Raymond Malenfant — Wikipédia

Raymond Malenfant
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Raymond Malenfant, né le à Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup et mort à Montréal le [1], est un homme d'affaires canadien.

Raymond Malenfant connait un grand succès dans le domaine de l'hôtellerie, principalement au Québec. Il atteint son apogée vers la fin des années 1980, alors que sa fortune est estimée à 400 millions de dollars. Il possède la chaîne Universel, composée de neuf établissements hôteliers, 6 tours à bureaux, des salles de congrès et un centre de ski. En haute saison, il emploie environ 1 000 personnes.

Il est propriétaire du célèbre Manoir Richelieu de Charlevoix, de l'Hôtel Fort Garry de Winnipeg, et de l'Hôtel Universel en Floride, entre autres.

Malenfant est nommé « Hôtelier de l'Année 1987 » par l'Association des Hôteliers du Québec.

L'homme d'affaires fait cependant faillite au début des années 1990.

Jeunesse[modifier | modifier le code]

« Mon père ne m'a pas laissé d'argent, mais il m'a montré comment travailler. »

— Raymond Malenfant[2]

École de rang (début XXe siècle).

Raymond Malenfant est né le à Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup d'Edmond Malenfant et de Rosanna Paré[3]. Fils d'un cultivateur, il est le cinquième d'une famille de 9 enfants. À partir de l'âge de six ou sept ans, il commence à travailler sur la terre familiale sous les ordres de son père, un homme ferme[4],[5].

L'un des frères d'Edmond étant alcoolique, les parents de Malenfant tiennent un discours très strict sur l'alcool[6]. Marqué par cette expérience, Malenfant affirmera plus tard ne jamais avoir bu une goutte de sa vie[7]. La famille Malenfant, pieuse, se rend régulièrement à l'église à pied, à 5 kilomètres de la terre familiale[8].

« J'ai tiré les vaches à quatre ans, on n'avait pas le choix. On était neuf enfants à la maison. Le plus vieux est mort écrasé par un tracteur. J'ai eu beaucoup de misère dans ma vie. »

— Raymond Malenfant (2003)[9]

Raymond Malenfant fait son école primaire à l'école de rang. Il réussit relativement bien quoiqu'il poursuive son travail sur la terre[10],[11].

En 1946, il fait part à sa famille qu'il veut devenir prêtre. L'année suivante, il commence son cours classique au séminaire de Rimouski. Il est victime de mauvais coups de la part des autres étudiants[12],[13]. Il se décrira plus tard comme ayant été un étudiant effacé[14]. Après une année d'étude à cette école, il part étudier au juvénat des pères maristes à Québec[15],[16]. Au début de l'année scolaire 1949-1950, il abandonne ses études[17].

L'armée canadienne et les débuts dans la construction[modifier | modifier le code]

Université catholique de Lille.

Il rejoint les Forces armées canadiennes, s'entraîne à Québec et revient parfois à Saint-Hubert[18]. À la même époque, il se lie avec Colette Perron, qui deviendra plus tard sa femme[19]. En 1955, il rejoint la base de Shilo, au Manitoba, où il demeurera quelque temps[20]. À cette époque, il aurait commencé sa médecine à l'Université Laval[21][source insuffisante].

En janvier 1956, Raymond Malenfant achète une maison inachevée sur un terrain de 27 mètres de façade à Limoilou pour la somme de quatorze mille sept cent cinquante dollars canadiens[22]. En 1957, il acquiert un terrain près de chez lui appartenant au Séminaire de Québec pour la somme de deux mille cinq cents dollars[23]. Le de la même année, il a un premier enfant, Alain[24].

Il commence à acquérir des terrains sur lesquels il fait construire des maisons. À la fin des années 1950, il a déjà fait construire une douzaine de maisons habitées par un même nombre de familles[25].

En 1960, la famille Malenfant part en France, à Lille. Raymond y poursuit des études de médecine à l'Université catholique de Lille. Les Malenfant y habitent un an, durant lequel naîtra Estelle le [26]. Raymond abandonne après la première année d'études et la famille revient au Québec pour poursuivre dans le domaine de la construction en automne 1962. Raymond Malenfant quittera l'armée à la même époque[27],[21].

Le naît sa fille France[28].

