Rosa canina — Wikipédia

Rosier des chiens, Rosier des haies, Églantier des chiens

Le Rosier des chiens, Rosier des haies ou Églantier des chiens (Rosa canina L.), est une espèce de plantes à fleurs de la famille des rosacées. C'est un arbrisseau épineux très commun dans les régions tempérées de l'Ancien Monde. On le trouve dans les haies et les bois surtout en plaine. C'est une espèce de rosiers botaniques présentant de nombreux écotypes, toujours à fleurs simples. Il est utilisé comme porte-greffe pour des variétés de roses améliorées. Certains de ses hybrides sont des rosiers cultivés.

Dénominations[modifier | modifier le code]

  • Noms vulgaires (vulgarisation scientifique) : Rosier des chiens, Rosier des haies, Églantier des chiens[1]. Le nom de « rosier des chiens » vient de la propriété attribuée autrefois à la racine de cette plante censée guérir les morsures de chiens enragés[2].
  • Noms vernaculaires (langage courant), pouvant désigner aussi d'autres espèces : églantier, rosier sauvage, gratte-cul (nom donné au fruit de l'églantier et qui, par métonymie, peut désigner la plante entière[3]). Le terme « gratte-cul » évoque les poils de l'intérieur des fruits qui peuvent provoquer des démangeaisons.

Description[modifier | modifier le code]

Appareil végétatif[modifier | modifier le code]

L'églantier est un arbrisseau pouvant atteindre de 1 à 5 mètres de haut, à tiges dressées, arquées, munies d'aiguillons recourbés très piquants. Elles sont munies de stipules développés.

Les feuilles alternes, composées, comprennent 5 à 7 folioles elliptiques dentées.

La plante est hermaphrodite. Sa floraison a lieu de mai à juillet. Les fleurs sont pollinisées par les insectes et les graines sont dispersées par les oiseaux.

Appareil reproducteur[modifier | modifier le code]

Les fleurs, ou églantines, de 4 à 5 cm de diamètre, ont une corolle simple à cinq pétales blanc rosé, et de nombreuses étamines. Elles sont souvent solitaires ou réunies en corymbes. Le réceptacle floral est creusé en forme d'urne (hypanthium) qui contient les carpelles velus.

Les fruits (cynorhodons, aussi appelés églantines ou familièrement gratte-culs[4],[5]), de forme ellipsoïde, sont rouges et blets à maturité, vers le mois d'octobre. Ils ont de 1,5 à 2 cm de long. Ils sont en fait issus de la transformation du réceptacle floral (faux-fruit), qui contient les vrais fruits (akènes résultant de la transformation des carpelles).

Propriétés[modifier | modifier le code]

Le cynorhodon est très riche en sucres et en vitamine C. On en fait des confitures. Les fruits (akènes) et les poils contenus à l’intérieur du cynorhodon ont un effet très irritant au niveau de la peau et de la muqueuse. Leur contact provoque des démangeaisons insupportables (utilisation comme poil à gratter) et leur ingestion provoque un prurit anal très important (d’où le nom de gratte-cul). C'est à cause de ce fort pouvoir irritant qu'on classe parfois les cynorrhodons dans les fruits faiblement toxiques [6].

En forêt, l'espèce est très appréciée par les chevreuils.

Répartition[modifier | modifier le code]

L'espèce Rosa canina est originaire d'une vaste région, dans les zones tempérées de l'ancien monde, incluant :

Elle a été naturalisée notamment en Amérique du Nord (États-Unis) et en Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande).

Très commune partout ;

Jusqu'à 1 600 m : étage supraméditerranéen ; étages collinéen et montagnard ;

subméditerranéenne (à tendance subatlantique).

Données autécologiques[modifier | modifier le code]

espèce héliophile ;

humus : mull carbonaté à mull mésotrophe ; sols riches en bases ; pH : basique à légèrement acide ;

matériaux (purs ou caillouteux) : argiles, limons, alluvions sableuses ;

espèces mésoxérophiles à mésophiles ;

caractère indicateur : neutrocalcicole mésoxérophile.

Variétés et hybrides de Rosa canina[modifier | modifier le code]

  • Rosa canina ‘Andegavensis’, à feuilles glabres,
  • Rosa deseglisei, un églantier d'Europe centrale à fleurs blanches,
  • Rosa marginata et Rosa marginata ‘Brachyphylla’ d'Europe centrale et orientale à fleurs plus grandes,
  • Rosa hibernica, hybride spontané irlandais (Rosa canina × Rosa pimpinellifolia type spinosissima),
  • ‘Andersonii’, aux fleurs roses plus grandes que celles de Rosa canina,
  • Kiese’ (Kiese, 1910) : Rosa canina × ‘Général Jacqueminot’, aux fleurs simples ou semi-double rouges en corymbe ; très cultivé[7],
  • Rosa canina froebelli : une variété de Rosa canina utilisée sous le nom de laxa comme porte-greffe pour les rosiers de jardin.

Autres espèces de la section des Caninae[modifier | modifier le code]

Utilisation[modifier | modifier le code]

Porte greffe[modifier | modifier le code]

Le Rosier des chiens servait de porte-greffe pour diverses variétés de rosiers, mais actuellement seules les variétés Rosa canina inermis (sans épines) et Rosa canina Pfänder (excellent pour les greffages de rosiers tiges) sont encore utilisées.

