Retable de Santa Lucia dei Magnoli — Wikipédia

Retable de Santa Lucia dei Magnoli
Artiste
Date
1445-1447
Type
Technique
Tempera sur bois
Dimensions (H × L)
216 × 209 cm
Mouvement
No d’inventaire
00285075Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Le retable de Santa Lucia dei (ou de’) Magnoli (en italien : Pala di Santa Lucia dei Magnoli, aussi appelé Sacra Conversazione), est une œuvre du peintre italien Domenico Veneziano, exécutée vers 1445-1447, conservée au musée des Offices, à Florence.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le retable ornait autrefois le maître-autel de l'église Santa Lucia dei Magnoli, à Florence.

Le retable est signé sur la première marche du gradin :

OPVS DOMINICI DE VENETIIS HO[C] MATER DEI MISERERE MEI DATVM EST

Thème[modifier | modifier le code]

La Vierge à l'Enfant est selon une des figures de l'iconographie chrétienne représentée en Conversation sacrée, soit trônant dans une architecture terrestre, et entourée de figures saintes  : de gauche à droite, saint François d'Assise, saint Jean Baptiste, saint Zénobe et sainte Lucie. Saint Jean-Baptiste et saint Zénobie sont les saints patrons de la ville et du diocèse de Florence, sainte Lucie est la dédicataire de l'église ; enfin, saint François est supposé s'être rendu dans cette église lors de son premier séjour à Florence, en 1211. Le visage de saint Jean Baptiste est un autoportrait du peintre.

Description[modifier | modifier le code]

La composition se caractérise par une luminosité très étudiée, l'emploi d'une palette claire et la création d'espaces vastes et aérés, démontrant la maîtrise de la perspective - selon les principes exposés par Alberti dans son traité De Pictura (1435) - par l'utilisation d'éléments architecturaux et de jeux d'ombre. Les volumes sont modelés avec grâce, et la tonalité « pastel » de la palette résulte des fines variations sur la lumière et l'espace. La maîtrise de la perspective est attestée par la représentation du pavement, ainsi que la position des personnages définie par le cadre architectural symétrique, avec des chapiteaux en saillie surmontés de voûtes à arcs en plein cintre. La scène se situe dans une élégante loggia décorée de marqueterie en marbre et éclairée par une lumière pâle et délicate descendant obliquement de droite à gauche mettant en évidence l'utilisation de jeux d'ombre. Au premier plan figure le pavement avec une marqueterie de marbre, puis la loggia, et enfin la cour polygonale avec niches, les différentes couleurs mettant en évidence les structures architecturales.

L'axe central de toute la composition est constitué par la figure de la Vierge sur le trône qui se situe au sommet d'un triangle dans lequel sont disposés les personnages des saints. L'élément linéaire est effacé par la lumière claire qui provient d'en haut à droite, mettant en évidence les profils des personnages. C'est précisément cette « synthèse de couleurs » comme la définit Roberto Longhi, qui constitue l'élément fondamental qui a été transmis à Piero della Francesca, bien visible dans ses chefs-d'œuvre comme La Légende de la Vraie Croix (Basilique San Francesco d'Arezzo). Les couleurs limpides et pures de Domenico Veneziano sont souvent expliquées par sa présumée origine vénitienne, qui en réalité est uniquement suggérée par son nom.

Analyse[modifier | modifier le code]

Après L’Annonciation de Fra Angelico (1426), le retable de Santa Lucia dei Magnoli est l'un des premiers exemples qui subsistent encore aujourd'hui de tabula quadrata sine civoriis (panneau carré sans séparations), exigence de plus en plus fréquente à cette époque chez les commanditaires florentins, et qui marque une volonté de rompre avec les canons esthétiques de la période médiévale ; ils suivent en cela les recommandations énoncées par Brunelleschi en 1425 pour la basilique San Lorenzo[1].

Prédelle[modifier | modifier le code]

Le retable était à l'origine accompagné d'une prédelle, aujourd'hui divisée en cinq éléments partagés entre plusieurs musées (comme beaucoup de polyptyques italiens démembrés et dispersés) :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Laurence B. Kanter, Painting and illumination in early Renaissance Florence, 1300-1450, Metropolitan Museum of Art, 1994, p. 35.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • AA.VV., Galleria degli Uffizi, collection I Grandi Musei del Mondo, Rome, 2003.


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Liens externes[modifier | modifier le code]