Royaume de Soissons — Wikipédia

Royaume de Soissons
Royaume de Syagrius
Regnum Syagrii
Regnum Suessonense

461486

Description de cette image, également commentée ci-après
Le royaume de Soissons en 486.
Informations générales
Statut Comté
Capitale Soissons (462-486)
Langue(s) Latin
Monnaie Monnaie romaine
Histoire et événements
461 Non-reconnaissance de Sévère III
476 Chute de l'Empire romain d'Occident
486 Bataille de Soissons
Magister militum, comte et duc
461-464 Ægidius
464-469 Paul
469-486 Syagrius

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Carte des Empires romains d'Orient et d'Occident en 476 : les « invasions barbares » substituant des royaumes germaniques à l'Empire romain d'Occident mais la portion de Gaule romaine, séparée de l'ensemble, devient le domaine gallo-romain dirigé par une autorité sur laquelle Rome n'influe plus.

Le royaume de Soissons[1] (en latin : Regnum Suessonense) ou royaume de Syagrius (Regnum Syagrii), aussi connu sous le nom de domaine gallo-romain[réf. nécessaire], est, dans la Gaule des dernières années de l'Empire romain d'Occident, un territoire tenu successivement par les généraux romains Aetius, Ægidius et Syagrius, dotés du titre militaire de maître de la milice des Gaules (magister militum per Gallias), c'est-à-dire commandant en chef des armées romaines en Gaule.

En réalité, leur domaine ne s'étend pas sur toute la Gaule, car il est enclavé entre des royaumes germaniques en relation d'allégeance plus ou moins respectée vis-à-vis de l'empire : les royaumes des Wisigoths au sud-ouest, des Francs saliens au nord, des Alamans à l'est et des Burgondes au sud-est ; à l'ouest, ce sont les territoires contrôlés par les Bretons. Géographiquement, ce domaine s'étend entre la Loire et la Somme.

Il est ainsi maintenu de l'époque d'Aetius vers 450 à celle de Syagrius vers 480. Un changement majeur intervient lorsque, sous le règne de Clovis à partir de 481, les Francs saliens, installés comme fédérés autour de Tournai, commencent à descendre vers le sud sans que Syagrius réussisse à les arrêter. C'est en 486 à Soissons que les Francs l'emportent, installant provisoirement leur nouvelle capitale dans cette ville. Par la suite, Clovis mettra fin au royaume des Wisigoths en 507, et ses fils à celui des Burgondes en 534.

Entretemps, l'Empire romain d'Occident a disparu, formellement en 476 par la déposition du dernier empereur de Ravenne par le Germain Odoacre, réduisant l'empire romain à sa partie orientale qui va traverser le Moyen Âge jusqu'à la chute de sa capitale, Constantinople, en 1453.

Comme l'indique Renée Mussot-Goulard, la reconnaissance par l'Empire romain d'Orient de l'autorité sur les Gaules du roi wisigoth Euric, qui règne de 466 à 484, sans faire mention du territoire romain du nord de la Loire, vaut reconnaissance de la disparition de l'Empire d'Occident[2].

Contexte[modifier | modifier le code]

L'Empire romain après Dioclétien[modifier | modifier le code]

Les invasions du Ve siècle et les royaumes germaniques[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

Époque d'Aetius (433-454)[modifier | modifier le code]

  • Aetius maître de la milice des Gaules
  • Invasion des Huns, repoussée par Aetius en 451
  • Crise de l'empire d'Occident après l'assassinat d'Aetius par Valentinien III (454), puis de Valentinien III (455)

Après l'assassinat d'Aetius[modifier | modifier le code]

Époque d'Aegidius (457-464)[modifier | modifier le code]

L'émergence du royaume de Soissons vient de la décision de l'empereur Majorien (457-461) de nommer Aegidius Magister militum en Gaule.

Lorsque Majorien est tué sur les ordres de Ricimer en 461, Aegidius conserva le gouvernement d'une grande partie de la province, créant un État romain connu comme royaume de Soissons. Dans le chaos de la Gaule contemporaine, il maintint son pouvoir contre les Francs au nord-est et contre les Wisigoths vers le sud. Ses relations avec les romano-britanniques de Bretagne semblent avoir été amicales.

Aegidius meurt en 464 ou 465.

Époque de Syagrius (464-486)[modifier | modifier le code]

Son fils Syagrius lui succéda, il est contemporain du comte de Trèves, Argobast[3], . En 486, Syagrius perdit la bataille de Soissons contre Clovis et le domaine tomba ainsi sous le contrôle des Francs.

