Pierre Lagaillarde — Wikipédia

Pierre Lagaillarde
Fonction
Député français
Première circonscription de l'Algérie française (d)
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 83 ans)
Auch (Gers)
Nom de naissance
Pierre René Roger Adolphe LagaillardeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Française
Activités
Autres informations
Conflit
Lieu de détention

Pierre Lagaillarde, né le à Courbevoie (France) et mort le [1] à Auch (Gers, France), est un ancien avocat et député (sans étiquette) du département d'Alger, activiste nationaliste et anti-indépendantiste partisan de l'Algérie française pendant la guerre d'Algérie (1954-1962).

Il est l'instigateur d'insurrections révolutionnaires à Alger que sont d'une part le coup du 13 mai 1958 qui aboutit à la chute de la IVe République et d'autre part la semaine des barricades, avec Guy Forzy, en janvier 1960 qui conduit à son arrestation. Remis en liberté avant son procès, il se réfugie en Espagne. Il est le cofondateur, avec Jean-Jacques Susini, de l'OAS en exil clandestin à Madrid en décembre de la même année.

Condamné par contumace pour rébellion contre l'État à la suite de l'affaire des barricades, il s'installe à Alicante. À l'époque s'y est établie une importante communauté de Pieds-Noirs exilés, à cause des vagues d'exode des Français d'Algérie après les accords de cessez-le-feu et dans l'imminence de l'indépendance algérienne entre mars et . Lagaillarde bénéficie de la loi d'amnistie générale en 1968 et revient alors en France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Pierre Lagaillarde est né le 15 mai 1931 à Courbevoie. Son père, Henri Lagaillarde, est avocat au barreau d’Alger et chef de cabinet d’Henri Queuille, alors membre du Gouvernement provisoire de la République française installé à Alger – qui se trouve être son beau-père[2].

Il est âgé d'un an lorsque ses parents, tous deux avocats, quittent la métropole pour venir s'installer dans le département d'Alger en 1932[3]. Il suit des études de droit à l'université d'Alger.

Famille[modifier | modifier le code]

Selon le Time Magazine du lundi , Pierre Lagaillarde (âgé de 28 ans) aurait déclaré : « Je suis peut-être un fasciste, mais je ne suis pas un réactionnaire. Mon arrière-grand-père était sur les barricades. Je suis un authentique révolutionnaire ! »[3].

Toujours selon la même source, l'ancêtre républicain de Lagaillarde serait mort à Paris en 1851 en tentant de défendre la Seconde République durant le coup d'État du 2 décembre ayant porté au pouvoir Louis-Napoléon[3].

Première carrière d'avocat[modifier | modifier le code]

Il exerce le métier d’avocat à la cour de Blida, dans le département d'Alger.

Appelé du contingent en Algérie[modifier | modifier le code]

Il effectue son service militaire durant la guerre d'Algérie et est démobilisé en 1957 avec le grade de sous-lieutenant et devient officier subalterne parachutiste de réserve.

Engagement pour l'Algérie française[modifier | modifier le code]

En 1957, il prend la présidence de l'Association générale des étudiants d'Algérie (A.G.E.A.).

Le , il est un élément clé du putsch d'Alger et bénéficie de la complicité d'autres insurgés tels que Jacques Roseau et Robert Martel, mais aussi de cadres de l'armée en Algérie. C'est ainsi au volant d'un camion GMC des parachutistes qu'il défonce la grille interdisant l'accès au bâtiment du Gouvernement Général de l'Algérie (GG du Forum d'Alger) et permet ainsi à l'insurrection populaire de gagner le bâtiment du ministre de l'Algérie résident, Robert Lacoste, alors à Paris, et de le mettre à sac. À la suite de la prise temporaire du commandement civil et militaire en Algérie par le général Jacques Massu, Pierre Lagaillarde devient membre du Comité de salut public (1958) d'Alger présidé par le général Raoul Salan. Membre du groupe des sept, il est partisan de l'instauration d'un régime autoritaire et corporatiste similaire à celui de Salazar[4].

Plus tard la même année, en novembre, Pierre Lagaillarde se présente comme député sans étiquette (ou groupe des non-inscrits) et est élu pour la 1re circonscription d'Alger-ville. Il a exercé son mandat du au , date de sa déchéance[5].