Raymond Malenfant se lance à nouveau dans la construction à Québec. Il a quelques démêlés avec la ville, mais poursuit son œuvre. C'est à la même époque qu'il vit ses premiers affrontements avec le syndicalisme[29].

Hôtellerie[modifier | modifier le code]

Motel Universel à Sainte-Foy.

Après avoir fait des démarches de financement, Malenfant entame la construction de son premier motel. Le motel Universel, situé en face de l'Université Laval sur le Chemin Ste-Foy, ouvre ses portes le [30]. Le naît sa fille Lynn[31].

Le , il acquiert la compagnie Villeneuve Construction ltée ainsi qu'un terrain au coin de l'autoroute Henri-IV et du Chemin des Quatre-Bourgeois pour 1 385 650 dollars. Il planifie d'y faire construire un centre commercial[32], les Galeries Henri IV. Réussissant à y faire changer le zonage, il revend le terrain à la compagnie Steinberg pour environ 2 800 000 dollars en 1972-1973[33].

Le , il inaugure un deuxième motel à Rivière-du-Loup. Le , il en inaugure un autre à Drummondville et, sept ans plus tard, un autre à Chicoutimi, près du boulevard Talbot, le [34],[35],[36]. Au début des années 1980, il ouvre des motels Universel à Alma, Rimouski et Montréal[37].

Manoir Richelieu[modifier | modifier le code]

Le Manoir Richelieu.

En décembre 1985, Raymond Malenfant fait une offre d'achat du Manoir Richelieu au gouvernement du Québec. Il commence à rénover le bâtiment[38]. Le Manoir lui sera vendu officiellement le [39],[40],[41]. À la suite de cette acquisition, Malenfant devient connu auprès du grand public[42].

Malenfant ne reconnaît pas le syndicat des employés du Manoir, affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) dirigée par Gérald Larose[41],[N 1],[43].

Les manifestations commencent le au motel Universel de Sainte-Foy. Le , deux voitures de Raymond Malenfant sont incendiées devant sa maison à Sainte-Foy. Le , Malenfant obtient 3 injonctions de la cour interdisant, entre autres, l'accès aux environs des propriétés de Malenfant aux syndiqués. Le , plusieurs anciens employés pénètrent dans le Manoir et le vandalisent. 71 d'entre eux sont arrêtés[44]. Des dommages évalués à plus de 300 000$ ont été causés par les syndiqués, motivés par Gérald Larose qui leur a dit : « Il faut que ça lui coûte une fortune, c'est la seule façon de le faire raisonner ».

Le conflit est marqué par la mort du manifestant Gaston Harvey, étouffé par un agent de la Sûreté du Québec au moment de son arrestation lors d'une manifestation au Manoir le [45],[41].

La Cour Suprême donnera raison a Raymond Malenfant en 1992, en reconnaissant que ce dernier n'avait aucune obligation envers les anciens syndiqués.

Il avait acheté un immeuble et promis d'y investir 10 millions de dollars en rénovations, promesse qu'il a respecté en seulement quelques mois. Il avait acheté le Manoir au gouvernement sans aucune relation contractuelle avec la famille Dufour ni aucune clause de reconnaissance de l'accréditation syndicale. La famille Dufour, qui opérait le Manoir avant Malenfant, était locataire d'un Manoir qui appartenait au gouvernement.

Apogée[modifier | modifier le code]

En , la fortune de Raymond Malenfant est estimée à 400 millions de dollars. Il possède la chaîne Universel, composée de neuf établissements hôteliers, 6 tours à bureaux et d'un centre de ski. En haute saison, il emploie environ 1 000 personnes. Il est un modèle pour le patronat, connu comme celui qui a maté ceux qu'il nomme « les capotés » de la CSN[5],[7].

En juillet 1987, M. Malenfant est désigné Personnalité du mois par l'Association des gens d'affaires du Québec. En septembre 1987, il reçoit le prix régional du développement touristique de Charlevoix. En novembre 1987, le Manoir Richelieu reçoit le Prix spécial du jury lors du Gala Annuel des Grands Prix du Tourisme Québécois.

Malenfant est nommé Hôtelier de l'Année 1987 par l'Association des Hôteliers du Québec.

Hôtel Fort Garry (2009).

En voyage, il voit l'hôtel Fort Garry la même année, dont il « tombe amoureux ». Malenfant l'achète et commence à le rénover en janvier 1988. Après quatre mois et demi et 10 millions de dollars, l'hôtel ouvre officiellement le [46].