Liste des maîtres de la milice et des comtes[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

A recycler

Sources historiographiques[modifier | modifier le code]

Ouvrages anciens[modifier | modifier le code]

Ouvrages contemporains[modifier | modifier le code]

  • Maurice Griffe[8], Tableau synoptique de l'Italie
    • Il fait commencer le royaume de Soissons en 433 avec le patrice Flavius Aetius,
    • Il ne mentionne pas le comes Paulus ni Aegidius, passant directement à Syagrius en 464.
  • Philippe Ariès, Georges Duby et Paul Veyne, Histoire de la vie privée de l'Empire romain à l'an mil, Tome 1, Paris, Le Seuil, 1985.
    • Selon Georges Duby, les contemporains de la chute de l'Empire romain n'en ont pour la plupart pas eu conscience, car le transfert des pouvoirs des Romains aux Germains, ainsi que la germanisation des premiers et la romanisation des seconds, notamment par la christianisation des seconds, a été des phénomènes progressifs.

Problèmes historiographiques[modifier | modifier le code]

Relations entre Germains et Romains dans la Gaule du Ve siècle[modifier | modifier le code]

On trouve en Gaule des territoires restés purement romains, comme le domaine régi par Aetius et ses successeurs, et des endroits où se sont installés des royaumes germaniques fédérés (wisigoths, burgondes, francs).

Il faut noter qu'à cette date les « Gaulois », par exemple les Arvernes, les Rèmes, les Namnètes, etc., sont citoyens romains du fait de l'édit de Caracalla de 212.

Dans le cadre des royaumes germaniques de Gaule, les Romains sont régis par le droit romain ; en revanche les Germains sont régis par le droit de leur royaume. Donc, à Toulouse, capitale du royaume wisigoth, un Gaulois libre (Volque Tectosage probablement) est jugé selon le droit romain, un Burgonde selon le droit burgonde, un Wisigoth selon le droit wisigoth. C'est pourquoi les rois germains mettent à cette époque leurs lois et coutumes par écrit, afin que les juges puissent remplir leur mission (code d'Euric, loi des Burgondes, loi des Francs saliens, etc.). Ce n'est qu'au bout d'une longue période de temps que le droit sera plus ou moins unifié, après que les descendants de Clovis auront complètement conquis la Gaule.

Rôle historique d'Aetius : la bataille des Champs Catalauniques[modifier | modifier le code]

Aetius ne peut pas être considéré comme « roi »[Par qui ?], étant doté d'une magistrature romaine.

Durant son mandat en Gaule, il réussit à mobiliser tous les contingents disponibles de Germains fédérés de Gaule, afin d'endiguer l'offensive d'Attila (qui est à Paris vers 450), à la tête d'une armée formée de Huns, mais aussi de Germains, notamment Ostrogoths (y compris au plus haut niveau). C'est ainsi que le roi des Wisigoths Théodoric Ier participe au service de Rome à la bataille des Champs Catalauniques en 451, où il trouve la mort ; ses fils Thorismond, Théodoric et Frédéric y sont aussi présents. Les Wisigoths de Toulouse ont donc assumé les obligations de leur statut de fédérés, mais dans des circonstances moins critiques, ils mènent une politique qui peut s'opposer à celle des empereurs.

Hypothèses historiographiques[modifier | modifier le code]

  • de 433 à 456 (selon l'hypothèse historiographique citée plus haut) :

Selon la biographie d'Aetius, la répartition de sa charge conjointe de comes et magister utriusque militiae amène peut-être la répartition des charges entre un comes (le fameux comes Paulus, ou « comte Paul ») et un maître des milices / gouverneur qui en est distinct (Ægidius). Après Aetius, les empereurs d'Occident à Ravenne n'ont plus aucun pouvoir et une délégation de l'Empire d'Orient en ambassade à Toulouse reconnaît au roi des Wisigoths l'autorité sur les Espagnes et les Gaules, ignorant Aetius ou considérant peut-être qu'il lui appartenait de se soumettre aux Wisigoths.

Les origines du domaine gallo-romain remontent au règne de l'empereur d'Occident Majorien (457-461). À cette époque, Majorien nomma Aegidius magister militum des provinces de Gaule. Le seul territoire encore sous domination romaine se trouvait au nord-ouest des Gaules, rattaché à l'Italie par un étroit couloir rhodanien. Sous le règne de Majorien, alors que le royaume wisigoth dominait l'Auvergne et la riche résidence impériale d'Arles, avec ses ateliers monétaires, ce couloir rhodanien fut annexé par les Burgondes, coupant ainsi Ægidius et ses concitoyens du reste de l'Empire[réf. souhaitée].

Ægidius s'allia à Childéric Ier, roi des Francs saliens, et en 463 l'aida à mettre en déroute les Wisigoths à Orléans. Il est également possible que les Bretons romanisés aient sollicité l'aide militaire d'Ægidius après le retrait des Romains de l'île de Bretagne. Quoi qu'il en soit, les colonies romano-bretonnes d'Armorique avaient une frontière commune avec le domaine de Soissons à l'Ouest, et il y avait probablement des échanges commerciaux entre les deux communautés[réf. souhaitée].

