Phakyab Rinpoché — Wikipédia

Ngawang Sungrab Tenzin Gelek Gyatso
Description de cette image, également commentée ci-après
Phagyab Rinpoché et Robert A. F. Thurman au Menla Mountain Retreat, Phoenicia (État de New York) en août 2015.
Naissance (57 ans)
Kham (Tibet) (République populaire de Chine)
École/tradition gelug
Maîtres Geshe Ake Gyupa, Le 14e dalaï-lama
Site (fr) phakyabrinpoche.org

Rinpoché

Phakyab Rinpoché, né le dans une famille nomade du Kham[1], est un ancien prisonnier politique tibétain, lama gelugpa et abbé du monastère d'Ashi.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né le dans la vallée du Nyachu, une région du Sichuan en Chine (ancienne province tibétaine du Kham), il a pour nom de naissance Yeshi Dorjé[2].

Âgé de 13 ans, dans un rêve, il rencontre le bouddha Maitreya et Tsongkhapa. Il décide alors de devenir moine, ce qu'il réalise un an plus tard en 1979 au monastère d'Ashi près de Lithang. Il commence une formation monastique d'une quinzaine d'années d'abord au Tibet puis en Inde[3].

Il reçoit de Geshe Ake Gyupa, du monastère de Golok, Yajiang, la transmission de tsa-lung (en)[4].

Au printemps 1994, alors qu'il est impliqué dans des études monastiques pour obtenir le titre de guéshé à l'université monastique de Séra Mey dans le Karnataka près de Mysore, il est reconnu comme 8e Phakyab Rinpoché par le dalaï-lama[5], ou huitième réincarnation de Darma Dode (en)[6], fils et disciple de Marpa Lotsawa, et successeur du 7e Phakyab Rinpoché, mort au Tibet en 1960.

La lignée de Phakyab Rinpoché remonte à Kamalashila.

En 1997, alors âgé de 31 ans, il suit le souhait du dalaï-lama et retourne au Tibet au monastère d'Ashi où il est intronisé abbé et y enseigne les principes de base du bouddhisme. Il est soupçonné de séparatisme et la police armée du peuple le convoque en novembre 1998. Il congédie les 300 moines du monastère d'Ashi pour leur éviter une confrontation avec la police. Dans la nuit du , des policiers défoncent le portail du monastère mais ne trouvent que le Rinpoché, on lui demande de signer un document dénonçant la « clique du dalaï », faute de quoi, il ne sera plus autorisé à être abbé. Il décide de quitter le monastère pour s'installer au domicile de ses parents, à Lithang. Le , il y est arrêté et mis en détention dans la prison de la préfecture de Nagchu. Après trois mois de privation et de torture, il parvient à s'enfuir alors qu'il est hospitalisé à l'hôpital militaire à la demande de ses parents pour soigner son pied droit[7]. Il se cache pendant un an à Lhassa, avant de traverser l'Himalaya et de rejoindre le Népal puis l’Inde en avril 2000.

Il rencontre le dalaï-lama après son évasion, qui connait les conditions des prisons au Tibet. Sans lui poser de questions, il l'étreint silencieusement et dit : « Trois mois d’emprisonnement et de torture ! C’est une épreuve terrible ! Mais pour d’autres, ça dure dix ans, vingt ans ! Certains en meurent ! ». Il comprend alors l'importance de mettre en perspective ses souffrances, sans s'enfermer dans un passé douloureux qui prolonge indéfiniment l'épreuve, risquant alors de devenir son propre bourreau[8],[7].

Entrée du Bellevue Hospital où Phakyab Rinpoché a été hospitalisé.

En 2003, il rejoint New York. En mai, il se rend aux urgences du Bellevue Hospital où un médecin lui diagnostique une gangrène de sa cheville droite, une conséquence des tortures qu'il a subi en prison au Tibet[6]. Il est aussi admis au programme pour des survivants de la torture du Bellevue Hospital et s'entretient avec une psychologue. Un malentendu survient, alors que le rinpoché se refuse à entrer dans une victimisation, fréquente en Occident, et plaint au contraire ses geôliers[8],[7]. Plusieurs auteurs rapportent que, malgré le diagnostic de médecins concernant sa gangrène, et conforté par les conseils du dalaï-lama en novembre, il refuse de se faire amputer[9] mais cherche une « guérison intérieure » qu'il obtient au bout de trois ans[10],[11] par une pratique intensive de la méditation ou yoga Tsa Lung (en)[6].

