Rue de La Palud — Wikipédia

Rue de La Palud
Image illustrative de l’article Rue de La Palud
Situation
Coordonnées 43° 17′ 36″ nord, 5° 22′ 48″ est
Arrondissement 1er et 6e
Quartier Noailles, Préfecture
Tenant Rue de Rome
Aboutissant Place de Rome
Morphologie
Type Rue
Longueur 420 m
Largeur m
Histoire
Anciens noms Chemin de Rome
Rue Fongate
Rue de la Palun ou de la Trinité
Géolocalisation sur la carte : Marseille
(Voir situation sur carte : Marseille)
Rue de La Palud

La rue de La Palud est une voie située dans le 1er et 6e arrondissement de la commune française de Marseille.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Elle va de la rue de Rome à la place de Rome. Elle s’ouvre en oblique au no 25 de la rue de Rome où se situe la maison à pan coupé de Pierre Puget.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Avant l'agrandissement de la ville ordonné en par Louis XIV, donc avant que ne soit percée la rue de Rome en prolongement de la rue d’Aix et du Cours, la voie est un chemin rural nommé Chemin de Rome[1]. Située au pied de la colline Fongate, elle devient ensuite rue Fongate, puis rue de la Palud en souvenir de l'ancienne couvent des Trinitaires déchaussés établi auparavant dans le quartier rural de la Palud avant la construction de leur nouveau couvent dans cette rue, et de Magdeleine de Mandols de la Palud leur bienfaitrice[2]. Le nom de Fongate est alors attribué à une nouvelle rue au sommet de la colline, dite d’abord rue Nouvelle Fongate, puis simplement Fongate[3]. Sur un plan de Marseille levé à la fin du XVIIIe siècle elle se nomme aussi rue de la Palun ou de la Trinité[4],[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

La maison de ville et la campagne de Pierre Puget[modifier | modifier le code]

En alors qu’il revient vivre à Marseille le sculpteur, peintre et architecte Pierre Puget fait construire une maison à l’angle de la de Rome et de la rue de la Palud. Il achète également un terrain sur les pentes de la colline Fongate encore plantée de vignes, il y construit une maison de campagne connue sous le nom de « Pavillon Puget » ou de « Villa Fongate »[6], dont l’accès se fait par l'ancienne rue Fongate. Ce Pavillon est démoli en 1747 lors de la prolongation de la rue Rue Balthazar-Dieudé[7].

Le couvent et l'église des Trinitaires[modifier | modifier le code]

En , les Trinitaires, installés depuis dans le domaine de Font Obscure, quartier rural de la Palud au nord de Marseille, mais voulant se rapprocher de la ville, achètent des terrains dans un nouveau quartier créé lors de l'agrandissement. Sur ces terrains situés entre les rues Rue Jean-Pierre-Moustier, d'Aubagne, Jean-Baptiste-Estelle et de La Palud, ils construisent à partir de un couvent et une église[8].

Magdeleine de Mandols de La Palud leur a fait donation en de sa propriété de Font Obscure où elle s'est elle-même retirée après avoir été l’héroïne d’un tragique procès en sorcellerie. Adolescente elle aurait été séduite par Louis Gaufridy, curé de Notre-Dame-des-Accoules. Ce dernier reconnu coupable, dégradé par l’évêque Jacques Turricella, est brûlé vif le sur la place des prêcheurs à Aix-en-Provence[9].

Le site de l'ancien domaine bastidaire est devenu le parc municipal de Font Obscure[10].

Lors de la Révolution les ordres monastiques sont supprimés, le couvent et l'église devenus biens nationaux sont vendus aux enchères publiques et démolis. Le une partie du terrain est achetée par Mgr Jérôme Champion de Cicé, archevêque d’Aix pour y construire une nouvelle église : l'église de La Trinité-La Palud[7].

Le domaine Ventre[modifier | modifier le code]

Sur les terrains de l’ancien couvent est aussi construit le domaine Ventre, du nom d'un de ses premiers propriétaires, ensemble d’entrepôts et d’ateliers progressivement transformés en logements[11],[12].

