Rue Saint-Dominique — Wikipédia

7e arrt
Rue Saint-Dominique
Voir la photo.
Rue Saint-Dominique en direction de l'esplanade des Invalides.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissement 7e
Quartier Saint-Thomas-d'Aquin
Invalides
Gros-Caillou
Début 219-223, boulevard Saint-Germain
Fin Place du Général-Gouraud
Morphologie
Longueur 1 800 m
Largeur 10 m
Historique
Création Arrêts du Conseil des 22 juin 1700, 17 mai 1701 et 17 juillet 1703
Ancien nom Chemin de la Longue-Raye
Chemin des Treilles
Chemin Herbu
Chemin Herbu des Moulins à Vents
Chemin du Moulin à Vent
Chemin de l'Oseraie
Chemin du Port
Chemin des Vaches
Chemin de la Justice
Chemin des Charbonniers
Rue Saint-Dominique-Saint-Germain
Rue Saint-Dominique du Gros Caillou
Géocodification
Ville de Paris 8813
DGI 8529
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue Saint-Dominique
Géolocalisation sur la carte : 7e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 7e arrondissement de Paris)
Rue Saint-Dominique
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La rue Saint-Dominique est une rue de Paris située dans le 7e arrondissement.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

La rue de Saint-Dominique est une voie publique, d'une longueur de 1 800 mètres située dans le 7e arrondissement de Paris, quartiers Saint-Thomas-d'Aquin, Invalides et Gros-Caillou ; elle débute au 221-223, boulevard Saint-Germain et se termine place du Général-Gouraud.

La rue Saint-Dominique est desservie par les lignes 8, 12 et 13 aux stations Solférino, Assemblée nationale, Invalides, et La Tour-Maubourg et par la ligne C du RER à la gare des Invalides.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Elle doit son nom aux religieux dominicains qui s'y étaient établis en 1631.

Historique[modifier | modifier le code]

Jusqu'au XVIe siècle, la rue n'est qu'un chemin appelé « chemin de la Longue Raye » (1355), « chemin des Treilles » (1433), « chemin Herbu » ou « chemin Herbu des Moulins à Vent » (1523), « chemin du Moulin à Vent », « chemin de l'Oseraie » (1527), « chemin du Port » (1530), « chemin des Vaches » (1542), « chemin de la Justice » (du fait que le siège de la juridiction de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés se trouvait à son extrémité) ou « chemin des Charbonniers ».
En 1631, les dominicains s'établissent dans la rue (actuels noviciat des Dominicains et église Saint-Thomas-d'Aquin) et obtiennent des abbés de Saint-Germain-des-Près de fixer des tables de marbre à chaque extrémité de la rue sur lesquelles il est inscrit « rue Saint-Dominique jadis des vaches[1] ».

Il est cité sous le nom de « rue Saint Dominique » dans un manuscrit de 1636.

On a distingué pendant un certain temps une « rue Saint-Dominique-Saint-Germain » en deçà et une « rue Saint-Dominique du Gros Caillou » au-delà de l'esplanade des Invalides. Cette division a été supprimée par un arrêté du [1]. La rue était alors nommée rue Saint-Dominique-Saint-Germain afin de la différencier de la rue Saint-Dominique-d'Enfer (actuellement rue Royer-Collard)[1]. Longue de 2 429 m, la rue traversait une grande partie de l'ancien 10e arrondissement. Elle commençait rue des Saints-Pères, dans le quartier du Faubourg-Saint-Germain[2], et finissait avenue de La Bourdonnais, dans le quartier des Invalides[3].

Lors du prolongement du boulevard Saint-Germain, déclaré d'utilité publique en 1866[4], la partie orientale de la rue, sur une longueur de 625 mètres, est absorbée par le nouvel axe. On change en 1878 la numérotation des immeubles de la partie qui subsiste (c'est la numérotation actuelle).