En 1989, Malenfant acquiert la station de ski de Pin Rouge, qui lui posera plusieurs problèmes[47].

En , devant la chambre de commerce de Sainte-Foy, Malenfant relance l'idée, déjà avancée, d'ouvrir un casino géré par l'État au Manoir Richelieu. La proposition sera appuyée par l'Association touristique de Charlevoix[48].

Faillite[modifier | modifier le code]

Selon Alain Malenfant, la seule hausse des taux d'intérêt au début des années 1990 a suffi à mettre en péril l'entreprise familiale. Les Malenfant tentent un sauvetage radiodiffusé, orchestré par André Arthur[49] et comptant sur l'appui de plusieurs intervenants dont Pierre Péladeau, dont l'entreprise aurait fourni 600 000 dollars. Cependant, les dons sont bien insuffisants. L'État québécois réclame des millions à Malenfant, notamment pour fraude. Le , le tribunal met sous tutelle les biens de Malenfant, qui perdra au cours des mois suivants ses propriétés. Le , le tribunal déclare Raymond Malenfant en faillite, décision qui sera confirmée le [50],[51]. Au moment de la faillite, les avoirs de Malenfant sont évalués à 400 000 000 $[52].

À la suite de cette faillite, les Malenfant se retirent de la vie publique pour quelques années[53].

Motel resto-bar Le Vicomte de Laval[modifier | modifier le code]

En 1997, Raymond Malenfant s'implique avec son fils Alain dans la reprise du motel resto-bar Le Vicomte de Laval[54]. L'établissement a une réputation douteuse. Alain Malenfant et plusieurs employés du Vicomte sont arrêtés par la police en mars 1998[55]. Alain aurait commencé à avoir des fréquentations douteuses dès 1993. Il entreprit une thérapie et fut condamné à une sentence en société[56].

En juin 2000, un problème électrique entraîne un incendie au Vicomte, causant pour plusieurs dizaines de milliers de dollars de dommages[57].

Déboires judiciaires[modifier | modifier le code]

En , Raymond Malenfant passe plusieurs jours en prison à Saint-Jérôme à la suite du refus de payer une amende municipale[58].

En , Malenfant est accusé de construire une maison luxueuse à Québec sans avoir obtenu de permis de la ville[59].

En , il est condamné à une amende de 900 dollars pour quatre infractions au règlement d'urbanisme[60].

Accident[modifier | modifier le code]

Le , Raymond Malenfant est happé par une voiture à Laval en traversant le boulevard des Laurentides. Admis à l'hôpital dans un état grave, il passera plusieurs jours dans le coma[61]. Le , il quitte l'hôpital et fera sa convalescence au centre François-Charron (maintenant l'Institut de réadaptation en déficience physique de Québec)[62]. Il fait une première apparition publique lors d'une entrevue avec Paul Arcand sur le Réseau TVA le [63].

Mini-Série Télévisée[modifier | modifier le code]

En , la chaîne de télévision Séries+ annonce qu'elle diffusera une minisérie sur Raymond Malenfant à l'hiver 2011[64]. Malenfant est réalisée par Ricardo Trogi. Le rôle de Raymond Malenfant a été joué par Luc Picard[65] et Francis Cantin (Raymond Malenfant jeune adulte).