Immeubles en péril[modifier | modifier le code]

Démolition des 41 et 43 de la rue de la Palud le 23 mars 2019.

Dans la rue de la Palud des immeubles anciens peu ou pas entretenus sont frappés par des arrêtés de péril.

Le , deux jours après l’effondrement de deux immeubles dans rue d'Aubagne située à proximité, les no 1 et no 3 de la rue de la Palud sont évacués en urgence. Le no 1 déjà frappé par un arrêté de péril imminent en et réhabilité en - dans le cadre du plan d’éradication de l’habitat indigne par Marseille Habitat, société d’économie mixte dans laquelle la Ville de Marseille est majoritaire, se lézarde à nouveau probablement à cause no 3 voisin qui menace ruine[13],[14].

En , quelques mois après le drame de la rue d'Aubagne, la municipalité ordonne la démolition des immeubles nos  41 et 43 et l’évacuation d’une vingtaines de familles[15],[16], malgré les recours formulés par des propriétaires[17] qui sont rejetés par le tribunal[18]. Le premier étage du 41 avait été mis aux enchères le avec un prix de départ (11 753,56 [19]) 15 fois inférieur au marché[20], et adjugé 45 000 [19]. Le no 43 était frappé d'un arrêté de péril et inhabité depuis 2012, mais la SARL Territoires & habitat, chargée de réaliser les travaux d’office pour le compte de la ville depuis , ne s'est inquiétée de l'immeuble qu'en , trop tard pour commencer des travaux, et a failli à remplir sa mission de « sortie du péril ou de l’insalubrité »[21]. L’association Sites & Monuments[22] ainsi que le Comité du Vieux-Marseille interpellent la Ville sur le fait que ni le Service territorial de l'Architecture et du Patrimoine ni l’Architecte des bâtiments de France n’ont été consultés alors que les deux immeubles se situent en zone AVAP (Aire de valorisation de l'architecture et du patrimoine du centre-ville) qui les répertorie comme « immeubles à conserver » et qu'ils sont inclus dans le Plan de valorisation de l’architecture et du patrimoine[23]. Ces deux associations de défense du Patrimoine demandent que soient conservées les façades du XVIIIe siècle afin que le paysage urbain homogène de la rue soit respecté[24]. Mais la «déconstruction manuelle » des immeubles (pour ne pas fragiliser les immeubles mitoyens) est réalisée en [25].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