Des variétés horticoles ont été sélectionnées pour la culture ornementale.

Fleurs[modifier | modifier le code]

L'églantine est utilisée en parfumerie pour ses notes délicates, ou en eau-de-vie.

L'eau de fleur d'églantine (nesri en arabe), c'est-à-dire la production d'hydrolat de fleurs par entrainement à la vapeur est une spécialité amenée en Tunisie au XVIIe siècle par les andalous et encore pratiquée dans les villes de Testour[8] et surtout de Zaghouan. Cette eau d'églantine est utilisée pour parfumer les patisseries traditionnelles comme par exemple des baklavas, mais surtout pour confectionner le kaâk warka au nesri, une célèbre spécialité de la ville de Zaghouan[9].

En médecine traditionnelle tunisienne, l'eau de fleurs d'églantine est utilisée en application cutanée comme cicatrisant, apaisant des rougeurs et antirides, et par ingestion comme tonique général et comme tonicardiaque ou régulateur léger du rythme cardiaque ("confort cardiaque")[10],[11] ce qui semble confirmé par de rares études scientifiques[12].

Fruits[modifier | modifier le code]

Les fruits de cet églantier, ou cynorhodons, ont des emplois médicinaux et alimentaires. Très riches en vitamine C (20 fois plus que les agrumes), ils contiennent aussi des vitamines B et PP, de la provitamine A et des sels minéraux. Frais, ramollis par les premières gelées ou après une légère cuisson, ils forment une pâte qui se mange sucrée avec des laitages. Mais ils s'utilisent surtout en confitures, en sirops et en gelées. Séchés et réduits en poudre, ils servent en décoction pour des tisanes. Ils sont à la base du plat traditionnel tchèque et slovaque appelé šípková omáčka, sorte de ragoût de bœuf.

La pulpe des fruits est comestible (confiture) [13].

Maladies[modifier | modifier le code]

Le Rosier des chiens est résistant aux maladies. Il peut cependant souffrir, comme le rosier, d'une galle chevelue, dite bédégar, causée par un hyménoptère, le cynips du rosier (Diplolepis rosae).

Il peut également être parasité par un petit champignon, Phragmidium mucronatum (ordre des Pucciniales) qui provoque la rouille du rosier.

Langage des fleurs[modifier | modifier le code]

Dans le langage des fleurs, l'églantier symbolise l'amour et la poésie[14].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Info flora et VASCAN et [eFlore http://www.tela-botanica.org/page:eflore_bdtfx?referentiel=bdtfx&niveau=1&module=fiche&action=fiche&num_nom=56619&type_nom=nom_scientifique&nom=rosa%20canina]
  2. R. Siélain, Atlas de poche des plantes des champs, des prairies et des bois à l'usage des promeneurs et des excursionnistes, Paris, Librairie des sciences naturelles, , 162 p., p. 41
  3. Encyclopédie Vulgaris Médical : Gratte-cul
  4. Informations lexicographiques et étymologiques de « églantier » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  5. Informations lexicographiques et étymologiques de « gratte-cul » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  6. Joel Reynaud, La Flore du pharmacien,  éd. Tec & Doc, 2002.
  7. Charlotte Testu, Les roses anciennes, Paris, La Maison rustique - Flammarion, (ISBN 2-7066-0139-6), p. 83.
  8. « Mekletna : promouvoir l’identité culinaire de 4 régions tunisiennes », sur Tunisie: tourisme, hôtels, agences voyages, compagnies aériennes, (consulté le )
  9. « L'églantier est une plante aux milles vertus qu’il faudrait valoriser en Tunisie », sur tunisie.co, (consulté le )
  10. Kamel Bouaouina, « Le Nesri, une plante aux mille vertus », Le Temps,‎ (lire en ligne)
  11. « Le Nesri, une plante aux mille vertus », sur Turess (consulté le )
  12. Ava Nasrolahi, Leila Hosseini, Fatemeh Farokhi-Sisakht, Javad Mahmoudi, Pouran Karimi, 3 Reza Badalzadeh, 4 and Marjan Erfani 3, « Cardioprotective effect of Rosa canina L. methanolic extract on heat shock induced cardiomyocyte injury: An experimental study », Journal of Cardiovasc Thorac Res.,‎ , p. 12(4): 286–293 (lire en ligne)
  13. Jean-Claude Rameau, Dominique Mansion, Gérard Dumé et al., Flore forestière francaise : guide écologique illustré, t. 1 : Plaines et collines, Paris, Institut pour le développement forestier, , 1785 p. (ISBN 2-904740-16-3, OCLC 21187041, BNF 35074302, SUDOC 001598902, présentation en ligne).
  14. Anne Dumas, Les plantes et leurs symboles, Éditions du Chêne, coll. « Les carnets du jardin », , 128 p. (ISBN 2-84277-174-5, BNF 37189295).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Couplan, Eva Styner, Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, Les guides du naturaliste, Delachaux et Niestlé, (ISBN 2-603-00952-4).
  • Bernard Bertrand, Annie Jeanne, De mémoire d'Eglantine. Ou les secrets ethnobotaniques des Roses sauvages, 01/10/2005, Terran (Éditions de) - (ISBN 2-913288-49-9)