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Historiens[modifier | modifier le code]

Essayistes[modifier | modifier le code]

  • Alexandre Del Valle, Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? : la nouvelle christianophobie, Paris, Maxima, , 1re éd. (1re éd. 2011), 359 p. (ISBN 978-2-84001-694-6)
  • Raphaël Delpard, La persécution des chrétiens aujourd'hui dans le monde, Neuilly-sur-Seine, Éditions Michel Lafon, (1re éd. 2009), 347 p. (ISBN 978-2-7499-0987-5)
  • René Guitton, Ces chrétiens qu'on assassine, Paris, Flammarion, (1re éd. 2009), 333 p. (ISBN 978-2-08-122169-7)

Liens externes[modifier | modifier le code]