Royaume de Diarra — Wikipédia

Extrait de la carte de la Sénégambie, Andrees Allgemeiner Handatlas, 1ère édition, Leipzig (Allemagne) 1881, page 96, carte 1.

Le Royaume de Diarra (Jaara), aussi appelé Kingui, est un ancien État d'Afrique de l'Ouest, fondé par les Soninkés[1].

Géographie[modifier | modifier le code]

Le vaste royaume de Diarra avait sous son autorité plusieurs États vassaux : le Guidimakha, le Diafounou, le Kaarta, après sept ans d'errance dans la colline de Bemba Niakaté, avant de fonder du Village par consensus entre trois familles différentes, en soninké (Néhouyénoukhou, Lakhaguémous, Guémoura ; Fatao le Kaniarémé et le Guidioumé) (?). Le royaume s'est constitué à partir de la ville de Diarra, qui se situe au nord-est de l'actuel Nioro-du-Sahel, sur une partie du Mali et de la Mauritanie.

Origine[modifier | modifier le code]

D'après la tradition orale, la fondation du Kingui remonte au VIIe siècle. Mana Maga et Fata Maga sont les deux frères fondateurs de la ville de Diarra. À l'époque, le Kingui était occupé par des Soninkés venus de l'Est. Selon la légende, Mana Maga NIAKATÉ,après avoir effectué un sacrifice physique pour son petit frère Fata Maga NIAKATÉ, guérit de sa blessure en un lieu qu'il nomma Diarra (dans la langue soninké, Diarra signifie « guérir »).

Les dynasties[modifier | modifier le code]

Le royaume est d'abord dirigé par une dynastie Soninké, les Niakaté. Le roi porte le titre de Mana Maga Niakaté, et son frère celui de Fanta Magan Niakaté. L'Empire du Ouagadou, ou du Ghana, domine le Diarra. Vers la fin du XIe siècle, l'Empire du Ouagadou s'affaiblit à la suite des attaques des Almoravides. Le Diarra en profite pour s'affranchir de la domination du Ouagadou. À la même époque, le royaume de Diarra réussit la conquête du Tekrour, royaume situé au niveau du fleuve Sénégal.

Mais plus tard, Soumaoro Kanté, venu du Mandé, conquiert le Kingi, et passe cet État sous la domination du Royaume de Sosso ou Kaniaga.

À l'époque de l'Empire du Mali, la dynastie des Niakaté dirigeant le Diarra est jugée par le peuple comme sévère et despote. Pour ces raisons, les Niakaté sont chassés du Kingui et remplacés par une dynastie venue du Mandé, mais d'origine non-Soninké, les Diawaras. Le dernier roi Niakaté du Diarra est Sériba Niakaté, le premier roi Diawara est Daman Guilé Diawara. Daman Guilé, qui règne de 1335 à 1385, est considéré comme l'ancêtre des Diawara du Kingui, il est un des compagnons de Soundiata Keïta. Les fils, puis les petits-fils de Daman GuiléDiambré Diawara, dirigent successivement le royaume.

Les Niakaté, dirigés par Sériba, se réfugient plus au sud, où un Soninké du nom de Bamba Sanogo leur offre l'asile. Bamba Sanogo est le fondateur de la ville de Bamako, aujourd'hui capitale du Mali. Au niveau de Bamako, les Niakaté en asile prennent le nom de Niaré, à la suite de la déformation de leur nom par les Bambaras. C'est ainsi que par la suite, les Niaré deviennent les maîtres de Bamako et de ses alentours, même bien après la colonisation française.

Avec la dynastie des Diawara, le Diarra passe sous la domination de l'Empire du Mali, puis du Songhaï. Ndama Diouma Diawara, qui règne au Diarra de 1831 à 1843, est mentionné dans le livre Voyage dans l’intérieur de l’Afrique, de Mungo Park, l'explorateur écossais.

Déclin du royaume[modifier | modifier le code]

Le Royaume de Diarra doit sa perte aux attaques du marabout toucouleur venu du Fouta-Toro, El Hadj Oumar Tall (1794/97-1864), à partir du milieu du XIXe siècle. Les troupes de Oumar Tall cherchent à imposer l'islam au Kingui, où le peuple et les rois pratiquent la religion traditionnelle.

Biranté Karounga Diawara, un roi du Diarra, lutte avec ténacité contre Omar Tall. Pourtant le fils de Biranté Karounga accepte l'adhésion à l'islam. Omar Tall impose l'islam aux divers clans de la région. Mais le peuple refuse d'abandonner la religion traditionnelle.

Après une période de calme, lorsque Omar Tall aperçoit la coiffure traditionnelle en tresses de Biranté Karounga Diawara, il considère cela comme un refus de se conformer à l'islam, et il prononce des paroles que Karounga perçoit comme des insultes. C'est ainsi que le fils de Karounga, qui a au départ accepté de collaborer, priend les armes pour lui faire la guerre, et refuse dès lors tout compromis. Mais désormais, Karounga et ses troupes n'ont plus le soutien des Diawara. Il se réfugie donc chez les Bambaras Massasis du clan Coulibaly ralliés à sa cause. Les Bambaras et Karounga luttent victorieusement contre les armées de Omar Tall, malgré la supériorité de ceux-ci armés de canons. Les Bambaras obligent Karounga à s'enfuir dans le but de protéger l'honneur et la lignée de sa dynastie. Karounga fuit donc chez les Camara Kakolo, au village de Bassaka. Les Camara refusent également d'adhérer à l'islam, et sont déterminés à protéger Karounga. Les troupes d'Omar Tall et les Camara avec Karounga, entrent dans une guerre sanglante, avec de nombreux tués. Biranté Karounga Diawara et les Kakolo sont vaincus. Le , le roi Diawara est capturé puis exécuté. Cet événement marque la fin du royaume de Diarra.

Sources[modifier | modifier le code]

  1. Fodyé Cissé, « Traditions: Le Royaume de Diarra ou Kingui », sur Soninkara.com, le portail du peuple Soninké, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Mamadou Lamine Diawara, « Femmes, servitude, et histoire : les traditions orales historiques des femmes de condition servile dans le royaume de Jaara (Mali) du XVe au milieu du XIXe siècle », in History in Africa (Atlanta), n° 16, 1989, p. 71-95
  • Mamadou Diawara, La graine de la parole : dimension sociale et politique des traditions orales du royaume de Jaara (Mali) du XVe au milieu du XIXe siècle, F. Steiner, Stuttgart,1990, 189 p. (ISBN 3-515-05021-3)
  • Monique Chastanet, « Aux sources de l'histoire du pays soninke : le cas du Kingi (Mali) », in Cahiers d'études africaines (Paris), 30 (2) n° 118, 1990, p. 199-203 (critique de l'ouvrage de Mamadou Diawara, La graine de la parole, 1990)
  • Oumar Kane (en collaboration avec Amadou-Mahtar M'Bow), La première hégémonie peule : le Fuuta Tooro de Koli Tengella à Almaami Abdul, Karthala, 2004, 670 p. (ISBN 9782845865211)

Liens externes[modifier | modifier le code]