  • Au no 35 l'église de La Trinité-La Palud;
  • Au no 43 l'une des trois entrées du domaine Ventre qui passe sous l'immeuble « déconstruit » en et dont l'accès est de ce fait condamné[26];
  • Au no 69 une des entrées secondaires de la Bastide Flotte de la Buzine classée monument historique. À la fin du XVIIIe siècle, au moment même où le quartier s’urbanise Nicolas de Flotte de la Buzine fait construire en cœur d’îlot urbain une demeure sur le modèle des traditionnelles bastides de la campagne marseillaise, en partie sur un terrain acheté au petit fils de Pierre Puget qui a loti la campagne de son grand-père[27],[28]. À partir de la bastide accueille des institutions d'enseignement. En elle fait l'objet d'une rénovation et d'une opération immobilière qui bénéficie d'avantages fiscaux relatifs aux travaux réalisés sur un monument historique[29].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Bouyala d’Arnaud, Évocation du vieux Marseille, les éditions de minuit, Paris, 1961.
  • Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 1989, (ISBN 2-86276-195-8).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Revue de Marseille et de Provence, Marseille, , p 54.
  2. Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille : Mémoire de Marseille, Marseille, Jeanne Laffitte, , 441 p. (ISBN 2-86276-195-8).
  3. Augustin Fabre, Les rues de Marseille, t. IV, Marseille, E. Camoin, 1867-1868, 468 p. (présentation en ligne, lire en ligne), p. 142.
  4. Campen, « Plan routier de la ville et faubourg de Marseille », sur gallica.bnf.fr, (consulté le ).
  5. « palun », « palud » en provençal désigne un lieu marécageux tel que la partie basse du quartier rural de la Palud, cf. Revue de Marseille et de Provence, Marseille, , p 280.
  6. Pavillon visible sur le plan Razaud au sud du n°71 situant le couvent des Trinitaires : « Plan geometral de la ville citadelles port et arcenaux de Marseille », sur gallica.bnf.fr, (consulté le ).
  7. a et b Les rues de Marseille, op. cit.
  8. Renée Dray-Bensousan, Hélène Echinard, Régine Goutalier, Catherine Maran-Fouquet, Eliane Richard et Huguette Vidalou-Latreille, Marseillaises, vingt-six siècles d’histoire, Edisud, Aix-en-Provence, 1999, (ISBN 2-7449-0079-6) p. 89
  9. Joris Astier, « L’Affaire Gaufridy : L’imaginaire du Mal dans la France moderne », sur books.openedition.org (consulté le ).
  10. « Parc de Font Obscure », sur Office de Tourisme, des loisirs et des Congrès de Marseille (consulté le ).
  11. André Bouyala d’Arnaud, Évocation du vieux Marseille, les éditions de minuit, Paris, 1961, 439p. , p. 328
  12. Françoise Bottero et Emmanuelle Lott, Logique de l'îlot et retour du passage : Restructuration du Domaine Ventre à Marseille, Marseille, École d'architecture de Marseille-Luminy (travail personnel de fin d’études), coll. « Atelier d'Architecture Urbaine », , 283 p. (présentation en ligne, lire en ligne), p. 191.
  13. Benoît Gilles, « De la rue d’Aubagne à La Palud, Noailles, laboratoire de l’incurie municipale », sur marsactu.fr, (consulté le )Accès payant.
  14. Louise Fessard, « Ces immeubles, propriété de Marseille, visés par des arrêtés de péril imminent Louise », sur mediapart.fr, (consulté le )Accès payant.
  15. « La mairie de Marseille va démolir deux immeubles en péril à Noailles », sur Marsactu, (consulté le )
  16. Marie-Laure Thomas, « Marseille : après la rue de la Palud, d’autres démolitions ? - Journal La Marseillaise », sur www.lamarseillaise.fr (consulté le )
  17. « Deux requêtes contre la démolition des 41-43 rue de la Palud examinées au tribunal demain », sur Marsactu (consulté le )
  18. « Rejet de la demande de suspension de la démolition des immeubles rue de la Palud », sur Marsactu (consulté le )
  19. a et b « Ventes judiciaires immobilières du Jeudi 6 décembre 2018 au TGI Marseille - Licitor », sur www.licitor.com (consulté le )
  20. « "Plus c'est merdique, mieux c'est" : plongée dans le marché des taudis marseillais », sur Marsactu, (consulté le )
  21. « [Pris en flag] Habitat indigne : les mensonges de la Ville sur l'absence de travaux d'office », sur Marsactu, (consulté le )
  22. « Sites & Monuments appelle la mairie de Marseille à ne pas détruire son Patrimoine », sur sitesetmonuments.org, (consulté le ).
  23. « Le plan de valorisation de l'architecture et du patrimoine », sur www.culture.gouv.fr, (consulté le ).
  24. Lettres des deux associations au maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, publiées par Made in Marseille. Loïs Elziere, « Rue de la Palud : les propriétaires n’obtiennent pas la suspension de la démolition des deux immeubles », sur madeinmarseille.net, (consulté le ).
  25. Ludovic Moreau, « Logement insalubre à Marseille : la démolition des immeubles 41 et 43 de la rue de la Palud a commencé », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  26. « Situation du 43 rue de la Palud sur OpenstreetMap ».
  27. Marie-Odile Giraud, « Bouches du Rhône - Marseille - Ancienne bastide Flotte de la Buzine, synthèse historique et architecturale » [PDF], sur culturecommunication.gouv.fr, site du ministère français de la culture (consulté le ).
  28. Georges Reynaud, « Une Petite campagne dans la ville : le cours Saint-Thomas d'Aquin, 23 rue Dieudé », dans Revue Marseille, vol. 167, Marseille, Ville de Marseille, , pages 74-77.
  29. « Monument Historique Marseille - Bastide Saint Thomas d’Aquin - Marseille (13) », sur Deficit foncier (consulté le ).