Raymond de Geouffre de La Pradelle — Wikipédia

Raymond de Geouffre de La Pradelle de Leyrat, né le à Paris et mort le à Versailles[1], est un avocat français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et famille[modifier | modifier le code]

Son nom vient d'un village appartenant à la commune de Rignac dans l'Aveyron. Né d'Albert Geouffre de La Pradelle et Thérèse Paul-Toinet, marié le à Hélène Boudet de Castelli (1915), avec qui il a trois enfants : Géraud, Arnaud et Marie-Ange (épouse Christian Herter). Divorcé, il se remarie le avec Éliane Puech. Sa petite fille Florence, siège au conseil d'administration de Bibliothèques sans frontières[2] ; Laure, est spécialisée en droit des successions et Anne-Véronique Herter, est spécialisée dans le harcèlement moral au travail.

Formation[modifier | modifier le code]

Il étudie au lycée Buffon et à l’École Tannenberg à Paris. Diplômé de l’École libre des sciences politiques en diplomatie, il passe le barreau, en 1934[Où ?], et devient secrétaire de l'Italo-Ethiopian Commission, en 1935, de la Conférence des avocats, en 1938, secrétaire général, en 1951, vice-président, de 1956 à 1960, de la section française de l'International Law Association, secrétaire général de l'International Juridical Air Comity, de 1952 à 1955, puis de l'Association France-Égypte, en 1965.

Carrière[modifier | modifier le code]

Avant la Seconde Guerre mondiale, il défend des membres de la Cagoule. Pendant l’Occupation, il défend des personnes poursuivies pour résistance, dont certaines qu’il dissimule chez lui, parmi elles, Jacques Foccart, arrivé blessé. À la Libération, il défend des collaborateurs à la demande du nonce et futur pape Jean XXIII, dont son oncle Pierre, conseiller municipal, avocat et magistrat, poursuivi à la Libération pour avoir été juge d’instruction sous Vichy[3].

Il est proche de Maurice Bardèche (Rivarol) et Pierre Boutang (La Nation française).[réf. nécessaire]

En 1949, il défend des militaires allemands poursuivis devant les tribunaux français, demande des précisions à Henri Donnedieu de Vabres quant à la légalité des procès de Nuremberg[4], siège, au sein de la Haute commission alliée, au comité directeur de l'Association pour la Sauvegarde des Biens et Intérêts français à l'Étranger (ASBIFE), aux côtés des représentants de Saint-Gobain, Schlumberger, la Société alsacienne de constructions mécaniques, du secteur du caoutchouc, du pétrole, de la chimie, de la construction mécanique et électrique, du textile, de l'agroalimentaire parmi lesquels cinq maisons de champagne[5].

Le , il se demande si l'Égypte a violé le droit international, pendant la crise de Suez[6] ? En 1959, dans Le Monde, il refuse toute prise de possession soviétique de la Lune, après l'alunissage de Luna 2[7]. En 1960, dans une tribune du Figaro concernant Adolf Eichmann, il exprime l'opinion qu'« aucun texte ne permet de donner compétence à l’Etat d’Israël » pour juger le criminel nazi, les tribunaux allemands étant, selon lui, « seuls compétents pour juger Eichmann »[8]:

Il défend l'écrivain négationniste Paul Rassinier[9], qu'il qualifie de "malade de la vérité"[10]. En 1962, il défend quatre diplomates : André Mattei, Jean-Paul Bellivier, Henri Mouton, et André Miquel accusés d'espionnage par le gouvernement de Gamal Abdel Nasser[11],[12] qu'il fait libérer après l'intervention du roi du Maroc et du comte de Paris[13]. Le , il s'interroge sur le statut juridique du Golfe d'Aqaba à la veille de la Guerre des Six Jours[14].

En 1974, après la prise d'otages de l'ambassade de France aux Pays-Bas, par l'armée rouge japonaise, au lendemain de l'attentat du Drugstore de Saint-Germain-des-Prés, revendiqué par Carlos, il déclare qu'une ambassade n'est pas une extraterritorialité et détient une immunité[15][source insuffisante]. Il défend, l'année suivante, Patrick de Ribemont, commanditaire présumé, selon Michel Poniatowski, de l'assassinat du prince Jean de Broglie, et fait, cette fois, condamner la France par la CEDH, les et [16][source insuffisante].

En 1978, Il défend l'éditeur fasciste, Fernand Sorlot, contre la LICA, qui l'accuse d'avoir publié Mein Kampf. Selon lui, le livre d'Adolf Hitler est un document historique, qui doit être, à ce titre, librement consultable[17]. Le , défenseur de l'ancien milicien, Paul Touvier, depuis juin 1952, accusé de crimes contre l'humanité, il constate sa "dérobade" devant ses responsabilités et sa "lâcheté manifeste", préférant à la sagesse d'un "combat loyal et sans risques", déchaîner les démons dont il entend "faire le jeu" et perpétuer "le spectacle déplorable d'un homme qui se sert de ses enfants comme bouclier"[18]. En 1981, il devient l'avocat personnel de Jean Bedel Bokassa[19][source insuffisante] après avoir été inquiété pour avoir perçu des "blancs-seings" dont l'utilisation est "contraire à ses principes déontologiques"[20], les socialistes s'intéressant à l'Affaire des diamants par l'intermédiaire de Roland Dumas.

Le , Geouffre de La Pradelle rappelle, après l'Intervention militaire israélienne au Liban de 1982, la jurisprudence interdisant le bombardement d'édifices et de populations civiles[21]. Le 25 mars 1983, dans La Gazette du Palais, il qualifie Klaus Barbie de criminel "mineur" ou "ordinaire"[22],[23],[24] puis en 1984, dans la National-Zeitung, Rudolf Hess de « victime expiatoire, mal choisie »[25][source insuffisante].