Prix et nominations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. Raymond Malenfant et Gérald Larose auront plusieurs confrontations via les médias québécois. Malenfant intentera une poursuite de 250 000 $ contre Larose pour atteinte à la réputation le 6 mai 1999.
Références
  1. L’homme d’affaires Raymond Malenfant n’est plus.
  2. Cardwell et Juster 2003, p. 25.
  3. Cardwell et Juster 2003, p. 14.
  4. Cardwell et Juster 2003, p. 27.
  5. a et b Michel David, « Le dinosaure », Le Devoir, (consulté le ).
  6. Cardwell et Juster 2003, p. 43-44.
  7. a et b Germain 1987, p. 38.
  8. Cardwell et Juster 2003, p. 46-47.
  9. Chapleau 2004, p. 160.
  10. Cardwell et Juster 2003, p. 48.
  11. Cardwell et Juster 2003, p. 60.
  12. Cardwell et Juster 2003, p. 66-67.
  13. Cardwell et Juster 2003, p. 78-79.
  14. Germain 1987, p. 42.
  15. Cardwell et Juster 2003, p. 71.
  16. Cardwell et Juster 2003, p. 79.
  17. Cardwell et Juster 2003, p. 84.
  18. Cardwell et Juster 2003, p. 87.
  19. Cardwell et Juster 2003, p. 102.
  20. Cardwell et Juster 2003, p. 104.
  21. a et b Germain 1987, p. 43.
  22. Cardwell et Juster 2003, p. 110.
  23. Cardwell et Juster 2003, p. 111-112.
  24. Cardwell et Juster 2003, p. 124.
  25. Cardwell et Juster 2003, p. 115.
  26. Cardwell et Juster 2003, p. 128.
  27. Cardwell et Juster 2003, p. 131.
  28. Cardwell et Juster 2003, p. 135.
  29. Cardwell et Juster 2003, p. 137-138.
  30. Cardwell et Juster 2003, p. 158.
  31. Cardwell et Juster 2003, p. 161-162.
  32. Cardwell et Juster 2003, p. 186.
  33. Cardwell et Juster 2003, p. 194-198.
  34. Cardwell et Juster 2003, p. 211.
  35. Cardwell et Juster 2003, p. 219.
  36. Cardwell et Juster 2003, p. 285.
  37. Chapleau 2004, p. 21.
  38. Rhéaume 1986, p. 30.
  39. Jacques Rouillard, « Le Mouvement syndical », Université de Montréal, (consulté le ).
  40. Serge Gauthier, « L’histoire du Manoir Richelieu. Deuxième époque : un hôtel de prestige (1928-2002) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur encyclobec.ca, (consulté le ).
  41. a b et c « Décès de Gaston Harvey lors d'une manifestation », Université de Sherbrooke, (consulté le ).
  42. Chapleau 2004, p. 28-31.
  43. Chapleau 2004, p. 141.
  44. Chapleau 2004, p. 50.
  45. Chapleau 2004, p. 55.
  46. Chapleau 2004, p. 98 et 108.
  47. Chapleau 2004, p. 113-115.
  48. Jean Forest, « Du travail, non des jeux », VO : le magazine de Vie ouvrière, no 224,‎ , p. 33.
  49. Stéphane Baillargeon, « Médias - Le «capoté» de La Malbaie », Le Devoir, .
  50. Chapleau 2004, p. 116-120.
  51. Jean-Louis Boudou et Christine St-Pierre, « Tout le monde en parlait - Le Manoir Richelieu », Société Radio-Canada, (consulté le ).
  52. Chapleau 2004, p. 125.
  53. Chapleau 2004, p. 126.
  54. Chapleau 2004, p. 128.
  55. Chapleau 2004, p. 129-132.
  56. Chapleau 2004, p. 138-139.
  57. Chapleau 2004, p. 143.
  58. « Raymond Malenfant passera 24 jours en prison »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Société Radio-Canada, (consulté le ).
  59. Régys Caron, « 5 constats d'infraction émis par la ville - Malenfant se construit une grosse maison sans permis », Le Journal de Québec, (consulté le ).
  60. « Québec - D'autres ennuis pour Raymond Malenfant », (consulté le ).
  61. Maxime Landry, « Raymond Malenfant survivra », Le Canal Nouvelles, (consulté le ).
  62. Chapleau 2004, p. 153.
  63. Chapleau 2004, p. 157.
  64. Richard Therrien, « Une série sur Raymond Malenfant », Cyberpresse, (consulté le ).
  65. Richard Therrien, « Luc Picard jouera Raymond Malenfant », Le Soleil, (consulté le ).
  66. Chapleau 2004, p. 57.
  67. Chapleau 2004, p. 111.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Georges-Hébert Germain, « Le « toffe » de La Malbaie », L'actualité, Maclean Hunter Limitée,‎ , p. 38-43Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Normand Rhéaume, « La ruade de l'éléphant », Revue commerce, Publications Les Affaires inc.,‎ , p. 27-34Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Mark Cardwell et Robert Juster, Raymond Malenfant - L'ascension, Trait d'Union, , 286 p. (ISBN 2922572730)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • André Chapleau, Raymond Malenfant - Le courage de continuer, Trait d'Union, , 221 p.Document utilisé pour la rédaction de l’article

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]