En , le Dr. William C. Bushell de l'université de New York l'a étudié par imagerie cérébrale alors qu'il méditait pour tenter de comprendre le phénomène de guérison rapporté[12],[13]. Les interventions médicales actuelles ne permettent pas de guérir la gangrène une fois passée un certain point dans sa progression, sauf par amputation. Le Dr. William C. Bushell, chercheur affilié au MIT a déclaré : « Il s’agit d’une pratique cognitivo-comportementale qui pourrait être plus efficace que toute intervention médicale existante strictement occidentale[13] ».

En 2008, Phakyab Rinpoché reçoit le titre de guéshé lharampa à Sera Mey en Inde[14].

En 2013, Phakyab Rinpoché retourne au Tibet à l'occasion d'une visite pour soutenir son monastère[15].

En , il participe aux « 24 h de méditation pour la Terre » au Grand Rex à Paris, une mobilisation spirituelle qui rassembla 2 000 personnes dans la continuité d'un débat citoyen sur le climat, un mois avant la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21)[16],[17].

Phakyab Rinpoché réside à Jackson Heights (Queens)[18].

Durant l'automne 2018, il visite La Petite Pommeraie, une ferme pédagogique à Saint-Martin-des-Bois et décide de venir y enseigner la méditation, en accord avec la propriétaire[19].

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Aurélie Godefroy, Phakyab Rinpoché. La méditation, médecine interne, Le Monde des Religions, 18/12/2014
  2. Phakyab Rinpoché et Sofia Stril-Rever, La méditation m'a sauvé, , 209 p. (ISBN 978-2-7491-4049-0, lire en ligne), p. 117.
  3. Marie Brette-Coudurier, Phakyab Rinpoché. Guérir par la méditation, Le Télégramme, 7 juin 2015
  4. Pierre Guerrini, Le très extraordinaire Phakyab Rinpoche, 2 décembre 2014
  5. Maureen Seaberg, The Rise of a Rinpoche
  6. a b et c Jérôme d'Arcy, La guérison est en vous !: S'informer et comprendre pour une santé durable, Publishroom, (ISBN 9791023603, lire en ligne), p. 42
  7. a b et c Denis Donikian, Le pardon selon Phakyab Rinpoché, 12 juin 2015
  8. a et b (en-US) Phakyab Rinpoche, « Gratitude for My Torturers », Tricycle: The Buddhist Review,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Anne Jeanblanc, Le pouvoir de la méditation sur les blessures du corps, lepoint.fr, 29 novembre 2014
  10. Marion Dapsance, Qu'ont-ils fait du bouddhisme ?, Bayard Culture, (ISBN 9782227492165, lire en ligne), p. 77-78
  11. Réjane Ereau, Un bébé enfin: De l'infertilité à la maternité, Guy Trédaniel, (ISBN 9782813214133, lire en ligne), p. 84
  12. (en) Jason Padgett (pt) et Maureen Ann Seaberg, Struck by Genius: How a Brain Injury Made Me a Mathematical Marvel, HMH, (ISBN 9780544045644, lire en ligne), p. 175
  13. a et b (en) Maureen Seaberg, « Can Meditation Cure Disease? », The Daily Beast,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. « Wisdom of Tibetan Buddhism by Lama Phakyab Rinpoche », sur Eventful (consulté le ).
  15. La méditation m’a sauvé
  16. Matthieu Stricot, 24 heures de méditation planétaire au Grand Rex, lemondedesreligions.fr, 22/10/2015
  17. Antoine Peillon, Résistance !, Le Seuil, (ISBN 2021288668 et 9782021288667), p. 259
  18. Meditation Saved My Life. A Dharma Talk with Phakyab Rinpoche, 23 juin 2018
  19. Près de Montoire-sur-le-Loir, la ferme pédagogique devient un centre de méditation, 23 mars 2019

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]