En janvier 1960, opposé à la proposition d'autodétermination du président de la République, le général de Gaulle, et à la suite du rappel à Paris du général Massu, Lagaillarde prend la tête, avec comme second Guy Forzy, et bien d'autres tels que Joseph Ortiz, d'un mouvement insurrectionnel à Alger, celui-ci connu sous le nom de la semaine des barricades. Mis aux arrêts le 1er février, il est envoyé en métropole et incarcéré à la prison de la Santé à Paris après que son immunité parlementaire fut levée[6].

En mai 1960, son épouse Elisabeth Lagaillarde se présente à sa place aux élections cantonales dans la seconde circonscription d'Alger, un décret rendant inéligible les « prévenus d'atteinte à la sécurité intérieure de l'État ». Elle est soutenue par Jean-Marie Le Pen[7].

Début commence le « procès des Barricades » ; remis en liberté sur parole, le temps du procès, il en profite pour s'exiler à Madrid où il rejoint le général Salan et Jean-Jacques Susini. Ensemble, ils fondent l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), en .

Condamnation, amnistie et retour en France[modifier | modifier le code]

Il est condamné par contumace le à dix ans de réclusion criminelle[8], et déchu de son mandat de député le [9].

Pierre Lagaillarde a été responsable de l'économat à la fin 1966[10] puis surveillant général du Lycée français d'Alicante (LFA); son épouse y a été professeur[11]. Cet établissement scolaire privé, financé par le mécénat de certains Français d'Algérie exilés[11], s'est ouvert en octobre 1962 sous l'appellation « Nouvelle École Française »[11].

Il bénéficie de la loi d'amnistie en 1968. Revenu en France, il s'installe à Auch dans le Gers, où il reprend sa profession d'avocat, décidant de ne plus faire de politique. Il devient en 1975 premier bâtonnier de la ville[12].

Pierre Lagaillarde meurt le à l’âge de 83 ans[13].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • On a triché avec l'Honneur : Texte intégral de l'interrogatoire et de la plaidoirie des audiences du 15 et , par Pierre Lagaillarde (auteur) & Jean Gallot (préface), Éditions de la Table ronde, 1961 (204 p.)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bertrand Le Gendre, « Mort de Pierre Lagaillarde, ex-héraut de l'Algérie française et de l'OAS », Le Monde, 21 août 2014.
  2. Nicolas Huber, Éditeurs et éditions en France pendant la guerre d'Algérie, Editions Bouchène, (ISBN 978-2-35676-098-2)
  3. a b et c « Foreign News: THREE WHO DEFIED DE GAULLE », lundi 8 février 1960.
  4. Yves Courrière, La guerre d'Algérie en images, Fayard, , 279 p., p. 124
  5. Décision n° 61-2 D du 18 juillet 1961, date de sa déchéance.
  6. Sur le site de l'Assemblée nationale : Connaissance de l'Assemblée n° 7 - Le statut du député - Première partie : Les immunités.
  7. M. Le Pen a présenté aux Algérois la candidature de Mme Lagaillarde, lemonde.fr, 25 mai 1960
  8. « Chronologie événements 1961 », dans Mémorial de notre temps, vol. V - 1961-1962-1963, Paris Match éditions Pierre Charron, , 625 p., p. 14-19
  9. Demande tendant à la déchéance de plein droit de Monsieur Pierre LAGAILLARDE de sa qualité de membre de l'Assemblée nationale.
  10. Anne Dulphy, Les exilés français en Espagne depuis la Seconde Guerre mondiale : des vaincus de la Libération aux combattants d'Algérie française 1944-1970, Matériaux pour l'histoire de notre temps, Année 2002, Volume 67, Numéro 67, pp. 96-101].
  11. a b et c François Margolin & Georges-Marc Benamou, OAS Une Histoire Interdite, Margo Films-E Siècle-Odyssée, 2003.
  12. L'ancien chef de l'OAS Pierre Lagaillarde est mort, Libération, 21 août 2014
  13. AFP, « OAS : décès de l'activiste Pierre Lagaillarde », sur le site lefigaro.fr, 21 août 2014.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Photos[modifier | modifier le code]

Vidéogrammes[modifier | modifier le code]