Romani auvergnat — Wikipédia

Romani auvergnat
Pays France
Région Auvergne et Creuse
Écriture Alphabet latin
Classification par famille

Le romani auvergnat ou romani d'Auvergne est un dialecte du sintikés, lui-même variante du romani, langue indo-aryenne parlée par les populations Sintés (Manouches) d'Auvergne.

L'étude du manouche d'Auvergne est en très grande partie due à Joseph Valet, à la fois rachaï des Manouches d'Auvergne et linguiste.

Présentation[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

Le dialecte romani auvergnat[1] s'insère dans la grande diversité des populations roms de France[2].

Le dialecte s'est développé en plusieurs étapes. L'arrivée des premières populations roms en Occident s'est effectuée à partir du XVe siècle[3], mais une seconde migration a lieu en Auvergne au XIXe siècle avec l'arrivée de manouches originaires d'Alsace[4],[5].

Le romani auvergnat provient du mélange de ces deux parlers romanis dont le second est fortement germanisé à cause de ses origines alsaciennes.

Une influence de langue germanique supplémentaire s'ajoute à cela avec les apports de la langue yéniche, due aux unions fréquentes entre populations manouches et yéniches, phénomène très présent dans le Puy-de-Dôme[6] depuis au moins le début du XXe siècle[7].

L'aire géographique du dialecte romani auvergnat comprend l'Auvergne mais également quelques régions autour comme les parlers romanis de la Creuse voisine[8]. Comme le signale Joseph Valet, le reste du Limousin parle un autre dialecte sinté, le « hesi »[9].

Études[modifier | modifier le code]

Travaux de Joseph Valet[modifier | modifier le code]

Le dialecte romani d'Auvergne a été étudié par le prêtre catholique Joseph Valet, à la fois ethnographe et linguiste, qui a vécu une grande partie de sa vie aux côtés des sintés de la région clermontoise[10],[11].

Ce dernier était leur rachaï, c'est-à-dire « homme de prières »[12],[13]. Ce dernier relève leur parler, vocabulaire[14], chansons[15], mais aussi leurs histoires[16]. Il établit et publie en 1984 une grammaire du romani auvergnat[17]. Le père Valet est aujourd'hui un des principaux spécialistes français du romani et ses travaux sont des références pour la langue romani à l'échelle de la France entière[18],[19],[20].

Exemples de vocabulaire[modifier | modifier le code]

  • čāvo : garçon.
  • niglo : hérisson.
  • markáu : remarque.
  • Štal : acier.
  • Vin : Vent.
  • Dat : Père.
  • Dej : Mère.
  • Pen : Sœur.
  • Yalo : Cru, fruit vert ; expression pour mal dégrossi[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (oc) Estève Rogier, « Un collectatge de lenga romaní auvernhata », sur Aprene !,
  2. Ilsen About, « Ancrages et circulations. La diversité des sociétés romani-tsiganes en France au début du XXe siècle », Diasporas. Circulations, migrations, histoire, Toulouse, Presses universitaires du Midi,‎ , p. 35-50 (ISSN 2431-1472, lire en ligne)
  3. Patrick Williams, « Langue tsigane. Le jeu romanès », Diversité, Réseau Canopé, vol. 176,‎ , p. 171-180 (lire en ligne)
  4. (oc) Tiène Rogier, « La musica daus Gitans d'Auvèrnhe », sur Site d'Aprene !,
  5. François de Vaux de Foletier, Voyages et migrations des Tsiganes en France au XIXe siècle, Études tsiganes, Paris, 1973, n° 3, p. 1-30.
  6. Joseph Valet, Les Voyageurs d'Auvergne. Nos familles yéniches, Clermont-Ferrand, (HAL hal-03882137, lire en ligne)
  7. Patrick Williams, « L’ethnologie des Tsiganes », Des Tsiganes en Europe, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme,‎ , p. 9-31 (EAN 9782735113897, lire en ligne) :

    « En Auvergne, particulièrement dans le département du Puy-de-Dôme, Mānuš et Yéniches se fréquentent depuis près d’un siècle ; entre certaines familles, les alliances se sont si fréquemment répétées qu’il est souvent difficile de dire quelle famille est yéniche, quelle famille est manouche. »