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

No 5, hôtel de Tavannes.
No 16, ministère de la Défense.
En 1820, François-René de Chateaubriand habite au no 27.
No 28, maison de la Chimie.
  • No 25 : hôtel de Fonscolombe-Pascal. Hôtel particulier construit au XIXe siècle, qui fut à partir de 1888 la résidence parisienne du baron Fernand de Fonscolombe et de son épouse née Marie-Émilie Pascal. Le baron était issu d'une famille ancienne de noblesse aixoise, et son épouse descendait d'une lignée de riches banquiers marseillais. La famille de Fonscolombe était très liée avec les princes d'Orléans : Fernand de Fonscolombe fut membre du service d’honneur du comte de Paris, puis doyen du service d’honneur du duc d’Orléans. Les étages supérieurs de la bâtisse furent ajoutés tardivement par la baronne pour abriter des appartements de rapport. Une partie de l'hôtel est encore occupée par ses descendants.
  • No 27 : résidence de François-René de Chateaubriand.
  • No 28 : hôtel de La Rochefoucauld d'Estissac. Hôtel construit en 1708 et habité successivement par Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne puis par son fils, le cardinal Henri de la Tour d'Auvergne. Le , l'hôtel devient la propriété du comte de Caraman puis, en 1820, du comte de La Rochefoucauld, ambassadeur de France, qui le transmit ensuite à son fils, le duc d'Estissac, dont les descendants le conservèrent jusqu'en 1929. Il fut alors acheté par la Fondation de la maison de la Chimie, reconnue d'utilité publique par décret du et chargée de réaliser une institution vouée à encourager les échanges entre les sociétés savantes et l'industrie chimique. Cette fondation fit aménager dans le style Art déco les deux ailes en retour sur la cour et restaurer le corps central et ses décors intérieurs. La maison de la Chimie abrite aujourd'hui des colloques et des conférences.
No 35, hôtel de Broglie-Haussonville.
No 55, siège de plusieurs ministères.
No 57, ambassade de Pologne.
  • No 57 : hôtel de Monaco. Il ne reste sans doute rien, et en tout cas rien de visible, de l'hôtel construit en 1772 par Alexandre-Théodore Brongniart pour Maria Caterina Brignole Sale, princesse de Monaco, et qui abrita sous l'Empire le maréchal Davout, prince d'Eckmühl. La construction actuelle, édifiée par Achille-Jacques Fédel, est une reconstruction, sans doute inspirée des dessins originaux de Brongniart, exécutée pour le banquier William Hope entre 1838 et 1841. En 1838, Hope acheta à la princesse d'Eckmühl, veuve du maréchal Davout, son grand hôtel du no 121 (loué depuis 1826 à l'ambassadeur d'Autriche), ainsi que plusieurs maisons avoisinantes et une petite église dédiée à Saint-Valère. Il fit construire un ensemble de bâtiments numérotés 129-131-133. Le no 131 fut loué à l'ambassade de Sardaigne et le reste forma sa résidence. Les travaux durèrent jusqu'en 1841 et coûtèrent 7 millions et demi de francs. La propriété s'étendait sur 12 000 m2 avec jardins, serres, bassins, pavillons, écuries pour 35 chevaux, manège. Pour l'hôtel principal, le plus grand luxe avait été déployé. Aux décors du XVIIIe siècle furent substitués des pastiches XIXe siècle d'une richesse écrasante. Le grand salon, entièrement tendu de damas de soie rouge, avait un mobilier d'ébène enrichi de bronzes dorés. Hope disposait de trois salles à manger : une pour 6 personnes, une pour 25 personnes, en acajou, et une pour 200 personnes. La salle de bal s'inspirait des modèles versaillais, avec colonnes et pilastres ioniques, plafonds ornés de peintures de Narcisse Díaz de la Peña. À la mort de Hope, ses biens passèrent par testament à un ami britannique qui mit aussitôt l'hôtel en vente ; il fut adjugé au baron Achille Seillière, banquier, qui y vécut avec luxe et le légua à sa mort, en 1873, à sa fille Jeanne, princesse de Sagan par son mariage avec Boson de Talleyrand-Périgord. Ce dernier y donna des fêtes magnifiques. À la mort de la princesse de Sagan, l'hôtel fut acheté par un célèbre marchand d'art, Jacques Seligmann (1858-1923). En 1936, l'hôtel fut racheté par le commissariat de l'Exposition mondiale organisée alors à Paris pour y installer l'ambassade de Pologne, alors située quai de Tokyo, sur un terrain nécessaire à l'Exposition spécialisée de 1937, où fut édifié le palais de Tokyo. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'occupant allemand y installa son institut culturel, sans que le bâtiment subisse de dégâts importants.
  • No 62 : en 1896, le jeune écrivain Charles-Louis Philippe, qui mène une existence des plus modestes, emménage dans un sordide garni, l'hôtel du Dôme, situé à cette adresse. Il écrit à sa mère[9] :

« [...] La vie de l'hôtel est lamentable, on habite à côté de gens de mauvaise vie, qui se disputent à chaque moment du jour et de la nuit. Les chambres sont répugnantes de saleté, mal tenues. Pour vous donner une idée, voilà trois mois qu'on n'a pas changé les draps de mon lit. [...] Si l'on veut une chambre valable dans un hôtel valable, çà vous coute des prix fous, si bien que je serai toujours obligé de me loger dans un hôtel mal famé, avec des crapules pour voisins. »

Hôtel de Béarn ou de Béhague, au no 123, abrite aujourd'hui l'ambassade de Roumanie.
Fontaine de Mars, rue Saint-Dominique.

