Sénéchal — Wikipédia

Sénéchal en Allemagne.

Un sénéchal est un officier au service d'un roi, prince ou seigneur temporel. Il peut être aussi, comme dans le Saint-Empire romain germanique, au service d'une abbaye, souvent immédiate, où cette fonction devient un titre honorifique héréditaire par la suite.

Il existait plusieurs rangs de sénéchaux, sans lien juridique entre eux, dans les institutions féodales européennes d'origine médiévale.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le mot sénéchal est issu du vieux bas francique *siniskalk, lui-même du germanique commun *siniskalka, sur sini- « âgé » et skalk « serviteur », d'où le sens de « doyen des serviteurs, serviteur le plus âgé ». Il est attesté par les latinisations médiévales siniscalcus, senescalcus (VIIe siècle dans Nierm. et Scoones, p. 71). Il est attesté en français pour la première fois dans un texte de la fin du XIe siècle au sens de « grand officier attaché à l'hôtel du roi ou d'un seigneur, et qui a des attributions militaires, financières et judiciaires » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, 942) et en 1113 (Philippe de Thaon, Comput, éd. I. Short, 11); puis vers 1135 au sens de « serviteur de la table du roi » (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 665)[1].

Sénéchal au service d'un souverain[modifier | modifier le code]

La position de sénéchal existait dans la plupart des cours royales ou princières médiévales d'Europe de l'Ouest. Selon les régions ou les pays, le rôle du sénéchal était différent.

En Angleterre[modifier | modifier le code]

Un officier royal appelé discifer ou dapifer en latin et discthegn ou discthen en vieil anglais officie à la cour des rois anglo-saxons. Ces termes sont parfois traduits par « sénéchal », même si ce mot n'apparaît qu'après la conquête normande de l'Angleterre[2]

En Navarre[modifier | modifier le code]

Sceau de Geoffroy de Bourlémont, sénéchal de Navarre.

Les comtes de Champagne, rois de Navarre avaient à leur cour un sénéchal.

En Europe centrale et orientale[modifier | modifier le code]

Le titre correspondant dans les cours de l'Europe de l'Est est celui de stolnic, ou stolnik en Russie, tiré du mot stol (table), qui est réservé à de grandes familles au fil du temps.

Dans le Saint Empire[modifier | modifier le code]

Souvent traduit en vieux haut-allemand de Truchsess, c'est le premier officier de table dans une cour médiévale. Cette fonction est de plus en plus accaparée par de grandes familles influentes. Les abbayes immédiates ont aussi leurs sénéchaux, faisant fonction de chancelier au début.

Depuis le couronnement d'Othon Ier, c'est un sénéchal qui présente la première clef à l'empereur, pendant la cérémonie.

Sénéchal de France[modifier | modifier le code]

L'office de sénéchal de France était entre les Xe et XIIe siècles le premier des grands offices de la couronne de France. Sa charge fut supprimée par Philippe Auguste en 1191.

Sénéchal judiciaire (en France)[modifier | modifier le code]

Les baillis (Nord de la France) ou sénéchaux (Sud de la France) étaient des officiers locaux de l'administration royale. Ils étaient nommés, gagés et pouvaient être révoqués par le roi qui leur conférait des attributions administratives, judiciaires et financières. La fonction de bailli est encadrée en 1190 lors de la promulgation d'une ordonnance royale par Philippe Auguste. Cette ordonnance les charge d'encadrer, surveiller les officiers d'échelons inférieurs (comme les prévôts, ou certains vicomtes), de faire connaître à la population les ordonnances et édits royaux et de juger les décisions en appel (lorsque le tribunal local ne rend pas une décision qui convient à chaque partie ou que cette décision ne respecte pas le droit) lors d'assises mensuelles.

Les sénéchaux faisant office de bailli virent leur importance décroître à partir du XVe siècle puis devinrent des officiers quasi honorifiques à partir du XVIIe siècle.

Mais dans certaines régions, comme le Bas-Poitou, ils conservent de réels pouvoirs jusqu'à la Révolution[3].

Sénéchal au service d'un prince[modifier | modifier le code]

En France, certaines grandes principautés (duchés et comtés suzerains) avaient des sénéchaux, chefs de la justice dans ces grands ensembles féodaux. Leurs fonctions ont également été réduites au fur et à mesure que le pouvoir royal français accroissait son autorité dans les provinces réunies au domaine royal.

Sénéchal au service d'un seigneur temporel[modifier | modifier le code]

Dans le système féodal français, un sénéchal était un officier d'un seigneur (titré ou non) chargé de la justice seigneuriale (haute, moyenne ou basse) et présidait habituellement les plaids de la seigneurie, cour se réunissant régulièrement pour régler les litiges survenus dans le ressort de la seigneurie, privée ou royale. Ce système a été aboli en 1789 en France mais s'est maintenu partiellement à Jersey et à Guernesey, et surtout à Sercq, où le sénéchal nommé par le seigneur héréditaire est membre de droit de l'assemblée représentative de l'île (réforme de 2008).

Sénéchaux de fiction[modifier | modifier le code]

Autres[modifier | modifier le code]

Les élèves de classe préparatoire à l'École nationale des chartes du Lycée Pierre-de-Fermat (Toulouse) désignent chaque année parmi eux un sénéchal, qui a pour fonction d'organiser la vie de classe. Le titre est repris en référence à l'ancienne charge médiévale, comme les autres charges que se donnent les élèves.

Les élèves-Officiers de l'Ecole des officiers de la gendarmerie nationale désignent chaque année un Sénéchal. Elu par ses pairs, il devient responsable de la vie promotion ainsi que de la transmission des traditions militaires. Lors de la deuxième année de scolarité, le Sénéchal devient Grand Prévôt.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. CNRTL : étymologie de sénéchal [1]
  2. (en) Alban Gautier, « Butlers and Dish-Bearers in Anglo-Saxon Courts : Household Officers at the Royal Table », Historical Research, vol. 90, no 248,‎ , p. 269-295 (DOI 10.1111/1468-2281.12181, lire en ligne).
  3. Voir : "Le milieu des sénéchaux dans la Région Nord-Ouest du Bas-Poitou depuis le début du XVIIe siècle," André Mercier des Rochettes
  4. « Grigori » (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]