Refoulement originaire — Wikipédia

Le refoulement originaire (traduit de l'allemand : Urverdrängung) ou « refoulement primaire » correspond chez Sigmund Freud au premier temps du refoulement.

Définition[modifier | modifier le code]

Comment traduire le préfixe Ur de Urverdrängung, qui, selon Ruth Menahem, « désigne l’acte fondateur, l’impensable de l’origine [...] »?[1]. Dans la littérature française, on peut trouver plusieurs traductions de Urverdrängung : « refoulement originaire, primaire, primitif, primordial, originel »[1]. Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis ont opté pour « originaire », qu'on retrouve dans d'autres termes freudiens comme Urphantasie (fantasme originaire), Urszene (scène originaire)[2].

D'après le Vocabulaire de la psychanalyse, le refoulement originaire est un « processus hypothétique décrit par Freud comme premier temps de l'opération du refoulement »[3]. Jean-François Rabain parle quant à lui de « temps originel »[4]. En tant que premier « refoulé originaire », des représentations inconscientes constituent un « “premier noyau inconscient” qui fonctionne comme pôle d'attraction à l'égard des éléments qui seront ultérieurement à refouler »[4]. Selon Laplanche et Pontalis, ces « noyaux inconscients ainsi constitués collaborent ainsi au refoulement proprement dit » (ou refoulement après-coup, en allemand Nachdrängen), d'une part par l'attraction qu'ils exercent sur les contenus à refouler, d'autre part « conjointement à la répulsion provenant des instance supérieures »[5].

Le refoulement originaire et la fixation[modifier | modifier le code]

Dans l'étude du cas du Président Schreber (1911), le premier temps du refoulement est déjà décrit comme fixation, laquelle est à entendre dans ce texte comme « inhibition de développement »[2]. Dans l'essai métapsychologique de 1915 sur Le refoulement (Die Verdrängung), le terme de fixation ne désigne plus seulement la fixation à un stade libidinal, mais « la fixation à une représentation et l'inscription (Niederschrift) de cette représentation dans l'inconscient »[2]. Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis citent Freud :

« Nous sommes donc fondés à admettre un refoulement originaire, une première phase du refoulement qui consiste en ceci que le représentant psychique (représentant-représentation) de la pulsion se voit refuser la prise en charge dans le conscient. Avec lui se produit une fixation ; le représentant correspondant subsiste à partir de là de façon inaltérable et la pulsion demeure liée à lui. »

— Freud, Le refoulement, 1915.

Le contre-investissement, seul mécanisme du refoulement originaire[modifier | modifier le code]

Le contre-investissement — processus économique d'investissement d'un élément du système préconscient-conscient visant à empêcher le surgissement, à sa place, de la représentation refoulée, exemple : l'animal phobique[6] — est, ainsi que l'écrit Freud dans L'inconscient (1915), « le seul et unique mécanisme du refoulement originaire ; dans le refoulement proprement dit (refoulement après-coup), s'y ajoute le retrait de l'investissement préconscient »[2].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Menahem 2008, p. 55-73.
  2. a b c et d Laplanche et Pontalis 1984, p. 397.
  3. Laplanche et Pontalis 1984, p. 396.
  4. a et b Rabain 2005, p. 1490.
  5. Laplanche et Pontalis 1984, p. 396-397.
  6. Laplanche et Pontalis 1984, p. 101-102.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Texte de référence[modifier | modifier le code]

Études sur le concept[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Dictionnaires[modifier | modifier le code]
Autres[modifier | modifier le code]

(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs)

  • Lina Balestrière, « Chapitre 1. Le refoulement originaire », dans : , Freud et la question des origines. sous la direction de Balestrière Lina. Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, « Oxalis », 2008, p. 113-126.
  • Pierre-Paul Lacas, « Retour du refoulé », Encyclopædia Universalis, [lire en ligne]
  • Claude Le Guen, « Comment Freud élabora le concept du refoulement », dans : Claude Le Guen, Le refoulement, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 1997, p. 7-21.
  • [Menahem, 2008] Ruth Menahem, « Le refoulement originaire », dans Jacques Boushira (éd.), Le refoulement, PUF, coll. « Monographies et débats de psychanalyse », (DOI 10.3917/puf.boush), lire en ligne), p. 55-73. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Michel Meyer : Qu'est-ce que le refoulement ?, L'Herne, 2012
  • Alain Vanier, « À propos du refoulement », Analyse Freudienne Presse, 2003/2 (no 8), p. 17-20. [lire en ligne]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]