Bâtiments détruits[modifier | modifier le code]

Non localisé
  • Catherine de Vertus, fille du comte de Vertus, demeurait à Saint-Germain-des-Prés lez Paris, rue Saint-Dominique, paroisse Saint-Sulpice en 1661[14].

Littérature[modifier | modifier le code]

C'est dans cette rue qu'Honoré de Balzac situe les plus beaux hôtels particuliers de La Comédie humaine. Notamment dans Splendeurs et misères des courtisanes : « Il ne faut pas demander si l'hôtel du duc de Grandlieu, l'un des plus beaux de la rue Saint-Dominique, exerçait mille prestiges sur l'esprit de Lucien ; toutes les fois que la porte immense tournait sur ses gonds pour laisser entrer son cabriolet, il éprouvait cette satisfaction de vanité dont a parlé Mirabeau[15]. »

C'est également là que Wenceslas Steinbock s'installe dans La Cousine Bette[16].

C'est aussi l'adresse de la marquise de Listomère, dans Étude de femme[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, édition de 1844, p. 184 [lire en ligne].
  2. Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 40e quartier « Faubourg Saint-Germain », îlot no 1, F/31/91/01 ; îlots nos 2 et 3, F/31/91/02
  3. Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 39e quartier « Invalides », îlot no 31, F/31/91/34 ; îlot no 32, F/31/91/35.
  4. Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris : recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), , « Décret du 28 juillet 1866 », p. 369.
  5. Ghislain de Montalembert, « Les HLM chics d'Anne Hidalgo », Le Figaro Magazine,‎ , p. 26 (lire en ligne).
  6. Christophe Labbé et Mélanie Delattre, « Nos chers amis les Qataris », Le Point, 14 juin 2012, p. 82.
  7. « L'organisation des services centraux du ministère du travail 1945-2012 », tome I: « 1945-1989 », Les Cahiers du comité d’histoire des administrations chargées du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, nos 15-16, décembre 2012, p. 11.
  8. « Élysée, gouvernement : ça déménage à tous les étages », www.liberation.fr, 17 février 2017.
  9. Michelle Perrot, Histoire de chambres, Point Seuil, 2018, p. 279 ; C.-L. Philippe, Lettres à sa mère, Édition de la NRF, 1920.
  10. « Le ministère de la Défense vend trois immeubles parisiens », sur lemoniteur.fr, (consulté le ).
  11. Béatrice de Rochebouët, « La grande histoire de France en quelques petites médailles », Le Figaro, cahier « Le Figaro et vous »,‎ 5-6 juin 2021, p. 34 (lire en ligne).
  12. Alexandre Gady, Les Hôtels particuliers de Paris, Paris, Parigramme, 2008, 328 p. (ISBN 978-2840962137), p. 249-250.
  13. L'architecte Jean-Baptiste Courtonne a effectué un relevé de ces décors, conservé à la Bibliothèque d'art et d'archéologie de l'université de Paris. « Grâce à l'un [de ces dessins], au Muséum national d'histoire naturelle, nous avons pu rétablir dans sa disposition primitive, en 1985, un ensemble d'armoires que Buffon avait acquis au nom du roi après la mort de Bonnier de La Mosson. » (Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 161.) Voir F. Bourdier, « L'extravagant cabinet de Bonnier de La Mosson », Connaissance des Arts,‎ (ISSN 0010-5988). Marianne Roland-Michel (préf. Jacques Thuillier), Lajoüe et l'art rocaille, Neuilly-sur-Seine, Arthena, , 445 p. (ISBN 2-903239-03-7). La Rue Saint-Dominique : hôtels et amateurs, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, , 223 p. (ISBN 2-905118-00-8).
  14. Archives nationales de France, Châtelet de Paris. Y//197-Y//200. Insinuations Notice 4732,fol:31.
  15. Édition Furne de 1845, vol.11, p.409
  16. Édition Furne de 1845, vol. 17, p. 124, 177,202, 204, etc.
  17. Édition Furne de 1845, vol. 1, p. 402.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « L'hôtel de Béhague. La résidence de Roumanie en France », hors-série de Connaissance des arts, 4e trimestre 2008.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]