  8. Bénédicte Bonnemason, Jean-Pierre Cavaillé, « « Džijás dur i mérepén » : « Il y a eu un meurtre ». Présentation d’une version manouche du conte‑type La Bête à sept têtes (T. 300) recueillie en 2018 en Creuse », Cahiers de Littérature Orale, Paris, Institut national des langues et civilisations orientales, vol. 85 « Éclats de paroles »,‎ , p. 163-182 (lire en ligne) :

    « La transcription en romani et la traduction en français du conte, [...] recueillie dans les années 1960, en Auvergne, dans le même dialecte et dans les mêmes familles »

  9. Valet 1986, p. 4 - Introduction.
  10. Lise Foisneau, « « Quelle grandeur, le Patrick ! » Paroles d’amitié chez les Manouches d’Auvergne », Ethnologie française, Paris, Presses universitaires de France, vol. 51,‎ , p. 653-663 (ISSN 0046-2616, HAL hal-03480846v1, lire en ligne).
  11. André Barthélémy, « Analyse du vocabulaire des Manouches d'Auvergne de l'abbé Joseph Valet », Études tsiganes, Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (FNASAT),‎ , p. 1-6 (ISSN 0014-2247, lire en ligne)
  12. Geneviève Thivat, « Une vie sur les routes auvergnates avec, pour port d’attache, l’église Sainte-Bernadette », La Montagne, Clermont-Ferrand, Groupe Centre France,‎ (ISSN 0767-4007, lire en ligne)
  13. Pascal Boulanger, Parler mãnouche, Meaux, (lire en ligne), p. 28
  14. Joseph Valet, Vocabulaire des Manouches d'Auvergne, Clermont-Ferrand, 1986, [lire en ligne].
  15. Emmanuel Filhol, « Regards historiques sur la langue tsigane en France », Études tsiganes, Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (Fnasat), vol. 68-69,‎ , p. 212-233 (lire en ligne)
  16. Joseph Valet, Contes manouches : recueil et traductions, vol. 1 (1988), vol. 2 (1991), vol. 3 (1994), Clermont-Ferrand.
  17. Joseph Valet, Grammaire du manouche tel qu’on le parle en Auvergne, Clermont-Ferrand, 1984, [lire en ligne].
  18. Langues et cité. La langue (r)romani, vol. 9, Paris, Délégation générale à la langue française et aux langues de France Observatoire des pratiques linguistiques (Ministère de la Culture (France)), (lire en ligne)
  19. Leonardo Piasere (Université de Vérone), « Pour une histoire des auto-dénominations romanès », Anuac. Revista della società italiana di antropologia culturale, vol. 8,‎ , p. 85-118 (DOI 10.7340/anuac2239-625X-3800, résumé, lire en ligne)
  20. Emmanuel Filhol, « Remarques historiques sur la perception de la langue tsigane en France », Lengas - revue de sociolinguistique, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée (Université Paul-Valéry), vol. 64 « Langues d'ici et d'ailleurs : perceptions, représentations, usages »,‎ , p. 23-34 (ISSN 2271-5703, lire en ligne)
  21. Jean-Luc Poueyto, « Être manouche : une histoire de familles », Ethnologie française, Paris, Presses universitaires de France, vol. 48,‎ , p. 601-612 (lire en ligne) :

    « Joseph Valet, dans son Vocabulaire des Manouches d’Auvergne, traduit yalo par « cru », « vert » au sens de pommes vertes, mais également en deuxième occurrence par les termes « rustre », « mal dégrossi », traductions »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie Document utilisé pour la rédaction de l’article[modifier | modifier le code]

Recherches (généralités)[modifier | modifier le code]

Travaux et ouvrages de Joseph Valet[modifier | modifier le code]

Publications linguistiques[modifier | modifier le code]
Enregistrements de patrimoine oral et écrit (contes, histoires, légendes)[modifier | modifier le code]
  • Joseph Valet, Contes manouches : recueil et traductions, vol. 1 (1988), vol. 2 (1991), vol. 3 (1994), Clermont-Ferrand.
  • Joseph Valet, « O Divio Gadžo » [« Le Gadžo sauvage »], Études tsiganes, Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (FNASAT),‎ , p. 1-4 (ISSN 0014-2247, lire en ligne).
  • Joseph Valet, « Me am trin nebūdi » [« Nous sommes trois cousins... »], Études tsiganes, Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (FNASAT),‎ , p. 1-2 (ISSN 0014-2247, lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]