Ægidius gouverna jusqu'à sa mort en 464, que l'on soupçonne être un assassinat commandité par les ennemis de Childéric. Son fils Syagrius lui succéda. Ce dernier prit le titre de Duc (dux, chef militaire responsable d'une province), mais les tribus germaniques avoisinantes le qualifiaient de Roi des Romains, d'où le nom donné à son enclave : le domaine royal de Soissons, qu'il gouverne comme une province romaine.

En 457, les Saxons, venus du sud de la péninsule du Jutland, traversent les terres des Saliens et des Ripuaires, accélérant peut-être le mouvement de ces derniers vers le sud. Ils débarquent aussi en masse sur l'île de Bretagne à la fin du Ve siècle : les Britto-romains appellent à l'aide le « comte Paul »[réf. nécessaire] qui, en 470, combat les Saxons sur le continent, peut-être aidé des fédérés francs. Ambrosius Aurelianus tente de leur résister sur l'île de Bretagne, sans que la coordination dans la chaîne de commandement romaine puisse être établie (elle est même peu probable dans le chaos généralisé).

Entre-temps, Childéric était mort et son fils, Clovis, était devenu roi des Francs. Clovis mena une guerre sans relâche contre Syagrius, achevant en 486 la conquête du dernier territoire qui restait encore sous sa gouverne. Syagrius voulut alors se réfugier auprès du roi Wisigoth Alaric II, mais il fut trahi, fait prisonnier et livré à Clovis, qui le fit exécuter en 487. Quant aux Saxons et aux Angles, victorieux en Bretagne insulaire, ils s'emparèrent de la future « Angleterre » et en chassèrent progressivement une partie des Bretons et des Britto-romains, qui viennent grossir leurs colonies armoricaines, allant même, pour certains, jusqu'en Galice.

Extension géographique[modifier | modifier le code]

Situation en Europe en 500.

De la Loire à la Somme, le domaine gallo-romain est bordé en 476 par le royaume wisigoth d'Euric au sud (qui à la suite de la bataille de Déols en 469 et à celle d'Arles en 471 gagne l'Auvergne en 475, par la défection d'Ecdicius), par l'Armorique au nord-ouest, devenue indépendante, par les royaumes francs au nord-est et par le royaume burgonde au sud-est. Il touche aussi sur une courte section le royaume Alaman à l'est, qui s'étend dans le bassin du Rhin à l'époque.

Durant le règne de Syagrius, le domaine gallo-romain ne compte plus que les terres autour des cités de Noviomagus Veromanduorum (Noyon), Augustomagus (Senlis) et Augusta Suessionum (Soissons).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Penny MacGeorge, Late Roman Warlords, Oxford, Oxford University Press, , 111–113 p. (ISBN 0-19-925244-0, lire en ligne)
  2. Renée Mussot-Goulard, Les Goths.
  3. a b et c Edward James, « Childéric, Syagrius et la disparition du royaume de Soissons », Revue archéologique de Picardie, vol. 3, no 1,‎ , p. 9–12 (DOI 10.3406/pica.1988.1527, lire en ligne, consulté le )
  4. Jean Heuclin, Les Mérovingiens, Ellipses, coll. « Biographies et mythes historiques », (ISBN 978-2-340-00227-2), p. 86
  5. Karl Ferdinand Werner, Histoire de France. 1: Les origines (avant l'an mil), Paris, Fayard, 1997, page 286.
  6. Suessionensis est le nominatif masculin/féminin de cet adjectif ; qualifiant le mot neutre regnum, il devient suessionense : Regnum Suessionense.
  7. Avant la conquête romaine, la ville principale des Suessions, Noviodunum, ne se trouvait pas sur le site de Soissons, mais le site exact reste à déterminer.
  8. Maurice Griffe est l'auteur de tableaux chronologiques sur des sujets très variés ; aucun renseignement n'est fourni sur la page à propos de ses qualifications comme historien, ni par aucune page évidente sur Internet

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages généraux[modifier | modifier le code]

Travaux sur le royaume de Soissons[modifier | modifier le code]

En français

  • Jean-Pierre Boizette, Le Royaume de Soissons, Nice, France Europe Éditions, 2022, 365 pp. (ISBN 2-84825-009-7) (Fiche BNF) (Fiche SUDOC)
  • [Cândido da Silva 2001] Marcelo Cândido da Silva, « Les cités et l'organisation politique de l'espace en Gaule mérovingienne au VIe siècle », Histoire urbaine, vol. 4, no 2 : « L'espace des métiers dans les villes occidentales (XVIIe – XXe siècle) »,‎ , p. 2e partie, art.  no 1, p. 83-104 (DOI 10.3917/rhu.004.0083, résumé, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  • [James 1988] Edward James, « Childéric, Syagrius et la disparition du royaume de Soissons », Revue archéologique de Picardie, nos 3-4 : « Actes des VIIIe Journées internationales d'archéologie mérovingienne de Soissons (-) »,‎ , art. no 2, p. 9-12 (DOI 10.3406/pica.1988.1527, lire en ligne [PDF], consulté le ).

En anglais

Articles connexes[modifier | modifier le code]