Après les tempêtes de , propriétaire, en Corrèze de 250 hectares traversés par la rivière la Montane à Saint-Priest-de-Gimel et Gimel-les-Cascades et « afin d’alimenter en électricité le château de Saint-Priest, il envisage de transformer en micro-centrale autonome un barrage hydro-électrique désaffecté de longue date » qui lui est refusé, le 16 décembre 1992[26],[27], jurisprudence utilisée par Maurice Papon, détenu à la prison de Fresnes, en 2001, auprès de la Cour européenne des droits de l'homme[28].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • La monarchie, Éditions internationales, 1944
  • L'affaire d'Ascq, Éditions internationales, 1949
  • Le problème de la Silésie et le droit, Éditions internationales, 1958
  • Aux frontières de l'injustice, Albin Michel, 1979

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Le sionisme contre Israël, de Nathan Weinstock, 1969
  • Des hommes libres : histoires extraordinaires de l'histoire, de Jean-Pierre Allali, Haim Musicant, 1986
  • La monarchie aujourd'hui, de Pierre Pujo, 1988
  • Bokassa Ier un empereur français, de Stephen Smith, Géraldine Faes, 2000
  • Dark Age: The Political Odys, de Brian Titley, 2002
  • Le Théâtre de Satan : décadence du droit, partialité des juges, d'Éric Delcroix, Paris, L'Æncre, 2002.
  • Les entreprises françaises face à l’Allemagne de 1945 à la fin des années 60, de Jean-François Eck, 2013
  • Paul Touvier et l'Église: Rapport de la commission, de René Rémond, 2014
  • Comment l'idée vint à M. Rassinier: Naissance du révisionnisme, de Florent Brayard, 2014
  • L'Affaire Touvier: Quand les archives s'ouvrent, de Bénédicte Vergez-Chaignon, 2016
  • Nobility and patrimony in modern France, d'Elizabeth C. Macknight, 2018

Références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. « L'équipe - Bibliothèques sans Frontières Belgique », sur Bibliothèques sans Frontières Belgique (consulté le ).
  3. Entretien avec Géraud de Geouffre de La Pradelle Dzovinar Kévonian, Philippe Rygiel, Géraud de Geouffre de La Pradelle, Dans Monde(s), 2015/1 (N° 7), pages 155 à 172
  4. Allocution de Monsieur le Premier Président de Vincent Lamanda, Cairn
  5. Les entreprises françaises face à l'Allemagne de 1945 à la fin des années 60, de Jean-François Eck, Institut de la gestion publique et du développement économique, 2013
  6. Me de Geouffre de La Pradelle, L'ÉGYPTE A-T-ELLE VIOLÉ LE DROIT INTERNATIONAL ?, Le Monde, September 27, 1956.
  7. Raymond de Geouffre de La Pradelle, Un problème nouveau: à qui appartiendra la lune ?, Le Monde, 15 septembre 1959
  8. Henry Torres, Un criminel contre l’humanité, Dans Le Monde Juif, 1961/1-2, (N° 24-25), pages 32 à 33
  9. Florent Brayard, Comment l'idée vint à M. Rassinier : Naissance du révisionnisme, Paris, Fayard, , 464 p. (ISBN 978-2-213-67391-2, lire en ligne), p. 380
  10. Paul Rassinier, Le véritable procès Eichmann ou les vainqueurs incorrigibles, Les sept couleurs, 1962, 255 p., p. 28, 34, 102.
  11. Spy trial in Cairo, sur UNZ.org
  12. Jean-Victor Louis, Le procès des diplomates français au Caire, problèmes juridiques, Annuaire Français de Droit International, Année 1963, 9, pp. 231-258
  13. La monarchie aujourd'hui, de Pierre Pujo, 1988
  14. Raymond de Geouffre de La Pradelle, Y a-t-il un statut juridique du golfe d'Akaba ?, Le Monde, 26 mai 1967
  15. Entretien La réception de Mein Kampf en France, sur Inamediapro.
  16. Entretien, sur Inamediapro
  17. Emmanuel Debono, Le procès de la réédition de »Mein Kampf« (1978–1980), Francia. Forschungen zur westeuropäischen Geschichte, Volume 47, 2020, p. 475 et suiv.
  18. Le procès de Paul Touvier devant la cour d'assises des Yvelines La déposition de l'ancien avocat de l'accusé " Une attitude de lâcheté manifeste", Le Monde
  19. Stephen Smith avec Géraldine Faes, Bokassa Ier un empereur français, éd. Calmann-Lévy, 2000.
  20. Un avocat parisien aurait reçu plusieurs blancs-seings de Bokassa, Le Monde
  21. Raymond de Geouffre de la Pradelle, Juger les criminels, Le Monde, 10 août 1982
  22. « L'affaire Klaus Barbie et la compétence des juridictions nationales », dans La Gazette du Palais du 25 mars 1983
  23. Joë Nordmann, « L'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité », International Criminal Law, Volume 3: International Enforcement: Third Edition, de Cherif Bassiouni
  24. The Papon Affair: Memory and Justice on Trial, de Richard Joseph Golsan, 2000
  25. Face à tous les hallucinés du mythe hitlérien, il est temps que justice soit faite, L'arche, 1987
  26. Notion de sécurité dans la jurisprudence, sur le site du Conseil Constitutionnel
  27. Conseil de l'Europe, sur Juricaf.org
  28. « CEDH », sur credho.org (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]